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SUJET : Les effets de la TVA sur le patrimoine des
ménages de la RDC
0. INTRODUCTION
0.1 PROBLEMATIQUE
La République Démocratique du Congo fait face
à plusieurs fléaux qu'il convient d'endiguer et ces derniers
maintiennent notre pays parmi les moins avancés du monde. Il s'agit
notamment de la situation sanitaire alarmante en raison d'un important
déficit nutritionnel et d'un accès difficile à l'eau
potable, « de la pauvreté généralisée
atteignant 70.5% de la population, du chômage touchant plus de 70% des
jeunes, du faible taux de fréquentation de l'école secondaire
soit de 32%,de l'insécurité alimentaire qui touche plus de 75% de
la population»1,du manque d'infrastructures nécessaires
au développement des activités économiques et
industrielles, de l'inflation due au financement par la création
monétaire du déficit budgétaire de la RDC, etc.
Pour endiguer tous ces fléaux, le gouvernement
congolais doit investir beaucoup d'argent dans presque tous les secteurs dont
l'éducation, la santé, les infrastructures, l'agriculture,
etc. et le moyen idoine qui lui permettra de
couvrir toutes ces dépenses, c'est la fiscalité
c'est à dire. Les impôts et taxes.
La fiscalité est un levier important du
développement d'un pays parce que non seulement qu'elle fournit les
ressources nécessaires pour financer les objectifs du
développement et la réduction de la pauvreté mais elle
constitue aussi un des éléments importants qui crée
l'environnement légal dans lequel doit évoluer les
activités économiques (production, consommation, échange,
investissement). L'argument de base est qu'un accroissement des recettes
publiques s'avère indispensable pour produire des biens et services
publics (infrastructures, police, défense, justice, etc.), pour
éradiquer la pauvreté et enfin pour améliorer les
conditions de vie de la population
1 (Perspectives économiques en Afrique 2012,
Rép. Dém. Congo, BAD, OCDE-NEPAD) ;
2
Dans les Pays en Développement(PED), la
répartition inégale des revenus et la prépondérance
de l'économie informelle sont telles qu'il est plus facile de
générer les recettes fiscales en taxant les transactions de biens
et services qu'en taxant le revenu. En plus de cela, les impôts indirects
sont prélevés sur la consommation et leur perception s'effectue
tout au long de l'année alors que les impôts directs sont
perçus à des intervalles réguliers (mensuel, trimestriel,
annuel). Ce qui revient à dire que dans les pays en
développement, la fiscalité indirecte fournit plus de ressources
que la fiscalité directe. Les études menées sur terrain
ont montré que dans les PED en général et en Afrique en
particulier, les taxes indirectes fournissent plus de 70% des recettes de
l'Etat2.
C'est aussi le cas pour la RDC où la majorité
des recettes proviennent des taxes indirectes (impôts sur la
consommation, droits de douane, droits d'accise).
Dans les pays en développement, parmi tous les
impôts indirects, c'est la taxe sur la valeur(T.V.A) qui procure plus de
ressources. En effet, dans ces pays, le Fond Monétaire
International(F.M.I) et la Banque Mondiale, par l'entremise des programmes
d'ajustements structurels (P.A.S en sigle), ont impulsé l'insertion de
la T.V.A en remplacement des impôts sur les chiffres d'affaires. Pour
eux, la T.V.A est un impôt propice à supprimer les « effets
en cascade » des impôts sur les chiffres d'affaires et à
accroitre les recettes des pouvoirs publics. C'est dans ce cadre que la
République Démocratique du Congo, un pays sous le programme
d'ajustement structurel, a inséré la taxe sur la valeur
ajoutée dans son système fiscal le 1er janvier 2012.
La T.V.A est donc un impôt qui a pour avantages la neutralité et
le rendement.
Du point de vue de l'Etat ; la T.V.A est
généralement considérée comme un impôt «
efficace » et « productif » dans le sens où elle
prélève des recettes fiscales importantes de manière
relativement invisible pour le contribuable. Mais la tendance est inverse pour
ce qui est du contribuable.
2 (Jean François GAUTIER, taxation optimale et
reformes fiscales dans les PED, Février 2001).
3
Malgré toutes les vertus attachées à la
T.V.A ; nous constatons qu'elle est à l'origine des
inégalités sociales et de l'appauvrissement de la population. En
effet, non seulement que la T.V.A augmente les prix des biens et services et
amenuise le pouvoir d'achat des ménages mais elle entraine aussi les
effets régressifs.
Dans les faits, les personnes pauvres consomment presque la
totalité de leurs revenus alors que les riches en épargnent une
grande partie, ce qui fait que :
Proportionnellement à leurs revenus, ce sont les plus
pauvres qui sont les plus taxés. Or en République
Démocratique du Congo, l'écrasante majorité de la
population vit dans la pauvreté et donc l'insertion de la T.V.A enfonce
encore la population congolaise dans la pauvreté profonde.
Eu égard à ce qui précède, une
question principale mérite d'être posée : quel est
l'effet de la TVA sur les ménages de la RDC ? Et de cette
question principale découle deux questions spécifiques :
? La TVA introduite en RDC n'a-t-elle pas contribué
à amenuiser
davantage le pouvoir d'achat de la population congolaise?
? Comparant les recettes rapportées et l'amenuisement
causé par la TVA en plus des inégalités sociales,
pouvons-nous affirmer que cette dernière a amélioré ou
détérioré la situation économique de le RDC ?
4
0.2 OBJECTIFS
L'objectif général de cette étude est de
permettre aux dirigeants d'améliorer la structure fiscale de la RDC
c'est à dire permettre à l'Etat congolais d'encaisser plus
d'argent tout en affectant que légèrement le patrimoine des
ménages. A cet objectif général, sont rattachés
deux objectifs spécifiques articulés comme suit :
1. Comprendre l'amenuisement du pouvoir d'achat et les
injustices sociales causés par la TVA dans le patrimoine des
ménages ;
2. Comparer l'importance des ressources mobilisées par
la TVA et l'amenuisement du pouvoir d'achat qu'elle a causé afin de
proposer aux autorités compétentes les solutions susceptibles
d'améliorer la situation des ménages.
0.3 HYPOTHESES
Une hypothèse s'avère une réponse
anticipée à une question qui est posée. Ce faisant, notre
étude a conduit à la formulation des hypothèses que voici
:
1. La TVA a amenuisé davantage le pouvoir d'achat des
ménages de la RDC en augmentant les prix des biens et services,
2. La TVA a apporté plus de recettes qu'elle n'a
amenuisé le pouvoir d'achat des ménages et pour
améliorer le pouvoir d'achat des ménages et par ricochet la
situation économique de la RDC, il faut la maintenir tout en diminuant
le taux d'imposition pour les biens de première
nécessité.
0.4 CHOIX ET INTERET DU SUJET
La TVA est une question de brulante actualité qui est
à l'origine de beaucoup de confusions et de mystification. Ceci
étant, le présent travail a un intérêt
évident qui est à la fois théorique et pratique :
? Sur le plan théorique, cette étude permettra
au lecteur d'avoir une vision plus large et plus détaillée sur la
TVA et ses effets sur l'économie de la RDC,
5
? Sur le plan pratique, cette étude aidera les
décideurs politiques de prendre des mesures adéquates pour
améliorer la structure fiscale de la RDC.
0.5 DELIMITATION DU SUJET
Notre souhait est celui d'analyser les effets de la TVA sur le
budget des ménages de toute la RDC mais compte tenu de nos moyens
financiers et temporels, nous avons limité notre étude dans le
temps et dans l'espace.
