8.2.2 De l'avis des pêcheurs à la ligne :
Une AMP oui, à condition de créer des habitats
La position des ligneurs semble moins catégorique que
celle des poseurs de filets. En fait, ils prétendent que la mer de
Saint-Louis ne peut à priori abriter une AMP du fait qu'il n'y a pas
suffisamment de bancs rocheux qui puissent sauvegarder le poisson. Toutes les
roches qui servaient de refuge sont maintenant détruites par les
chaluts, et même dans les six miles. Ils pensent donc que ce ne sont pas
les pêcheurs artisans, à l'exception des sennes tournantes, qui
sont à l'origine de la dégradation du milieu marin. En fait, ils
mettent surtout l'accent sur les mesures qui doivent accompagner la mise en
oeuvre de la réserve marine. Aussi proposent-ils que soit inscrite sur
la liste des actions à mener, l'immersion de récifs artificiels.
Si on veut conserver, il faut commencer par créer les conditions de
sédentarisation (demeures de position).
Par ailleurs, ils insistent sur le fait qu'une protection
partielle ou intégrale d'un espace maritime n'a aucune chance de limiter
le processus d'effondrement des volumes de pêche qui se produit à
Saint-Louis. Il suffit qu'il y'ait des récifs en nombre suffisant pour
que le repeuplement se fasse tout seul sans nulle autre intervention
disent-ils.
8.2.3 De l'avis des utilisateurs de sennes tournantes :
une réserve fixe n'apporte rien aux espèces migratrices
Pour la majorité, Les sennes tournantes redoutent avec
l'implantation de l'AMP, une très grande concentration d'unités
dans la zone de libre pêche, jugée déjà très
étroite (une douzaine de kilomètres, entre la frontière
avec la Mauritanie et le limite nord de l'AMP). Ils pensent qu'il ne sert
à rien de protéger Tank (sud de Guet-Ndar) si c'est pour
accroître la pression sur « Kell » (espace maritime en
face de Guet-Ndar) et sur « Gopp» (nord de Guet-Ndar). L'AMP
ne fait que transposer le problème plus au nord. Ils craignent du coup
une recrudescence des conflits entre pêcheurs artisans surtout si les
poseurs de filets dormants (principaux usagers des ressources à
l'intérieur de l'AMP) se rabattent sur « Kell » et
« Gopp » avec toutes les conséquences liées
à l'incompatibilité avec les filets actifs.
Par ailleurs ils émettent des « réserves
» à propos de l'Aire Marine. Ils s'intéressent
principalement aux petits pélagiques et pensent qu'une AMP fixe
n'apportera rien aux espèces migratrices qui se déplacent au
gré des upwellings. Or, les stocks les plus importants à
Saint-Louis sont constitués de poissons migrateurs en l'occurrence les
Sardinelles. Ils en concluent que l'AMP ne peut pas produire les effets
escomptés dans cette zone.
Il faut dire que leur activité à Saint-Louis
est saisonnière et coïncide avec le passage des sardinelles et
chinchards (entre Janvier et juin). Ils pêchent le reste du temps en zone
mauritanienne ou en haute mer puisque leur équipement permet de grands
déplacements. C'est peut être la raison pour laquelle certain se
disant plus ou moins favorables à l'AMP pensent que la protection du
site délimité ne peut avoir d'impact significatif sur leur
activité d'autant qu'ils ne le fréquentent que rarement la zone
AMP, si ce n'est pour traverser la brèche.
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La meilleure façon pour l'AMP de contribuer à
réduire la pression sur la ressource, selon les utilisateurs de sennes
tournantes, est de faciliter l'accès des pêcheurs Guet-Ndariens
aux eaux mauritaniennes. Ils nourrissent l'espoir que l'implication du
Ministère de l'Environnement dans le domaine de la pêche avec les
AMP, amène leur ministre de tutelle à avoir plus de poids
vis-à-vis de la Mauritanie pour ouvrir un peu plus ses frontières
et octroyer un nombre plus important de licences.
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