L'évaluation à mi- parcours des projets de développement communautaire: le cas des puits à pompe du Projet d'Appui au Développement Communautaire ( PADC ) de Mebomo et de Bikogo (Centre- Cameroun )( Télécharger le fichier original )par Yanik YANKEU YANKEU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Master en développement et management des projets en Afrique 2008 |
ABSTRACTThe thesis entitled «Mid-way evaluation of community development projects: case study of pump-wells of Mebomo and Bikogo (centre-Cameroon) of sustainable community development project» aims at putting in study reasons for the partial involvement of population to the PADC pump-wells. This socio-anthropological study, envisages the evaluation of the reasons why the population does not fully engage in PADC pump-wells, despite the importance of quality water for good health. In order to verify our main and sub-hypothesis, we have read one hundred and thirteen tree (113) documents, undertook a pre-inquiry at Mebomo and Bikogo villages, six (06) semi-directive discussions with the public authorities (council, MINADER, MINADT, MINEE, PADC), fifty-tree (53) semi-directive discussions with villagers (village heads, presidents of village development committees, managers of pump-wells and mostly household representatives). Content analysis of the enquiry data enabled us to confirm our hypothesis. Exogenous factors (the less involvement of the population during the preparatory phase of the Mebomo and Bikogo pump-wells project, the influence of external elites and the management of pump-wells is not ensured by the benefiting population) and endogenous factors (the implanting of pump-wells in villages does not respect local traditions, PADC pump-wells are sources of many conflicts) contribute to the partial involvement of the population to PADC pump-wells. We thus suggest that, for the success of development projects, it is necessary for the public authorities (council, MINADER, MINADT, MINEE) to effectively put the population in the first position in projects, and to the development projects (PADC), emphasis is to be highly put on the preparatory phase and to the beneficiary population to better organize themselves. INTRODUCTION GÉNÉRALELa forte littérature accordée aux aspects sociaux du développement découle, d'après Massimo Tommasoli (2004 : 37-56), de l'analyse des causes d'une longue série d'échecs qu'ont subis les projets qui, en négligeant l'importance des côtés non techniques de toute technologie, ont été réalisés en pensant que le transfert de biens, la fourniture de services d'assistance technique, et la construction d'infrastructures engendreraient presque automatiquement le développement. Cette certitude des formulations de politique de coopération se révéla une illusion quand, parallèlement à une hausse des valeurs des indicateurs de croissance économique, dans de nombreux pays du tiers monde, on n'enregistre aucune amélioration proportionnelle importante des conditions de vie de la majorité des populations et qu'au contraire dans certains cas, c'est une aggravation de leurs conditions de vie qui se fait. « Tout se passe comme si à un moment donné, de son histoire, les ressorts ont été subitement cassés, l'élan brisé et la chute amorcée vers un déclin quasi irréversible. », s'indigne à ce propos Tidiane Diakité (1986). Des années 70 à la première moitié des années 80, des propositions de définitions du développement qui, par le biais des différents qualificatifs (autocentré, endogène, organique, auto-développement) ont tenté de repérer des perspectives et des caractéristiques de modèle pouvant remplacer ceux qui se fondaient uniquement sur la croissance économique. Dans cette mouvance, l'anthropologie a joué un rôle important. Sa force a été de proposer des modèles alternatifs, fondés sur l'idée maîtresse d'un développement endogène et autocentré. Elle a permis non seulement de connaître les coûts sociaux des interventions de coopération à haute intensité de technologie, propre aux années 60, et surtout d'avoir sous la main, des données de premières enquêtes menées par des experts sociaux sur des projets de développement. Des changements ne se feront pas attendre dans la structure de coopération, qui a mis en évidence, l'importance des variables non économiques dans le processus de développement. Dans cet appareil, cela a entrainé, note Massimo Tommasoli (2001), dans l'identification et la formulation des projets, une attention toujours plus grande à l'égard des facteurs comme l'impact des activités de développement sur les conditions de vie des groupes bénéficiaires, l'utilisation du patrimoine de connaissances techniques des populations locales, la valorisation des institutions et des ressources locales. L'attribution de nouvelles significations à des termes tels que le développement communautaire s'est fait à ce moment, pour indiquer l'idée d'un changement fondé sur la participation de tous les sujets concernés grâce à l'initiative des groupes et d'institutions locales qui utilisent des réseaux de relations sociales présent dans une région. A- Contexte de l'étudeL'Etat camerounais, ayant fait sienne pendant plusieurs décennies l'approche par projets, a créé des structures couvrant une bonne partie du triangle national qu'il a appelé « sociétés de développement », argue Georges Courade (1994 : 294-295). Ces sociétés ont permis d'entretenir un tant soit peu des attendus développementalistes à la mode pour justifier leur action. Ces initiatives