L'éducation de l'élite gouvernante dans la pensée platonicienne( Télécharger le fichier original )par Placide IPAN MOLOUASHUNI Institut supérieur de philosophie Saint-Joseph MUKASA Yaoundé Cameroun - Baccalauréat 2010 |
III.2. L'élitismeA en croire Platon, nous constatons que sa théorie de l'éducation est une sorte d'élitisme en ce sens qu'il est basé sur la nature. Car il le postule par la bouche de Socrate que : « Eh bien ! Sois assuré qu'il faut choisir des hommes de même nature »51(*). Ceci comme pour dire qu'il faut une preférence des plus fermes, des plus courageux, et autant que possible, des beaux52(*). Et à cet effet, Martin Briba soutient que « la philosophie pour Platon n'est pas accessible à tout le monde ; elle est le fait de l'élite »53(*). Ce privilège se dévoile dans le souci qui l'habite à vouloir donner une éducation différente à l'élite ; « mais la nature de ce qu'il entend par éducation a besoin d'être précisée et il sert à rien que l'éducation soit une et la même pour tous »54(*). En outre, Irénée Marrou exprime ce privilège que Platon accorde à l'éducation de l'élite en postulant qu' : « il y a plus : Platon pose moins le problème de masse de la formation du citoyen que celui du technicien, de l'expert des choses politiques, conseiller de roi ou leader de peuple »55(*). Pour Platon, l'éducation pour la formation de l'élite revêt d'un caractère plus sélectif, en ce sens que ce dernier ne concevait guère l'idée selon laquelle tout le monde doit gouverner. En d'autres termes, nous pouvons dire qu'il a envisagé plus le gouvernement des meilleurs, raison pour laquelle, il nous propose un élitisme. Ayant donc parcouru et relevé le caractère sélectif de l'éducation platonicienne, nous pensons que Platon a privilégié une éducation sélective par le fait qu'il voulait des chefs désintéressés, capables de bien diriger la cité idéale qu'il envisageait réaliser. Mais aussi par le fait que sa sélection était basée sur la nature. Ainsi, nous nous rendons bien compte que ce qu'ont fait les sages à l'époque de Platon lorsqu'ils devaient opérer le choix de ceux qui étaient aptes à gouverner, est comparable à ce qu'ont ou continuent à faire nos chefs africains qui, sentant leur fin dernière, cherchent parmi ses fils lequel devrait lui succeder. A ce sujet, Platon stipule que : « il incombera aux magistrats d'attribuer à chacun, selon sa nature, le rang qu'il mérite... »56(*). Et pourtant, dans un contexte de démocratisation, il faudrait choisir des gens compétents ayant fait des études appropriées pour le gouvernement de nos cités ou de nos états. A ce propos donc, Marrou laisse entendre sa voix en stipulant que : « le plan, si ambitieux, si exigeant de Platon laisse sans solution ce problème concret : il n'a d'autre objet de sélectionner et de former une petite équipe des gouvernants-philosophes aptes à se saisir, pour le bien de l'Etat, des rêves du gouvernement »57(*). * 51 Platon, La République, Op. Cit., VII, 543a-535a. * 52 Cf. Idem. * 53 Martin Briba, Le philosophe dans la cité selon Platon, Op. Cit., p. 60. * 54 Aristote, La Politique, II, tome 1, trad. par J. Tricot, Paris, J. Vrin, 1962. * 55 Henri Irenée Marrou, Op. Cit., p. 109. * 56 Cf. Platon, La République, Op. Cit., p. 27. * 57 Henri Irenée Marrou, Op. Cit., p. 125. |
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