Le temps requis pour observer un phénomène est
généralement de 5 ans ou 10 ans mais comme la TVA est
d'application depuis le 1er janvier 2012, nous n'avons pris qu'une
période d'un an et demi, soit de janvier 2012 à juin 2013, mais
nous avons utilisé les données mensuelles. Dans l'espace, ce
travail s'est limité à étudier le comportement des
ménages de la République Démocratique du Congo.
0.6 METHODOLOGIE DU TRAVAIL
Tout travail scientifique doit être
élaboré selon une certaine approche méthodologique. Pour
George Burdeau : « la méthode désigne d'une façon
générale les voies d'accès à la connaissance
indépendamment de tout souci de les articuler en un processus
intellectuel logique.»
Dans le cadre de ce travail, la méthode statistique
nous a aidés particulièrement à déduire les effets
de la TVA à partir des taux d'inflation mensuels de deux
échantillons différents : nous avons tiré un
échantillon de 24 mois avant l'instauration de la TVA et de 18 mois
après la TVA.
Quant aux techniques, nous avons utilisé la technique
documentaire et la technique de test d'hypothèses. En effet, la
technique documentaire nous permettra de nous servir des idées des
autres pour mieux analyser les effets de la TVA sur l'économie et sur
les ménages et celle de test d'hypothèses nous a permis de saisir
si les prix augmentent plus avant ou après la TVA en faisant le test des
taux d'inflation mensuels moyens avant et après la TVA.
6
0.7 CANEVAS DU TRAVAIL
Outre l'introduction, la bibliographie et la conclusion, ce
travail comporte trois chapitres articulés comme suit :
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LA FISCALITE
CHAPITRE 2 : ETUDE DE LA TVA ET SON
APPLICATION EN RDC CHAPITRE 3 : EFFETS DE LA TVA SUR
LES MENAGES DE LEMBA
7
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA FISCALITE SECTION
1 : Définition des concepts-clés
1.1.1 Fiscalité
Selon le professeur Jean-Bosco NSUAMI, la fiscalité
vient de l'adjectif fiscal qui dérive du latin « fiscus » qui
signifie corbeille.3
« La fiscalité est un domaine qui regroupe les
impôts, les droits et taxes divers et les règles qui les
régissent. Elle se compose de la fiscalité de porte par le code
des douanes et de la fiscalité intérieure régie par le
code des impôts. Son rôle est de permettre à l'Etat de
couvrir les dépenses d'intérêt général par
des prélèvements obligatoires sur les biens ou sur les revenus
des personnes physiques et morales »3.Comme la
fiscalité est composée des impôts et taxes, nous allons les
analyser en profondeur.
2.1.2 Impôts et taxes
1.1.2.1 Impôts4
L'impôt est la principale ressource fiscale. Il est la
principale source de revenu dans un Etat.
a. Définition
Plusieurs définitions ont été
proposées mais la définition la plus célèbre est
celle proposée par Gaston JEZE selon laquelle :
« L'impôt est une prestation pécuniaire,
requise des particuliers par voie d'autorité à titre
définitif et sans contrepartie, en vue de la couverture des charges
publiques. »
3 Jean Bosco NSUAMI, notes de cours de finances
publiques, FASEG, UNIKIN, 2012
4 Christine EYEBIYI, La mise en oeuvre d'une
fiscalité de développement dans P.M.A en vue de son
émergence, CIPB, Cotonou 2007
b.
8
> Selon les classiques, l'impôt n'est rien qu'un
instrument qui facilite la couverture des charges publiques.
Caractéristiques de l'impôt
Quelques traits caractéristiques permettent de
reconnaître un
impôt :
Il est une prestation pécuniaire, un paiement en argent,
distincte des autres prestations en nature qui peuvent être aussi
exigées des citoyens ;
> Il est payé d'après la capacité
contributive, en d'autres termes, des moyens dont dispose les contribuables et
les charges supportées par eux ;
> Il est payé par voie d'autorité au moyen
du pouvoir de contrainte exercé par le pouvoir public ;
> Il a un caractère définitif : l'argent de
l'impôt n'est jamais restitué à l'exception des cas de
double imposition ou d'erreur matérielle ;
> Il est payé sans contrepartie
déterminée : il n'a aucune proportion ou relation directe entre
l'impôt payé par le contribuable et les avantages qu'il recevra de
l'Etat (sécurité, santé -publique ....);
> Il est payé en vue de la couverture des charges
publiques ou des fins d'interventionnisme de la puissance publique :
l'impôt ne sert pas seulement à couvrir les besoin financier de
l'Etat mais permet aussi son intervention dans la vie économique et
sociale.
c. Conception de l'impôt
L'évolution de la conception de l'impôt est
liée à celle de
l'Etat :
9
Cette conception correspond à un Etat gendarme dont les
interventions dans l'économie sont nuisibles.
? Selon les modernes, l'impôt est un instrument qui
facilite l'interventionnisme de l'Etat dans l'économie.
L'Etat sous taxe les activités qu'il désire
encourager et surtaxe les activités qu'il désire
décourager. Cette conception correspond à un Etat
interventionniste.
d. Les fonctions de l'impôt
L'impôt a 3 types de fonctions essentielles : une
fonction financière, une fonction économique et une fonction
sociale.
? La fonction financière : l'impôt sert dans ce
cas d'instrument de mobilisation des ressources financières
nécessaires à la couverture des dépenses des
administrations publiques. C'est ce qui justifie la part encore plus
élevée des recettes fiscales dans les ressources
budgétaires de plusieurs pays.
? La fonction économique : cette fonction s'est
développée par le passage de l'Etat-gendarme à
l'Etat-providence. Aujourd'hui, l'Etat assure une fonction de stabilisation ou
mieux de régulation de l'économie qui sert à lutter contre
les déséquilibres macroéconomiques (sous-emploi,
stagnation de l'activité économique ; etc.)
? La fonction sociale : le rôle social de l'impôt
exige qu'il soit tenu en compte la capacité contributive de chaque
citoyen en amont et qu'en aval l'Etat puisse procéder à la
redistribution des ressources à l'endroit des individus démunis
à travers les bourses, les allocations familiales, les aides sociales,
etc.
e. Classification
Selon le critère de budget bénéficiaire
du produit de l'impôt, on distingue les impôts Etat qui alimentent
le budget général de l'Etat et les impôts locaux qui
alimentent les budgets des collectivités territoriales.
10
Quant au critère de la personne qui supporte la charge
publique, on distingue les impôts directs et les impôts indirects.
Selon l'origine de la richesse, l'on a l'impôt sur le capital,
l'impôt sur le revenu et l'impôt sur la dépense ou la
consommation.5
f. Critères d'un bon
impôt4
Un bon impôt doit répondre aux critères de
productivité, de justice et de fonctionnalité.
? Productivité
Un impôt est productif lorsqu'il procure à l'Etat
des ressources nécessaires à la couverture de ses dépenses
au moindre coût.
? Justice fiscale
Ce critère stipule que les charges fiscales doivent
être équitablement réparties entre tous ceux qui
détiennent un revenu.
? Fonctionnalité
L'impôt doit répondre aux exigences de la
stabilité économique et surtout celles du développement et
de croissance économique.
g. Les éléments constitutifs de l'impôt
L'impôt est composé de plusieurs
éléments que voici :
i. La matière imposable
La matière imposable est ce sur quoi repose
l'impôt.
C'est le champ d'application de l'impôt. Par exemple,
pour l'impôt sur le revenu des personnes physiques(IRPP), c'est le revenu
gagné par les travailleurs à la fin de chaque mois.
ii. La base imposable (l'assiette)
C'est le montant net sur lequel on applique le taux pour
calculer
l'impôt.
5 Jean Bosco NSUAMI, idem p.21-22
iii.
