Schisme de la microfinance: problématique de l'atteinte de l'autosuffisance opérationnelle par les institutions ciblant les personnes à faible revenu en RDC( Télécharger le fichier original )par Pompon- Ludovic MPOTO MANKENI Université protestante au Congo - Licence 2 microfinance 2013 |
Chapitre 1 : Schisme de la microfinance : Une revue de la littératureAprès l'avènement de différents intermédiaires financiers spécialisés dans le financement en faveur des personnes à faible revenu, un grand défi se présente à l'horizon. Il s'agit de savoir comment offrir les services adéquats aux pauvres tout en restant performant et autonome sur le plan financier. Pour apporter une lumière théorique à ce sujet, nous partirons d'une présentation sommaire de deux missions de la microfinance et de leurs interactions (section 1). Ensuite viendra une analyse détaillée sur l'intermédiation en faveur des pauvres (section 2) en relevant les éléments à apprivoiser pour son autosuffisance et l'élargissement de sa portée sociale (section 3) et des stratégies pour concilier le double objectif (section 4). Enfin une étude des cas est prévue pour cerner la réalité sous d'autres cieux (section 5). 1. Généralités sur la double mission en microfinancePeu d'outils de développement suscitent autant d'enthousiasme que celui du microcrédit (LABIE M., 1999). Cela peut s'expliquer par le fait que la microfinance donne aux pauvres les moyens de sortir de leur condition précaire, contrairement aux politiques d'aide au développement menées précédemment et qui maintenaient les pauvres dans un état de dépendance par l'offre de services sociaux gratuits (DEBREY V., 2005). Néanmoins pour être effectivement ce levier efficace du développement, la microfinance doit changer d'échelle et s'engager sur la voie de la viabilité financière (CERISE, 2009). Par l'offre de services financiers aux personnes exclues du système financier classiques, essentiellement des pauvres, d'une manière pérenne en vue d'améliorer leur niveau de vie, la microfinance fait face à deux objectifs. Sociaux d'une part et financiers d'une autre part. D'aucuns estiment qu'il y a un arbitrage entre ces objectifs (NIYONGABO E 2007 ; GUIRAUD 2009), d'autres par contre pensent qu'il y a compatibilité et complémentarité (LAPENU 2007). Il y en a aussi ceux qui voient la neutralité. Pour mieux position notre recherche par rapport à toutes ces discussions théoriques, cette section s'articule autour de principaux aspects du « double bottom line »5(*) en microfinance afin de relever les différentes relations existantes. 1.1. La mission sociale de la microfinanceSi dans les pays du Sud la majorité de la population et des petites entreprises sont exclues des services bancaires classiques, cette proportion est particulièrement élevée dans les États très fragiles tels que la RDC, avec l'un des plus faibles taux de bancarisation au monde6(*) (AFD 2010). Dans un contexte pareil, les ISFD déploient des efforts considérables afin de servir ceux qui sont constamment exclus des systèmes financiers (BERGUIGA 2007). Par cette intégration des exclus, la microfinance amorce le premier pas de sa mission sociale (Soulama, 2008 ; Guittiérez-Nieto et al., 2007 et 2009 ; Serano-Cinca et al., 2010 et Hermes et al., 2011 cités par Kablan Sandrine 2012). Mais au-delà d'une simple inclusion financière, les ISFD doivent s'assurer de l'adaptabilité des services offerts aux besoins de demandeurs. A cela s'ajoute une analyse des effets des produits fournis sur les activités et/ou le bien-être des bénéficiaires. Pour ce faire, l'institution est appelée à analyser son niveau des performances sociales. A ce jour beaucoup d'outils (le SPI7(*) du CERISE, FFSI8(*) du CGAP, SOCIAL9(*) d'ACCION...) sont mis en place en vue de cerner ce niveau de performances sociales. Cependant, les avantages à tirer par les bénéficiaires des services ne doivent pas être temporairement limités. Il est préférable que l'offre des services financiers s'aligne dans une logique de long terme. Pour y parvenir, l'institution doit associer à ses performances sociales les performances financières. Cela passe par la concrétisation de sa mission commerciale. * 5 Double botton line est une expression anglaise couramment utilisée dans la littérature en microfinance pour désigner sa double mission. * 6 Selon les dernières statistiques, ce taux est estimé à 5,6 % (BCC, 2011) * 7 Socials performances indicators. * 8 Ford foundalion Social Indicators. * 9 Social mission, 0utreach, Client service ,Information transparency and consumer protection, Association with the community , Labor climat |
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