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L'éducation de l'élite gouvernante dans la pensée platonicienne

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par Placide IPAN MOLOUASHUNI
Institut supérieur de philosophie Saint-Joseph MUKASA Yaoundé Cameroun - Baccalauréat 2010
  

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II.2. Agent de l'éducation

Déjà au Livre II, Platon souligne la place de l'agent de l'éducation lorsqu'il soutient qu' 

« [...] au contraire, si nous voulons les persuader, que jamais un citoyen n'en a haï un autre et qu'une telle chose est impie, nous devons leur faire dire dès l'enfance, par les vieillards et par les vieilles femmes, et, quand ils deviennent grands, obliger les poètes à composer pour eux des fables qui tendent au même but »29(*).

En effet, la question de savoir qui est l'agent principal ou le facteur dynamique de l'oeuvre éducationnelle, a été au centre de plusieurs débats. Actuellement, elle revient en force et se pose tel un véritable problème. Comment alors trancher entre la vitalité interne de l'esprit de l'élève et l'activité du maître. Quelle en est la force propulsive ? Platon à ce propos disait que « tout l'apprendre est dans l'apprenant et non dans celui qui enseigne »30(*).

Il s'en suit que par la contemplation des idées éternelles, l'apprenant est avant tout au centre de sa connaissance, et par extension au centre de toute oeuvre éducative.

II.3. Le curriculum

Il convient de le rappeler de prime abord que l'apport novateur de Platon dans l'éducation ancienne, reste très perceptible dans la mesure où, en dépit du fait qu'il reprend le programme de l'ancienne éducation, c'est-à-dire celui d'Homère et de Spartiate, caractérisé par les études littéraires et autres, Platon vient en quelque sorte transcender le niveau et envisage une éducation plus scientifique, intellectuelle. Il l'exprime d'ailleurs clairement par la bouche de Socrate lorsqu'il dit : « Mais quelle éducation leur donnerons-nous ? N'est-il pas difficile d'en trouver une meilleure que celle qui a été découverte au cours des âges ? Or, pour le corps nous avons la gymnastique et pour l'âme la musique »31(*). Outre cette proposition, Platon proposait aussi que l'éducatioin commence par la musique, car elle comporte deux sortes de discours qui sont : les vrais et les mensongers. Ces discours mensongers se feront par les fables qui sont en soit fausses, mais qui renferment certaines vérités ; elles sont donc utitlisées pour l'éducation des enfants, avant les exercices gymniques. Raison pour laquelle disait-il au frère de Glaucon que la musique doit venir avant laa gymnastique32(*). Cette éducation ne rompt pas totalement avec l'ancienne éducation athénienne, mais elle est plus qu'un prolongement et bien encore un enrichissement parce que comme le souligne Marrou « au fait du système, se situent les hautes études philosphiques, reservées aux sujets spécialement doués »33(*). Cependant, l'éducation préparatoire n'amène pas directement à la science véritable, mais «  elle se contente de rendre l'être humein capable d'y accéder un jour, en dévéloppant harmonieusement l'esprit et le corps »34(*) . C'est pour cette raison que Platon concevra le cycle d'études destiné aus sujets d'élite. Il postule à cet effet qu'

« Aux adolescents les mieux doués, une fois leur éducation gymnique terminée, nous enseignerons les éléments des sciences préparatoires. Cet enseignement sera, autant que possible, exempt de contrainte(...). Pareille méthode ne profitera guère, sans doute, aux esprits médiocres, qui ne progressent que soutenus et poussés, (...). De la sorte, elle nous permettra de procéder judicieusement au second choix, qui aura lieu losrque nos élèves auront atteint leur vingtième année. Ceux que nous éliront alors se livreront jusqu'à trente ans à une étude synoptique et approfondie des sciences déjà abordées séparément. Ils tâchement de découvrir les divers rapports qui unissent ces sciences entre elles, et le rapport commun qui les unit à l'être. Au seuil de la trentième année ceux qui se seront distingués par la sûreté de leur jugement en même temps que par la vivacité de leur intelligence, seront initiés à l'étude de la dialectique »35(*).