11
Le taux
C'est en quelque sorte le tarif d'imposition.
iv. Le fait générateur
C'est l'évènement qui donne naissance à
l'impôt. Par exemple, pour l'impôt sur le bénéfice et
profit, c'est la clôture de l'exercice fiscal au 31 mars.
v. Le redevable de l'impôt
Dans la technique fiscale, le terme redevable est scindé
en deux :
- Le redevable réel qui supporte finalement la charge
de l'impôt. Il est encore qualifié de contribuable. Par exemple,
dans le cas de la TVA c'est le consommateur final qui est le redevable
réel.
- Le redevable légal : c'est celui que la loi a
désigné pour payer l'impôt au trésor.
1.1.2.2 Taxe6
Ce mot est employé dans 3 sens différents :
? Dans un premier sens, il est synonyme de l'impôt.
C'est le cas de la taxe sur la valeur ajoutée.
? Dans un deuxième sens, la taxe est le prix
payé par l'usager d'un service public non industriel, en contrepartie
des avantages retirés de ce dernier.
? Dans un troisième sens enfin, la taxe administrative
est une rémunération en faveur d'une personne morale publique
pour un service rendu par elle. Cette dernière notion correspond
à la parafiscalité.
6 BAKANDEJA WA MPUNGU, Les Finances
Publiques, éd. Afrique Larcie, Paris ,2006
12
SECTION 2 : FISCALITE 1.2.1 Fiscalité
directe
La fiscalité directe est un domaine qui rassemble les
impôts directs.
1.2.1.1 Les impôts directs
Un impôt direct est celui qui frappe le revenu et le
capital du seul fait de leur existence. Par conséquent, il est
payé et supporté par une même personne. Les impôts
directs se subdivisent en impôts réels et en impôts
cédulaires sur les revenus.
a. Les impôts réels
L'impôt réel est un impôt qui frappe les
biens et services du seul fait de leur existence et qu'ils sont sources de
revenus sans considération de la personne qui le supporte. L'impôt
réel comprend donc trois impôts distincts, à savoir,
l'impôt foncier ou impôt sur la superficie des
propriétés foncières bâties et non bâties,
l'impôt sur le véhicule ou vignette, l'import sur la superficie
des concessions minières et d'hydrocarbures.
b. Les impôts sur les revenus
Dans cette catégorie, on trouve plusieurs autres
impôts à l'instar de : l'impôt sur le revenu locatif,
l'impôt sur les revenus mobiliers ou impôt mobilier, l'impôt
sur les revenus professionnels.
1.2.1.2 Fiscalité directe en RDC
La fiscalité directe en RDC est composée des
impôts réels et des impôts sur les revenus dont voici la
teneur :
1.2.1.2.1Les impôts réels
a. l'impôt sur le véhicule ou vignette
Cet impôt s'applique aux motocycles, véhicules
automobiles, bateaux, embarcations à propulsion mécanique,
baleinières, barges et autres embarcations (remorques).
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Il est dû par les personnes physiques ou morales
propriétaires d'un ou plusieurs véhicules. L'impôt sur les
véhicules est payable annuellement.
L'impôt sur les véhicules est fonction de :
? La puissance du véhicule
? La qualité de la personne qui possède le
véhicule en question
? La destination (l'usage) faite au véhicule (les
ambulances, dépanneuses et machines-outils sont
généralement exonérées de l'impôt).
Le redevable de l'impôt sur les véhicules
souscrit une déclaration par véhicule préalablement
à sa mise en usage, en contrepartie de quoi il lui est
délivré un certificat d'immatriculation.
b. L'impôt sur la superficie des concessions
minières et hydrocarbures7
Tout détenteur d'une concession
pétrolière ou d'un titre minier, soit d'exploitation, soit
d'exploration, doit payer l'impôt sur la superficie des concessions
minières et d'hydrocarbures.
Par ailleurs, ce paiement fait l'objet d'une
déclaration spécifique, effectuée au plus tard le
1er février, pour les concessions détenues au
1er janvier.
c. l'impôt foncier
L'impôt foncier frappe la jouissance d'un bien
immobilier ou sa propriété. C'est donc un impôt sur la
propriété immobilière qui ne doit pas être confondu
avec l'impôt sur le revenu locatif qui est assis sur le revenu
immobilier.
Matières imposables et base de
l'impôt
7 FIDAFRICA, Guide
fiscal pratique en RDC, 2007
14
La matière imposable est l'élément
économique dans lequel l'impôt prend sa source directement ou
indirectement. Cet élément peut être un bien, un revenu,
une transaction, un service ou une personne.
Dans le cas d'espèce, la matière imposable est
un bien immeuble, par nature (le sol) ou par incorporation au sol (une
construction).
L'impôt foncier est donc assis sur les
propriétés foncières bâties (les constructions) et
les propriétés foncières non bâties (les parcelles
de terre). Il sied de noter que l'expression « propriétés
foncières » est incorrecte par ce que la loi foncière
dispose en son article 53 : «le sol est la propriété
exclusive, inaliénable et imprescriptible de l'Etat». L'Etat est
donc l'unique propriétaire foncier.
Les personnes physiques ou morales ne peuvent avoir qu'un
droit réel de jouissance sur le sol appartenant à l'Etat
appelé « concession » et ne sont propriétaires que des
constructions réalisés.
A. Personnes imposables, exemptions et
exonérations
1. Personnes imposables
L'impôt foncier est dû par les personnes
physiques ou morales titulaires de droit de propriété ainsi que
par des personnes occupant, en vertu d'un contrat de bail, des biens
immobiliers faisant partie soit du domaine privé de l'Etat soit du
patrimoine d'une circonscription administrative.
2. Exemptions et exonérations
a) Exemption
Sont exemptées de l'impôt foncier 1° Les
propriétés appartenant :
? A l'Etat, aux provinces, aux villes, aux communes, aux
circonscriptions administratives ainsi qu'aux offices et autres
établissements publics de droit congolais n'ayant d'autres ressources
que celles provenant de subventions budgétaires ;
? Aux institutions religieuses ou philanthropiques ;
? Aux associations sans but lucratif;
15
? Aux Etats étrangers et affectés exclusivement
à l'usage des bureaux d'ambassades ou des consulats, ou au logement
d'agent ayant le statut d'agent diplomatiques ou consulaires. Cette exemption
n'est consentie que sous réserve de réciprocité ;
? Aux personnes physiques dont les revenus nets imposables
annuels sont égaux ou inférieur au plafond de la huitième
tranche de revenus du barème d'imposition des personnes physiques.
2° Les immeubles affectés à l'habitation
principale des personnes qui au 1er Janvier de l'année d'imposition sont
âgées de plus de 55 ans et les veuves, à condition :
? Qu'elles occupent ces habitations principales soient seules,
soient avec des personnes considérées comme à leur charge,
descendants ou ascendant, soit avec toutes autres personnes de mêmes
conditions d'âge ou de situation ;
? Que leurs revenus imposables à l'impôt
cédulaire sur les revenus soient égaux ou inférieur au
plafond de la huitième tranche du barème d'imposition des
personnes physiques (soit 1.686.000 FC comme expliqué ci-dessus) ;
? Qu'elles souscrivent une déclaration
énonçant tous les éléments imposables
exemptés.
b) Exonérations
L'impôt foncier n'est pas établi sur les terrains
et les propriétés bâties qu'un propriétaire, ne
poursuivant aucun but de lucre, aura affecté :
- A l'exercice du culte public, à l'enseignement,
à la recherche scientifique à l'installation des hôpitaux,
des hospices, des cliniques, de dispensaires,...
- A l'activité normale des chambres de commerce
- A l'activité sociale des sociétés
mutualistes
Des exonérations de l'impôt foncier peuvent
être accordées en vertu des dispositions du Code des
investissements ou par des conventions spéciales.
