Dans cette approche, Dorothy et Friedmann (1947)
postulent
l'interdépendance des préférences
individuelles. Selon leur théorie, il existerait un
phénomène d'imitation sociale ou un effet de démonstration
sociale qui expliquerait que la fonction d'épargne soit globalement
stable sur longue période.
Plusieurs auteurs ont, au cours des années 1990,
soulevé l'importance de l'épargne préventive. Ainsi,
l'épargne préventive est accrue lorsque l'incertitude
associée au revenu se combine à des contraintes de
liquidité.
Deaton (1991) s'est penché sur cette question en
rappelant que certains ménages font face à des contraintes de
liquidité qui limite leur capacité à emprunter lorsqu'il
en aurait le plus besoin. Ainsi, la seule véritable option s'offrant
à eux si ces derniers veulent s'assurer de disposer des fonds
nécessaires pour les jours plus difficile est d'épargner lorsque
les temps sont meilleurs.
Quant à Carrol (1998), il a cherché a
expliqué pourquoi les riches épargnent plus que ce que ne le
suggère la nécessité de financer leur consommation future
ou celle de leur proche descendants. Il conclut que ce phénomène
est cohérent avec un modèle où l'individu perçoit
que l'épargne lui fournit certains « services » comme le
statut social et le pouvoir.
Aussi, Beverly et sherraden (1999) font mention dans leur
étude de plusieurs déterminants sociaux qui influenceraient
l'épargne des ménages. Notamment la perception qu'ont les
individus de la situation économique dans laquelle leur ménage et
leur pays se trouvent, des croyances religieuses par
44
rapport à l'épargne, l'influence familiale, la
situation matrimoniale, la taille du ménage...
Dans ce registre, Sindzingere (2005a, 2005b) montre
que l'appartenance à un groupe de parenté peut entraîner
des coûts et des bénéfices. L'appartenance à un
groupe peut empêcher toute épargne et peut créer des
coûts importants : par exemple un commerçant célibataire
qui a réussi doit héberger de nombreux parents de telle sorte
qu'il n'épargne et n'investit rien.
La théorie standard des choix
consommation/épargne d'un individu n'explique pas cette absence
d'épargne. Par ailleurs dans les ménages polygames, même
s'ils n'accueillent pas de membres de la parenté, le nombre de personnes
à nourrir augmente avec les ressources de l'homme, ce qui peut
réduire l'épargne.
Par contre, la même appartenance peut aussi être
déterminante pour accéder au crédit ou au capital. Ainsi
l'appartenance à un groupe de parenté entraîne des facteurs
favorables à l'épargne. Par exemple, un ménage
nucléaire pauvre qui ne pourrait donner aucun bien en caution, peut
emprunter à un membre du groupe immédiatement et à un taux
faible ou nul. Si ce ménage vit dans un village, il peut confier son
enfant à un parent qui vit en ville et financera l'éducation de
cet enfant. Celui-ci acquiert un capital humain que ses parents n'auraient
jamais pu lui faire obtenir.
En résumé, l'épargne est un moyen pour
se constituer un patrimoine matériel (biens d'équipement,
logement, flux financier...) et immatériel (investissement dans
l'éducation afin d'accroitre le capital humain, solidarité
familiale...). Ainsi, les déterminants de l'épargne des
ménages sont multiples c'est-à-dire économiques,
sociologiques et psychologiques. Toutefois, malgré le fait que certains
déterminants sociaux ont été identifiés comme
influençant l'épargne des ménages, cette notion n'a pas
été approfondie par la sociologie du point de vue de sa
définition. De sorte que la plupart des définitions
45
développées autour de l'épargne sont
toutes économiques, faisant ainsi fi des déterminants sociaux
dans les constructions théoriques de l'épargne des
ménages. Par conséquent, une relecture du cadre
définitionnelle du concept de l'épargne des ménages
s'impose afin d'intégrer à celle-ci toutes les implications
sociologiques du comportement des ménages à l'égard de
l'épargne.