De cete manière seulemnt, au bout des cinq années et passant ainsi de la théorie à la pratique, ils s'exerceront pendant quinze ans aux grandes magistratures politiques et militaires de l'Etat. A cinq ans et ayant complété leur expériences des choses divines par celles des choses humaines, ils gouverneront à tour de rôle ; mais, dans leurs intervalles de liberté, ils continueront à cultiver la philosophie, jusqu'au moment où, après avoir désigné leurs successeurs, ils devront partir pour les Îles Fortunées36(*).

Ainsi, hormis la gymnastique et la musique, Platon propose un certain nombre de sciences cathartiques ou prolégomènes à savoir : l'arithmétique, la géométrie, qu'étudiera l'élite afin d'atteindre la vraie science qui est la dialectique. Cette dernière devra conduire l'élite à la connaissance de l'immuable, autrement dit, ce qui dépasse le sensible. De cette façon, Platon affirme que : « L'arithmétique, la géométrie, et toutes les sciences qui doivent servir de préparation à la dialectique, seront donc enseignées à nos élèves dès l'enfance, mais cet enseignement sera donné sous une forme exempte de contrainte »37(*). Pour lui justement, il faut éduquer l'élite à l'enseignement des sciences dites préparatoires avant la science suprême qui est la dialectique. Il insiste surtout sur le rôle des mathématiques. Car pour lui, « les notions mathématiques qui d'une part reflètent des idées pures, mais d'autre part ne se peuvent traduire qu'à l'aide des symboles sensibles, nous fournissent le type des notions mixtes de la réalité »38(*). Platon pense que la dialectique est la véritable science pour une élite puisqu'elle lui permettra de bien exercer sa fonction. C'est pourquoi, il stipule que : « la dialectique, sublime couronnement de l'édifice des sciences terminera leur éducation et les rendra dignes d'exercer le gouvernement dans la cité »39(*). Remarquons que Platon souligne le rôle de la gymnastique et de la musique, surtout dans l'éducation des gardiens, en dépit du caractère important que revêt le processus éducatif. Il dit à cet effet que : « gymnastique et musique, exercice dont les règles ont été fixées par les gouvernants selon les principes de rationalité, leur ont permis de faire de leur corps bon serviteur de l'âme »40(*). Nous réalisons bien là que les dons spirituels que l'on doit cultiver par la musique et corporels par la gymnastique, occupent une place considérable dans cette éducation des gardiens.

Car,

« Par la soumission à un régime strict et par la pratique régulières des exercices corporels, nos gardiens se prépareront à leur rude tâche de défenseurs de la cité. La musique et le gymnastique tempérées l'une et l'autre en feront des hommes complets et harmonieux »41(*).

De ce qui précède, nous pouvons nous poser la question de savoir quels sont les moyens et les méthodes utilisés pour l'éducation de cette élite, mieux du philosophe ?

* 29 Platon, La République, Op. Cit., II, 378 b-379 b.

* 30 Cf. Platon, Phédon, Paris, Les belles Lettres, 1965.

* 31 Platon, La République, Op. Cit., II, 376 c.

* 32 Idem., II, 376c-377b.

* 33 Henri Irenée Marrou, Histoire de l'éducation, Op. Cit., p. 113.

* 34 Idem., p. 114.

* 35 Platon, La République, Op. Cit., p.42.

* 36 Cf. Idem., p. 43.

* 37 Cf. Platon, La République, Op. Cit., VII, 536 a- 537 a.

* 38 Cf. Platon, La République, Op. Cit., p. 37.

* 39 Idem, p. 42.

* 40 Cf. François Chatelet, Platon, Paris, Gallimard, 1965, p. 219.

* 41 Platon, La République, Op. Cit., I, 412 a.

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