16
Taux de l'impôt
Les taux de l'impôt foncier sont fixés en fonction
du rang de localité.
1. Classements des localités8
Conformément à la loi, c'est le Ministère
des Finances qui détermine par arrêté, en fonction de
l'évolution socio-économique les différentes
localités.
Fixé par l'A.D. n°049 du 28 octobre 1987 et
modifié par l'Arrêté Ministériel n°019 du 8
octobre 1997), le classement des localités est fixé comme suit
:
LOCALITES DITES DE PREMIER RANG
A) VILLE DE KINSHASA
- COMMUNE DE LA GOMBE : tous les quartiers ;
-COMMUNE DE LIMETE : tous les quartiers, à l'exclusion
des quartiers Mombele, Mososo, Salongo et Kingabwa
village ;
- COMMUNE DE NGALIEMA : Les Quartiers Ma-Campagne, I.P.N.,
Binza Pigeon, Monts Fleuris, avenue des Ecuries, Quartier Mampenza, Quartier
Golf, Quartier Mimoza, Quartier Utexafrica, Quartier G.B. et Baramoto, Quartier
Chanic et environs ;
- COMMUNE DE BARUMBU : Quartier Bon-Marché (de
l'avenue de l'aérodrome jusqu'au pont Bitshaku Tshaku) ;
- COMMUNE DE LEMBA : Quartier Gombele ;
B) AUTRES PROVINCES
- BAS-CONGO : MATADI : - Quartier Soyo (Ville haute), Centre
commercial (Ville basse) ;
- KATANGA : LUBUMBASHI : Commune de Lubumbashi ;
- SUD-KIVU : BUKAVU : Commune d'Ibanda ;
- NORD-KIVU : GOMA : - Centre commercial et résidentiel,
Quartier
Himbi ;
- KASAI-ORIENTAL : MBUJI-MAYI : Quartier Miba ;
- PROVINCE ORIENTALE : KISANGANI : - Commune de Makiso,
Quartier Industriel Tshopo, Quartier Mangobo.
8 Code des Impôts en RDC,
mis à jour au 30 septembre 2003.
17
C) LES AEROPORTS INTERNATIONAUX ET LES PORTS MARITIMES.
Il. LOCALITES DITES DE DEUXIEME RANG
A) VILLE DE KINSHASA :
- COMMUNE DE MATETE : Quartier des Marais ;
- COMMUNE DE LINGWALA : Quartier Boyata, Quartier Golf ;
- COMMUNE DE LEMBA : Camp riche, Cité Salongo ;
- COMMUNE DE LIMETE : Quartier Salongo ;
- COMMUNE DE SELEMBAO : - Cité verte, Quartier Ngafani
I (500 m de la grande route à partir de l'avenue de l'Ecole, jonction
avec l'avenue Lilas), Quartier Ngafani II (500 m de la grande route à
partir de Fwakin jusqu'à l'entrée Habitat), Quartier Ngafani III
(500 m de la grande route à partir de Habitat jusqu'au début
Cité verte) ;
- COMMUNE DE MONT-NGAFULA : - Cité Maman Mobutu, Quartier
Mama Yemo, (1,50 km de la grande route depuis le triangle jusqu'au Domaine
Liyolo), Quartier Munongo (300 m de la grande route), Quartier Masanga Mbila
(1,50 km de la grande route depuis le domaine Liyolo jusqu'à l'avenue
des Ecologistes) ;
- COMMUNE DE KINTAMBO : Quartier Jamaïque et Centre
commercial.
B. AUTRES PROVINCES
- BAS-CONGO : MATADI : Commune de Matadi ;
- PROVINCIALE ORIENTALE: - BUNIA : Centre commercial,
- ISIRO : Quartier Raquette ;
- NORD-KIVU : - GOMA,
- BUTEMBO : Centre commercial, Quartier M.G.L.,
- BENI : Centre commercial, Quartier Boeken ;
- EQUATEUR : - GBADOLITE : Centre commercial,
- MBANDAKA : Centre Ville ;
- KATANGA : - LUBUMBASH I : Commune de Kapemba,
- LIKASI : Centre Ville,
- KOLWEZI : Centre Ville ;
- BANDUNDU : KIKWIT : Commune de Kikwit (Plateau et Ville Basse)
;
- KASAI-OCCIDENTAL : KANANGA : - Quartier Kananga II,
Quartier
Industriel, Centre Ville.
C. LES PORTS FLUVIAUX DE KINSHASA ET DE KISANGANI
18
III. LOCALITES DE TROISIEME RANG
A. VILLE DE KINSHASA
- COMMUNE DE KALAMU : tous les quartiers ;
- COMMUNE DE KASA-VUBU : tous les quartiers ;
- COMMUNE DE KINTAMBO : tous les quartiers, à l'exception
de ceux
repris aux 1ers et 2ème rangs et le Camp Luka ;
- COMMUNE DE LIMETE : Quartier Musoso ;
- COMMUNE DE LEMBA : tous les quartiers, à l'exception
des quartiers
Gombele, Camp riche et Salongo ;
- COMMUNE DE BANDALUNGWA : tous les quartiers ;
- COMMUNE DE KINSHASA : tous les quartiers ;
- COMMUNE DE BARUMBU : tous les quartiers, à l'exception
du quartier
Bon Marché ;
- COMMUNE DE LINGWALA : tous les quartiers, à l'exception
des
quartiers Boyata et Golf ;
- COMMUNE DE MATETE : tous les quartiers, à l'exception
du quartier
des Marais ;
- COMMUNE DE NGIRI-NGIRI : tous les quartiers ;
- COMMUNE DE MASINA : Quartier Sans fils ;
- COMMUNE DE NDJILI : Quartiers 1, 2, 3, 4, 7 et 12 ;
- COMMUNE DE MONT NGAFULA : tous les quartiers, à
l'exception des
quartiers Mama Yemo et Cité Maman Mobutu.
B. LES AUTRES PORTS ET AEROPORTS AMENAGES EN MATERIAUX
DURABLES
C. AUTRES PROVINCES
- BAS-CONGO : Muanda (1 km à partir du littoral),
Mbanza-Ngungu,
Inkisi, Boma (Commune de Nzadi) ;
- SUD-KIVU : Uvira : Quartier Mulongwe, Bukavu (Communes de
Bagira
et Kadutu) ;
- NORD-KIVU : Goma (Quartier Katindo gauche) ;
- MANIEMA : Kindu (Centre ville), Kalima : (Cité Kalima)
;
- KATANGA : Ville de Kipushi, Kamina/Ville, Kalemie et
Lubumbashi
(Commune de Rwashi) ;
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- BANDUNDU : Ville de Bandundu (Quartier Salongo), Kikwit
(à
l'exception de la Ville Basse et du Plateau) ;
- KASAI-OCCIDENTAL : Kananga (Quartier Bianchi), Ilebo et
Tshikapa ;
- KASAI-ORIENTAL : Mbuji-Mayi (Nouvelle ville et Commune de
Bipemba, à l'exception du Quartier Miba), Mwene-Ditu
(Centre ville),
Lusambo, Ngandajika, Kabinda et Lodja ;
EQUATEUR : Bumba (Centre commercial), Boende
(Centre commercial), Basankusu (Centre commercial), Mbandaka
(à
l'exception du (Centre ville) et Gemena (Centre ville) ;
- PROVINCE ORIENTALE : Bunia (Quartier de Nyakasanza, Quartier
Yabiyaya et Quartier Mujipela).
IV. LOCALITES DE QUATRIEME RANG
Toutes les localités ou parties de localités non
reprises ailleurs.
