L'évaluation à mi- parcours des projets de développement communautaire: le cas des puits à pompe du Projet d'Appui au Développement Communautaire ( PADC ) de Mebomo et de Bikogo (Centre- Cameroun )( Télécharger le fichier original )par Yanik YANKEU YANKEU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master en développement et management des projets en Afrique 2008 |
1- Avant la mise en oeuvre des projetsDans un cadre plus général, lors des entretiens avec Ndoki Ousseini du MINEE, il nous a laissé entendre que la politique nationale d'approvisionnement en eau en milieu rural visait à améliorer le cadre de vie des populations en leur dotant d'une eau potable. Cependant le choix entre le puits à pompe et le forage64(*) se faisait en fonction du nombre d'habitants du milieu ou village. Soit un puits à pompe pour une population de 150 à 200 personnes et un forage pour une population de plus de 300 personnes. Or, si on tient beaucoup plus du relief et de la typologie des sols des milieux qui vont recevoir l'ouvrage, de nombreux problèmes seront résolus. Car, comme nous l'avons mentionné plus haut, le fait d'avoir tâtonné sur les lieux d'implantation des puits à pompe dans les villages Mebomo et Bikogo a été très mal interprété par certains villageois. Ces derniers ne voyaient pas les causes dans l'outil technologique utilisé mais plutôt dans les manifestations mystiques de leurs confrères. En plus, du fait du faible accès à la nappe phréatique par les puits à pompe, les puits sont fermés constamment, car, ils sèchent et il faut des efforts pour pomper. Certaines sources de conflits dans les villages étudiés ont trait aux horaires d'ouverture et de fermeture des puits à pompe. Or, avec une eau abondante grâce au forage, ces conflits seraient résolus ou du moins atténués. Parlant du PADC, il a quatre composantes, ce projet, plus ou moins bien structuré, du moins dans le document de projet, trouve des difficultés dans sa mise en oeuvre. Des sous-composantes des MISE (étangs piscicoles, porcheries, poulaillers), ne profitent pas à toute la communauté, n'ont pas de débouchés certains et les populations déplorent le manque de moyens pour son éclosion. Pendant que le développement des pistes rurales reste encore la sous-composante la plus attendue. Or, il importe de promouvoir une intervention plus simplifiée et qui sied aux besoins des populations dans l'ensemble. Une stratégie miniature sera moins agressive. Elle comprendra une étude minutieuse du milieu, de ses potentialités, de son dynamisme, puis en collaboration avec les populations cibles, une sélection des actions en fonction des potentialités et des caractéristiques du terrain comme le recommande J.L. Camilleri (1993 : 26-27). Il importe de lancer des projets qui correspondent aux besoins et aux possibilités des paysans. Cette démarche s'inscrit dans la démarche marketing qui commence par la connaissance et l'analyse d'un marché potentiel avant de prendre des décisions. G. Belloncle (1979 : 8-9), préconise à cet effet, l'analyse avec les populations concernées de leur situation et de leurs problèmes, pour réfléchir avec elles aux solutions possibles, les aider à s'organiser et se former pour passer à l'action, et procéder enfin aux évaluations périodiques qui permettent de corriger le tir et d'avancer. D'où les quatre autos à promouvoir : auto-analyse, auto-programmation, auto-organisation, auto-évaluation. Bref, comme le suggère avec force Mao Tse Toung « A propos des méthodes de direction », nous devons, « partir des masses pour retourner aux masses ». Le problème fondamental ici demeure celui du temps d'action. Le plan de développement villageois de Bikogo ne s'est fait qu'en quelques semaines et celui de Mebomo, n'a pas eu besoin de plus de ce temps. Conséquences, des informations simples, propres à tel village se retrouvent dans le plan de développement villageois de l'autre village. Le cas banal est celui du nom du chef du village Bikogo qui a été confondu à celui de Mebomo dans son PDV. Or, au sujet du temps de préparation, l'exemple du projet « une maison familiale en Afrique65(*) », mis en lumière par G. Belloncle (1979 : 211-225), est assez édifiant. Il importe de prendre du temps pour étudier les villages, de les aider à mieux s'organiser avant d'y réaliser des projets dans lesquels les populations se reconnaîtront. * 64 Les différences entre un puits à pompe et un forage sont : un puits à pompe a un diamètre de circonférence plus grand que le forage mais un puits à pompe est peu profond (inférieur à 45m) par contre le forage est plus profond (plus de 45 m). Ceci fait qu'avec un forage l'accès à l'eau est plus abondant et le problème de sécheresse que connait le puits à pompe est évacué. * 65 Une maison familiale en Afrique est un exemple de cas de développement communautaire à Abong-Mbang au Cameroun. Dans ce cas, il a fallu prendre une année pour déblayer le terrain. Pour la phase de préparation (écouter, observer, rendre visite aux gens, prendre contact avec les uns et les autres, discuter des divers problèmes qui se posent aux villages, présenter les objectifs à réaliser ensemble, créer un climat de confiance). A cette phase de découverte réciproque, succède une phase d'action dans les villages. A ce niveau, l'animateur propose d'organiser au niveau de chaque village, des « journées d'éducation » autour d'un certain nombre de thèmes intéressant les villageois (amélioration de la production caféière (régénération, entretien), amélioration de la production cacaoyère (nettoyage, traitement), recherche d'une meilleure utilisation de l'argent, amélioration de l'habitat.). Dans une troisième phase, il sera question de mettre sur pied, dans chaque village une association de personnes intéressées par le projet. Par ce mécanisme, il était question de créer un pôle d'adultes capable d'entériner le projet et mieux ouvert à l'innovation. Ce n'est qu'après tout ceci que des actions se matérialisent. |
|