3. Biologie
3.1. Polymorphisme
Une des plus remarquables caractéristiques des pucerons
est leur polymorphisme, lié à leurs cycles de vie souvent
très compliqués (ALAIN, 2006).
Chapitre II Généralités sur
les aphides
24
Au cours de leur cycle de développement et de leurs
générations successives, les aphides affectent un nombre variable
de formes, quelquefois ailés, quelquefois aptères. Ces formes
complètement différentes les unes des autres se succèdent
suivant la saison, la plante hôte et les conditions climatiques
(BALACHOWSKY et MESNIL 1935 in BENOUFELLA-KITOUS, 2005).
3.2. Cycle évolutif
La plupart des espèces de pucerons présentent,
au cours de leur cycle évolutif, une génération d'insectes
sexués (mâle, femelle) alternant avec une ou plusieurs
générations se multipliant par parthénogenèse et
constituées uniquement de femelles (parthénogenèse
thélytoque).
Les femelles fécondées sont toujours ovipares
alors que les femelles parthénogénétiques sont le plus
souvent vivipares.
Au cours de l'année qui, le plus souvent, recouvre un
cycle évolutif complet, plusieurs générations polymorphes
apparaissent (LECLANT, 2000).
Chez certaines espèces, la phase de multiplication
parthénogénétique est entrecoupée d'une phase de
reproduction sexuée. On parle alors d'holocyclie (HULLÉ et
al., 1999). Quelques espèces de pucerons ont perdu la phase de
reproduction sexuée dans leur cycle, on les appelle anholocycliques, les
générations asexuées s'enchainent tout au long de
l'année sur le même type de plante hôte (JOSEPHYNE,
2012).
D'après RABATEL (2011), les pucerons peuvent être
divisés en deux groupes en fonction de leur cycle de vie au sein de
l'holocyclie :
i. Les espèces dites monoeciques qui se nourrissent sur
les mêmes espèces de plantes vivaces ou herbacées tout au
long de l'année ;
ii. Les espèces dites dioeciques ou
hétéroeciques qui, au cours de leur cycle biologique, changent
d'hôte et migrent d'un hôte primaire (souvent des plantes
ligneuses, en hiver) vers une ou plusieurs espèces secondaires (telles
des plantes herbacées durant l'été)
(fig.13).
Chapitre II Généralités sur les
aphides
25
Figure 13. Diversité des cycles de vie
chez les pucerons (d'après JOSEPHYNE, 2012).
L'holocyclie est le mode de reproduction classique chez les
pucerons. La phase de reproduction sexuée a lieu à l'automne :
mâles et femelles fécondables s'accouplent sur leur plante
hôte. Les oeufs, produits et déposés sur cette même
plante, y resterons tout l'hiver. L'oeuf rentre en dormance avec
l'arrivée des températures négatives, ce qui lui permet de
se soustraire aux effets délétères du gel et à la
raréfaction des ressources alimentaires. Seule cette forme de
résistance permet aux pucerons de passer la mauvaise saison dans les
régions aux hivers rudes.
au cours de l'hiver ou au début du printemps, selon les
espèces, les oeufs éclosent généralement en
même temps que le débourrement des bourgeons, assurant de bonnes
conditions alimentaires avec la montée de la sève, et une faible
densité de prédateurs. Ils donnent naissance à une femelle
parthénogénétique aptère, la fondatrice. Celle-ci
est à l'origine d'une succession de générations
composées de femelles parthénogénétiques
appelées fondatrigènes qui se développent au cours du
printemps et jusqu'au début de l'été. Puis la dispersion a
lieu vers d'autres plantes hôtes afin d'assurer un accès à
des ressources alimentaires de qualité, et établissant ainsi de
nouvelles colonies.
Au début de l'automne suivant, apparaissent des
femelles parthénogénétiques particulières, les
sexupares. Dans le cas de certaines espèces restant sur les arbres, les
sexupares donnent naissance à des mâles et des femelles ovipares
qui s'accoupleront (fig.14). Dans le cas des espèces
s'étant développées l'été sur d'autres
plantes que les arbres, les
Chapitre II Généralités sur les
aphides
26
sexupares sont soit des gynopares ailées soit des
andropares qui donneront naissance à des mâles ailés. Les
gynopares ailées regagnent les arbres et donnent naissance à des
femelles ovipares aptères. Celle-ci seront fécondées par
les mâles ailés qui viennent les rejoindre sur arbres
(HULLÉ et al., 1999; HULLÉ et al., 1998; ALAIN,
2006 ; JOSEPHYNE, 2012).
D'après HULLÉ et al (1999), à la
belle saison, une semaine seulement suffit au développement complet
d'une génération.
Figure 14. Cycle biologique du Puceron du soja
(selon ALAIN, 2006).
|