2. Taux de l'impôt foncier 1° L'Impôt
foncier des villas
Pour les villas, l'impôt est calculé sur la
superficie bâtie. Les taux sont fixés par mètre
carré de la manière suivante :
Dans les localités dites de 1er rang :
1,50f/m2
Dans les localités dites de 2ème rang :
1Ff/m2
Dans les localités dites de 3ème rang :
0,50Ff/m2
Dans les localités dites de 4ème rang :
0,30Ff/m2
2° L'Impôt foncier des autres constructions et
terrains
Il est fixé forfaitairement sans tenir compte de la
superficie en fonction des éléments suivants :
? Le rang de localité
? Le fait que le bien soit situé à Kinshasa ou
à l'intérieur du pays ? Le propriétaire : personne
physique ou morale
Les taux sont fixés de la manière suivante :
a.
20
Propriétés bâties
Rang de localité
Nature de la propriété bâtie
|
1er
rang
|
2ème
rang
|
3ème
rang
|
4ème
rang
|
Par étage des immeubles appartenant aux personnes
morales
|
75Ff
|
37,50Ff
|
30Ff
|
22,50Ff
|
Par étage des immeubles appartenant aux personnes
physiques situés à Kinshasa
|
37,5Ff
|
22,50Ff
|
11Ff
|
7,50Ff
|
Par étage des immeubles appartenant aux personnes
physiques et situés à l'intérieur du pays
|
30Ff
|
19Ff
|
7,50Ff
|
4Ff
|
Appartement
|
75Ff
|
37,50Ff
|
18,75Ff
|
11Ff
|
Autres immeubles
|
11Ff
|
7,50Ff
|
7,5Ff
|
1,50Ff
|
|
b. Propriétés non bâties Le
tarif est donc le suivant :
- 30 Ff pour les terrains situés dans les localités
de 1er rang ;
- 7,50 Ff pour les terrains situés dans les
localités de 2ème rang à Kinshasa ;
- 4,50 Ff pour les terrains situés dans les
localités de 2ème rang à l'intérieur
;
- 3Ff pour les terrains situés dans les localités
de 3ème rang à Kinshasa ; - 2Ff pour les terrains
situés dans les localités de 3ème rang à
l'intérieur ;
- 1,50 Ff pour les terrains dans les localités de
4ème rang
1.2.1.2.2 Impôts sur le revenu
a. Impôt sur les bénéfices et
profits(I.B.P) ou impôt sur les sociétés
21
L'I.B.P s'applique aux bénéfices nets de toute
entreprise industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou
immobilière dont l'activité professionnelle est exercée en
RDC. Les sociétés étrangères qui exercent une
activité en RDC sont imposables sur les bénéfices
réalisés par leurs établissements permanents qui y sont
situés. L'assiette de l'I.B.P est déterminée en fonction
des bénéfices nets de l'exercice, soit sur les revenus
déduction faite des dépenses professionnelles faites en vue
d'acquérir et de conserver ces revenus. Toutefois, l'IBP ne peut
être inférieur à 1/1000 du chiffre d'affaires
déclaré de l'exercice, avec un minimum de 2.500 USD. Le taux de
l'I.B.P est de 40% mais avec l'adhésion à l'OHADA, ce taux passe
de 40% à 35%.
Les entreprises dont le résultat est déficitaire
paie l'impôt minimum forfaitaire. Le montant de cet impôt est un %
de son chiffre d'affaires, mais il faut savoir que le montant de cet
impôt ne peut en aucun cas être inférieur à 750000
CDF pour les moyennes entreprises et à 2500000 CDF pour les grandes
entreprises.
La déclaration des revenus de l'exercice doit
être déposée au plus tard le 31 mars de l'année qui
suit celle de la réalisation des revenus et cette déclaration est
signée par le redevable et contresignée par son comptable ou son
conseil.
c. Impôt professionnel sur les
rémunérations(IPR) ou Impôts sur les revenus des personnes
physiques(IRPP)
Sont imposables les revenus des personnes
rémunérées par un tiers sans être liées par
un contrat d'entreprise (sommes versées aux salariés, traitements
des administrateurs, gérants, commissaires aux comptes).
Les rémunérations comprennent notamment les
traitements, les salaires, les émoluments, les indemnités qui ne
représentent pas le remboursement des dépenses professionnelles
effectives, les gratifications, les primes, etc.
En ce qui concerne les salariés expatriés,
l'assiette imposable à l'IPR ne peut être inférieure au
salaire minimum interprofessionnel garanti
22
appliqué dans leur pays d'origine. L'impôt sur le
revenu est un impôt progressif et le barème d'imposition à
l'IPR est progressif par tranche.
Le barème annuel est le suivant :
Tranches annuelles
|
Taux d'imposition
|
0 à 524160,00 CDF
|
0%
|
524161,00 à 1428000,00 CDF
|
15%
|
1428001,00 à 2700000,00 CDF
|
20%
|
2700000,00 à 4620000,00 CDF
|
22,5%
|
4620000,00 à 7260000,00 CDF
|
25%
|
7260001,00 à 10260000,00 CDF
|
30%
|
10260001,00 à 13908000,00 CDF
|
32,5%
|
13908001,00 à 16824000,00 CDF
|
35%
|
16824001,00 à 22956000,00 CDF
|
37,5%
|
Au-delà de 22956000,00 CDF
|
40%
|
Toutefois, le montant de l'impôt est plafonné
à 30% du revenu imposable. d. Impôt sur les revenus
locatifs9
Sont imposables, les revenus provenant de la location des
bâtiments et des terrains situés en RDC et sont assimilés
à des revenus de location, les indemnités de logement
accordées à des salariés occupant leur propre habitation
ou celle de leurs épouses.
La base imposable est le revenu brut perçu par le
bénéficiaire. Le taux de l'IRL est fixé à 22% et le
paiement de l'IRL est effectué chaque année au moment du
dépôt de sa déclaration, déduction faite des
retenues effectuées par les divers locataires.
e. Impôt mobilier ou impôt sur le revenu
mobilier
Cet impôt s'applique aux revenus suivants :
9 FIDAFRICA, idem
p.10
23
? Les revenus des actions ou des parts y assimilés qui
comprennent notamment les dividendes, intérêts, parts
d'intérêts ou de fondateur versé par des
sociétés ayant leur siège social en RDC,
? Les remboursements totaux ou partiels du capital social,
dans la mesure où ils comprennent des bénéfices, des
plus-values ou des réserves incorporés antérieurement au
capital social,
? Les intérêts et revenus des capitaux
empruntés à des fins professionnelles par des
sociétés congolaises à des personnes non établies
en RDC,
? Les tantièmes alloués aux membres du conseil
général des sociétés congolaises,
? Le montant net des redevances versées.
L'assiette imposable est le montant brut des revenus
distribués à laquelle s'applique un taux d'imposition de 20%.
L'exigibilité de l'impôt mobilier intervient soit lors du paiement
des revenus, soit lors de sa mise à la disposition du
bénéficiaire.
24
A chaque stade du circuit économique (producteur,
grossiste, demi-grossiste, détaillant), l'assujetti qui effectue des
livraisons de biens ou
1. .2 Fiscalité indirecte
La fiscalité indirecte est composée des
impôts indirects.
1.2.2.1 Impôts indirects
Les impôts indirects sont ceux qui frappent les
dépenses ou les consommations. Ils ne frappent que le revenu ou le
capital en mouvement (c.à.d. en train d'être mobilisé ou
utilisé dans la société). Ils frappent le revenu lors de
la dépense et le capital quand on le transfère d'un patrimoine
à un autre.
Les impôts indirects sont supportés en dernier
lieu par les consommateurs finaux dans la mesure où ils sont
systématiquement intégrés dans les prix de vente des
marchandises.
