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L'éducation de l'élite gouvernante dans la pensée platonicienne

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par Placide IPAN MOLOUASHUNI
Institut supérieur de philosophie Saint-Joseph MUKASA Yaoundé Cameroun - Baccalauréat 2010
  

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I.4. La justice

Notons tout d'abord qu'avant Socrate, les philosophes se sont occupés des questions du monde en dehors de l'homme. Mais avec Socrate, c'est l'homme et la société qui sont au centre. C'est d'abord la justice ; mais ici signalons-le, la justice est en lien avec les lois. C'est avec Platon que le concept justice va changer de connotation ; ce n'est plus justice en lien avec les lois, mais plutôt justice dans le sens de justesse. Selon Le Grand dictionnaire de la PHILOSOPHIE publié sous la direction de Michel Blay, dans un sens objectif, la justice est l'état de ce qui est juste ou dit tel ; on pourrait la rapporter à une cité ou une âme en tant que conformité à un certain ordre. Et dans un sens subjectif, c'est une disposition intérieure ou une vertu, qui permet la réalisation de cet état, et on parlera d'un citoyen juste ou d'un homme juste, car il est apte à produire un tel ordre16(*). Et Platon l'explique clairement dans La République lorsqu'il dit : « la justice consiste à ne détenir que les biens qui nous appartiennent en propre et à n'exercer que notre fonction »17(*). Nous réalisons que dans La République, le thème central est celui de la justice ; mais en réalité il s'agit du bonheur de la cité qui est en fait une harmonie lorsque chacun essaie de se mettre au travail où il se sent le mieux capable un bon fonctionnement de la cité. Platon prône un bonheur collectif, c'est-à-dire, celui de la cité qui est une condition sine qua non du bonheur individuel.

Bien plus, construire une définition de la justice est l'objet explicite de La République de Platon. Socrate y récuse d'abord celle que propose le sophiste Thrasymaque : « la justice n'est autre que l'intérêt du plus fort [...], l'intérêt du gouvernement constitué »18(*). Etant d'admis qu'il existe une justice pour l'individu et pour l'Etat19(*), on s'attache d'abord à définir la seconde, puis à transposer le résultat obtenu pour dégager la première en vertu de l'isomorphie de l'Etat et de l'individu. De même donc que la justice, au sens politique, sera : « que chacun fasse dans l'Etat la tâche qui lui revient »20(*), et à l'échelle individuelle, elle consistera à « ne pas permettre qu'aucune partie de soi-même fasse rien qui lui soit étranger, ni que les trois principes empiètent sur leurs fonctions respectives »21(*). Qu'on l'examine à un niveau ou à l'autre, la justice est donc toujours l'harmonie qui met en consonance trois instances et qui produit l'unité d'une pluralité comme la tempérance, la justice n'est pas le propre de citoyens ou d'une partie de l'âme, ce qui est le cas de la sagesse et du courage. Elle (la justice) est par contre, un principe de concorde, mais elle est de plus, source des autres vertus, puisqu'elle donne à chacun la force de remplir la tâche qui est la sienne22(*), et que chacun faisant ce qu'il doit faire, possède la vertu qui lui est propre.

Par ailleurs, signalons que dans la conception grecque, l'individu est lié à la cité : il ne vit que pour la cité et non pour soi. Mais pour Platon, l'homme individuel ne peut rien, il ne peut pas se procurer tout ce dont il a besoin pour atteindre son bien-être. D'où l'idée de la réunion : de former une cité pour une bonne complémentarité. Et pour cela, Platon stipule que

« ainsi donc, quand l'âme se laisse mener par la partie d'elle-même qui est amie de la sagesse et qu'il n'y a pas en elle de sédition du fait de chacune de ses parties, c'est un fait que chacune de ces parties accomplit en tout et pour tout, la tâche qui est la sienne, c'est-à-dire qu'elle est juste et, naturellement aussi, que chacune récolte les plaisirs qui sont les siens, c'est-à-dire les meilleurs et, dans la mesure du possible, les plus vrais »23(*).

Ainsi donc en se réunissant, chacun est heureux, s'il fait ce dont il est doué. La justice consiste justement en cela : le fait que dans la cité qui repose sur la division de travail, chacun fasse bien son métier, remplisse correctement la tâche qui lui est propre.

Donc, la justice dont parle Platon n'est pas une justice judiciaire comme nous l'avons ci-dessus dit, mais ce qu'il a appelé justesse et c'est cette justesse qui fait l'harmonie existante entre les classes sociales et l'engagement de chacun dans le domaine où il est le plus doué pour le développement d'une cité juste et heureuse.

Tout compte fait, nous pensons que pour une meilleure direction de la cité, une nécessité s'impose pour l'éducation de cette élite qui doit être un modèle pour ses compatriotes. Ceci nous amène directement à notre deuxième chapitre intitulé : la nécessité de l'éducation de l'élite gouvernante.

* 16 Sylvie Solère-Queval, « La Justice », in Grand Dictionnaire de la PHILOSOPHIE, dirigé par Michel                                         BLAY, Paris, Larousse/VUEF, 2003, p. 584.

* 17 Platon, La République, Op. Cit.,VI, 433d.

* 18 Platon, La République, I, 338 c-339 a, trad. L. Robin, OEuvres complètes Tome I, Paris, NRF, 1950.

* 19Cf. Idem, II, 368 e.

* 20 Ibid., IV, 434 c.

* 21 Ibid., IV, 443 d.

* 22 Cf. Ibid., IV, 433 b et 441 e-442 d.

* 23Ibid., IX, 586e-587a.

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