1.2. Statut d'emploi des immigrés
Alors que 88,4 % des Français de parents nés
français ont un statut à durée indéterminé
ou sont non-salariés, seul 84 % des immigrés des pays tiers sont
dans ce cas, une part en progression par rapport à 2007. Pour ce qui est
de la situation des descendants des pays tiers, « elle est plus
précaire puisqu'ils ne sont que 77,9 % à ne pas être en
contrat à durée déterminée ou en intérim,
même si la situation s'est améliorée ces dernières
années(&) les descendants d'immigrés des pays tiers
(...) ont, pour tous les diplômes, des niveaux de chômage
supérieur, même à celui des immigrés de même
origine. Ce taux atteint 40,5 % pour les non diplômés (45,6 % chez
les hommes). Le niveau élevé du taux de chômage global des
descendants d'immigrés des pays tiers résulte en partie de la
part des jeunes de moins de 25 ans sans diplôme, qui sont trois fois plus
nombreux au sein de ces descendants que dans le reste de la population
»63.
1.3. Temps de travail des immigrés
Les immigrés des pays tiers sont plus souvent en
sous-emploi (contrat précaire, temps partiel subi, temps partiel
contraint). Ils représentent 9% de la population active occupée
concernée par le phénomène du sous-emploi. On
évalue leur nombre à environ 1.4 million de personnes en France
entre 2006 et 2008. Ainsi, un immigré non-européen a 77% de
chances en plus d'être en sous-emploi qu'un Français de parents
nés Français. Les femmes sont deux fois plus touchées par
le sous-emploi que les hommes. Toutefois, avoir au moins le Bac diminue le
risque d'être à temps partiel subi, car les diplômes les
plus élevés conduisent souvent à l'obtention d'un poste
qualifié à temps plein, même si les opportunités
s'avèrent peu nombreuses pour des raisons que nous verrons plus loin.
Autres chiffres illustrant la situation précaire des immigrés sur
le marché de l'emploi en France : 3 immigrés sur 10 occupent un
emploi non-qualifié. En région parisienne par exemple, dans les
entreprises de nettoyage, 7 salariés sur 10.
1.4. Secteurs d'activité des actifs
immigrés non-européens
Cela dit, au niveau national, les immigrés
non-européens sont plus présents dans la construction et trois
fois plus nombreux dans l'hôtellerie-restauration, les activités
d'administration et de soutien (dans la sécurité et le
61 Yves Breem, « L'insertion professionnelle des
immigrés et de leurs descendants en 2010 », Infos Migrations,
DARES, Insee, janvier 2010. Toutes ces données sont issues de
l'enquête Emploi en Continu (EEC) de l'INSEE, déclinaison
française de l'enquête européenne Labor Force Survey
(LFS
62 On notera une proportion conséquente
d'immigrés originaires d'Asie en emploi, tous genres confondus. De
même les descendants d'immigrés asiatiques sont ceux qui
obtiennent les meilleurs résultats à l'école ou dans le
cadre des études supérieures. Comment expliquer cette
prépondérance et cette exception asiatique? Est-ce le fait de la
structure des ménages? De l'origine sociale des parents? La
socialisation à la culture du travail et de la réussite? Un
réseau de sociabilité et relationnel plus fort ? Un sens plus
fort de la communauté et de la solidarité envers les siens? Une
meilleure prédisposition à l'intégration ? Quel
parallèle peut-on faire entre intégration des asiatiques de
France, leur dynamisme entrepreneurial et la force des réseaux
associatifs ? Une réflexion plus approfondie sur cette question
permettrait de comprendre le différentiel entre modes et moyens
d'insertion des immigrés asiatiques et ceux des immigrés
sub-sahariens par exemple.
63 Yves Breem, idem.
45
nettoyage et majoritairement en intérim) que les
Français de naissance. Néanmoins, avec l'élévation
du niveau de diplôme des nouveaux arrivants, plus diplômés
donc, la part des cadres supérieurs parmi les immigrés
non-européens est passé de 9% en 2007 à 11% en 2010 des
actifs, une progression bien plus forte que celle des natifs. En dépit
d'un accès croissant des immigrés des pays tiers aux
métiers très qualifiés en France, les 2/3 de cette
catégorie d'actifs restent encore des employés (surtout les
femmes) et ouvriers contre seulement un actif sur deux pour les natifs.
Tableau 8 : Secteur d'activités des actifs
immigrés des pays tiers et des Français de
naissance
Source : Insee, Infos Migrations, L'insertion professionnelle des
immigrés et de leurs descendants en 2010.
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