Il s'agit de :
? L'impôt sur le chiffre d'affaires(ICA) ? La taxe sur la
valeur ajoutée(TVA) ? Les droits de douane et accises
1.2.2.2 Fiscalité indirecte en RDC
Les impôts indirects qui sont appliqués en RDC sont
:
? La taxe sur la valeur ajoutée
? Les droits de douane et accises
a. La taxe sur la valeur ajoutée(TVA)
La TVA est un impôt général sur la
consommation qui frappe la livraison des biens, les prestations de services de
toute nature, les importations et les exportations.
Pour être imposable à la TVA, la personne
imposable doit réaliser un chiffre d'affaires annuel de 80000000 CDF.
25
des prestations de services en faveur de ses clients et
calcule à cette occasion la TVA sur le prix de vente hors taxe,
appelée TVA collectée.
La loi prévoit un taux positif unique de 16% pour
toutes les opérations, hormis les exportations qui en sont
exonérées. Il sied de savoir qu'en République
Démocratique du Congo, la T.V.A a remplacé l'impôt sur les
chiffres d'affaires(I.C.A) qui, lui, a remplacé la Contribution sur les
chiffres d'affaires(C.C.A).
b. Les droits de douane
b.1 Droits de douane à l'importation
Les droits de douane à l'importation sont assis sur la
valeur CAF des marchandises. Le tarif douanier à l'importation est de 5%
pour les produits chimiques, machines-outils, matériel de transport de
marchandises ; de 10% pour les farines, l'essence, le gasoil, le
kérosène et enfin de 20% pour les vêtements, le mobilier,
les cigarettes.
Les biens importés sont également soumis lors du
passage du cordon douanier aux taxes suivantes :
? La TVA à l'importation
? Pour certains, les droits de consommation et d'accises
b.2 Droits de douane à l'exportation
Les droits de douane à l'exportation s'appliquent
à certaines catégories de marchandises de production locale qui
peuvent concerner : le café vert, le courant électrique, les
produits minéraux et leurs concentrés, les huiles
minérales, les bois en grume, etc.
Les taux de droits de douane à l'exportation vont de 1
à 10%.
c. Droits de consommation et d'accises
Sont concernés par les droits de consommation et
d'accises les biens suivants :
26
Les alcools et boissons alcooliques, les boissons gazeuses,
les huiles minérales, les tabacs, les sucres, les ciments hydrauliques,
les allumettes, etc.
Le fait générateur des droits de consommation et
d'accises est la production en RDC des biens de consommation soumis aux droits
ainsi que l'importation de ces biens en RDC. Les tarifs de droits de
consommation varient de 5% à 40% en fonction des produits
imposés.
27
CHAPITRE II: ETUDE DE LA TVA ET DE SON APPLICATION EN
RDC
SECTION 1 : APERCU GENERAL SUR LA T.V.A.
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA en sigle) est un
impôt général sur la dépense, c'est une taxe unique
à la consommation mais dont le paiement est fractionnaire. En effet,
chaque personne intervenant dans le circuit économique paie un montant
de la taxe sur la valeur ajoutée proportionnel à la valeur qu'il
a ajouté au produit. Elle peut être perçue soit à la
production, soit à la distribution, soit à la
commercialisation.
La taxe sur la valeur ajoutée ou TVA est donc un
impôt sur la consommation que la plupart des pays ont
intégré dans leur système fiscal étant donné
son rendement, sa neutralité et de sa relative simplicité.
2.1.1 Historique
La taxe sur la valeur ajoutée a été
inventée par l'inspecteur des finances français Maurice
Lauré en 1954, alors directeur adjoint de la Direction
Générale des Impôts. Le système de Lauré fut
mis en place le 10 avril 1954 et toucha de prime abord les grandes entreprises.
L'adoption rapide de la TVA dans les différents pays du monde a
été un des phénomènes les plus remarquables du
siècle passé dans le domaine de la fiscalité.
A partir du milieu des années 1960, le succès de
la TVA en France a incité de nombreux autres Etats à adopter la
TVA pour reformer les systèmes de taxation indirecte sur les biens et
services existant dans chaque pays. Parmi les premiers pays à adopter la
TVA au rang desquels il convient de citer les pays de l'Union Européenne
dont l'Allemagne, le Pays-Bas, la Belgique, l'Irlande, l'Italie, le Danemark,
le Royaume-Uni et tant d'autres encore.
Ensuite, au sein de l'Union européenne, a germé
l'idée d'harmoniser la TVA c'est-à-dire chercher à ce que
les modalités d'application de la TVA soient uniformisées (par
là, il faut entendre le taux, le fonctionnement, les opérations
imposables).Pour ce faire, les pays de
28
10 (Carlo COTTARELLI, Mobilisation
Des recettes dans les pays en développement, Mars 2011, FMI).
l'Union Européenne ont accepté d'être
conduits par un texte de référence. Le premier texte a
été adopté le 17 mai 1977 la directive 77/388/CEE
(6ème directive TVA) qui constitue encore à l'heure actuelle le
texte de référence en matière de TVA communautaire.
Au moment de l'avènement du marché unique qui a
aboli les contrôles
douaniers aux frontières pour le trafic
intracommunautaire de marchandises, la 6ème directive de
1977 a connu une grande modification et cela a eu lieu le 1er
janvier 1993.
Ce mouvement de généralisation de la TVA a
continué jusqu'à atteindre presque la totalité des pays
développés dans le monde jusqu'en 1990. Depuis le début
des années 1990, cette taxe s'est répandue rapidement en dehors
des économies avancées. Bien qu'elle n'existe pas dans tous les
pays, elle est devenue une norme et continue à progresser. Les
statistiques du Fonds Monétaire International montrent qu'avant 1990, il
n'y avait que moins de 50 pays qui avaient inséré la TVA dans
leur système fiscal mais de 1990 à 2009, ce chiffre est
passé de moins de 50 pays à environ 140 pays10.
Dans certains pays développés, la TVA et son
fonctionnement sont tellement poussés que l'on parle maintenant de la
TVA sociale. La TVA sociale consiste à augmenter le taux de TVA
pour que cet impôt puisse se substituer aux cotisations sociales. Le
principe de la TVA sociale est d'augmenter le taux de TVA pour financer la
protection sociale et de diminuer les cotisations sociales payées par
les entreprises. La baisse des cotisations sociales rendra les entreprises plus
compétitives et elles pourraient par conséquent embaucher
davantage. Mais il est reproché à cet impôt d'amenuiser le
pouvoir d'achat des ménages en augmentant les prix des biens et services
sur le marché.
Dans les pays en développement, c'est le Fonds
Monétaire International qui, par l'entremise des programmes d'ajustement
structurel
29
(P.A.S.), a impulsé l'insertion de la TVA dans les
systèmes fiscaux de ce pays en remplacement des impôts sur le
chiffre d'affaires. Dans ces conseils, le FMI préconise une assiette
large, un taux unique et un seuil assez élevé. Ces
recommandations, que partagent largement les experts dans ce domaine, visent
à concrétiser les avantages fondamentaux potentiels de la TVA qui
sont le rendement, la neutralité économique et la
simplicité. C'est dans ce cadre que la République
Démocratique du Congo est devenu le 143ème pays
à adopter la TVA en remplacement de l'Impôt sur le Chiffre
d'Affaires (ICA) le 1er janvier 201211.
2.1.2 Principes et fonctionnement 1. Principes
Les distorsions liées aux impôts sur le chiffre
d'affaires à savoir les effets cumulatifs, couplées à la
nécessité d'accroitre les recettes ont incité les pouvoirs
publics à rechercher des palliatifs de façon à
améliorer leur système fiscal, c'est comme cela que l'on a
introduit la TVA. Le principe central de la taxe sur la valeur ajoutée
(TVA) est d'éviter les impositions cumulatives dites «en cascade
». En effet, les impôts sur le chiffre d'affaires sont des taxes
cumulatives, ils frappent les produits à chaque transaction sur un prix
qui inclut les impôts et taxes acquittés lors des transactions
antérieures. Dans ce système, l'impôt ou la taxe est
perçu chaque fois que le produit fait l'objet d'une transaction. Ce qui
fait que l'impôt est perçu en cascade à tous les stades du
circuit économique. Par contre la taxe sur la valeur ajoutée est
un impôt unique parce qu'elle est prélevée, dans son
entièreté, en un seul point du circuit économique d'un
produit.
