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8 DES DÉFIS A RELEVER POUR UNE BONNE
PARTICIPATION COMMUNAUTAIRE
Comme nous l'avons cité la mise en place d'une AMP
répond à un souci de recomposition des stocks de poissons,
notamment par l'application de mesures conservatoires dans la zone
délimitée. En fait, à Saint-Louis, toute
la problématique de la gestion de l'AMP tourne autour dune
activité : la pêche, considérée comme l'une des
principales causes de la baisse de la ressource. Comme le disait Pauly, A
(1999)21 , le principe de l'AMP est simple : si
vous protégez le poisson de la pêche, ils vivront plus longtemps,
grossiront et produiront des oeufs en nombre constant et exponentiel.
Cependant, une chose est claire : la rareté de la
ressource est loin d'être le seul problème auquel les
pêcheurs de Guet-Ndar doivent faire face. Il est évident alors que
des règles de gestion sur proposition des usagers de la ressource ne
doivent pas se limiter à la régulation de son accès.
Élargir la surface du problème étudier toutes les
contraintes liées à la filière pêche à
Guet-Ndar et y apporter des solutions dans un plan d'aménagement et de
gestion peut être un moyen pour la communauté locale de l'adopter.
Comme le souligne SARR, O (2006) en citant le principe 10 de la
Déclaration de RIO (chapitre 23 d'Action 21) : « la gestion
participative des ressources naturelles communes est pour l'opinion
internationale, un des principes fondamentaux pour la gestion durable de ces
ressources ». Cela suppose également l'implication des
populations à toutes les étapes, depuis la formulation des
mesures de gestion jusqu'à leur application en passant par les prises de
décisions concernant le choix de la mise en oeuvre des dites mesures
8.1 LES CONTRAINTES DE LA FILIÈRE PÊCHE
À SAINT-LOUIS
Des contraintes diverses et variées entravent
l'activité et concourent selon les pêcheurs à la baisse
tendancielle de leurs revenus.
8.1.1 L'approvisionnement en glace
La spécialisation des guet-ndariens en pirogue
glacière explique l'importance que revêt l'approvisionnement en
glace pour la localité. Malheureusement, la demande est nettement
supérieure à l'offre. Ce qui joue sur les prix.
8.1.2 Les difficultés d'écoulement
La commercialisation du produit était effectuée
d'abord par la soeur du pêcheur, puis par l'épouse et de plus en
plus maintenant par le pêcheur retraité. Le pêcheur
guet-ndarien n'a aménagé aucun structure de stockage qui pouvant
limiter les pertes par rejet (surtout les sennes tournante quand la sardinelle
est abondante), ni crée des structures qui s'occupe de la
commercialisation. Il ne pense qu'à produire et toutes ses initiatives
s'arrêtent au débarquement du produit. Donc, les filières
de commercialisation lui échappent ainsi le plus souvent parce que la
pêche à elle seule occupe déjà tout son temps et son
énergie. Le mareyeur quant à lui dispose d'un réseau
d'information sur le marché performant. De ce fait il reporte tous les
risques sur le pêcheur à qui le rapport de force lors du
marchandage est défavorable.
21 Rapport de recherche halieutique ACP-UE, No 5, Bruxelles,
Septembre 1999. pp 37
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L'impuissance des pêcheurs face au marché est
accentuée par une situation d'oligopole des mareyeurs et par le
caractère périssable du produit. Il est contraint de vendre dans
un délai court pour éviter la détérioration du
produit. Les cas de bradage ou de rejet sont fréquemment observés
au niveau des utilisateurs de sennes tournantes. En plus, Saint -Louis est loin
des grands centres de consommation comme Dakar. Les mareyeurs qui s'y
présentent non seulement ne sont pas trés nombreux (50 camion en
moyenne par jours), mais ne font pas toujours le déplacement à
Saint-Louis. Ils recrutent sur place des intermédiaires dispersés
sur tout le quai pour l'achat du poisson. Ainsi s'instaure l'illusion d'une
multitude d'acheteurs entre lesquels s'exerce une concurrence. Il n'en est
rien. En fait, il suffit qu'un pêcheur mal en point cède sa
production à un prix dérisoire pour que tous les autres soient
obligés de s'aligner sur celui-ci. En fait, la plupart des productions
sont achetées à crédit. Les mareyeurs ne paient le
pêcheur que 3 à 4 jours après, lorsqu'ils ont
écoulé les produits. Il n'est pas rare qu'au retour, ils
remettent les termes du contrat en cause, en évoquant une
détérioration du produit, une mévente ou tout autre alibi,
difficilement vérifiable par les pêcheurs. De nouveau, le risque
est reporté sur le pêcheur.
Ainsi il serait intéressant, face à cette
situation, d'instaurer une concertation entre pêcheurs d'un même
centre maritime afin de négocier les prix de vente des
débarquements sur la plage. Cependant, c'est que, les pêcheurs
tiennent à leur indépendance et acceptent difficilement les
tentatives collectives, d'où la difficulté pour eux de
s'entendre. Ce sont ainsi les autres acteurs de la distribution qui profitent
de cette situation comme l'ont affirmé Le SANN et AL (1986) : « si
l'on observe le plus souvent un accroissement des marges
bénéficiaires après un certain nombre
d'intermédiaires, ce profit se fait intégralement en aval qui de
surcroit subit généralement la loi de grossistes sans scrupules,
compte tenu du caractère périssable de son produit et du fait
qu'il vit le plus souvent au jour le jour »
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