4. Nutrition et régime alimentaire
Les pucerons sont phytophages. Leur système buccal de
type piqueur-suceur est composé de stylets perforants, longs et souples,
coulissant dans un rostre (HULLÉ et al., 1998).
Selon BRAULT et al (2007) in RABATEL (2011), les
pièces buccales des pucerons forment un faisceau de quatre stylets
flexibles : deux stylets mandibulaires et deux stylets maxillaires
principalement constitués de chitine. Les stylets mandibulaires
entourent et protègent les stylets maxillaires (fig.
15). Lorsque le puceron ne se nourrit pas, les stylets sont
enfermés dans le labium (ou proboscis).
![](Les-pucerons-dans-la-region-de-Ghardaa-en-Algerie-biodiversite-et-importance-dans-un-champ-de16.png)
Chapitre II Généralités sur les
aphides
27
Figure 15. Détail des pièces
buccales des pucerons (d'après BRAULT et al 2007 in RABATEL,
2011).
D'après JOSEPHYNE (2012), le régime alimentaire
varie selon les espèces, de la monophagie (exclusivement associé
à une espèce de plante hôtes), à la polyphagie
(associé à une vaste gamme de plantes hôtes appartenant
à différentes familles botaniques) en passant par l'oligophagie
(associé à quelques espèces de plantes).
Le succès des pucerons en tant que ravageurs des
cultures est également lié à leur capacité à
exploiter comme unique source alimentaire la sève élaborée
des plantes. Or, la sève circulant dans les vaisseaux du phloème,
les pucerons ont développé toute une série d'adaptations
anatomiques et morphologiques, parmi lesquelles des pièces buccales
hautement modifiées, leur permettant d'exploiter cette ressource
trophique difficilement accessible (RABATEL, 2011).
Grâce à leur rostre, le puceron s'en sert pour
percer la paroi du végétal et atteindre les faisceaux
cribro-vasculaires où il prélèvera la sève
élaborée. Au fur et à mesure qu'il pique la plante et
enfonce ses stylets, le puceron émet une salive qui durcit en formant un
fourreau à l'intérieur duquel il pourra manoeuvrer ses stylets
(HULLÉ et al., 1998; JOSEPHYNE, 2012).
Selon JOSEPHYNE (2012), la sève du phloème qui
constitue l'unique source d'alimentation des pucerons est très riche en
sucres mais pauvre en composés azotés comme les acides
aminés. L'association obligatoire des pucerons avec une bactérie
endosymbiotique, Buchnera aphidicola, pallie ce manque, celle-ci leur
fournissant des vitamines, stérols et acides aminés. Les
bactéries sont localisées dans l'abdomen de leur hôte, dans
des groupes de cellules spécialisées : les
bactériocytes.
Chapitre II Généralités sur les
aphides
5. Déplacement des aphides
Les pucerons ailés peuvent se déplacer
facilement sur plusieurs kilomètres, voire sur des dizaines de
kilomètres en se laissant entraîner par les courants
aériens (EVELYNE et al., 2011). Le vent peut déplacer
les pucerons ailés sur des centaines de kilomètres, alors que les
pucerons aptères disséminent la maladie en se
déplaçant de plante en plantes (JAYASINGHE, 1993).
Selon HULLÉ et al (1999), au cours d'un cycle
annuel, on observe alternativement des pucerons sans ailes (ou aptères)
et des pucerons ailés. Dans le cas des espèces holocycliques
dioeciques (fig. 16A), les premiers ailés
observés au printemps sont les individus qui migrent de l'hôte
primaire, où la phase sexuée a eu lieu, pour gagner les plantes
hôtes secondaires, éventuellement cultivées, sur lesquelles
les générations suivantes passeront la belle saison. Au cours du
printemps et de l'été, on observe ensuite des vols de
dissémination qui permettent aux pucerons de coloniser de nouvelles
plantes secondaires. A l'automne enfin, on observe la migration de retour vers
les hôtes primaires. Ces vols sont alors constitués des individus
impliqués dans la reproduction sexuée, les gynopares (parents des
femelles fécondables) et les mâles.
Dans le cas des espèces anholocycliques (fig.
16B), les différents vols observés au cours de
l'année correspondent à des déplacements permettant aux
pucerons rechercher les plantes les mieux adaptées à leur
multiplication.
Les principales périodes de vol qui se succèdent
au cours des saisons, du printemps à l'automne, répondent donc
à des besoins physiologiques et biologiques différents.
![](Les-pucerons-dans-la-region-de-Ghardaa-en-Algerie-biodiversite-et-importance-dans-un-champ-de17.png)
Figure 16. Le mode de dispersion des pucerons
(d'après HULLÉ et al., 1999).
28
Chapitre II Généralités sur
les aphides
29
|