Elle peut être perçue soit à la
production, soit à la consommation, soit à la commercialisation.
Dans le calcul de la TVA, l'assiette fiscale, à chaque point du circuit
économique est uniquement la valeur ajoutée à ce stade.
Dans les faits, les redevables légaux (assujettis ou entreprises)
à la TVA passent les opérations suivantes :
11 MABIALA UMBA, la TVA Pratique dans le monde des
affaires, Kinshasa 2011 cité par YAV&ASSOCIATES dans Théorie
et Pratique de LA tva en R.D. Congo
30
? Percevoir la TVA en majorant les prix de vente hors taxe du
taux normal de la taxe sur la valeur ajoutée. Ainsi il y a donc un prix
hors-taxe(PHT) et un prix après la taxe (TTC).
? Verser au fisc la différence entre le total de la TVA
perçue lors de ses ventes et le total de la TVA déjà
payées par elles lors de leurs achats. Par ces différentes
opérations, l'on ne taxe que la valeur ajoutée. La
valeur ajoutée est la richesse réellement créée par
une unité de production. C'est la différence entre le chiffre
d'affaires et les consommations intermédiaires.
A titre d'exemple, un entrepreneur X achète un bien Y
à 2CDF hors taxe auprès d'un fournisseur A, il est facturé
2,32CDF dont 0,32CDF de TVA pour un taux normal de 16%. Ce même
entrepreneur revend ce bien Y à 3CDF hors taxe et applique donc la TVA
sur le prix de ce bien dont 3(1+0,16) qui est égal à 3,48CDF.
Mais au moment de l'acquitter, l'entrepreneur déclare la totalité
du montant de la TVA perçu lors de la vente soit 0,48CDF d'où il
retranche la TVA payée au fournisseur A soit 0,32CDF et ne verse que
0,16CDF qui est la différence entre la TVA due en raison de la vente du
bien et celle payée lors de l'achat. Ce qui revient à dire qu'en
réalité, l'entrepreneur X ne verse à l'Etat que le montant
de la taxe dû sur la partie de la valeur ajoutée au produit. La
réussite dans un tel processus est basée sur un contrôle
permanent et la tenue de la comptabilité régulière de la
part des assujettis.
2. Fonctionnement
a. les opérations imposables
Il s'agit des opérations obligatoirement assujetties en
raison soit de leur valeur ; soit du droit d'option en faveur du redevable.
Elles peuvent être regroupées en trois types d'opérations
dont :
a.1 les opérations imposables par nature
La TVA s'applique aux livraisons des biens meubles, aux
prestations de services qui ont été effectués par un
assujetti agissant d'une manière indépendante et aux acquisitions
intracommunautaires.
31
Les assujettis à la TVA sont définis comme
étant les personnes qui, agissant d'une façon libre et
indépendante, exerce une des activités économiques
mentionnées :
· Les activités industrielles ou commerciales,
· Les activités artisanales,
· Les activités libérales,
· Les activités d'enseignement,
· Les activités civiles,
· Les activités agricoles et extractives.
a.2 Les opérations imposables par disposition
expresse de la loi
La loi peut soumettre à la TVA certaines
activités ou bien certaines opérations qui, par leur nature,
n'auraient pas imposables.
a.3 Les opérations imposables par option
Dans ce dernier cas, il s'agit de certaines personnes
physiques ou morales qui sont assujetties sur leur propre demande à la
TVA au titre d'opérations pour lesquelles elles n'y sont pas
obligatoirement soumises. Il peut paraitre paradoxal qu'une personne qui n'est
pas assujettie à la TVA puisse en demander l'autorisation mais il faut
savoir que l'assujettissement à la TVA procure un certain nombre
d'avantages. En effet, l'exonération d'une opération au cours du
circuit de fabrication ou de commercialisation empêche l'entreprise de
récupérer la TVA supportée sur les factures de ses
fournisseurs. Il nait donc une surcharge fiscale auprès de l'entreprise
exonérée.
b. Les opérations non imposables12
On distingue les exemptions et les exonérations. b.1
Les exemptions
Elles concernent les opérations situées hors
champ d'application. Leur domaine ne remplit pas toutes les conditions par
rapport à la notion d'affaires et de détermination de la loi.
12 Fiscalité indirecte au
Sénégal, Document Word anonyme.
32
b.2 Les exonérations
Ce sont les opérations situées dans le champ
d'application mais qui échappe à la taxation du fait de la loi.
Les modalités d'exonérations à la TVA dépendent
d'un pays à un autre. Néanmoins, elles peuvent être
à caractère économique (exportations), social
(médicaments, livres, transport, soins médicaux, etc.) technique
(opérations bancaires) ou même de souveraineté.
c. Les principes de la TVA
c.1 Principe de la territorialité de la TVA
La notion de la territorialité d'un impôt
s'intéresse au lieu où un impôt doit être
perçu ou encore le lieu où les activités
économiques et les opérations sont réalisées pour y
rechercher son imposition. Dans le cadre de la TVA, c'est la RDC qui est le
territoire fiscal.
c.2 Principe du fait Générateur
Le fait générateur d'un impôt est
défini comme l'événement qui donne naissance à
l'impôt.
c.3 Principe d'exigibilité de la TVA13
L'exigibilité de l'impôt est le droit que dispose le
Trésor Public d'exiger à un moment donné le paiement de
l'impôt par le contribuable. C'est ainsi que pour la taxe sur la valeur
ajoutée (TVA), la notion d'exigibilité présente un
intérêt essentiel dans son fonctionnement. Elle peut
déterminer :
- La période (mois, trimestre, année) pendant
laquelle les opérations imposables doivent être
déclarées par le redevable légal;
- La date à laquelle le droit à déduction
prend naissance chez le client dès lors qu'il a la qualité de
redevable.
c.4 Le Principe de droit à déduction
Le principe de droit à déduction donne au
redevable ayant supporté la TVA lors de ses achats en amont
auprès des ses fournisseurs, le droit de la déduire lors de la
vente des biens et services à ses clients.
2.1.3 Avantages et désavantages
13 MAYOMBO MONDIO,
Mémoire DEA sur la TVA, ISC-ULG, 2012
33
a. Avantages
La taxe sur la valeur ajoutée est un impôt sur la
dépense qui a pour avantages son rendement et sa neutralité
économique en général
a.1 Rendement
La taxe sur la valeur ajoutée(TVA) facilite la
mobilisation des recettes élevées d'une manière qui ne
pénalise pas plus l'activité que les autres solutions possibles,
elle favorise les objectifs d'équité et qui soit relativement
simple à appliquer et à faire respecter.
Selon Keen et Lockwood(2010), les pays dotés d'une TVA
mobilisent en général davantage de recettes, toutes choses
égales par ailleurs, encore que le gain éventuel varie selon
l'ouverture et les niveaux de revenus des pays.
