I -2 Croyances religieuses liées à
l'épargne des ménages
Les ménages enquêtés du village
d'Adjamé Bingerville pratiquent à 86,66% le christianisme. Trois
communautés se partagent l'espace religieux du village. Ce sont la
communauté catholique, méthodiste et harriste. Des croyances
religieuses liées à l'épargne sont
véhiculées par cette religion entre les membres des
différentes communautés.
Au cours de nos enquêtes, 80% des ménages
interrogés ont indiqué l'existence de croyances religieuses sur
l'épargne. Dans la pratique, ces croyances se manifestent par des dons
en nature et en espèce. Ces dons sont communément appelés
dans le langage chrétien les offrandes, la dime, le denier de culte, la
collecte... Le fait qu'il s'acquitte de ces prescriptions religieuses, le
croyant est sensé recevoir une bénédiction
matérielle ou une forme de sécurité divine en retour.
Ainsi, les ménages attachés à cette valeur religieuse ne
se refusent pas de faire un don en argent en échange de ces
promesses.
16 La disqualification sociale selon Serge Paugam, est un
processus à double dimension, celle liée au fait de manquer
d'appui et d'être vulnérable du point de vue de la protection que
l'on peut avoir, mais aussi d'être sous un regard méprisant
mettant en relief l'inutilité de l'individu ou son incompétence
social.
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Ces croyances sont légitimées par la
bible17. A ce titre, tout chrétien doit s'acquitter à
cette recommandation divine qui constitue un `'devoir
sacré»pour tout croyant. Ainsi, des mécanismes
sont mis en oeuvre pour inciter les
fidèles à la pratique de cette exigence divine.
Entre autre, l'association d'une guérison miraculeuse ou la
résolution d'un problème quelconque à celui d'un don
proportionnel au miracle voulu. Pour Soko (2010) dans le cas du
pentecôtisme par exemple, les pasteurs organisent des rituels sur le
modèle de la vente aux enchères ou à l'américaine
au cours desquels certains fidèles peuvent offrir des sommes
faramineuses. Ces dons procurent une importante consécration sociale
à ceux qui les font en augmentant leur prestige social auprès des
autres fidèles.
Egalement pour Soko (2010) « Il y a là une
manipulation du principe de réciprocité, c'est-à-dire du
système d'échange qui constitue une composante importante du
répertoire symbolique des couches inférieures de la
société, et qui oriente leurs rapports sociaux comme leurs
rapports avec la divinité ».
Aussi, ces valeurs religieuses conditionnent fortement la vie
sociale des ménages d'Adjamé Bingerville. A. R souligne que
« Dans notre église ici, si tu ne participe pas aux
activités de l'église, aux cotisations, le jour ou tu meurs, les
gens n'assisterons pas à ta veillée au village et le jour de
l'inhumation, il n'y aura pas de messe de requiem pour toi à
l'église ».
17 La bible est le `'livre saint» de la religion
chrétienne. Les pratiquants de cette religion affirme que tous les
écrits qu'elle contient sont incontestables parce que d'origine divine.
Ainsi, `'ce livre sacré» prescrit (Dt 14 : 22 ; Mal 3 : 8-10 ; Luc
6 : 38) aux fidèles de donner une partie de leur revenu ou de leur bien
aux clergés ou aux nécessiteux afin de recevoir la
bénédiction divine.
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