s'identifiaient parfois à des « projets intégrés » visant à motiver les développés (hommes et femmes) à s'ouvrir au marché national ou international ; ou encore, à des « projets sectoriels » visant à prendre en charge les développés pour leur faire apprendre des techniques et des pratiques nouvelles pour produire des denrées ; ou enfin, à des « projets agro-industriels » visant à créer, organiser, aménager et à suivre de petites ou grandes unités paysannes. L'amélioration des conditions de vie en milieu rural est, de ce fait, la priorité des priorités de sa politique économique, constate Kengne Fodouop (2003 : 171). Ainsi, poursuit Georges Courade, les discours officiels1(*) de l'ère Ahidjo2(*) se fondent sur une planification régionalisée, qui s'accompagne d'une croissance. L'ère Biya va mettre fin à ce dispositif, certes pesant mais efficace, en termes de contrôle territorial, sans toutefois y apporter d'autres formes de régulation. Le déploiement d'une politique plus active bute sur une dette interne immense vers les années 1980. A la suite de cette crise des années 1980, les principales mesures de soutien des institutions financières internationales (IFI) aux pays pauvres ayant des difficultés à honorer leur service de la dette extérieure, se sont avérées peu concluantes pour Isaac Tamba (2001 : 39). De la mise en oeuvre des PAS au rééchelonnement des flux convertis par le club de Paris, les opérations sur le stock de la dette n'ont pas produit les résultats attendus. Pour y remédier, le gouvernement camerounais a mis en oeuvre un programme économique et financier à moyen terme (1997-2000). Par la suite, il va adopter un nouveau programme de réformes économiques pour la période 2001-2002. C'est dans cette lancée que le fonds international pour le développement agricole (FIDA) a décidé de contribuer à l'allègement de sa dette, en préparant un programme national de développement local (PNDL), dans lequel le Projet d'Appui au Développement Communautaire (PADC) a un rôle de choix. Le PADC vient mettre l'accent, dans cette lancée, sur le développement au niveau des villages et sur les relations souvent complexes entre les villages et les autorités locales. Au moment où le Cameroun prend de nouveau l'engagement de « se tourner » vers le monde rural, cette étude vient marquer un temps d'arrêt pour s'interroger sur les conditions de réussite d'une telle ambition. Les populations des villages sont-elles assez outillées ou aguerries pour une réelle relance du développement ? Comment les populations s'organisent au niveau des villages pour la promotion d'un « développement endogène » ou au mieux est-il possible, à travers le développement communautaire, d'amener les populations à mieux s'auto gérer ? Lancé en juin 2003, le PADC a fait ses premiers pas dans six unités de planification villageoise, dont respectivement trois au Centre et trois à l'Extrême-nord. L'une de ses composantes, Micro infrastructure sociale et économique (MISE), permettrait de doter les communautés en infrastructures de base3(*) dans les secteurs de l'éducation, la santé, l'eau potable, les pistes rurales. Pour ce faire, notre étude porte sur les puits à pompe dans les villages Mebomo et Bikogo mise en place grâce à ce programme de développement. L'eau c'est la vie. Sans eau, pas de vie possible. C'est à dessein que Mohamed Larbi Bougerra (2003 : 155) souligne qu'un homme ne peut se passer de boire de l'eau plus de deux jours, alors qu'il peut jeûner des semaines. Un individu sain doit boire deux litres d'eau par jour pour rester en vie, il lui en faudrait plus s'il souffre de malnutrition ou s'il vit en climat tropical. Or, l'eau insalubre fauche, à elle seule, par la diarrhée4(*) 1,9 millions d'enfants de moins de 5 ans chaque année5(*). De plus, d'autres maladies hydriques, comme l'ascaride et le trichocéphale (affections dues à un ver dans l'intestin grêle), l'ankylostome (ver du duodénum), la bilharziose (affection de tout l'arbre urinaire prévalant dans la vallée du Nil), le trachome et la dengue (qui a fait en mai 1998 des ravages en Indonésie et est transmise par le moustique Aedes aegypti, se développe dans les eaux sales) affectent plusieurs milliards d'humains. En Mars 2003, le représentant de l'OMS en Gambie, le Dr James MWANZI, affirmait que les parasitoses hydriques font chuter le PNB de l'Afrique de 1,3% par an. * 1 Djuidjeu Mbogne (1983) relève, par exemple les discours prononcés en 1973 par le président Ahidjo lors de l'inauguration de la foire agricole de Buea et de la préfecture de Monatélé. * 2 Référence est faite ici à la période qui va de 1958 à 1982 et qui est marquée par la présence à la tête de l'Etat camerounais de son premier président de la république Ahmadou Ahidjo. Il s'en suivra l'ère Biya, président actuel, qui va du 06 novembre 1982 à nos jours. * 3 Cf. infra, chapitre I sur la présentation du milieu étudié. * 4 Dans le cadre d'une importante étude ayant trait aux représentations et pratiques culturelles liées aux excréments, et surtout une contribution à la grande enquête menée par l'ORSTOM-CNRS et l'IMPM sur « l'anthropologie alimentaire des populations camerounaises » en 1989, Flavien Tiokou Ndonko procède à une classification des maladies diarrhéiques chez les pêcheurs Yasas de la côte sud-Cameroun. * 5 L'UNICEF a publié en 2006 un rapport détaillé sur la situation dans le monde de l'alimentation en eau, l'accès aux installations sanitaires et l'hygiène au quotidien. |
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