Elle est introduite au Sénégal en 1972 par un
projet FAO (C, CHABOUD, 1986). Elle n'est devenue opérationnelle sur la
grande côte qu'en 1974. Elle se pratique avec deux pirogues ayant chacun
une capacité de charge pouvant atteindre 20 tonnes. La petite pirogue
mesure entre 16 et 19m transporte le filet et l'essentiel de l'équipage
(une vingtaine de personnes), son rôle consiste à ceinturer les
bancs de poissons avec le filet. La grande pirogue mesure entre 20 et 23m sert
au transport de la capture.
Le filet mesure 250 à 400m pour une chute de 40m.
C'est un filet actif dans lequel le poisson est capturé par encerclement
(et non maillé). Il possède une grande poche et une coulisse qui
permet de la refermer une fois l'encerclement réalisé.

Figure 34. Retour de pêche d'une unité de
senne tournante prise sur le fleuve
Sa mise en oeuvre nécessite en moyenne un
équipage de 30 personnes de 15 à 45ans pour 20 à 25 marins
embarqués à chaque sortie et 3 moteurs 40 à 60 chevaux (un
moteur pour propulser chaque pirogue et un moteur de secours). Grâce
à ce système de roulement des membres de l'équipage qui
autorise le repos hebdomadaire de 5 à 10 pêcheurs, ils contournent
les inconvénients que peuvent engendrer l'absence d'un certain nombre
d'entre eux. Il faut signaler que l'équipage compte prioritairement les
membres d'une même famille. La demande en main d'oeuvre est telle qu'ils
font souvent appel à des pêcheurs ouvriers ne disposant pas
d'outils de travail pour renforcer l'équipe.
En plus de cet équipage à bord du navire,
existe une équipe d'artisans (en moyenne 10 personnes) qui se chargent
des opérations à terre : halage des filets et de la pirogue,
débarquement et surveillance du produit, transport des moteurs,
nettoyage et réparation des filets.
Les sennes tournantes opèrent au large de Saint-Louis
entre les mois de janvier et de mai et peuvent aller des fois jusqu'au mois de
juin. Au-delà de cette période, ceux qui ont
bénéficié de permis de pêche suivent la migration de
poisson sur des distances très longues pouvant les mener jusqu'à
Nouadhibou au nord de la Mauritanie. Les armateurs toujours actifs sont
embarqués et occupent auquel cas la fonction de capitaine de
l'équipage. Certains à la retraite donnent le relais à
leurs rejetons tout en récupérant après chaque sortie la
part destinée au propriétaire.
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Le mode de partage des gains dépend surtout du
coût de l'investissement mais ne prend pas en compte les fonctions
à bord. Aussi pour cette forme de production où l'investissement
est lourd (pirogue et engin coûteux), le partage du produit
prévoit, une fois déduite les charges d'exploitation, 1/3 pour
l'amortissement du filet, 1/3 pour l'amortissement de la pirogue et des
moteurs, 1/3 pour l'équipage. Étant entendu que la part
affectée au matériel revient à son propriétaire.
Au total on compte dans la zone la polarisée par l'AMP
142 pirogues de sennes tournantes (appartenant toutes aux pêcheurs de
Guet-Ndar) sur un parc piroguier de 1542 (soit 9% du parc) actives à
plus de 80% (CRODT/ISRA 2005)
De l'avis des techniciens du service régional des
pêches maritimes rencontrés, la senne tournante a permis avec le
moteur hors-bord de révolutionner la pêche maritime ; ce qui
atteste d'une grande capacité d'adaptation de la pêche artisanale
aux nouvelles techniques. Elle permet la capture en moyenne de 5 tonnes
(parfois même des prises record 20 tonnes par sortie quand le poisson est
abondant) et donc, un travail à haute productivité. Ainsi elle a
permis une nette augmentation des volumes débarqués à
Saint-Louis mais ne sont capturés que des pélagiques à
faible valeur commerciale (la sardinelle constitue plus de 80% des captures,
SRPM 2007). C'est la pratique artisanale qui enregistre le plus de rejets car
les volumes débarqués dépassent généralement
la demande du marché (mareyeurs, transformation, marché
local...), phénomène accentué par l'absence
d'unités de conservation. Le surplus est jeté dans le fleuve. Ce
mode de pêche introduit il y'a un peu plus de trente ans à
Saint-Louis a ainsi contribué pour beaucoup selon les techniciens du
SRPM et les utilisateurs de filets dérivants de surface, à la
baisse du stock de sardinelles à Saint-Louis.