Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur: enjeux des oeuvres numériques de bande dessinée sur la création artistique( Télécharger le fichier original )par Laurène STREIFF Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Maà®trise des sciences et des techniques information- communication concepteur multimédia 2001 |
3. CREATEURS ET OUTILS3.1. QUi CREE LES E-BD ?La première chose à dire concernant les créateurs des e-BD étudiées est qu'ils ne sont pas des auteurs «renommés » de bande dessinée. Milo Manara se détache du lot, mais il n'est pas forcément l'auteur des épisodes du Déclic version web. Nous pourrions le définir en tant que co-auteur, dans le sens où il a, dans les années 80, imaginé le scénario de base et réalisé les dessins en version papier, deux éléments fondamentaux que la e-BD reprend. Mais il s'agit aussi d'une adaptation, d'un travail de recomposition et de réécriture6. Manara a endossé un rôle de superviseur, la réalisation proprement dite étant prise en charge par une équipe de la société de production d'animations Alphanim. 3.1.1. BD sur support numérique : un projet dénigré par les éditeursEn lisant les interviews réalisées en 1999, sur l'espace multimédia du salon du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, auprès de scénaristes et dessinateurs de BD et concernant la « BD interactive »7, la position des auteurs BD traditionnels est double. D'une part, il y a les sceptiques ou conservateurs ; ceux qui ne peuvent, ou ne veulent créer que sur support papier. Les arguments divergent, les uns (Tabary, créateur entre autres du personnage Iznogoud ; Margerin, auteur de Lucien aux éditions des Humanoïdes associés) se sentent dépassés par la technique et incapables de concevoir une bande dessinée autrement que sur support papier, par manque de compétences et par traditionalisme, laissant la rencontre de la BD et de l'ordinateur aux jeunes générations d'artistes. Les autres (DeCrecy et Chaumet, auteurs de Léon La Came aux éditions Casterman ; Kubert, auteur de Fax de Sarajevo aux éditions Vertige Graphic ; Goosens) ne s'y intéressent pas. Ils restent attachés à la sensualité, à la chaleur du papier mais aussi ne s'aventurent pas vers l'ordinateur pour des raisons économiques : les éditeurs ne sont pas demandeurs. Parallèlement à ce premier groupe, se dresse un second ensemble d'artistes davantage perméables aux nouvelles technologies. Cependant, il ne s'agit pas 6 L'adaptation a nécessité, entre autres, un redécoupage des planches, une réécriture des bulles, une sonorisation, une programmation sous Flash (« flashage »). [RIVOIRE, mai 2001] 7 Retranscription des interviews visible sur le site officiel du festival www.bdangouleme.fr Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001 35 / 105 Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001 Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001 pour eux de faire de la bande dessinée par et pour l'ordinateur, mais essentiellement d'exploiter les potentialités du jeu vidéo ou de l'animation comme adaptation de leurs oeuvres ou utilisation de leur savoir-faire. Nous pouvons donner deux exemples. Moebius (alias Jean Giraud, auteur de Lt. Blueberry et dessinateur des albums de John Difool) parle de projet de «jeux en 3D à la Moebius ». Christin et Mézières supervisent un projet de jeu vidéo avec en personnage principal leur célèbre héros : Valérian. |
|