Les statistiques du Fonds Monétaire International(FMI)
en 2010 font état des recettes de la taxe sur la valeur
ajoutée(TVA) en % du P.I.B. et du taux standard moyen selon la
classification des pays :
Catégorie des Pays
|
Recettes de la TVA en % PIB
|
du Taux moyen standard
|
Pays à faible revenu
|
4,9%
|
16,2%
|
Pays à revenu moyen inférieur
|
5,0%
|
13,8%
|
Pays à revenu moyen inférieur
|
5,2%
|
15,7%
|
Pays à revenu élevé : OCDE
|
6,8%
|
18,0%
|
Pays à revenu élevé : hors OCDE
|
6,2%
|
16,3%
|
Source : Carlo COTTARELI, Mobilisation des recettes dans les
pays en développement, FMI Mars 2011
a.2 Neutralité économique
Les entreprises ne supportent la TVA qu'à concurrence
de la valeur qu'elles ajoutent au produit. Elles tiennent une
comptabilité hors taxe. Ainsi les entreprises jouent le rôle de
collecteur d'impôt pour le compte de l'administration fiscale parce
qu'elles ne supportent pas réellement la charge de la taxe, elle est
finalement supportée par le consommateur final. Ce mécanisme
garantit le «neutralité économique » de la TVA aux yeux
des assujettis.
a.3 Autres avantages
34
Outre la neutralité et le rendement que procure la TVA,
l'on peut encore citer comme avantages :
+ La TVA peut servir de catalyseur pour améliorer la
performance de l'administration fiscale, en segmentant les redevables sur la
base de son seuil, en instituant l'auto liquidation et en favorisant une
organisation fonctionnelle de l'administration fiscale,
+ La TVA étant un impôt sur la consommation,
permet à l'Etat de taxer les activités du secteur informel par le
biais des biens et services que ces dernières achètent sur le
marché,
+ Amélioration de la compétitivité de la
production locale en exonérant les exportations,
+ Facilitation de l'organisation des structures industrielles
(avantage lié à la neutralité économique),
+ Elle élargit l'assiette fiscale dont la
conséquence directe est l'augmentation des recettes fiscales,
+ Elle évite à un pays de subir la concurrence
fiscale internationale parce qu'au lieu de frapper directement les revenus,
elle les frappe au niveau de leur utilisation. Ce qui fait que souvent, les
contribuables payent la taxe sur la valeur ajoutée sans se rendre.
b. Désavantages
La TVA est à l'origine de plusieurs critères dont
voici la teneur :
+ Elle pèse d'autant plus sur un agent
économique qu'il consomme une fraction plus importante de son revenu. Ce
qui fait que les pauvres supportent plus le poids de la TVA que les riches,
c'est donc un impôt régressif. En 2007 au Brésil, l'on a
remarqué que les pauvres consacraient 27% de leur revenu à la
charge de la TVA alors que les riches n'y consacraient que 7%.14
+ La TVA n'est pas un impôt redistributif : le taux
payé est le même pour tous, quels que soient les revenus. Elle est
accusée de peser uniformément sur la consommation des riches et
sur celle des pauvres et elle est également accusée d'injustice
sociale du fait que les riches, épargnant une
14 Jean MERCKAERT, mobiliser et valoriser les
ressources internes pour financer le développement, CCFD et OXFAM
France, juillet 2008.
35
plus grande part de leurs revenus, sont en quelque sorte de la
TVA pour une large fraction de ceux-ci. Ce qui va à l'encontre du
principe d'équité fiscale qui veut que les individus supportent
la charge de l'impôt jusqu'à concurrence de leur capacité
contributive. Ce qui viole le principe de justice et d'équité
fiscale.15
? Pour les entreprises, quand bien même elles ne
supportent pas la charge de la TVA mais cette dernière renchérit
le prix final des biens et services qu'elles offrent sur le marché.
Toutes choses égalent par ailleurs, cette augmentation des prix
entrainera une baisse de la demande des biens et services offerts par les
entreprises et elle pourra aussi affecter la rentabilité de ces
dernières.
? Pour l'Etat, les recettes fiscales dépendent
davantage des flux économiques (consommation, échange, etc.) et
non du stock de richesse disponible dans l'économie. Ceci étant,
les recettes fiscales sont exposées aux variations ou fluctuations de
l'économie : il y aura donc accroissement des perceptions fiscales en
période de croissance et réduction des recettes en cas de
récession.
? La TVA pose des problèmes de gestion dans les pays en
développement où elle est mal conçue et appliquée,
les remboursements constituant par ailleurs un problème particulier. Ces
désavantages conduisent certains pays à encadrer l'application de
la TVA par plusieurs autres mesures dont :
- Les exonérations de la TVA sur les biens de
première nécessité ;
- Les taux réduits sur les biens de première
nécessité et des taux élevés pour les biens de
luxe.
15 Jacques BICHOT, Juste ou injuste, la TVA ?,
gestion des finances publiques, avril 2012
36
SECTION 2 : APPLICATION DE LA TVA EN RDC
D'application depuis le 1er janvier 2012, il
s'avère important de souligner que l'adoption de la taxe sur la valeur
ajoutée(TVA) est le résultat d'un long processus dont voici la
composition :
2004 : création d'un comité de réformes au
sein de la Direction Générale des impôts(DGI) ;
2006 : élaboration par ledit comité de
l'avant-projet de loi aux partenaires tant du monde des affaires que du monde
scientifique (UNIKIN, UNILU, ISC, etc.) pour recueillir leurs observations
éventuelles ;
2009 : dépôt du projet de loi au parlement ;
Le 04 juin 2010 : examen et adoption en première lecture
du projet de loi par le Sénat ;
Le 23 juin 2010 : promulgation de la loi d'habilitation du
Gouvernement à prendre l'Ordonnance-LOI portant institution de la TVA
;
Le 20 aout 2010 : signature de l'Ordonnance-Loi n°10/001
portant institution de la TVA par le Président de la République
;
Le 14 janvier 2011 : dépôt du projet de ratification
au Parlement ;
Le 15 juin 2011 : vote de la loi de ratification par le Parlement
;
Le 1er janvier 2012 : entrée en vigueur de
l'Ordonnance-Loi n°10/001 portant institution de la TVA.
2.2.1 Contexte
La taxe sur la valeur ajoutée(TVA) est venue en
remplacement de l'impôt sur le chiffre d'affaires(ICA) qui, lui, a
remplacé la contribution sur le chiffre d'affaires(CCA).
Le contexte dans lequel évoluait la République
Démocratique du Congo avant l'application de la TVA était
caractérisé par :
? Le faible rendement du système fiscal
caractérisé par un ratio de recettes fiscales en % du PIB
inférieur à 5% et par la vétusté du système
fiscal
37
comportant un impôt sur le chiffre d'affaires qui
entraine les effets en cascade ;
> L'inefficacité du système fiscal
caractérisé par la sous-fiscalisation des opérateurs
économiques, l'augmentation des prix des produits de fabrication locale,
la rentabilité encore plus faible des investissements, la
prolifération des activités dans le secteur formel ;
> L'absence d'une véritable administration centrale
et organisation des structures par fonction ;
> La multiplicité des services intervenant
auprès des contribuables, ce qui entraine la tracasserie ;
> La redondance dans les procédures fiscales ;
> L'inadaptation de la fiscalité indirecte aux
problèmes et questions actuels de l'économie congolaise ;
> La composition du régime d'imposition applicable
aux petites et moyennes Entreprises (PME en sigle).
2.2.2 Objectifs
L'Ordonnance-Loi n°10/001 du 20 aout 2010 portant
institution de la taxe sur la valeur ajoutée(TVA) en RDC, dans son
esprit, visait les objectifs ci-après lors de l'application de la TVA
:
1. Moderniser le système d'imposition indirecte en
palliant les faiblesses de l'Impôt sur le chiffre d'affaires(ICA) qui
sont les effets en cascade et l'étroitesse de la base d'imposition ;
2. Améliorer la compétitivité des
produits de fabrication locale par rapport à ceux importés ;
3. Améliorer la rentabilité du système
fiscal congolais c'est-à-dire accroitre sensiblement le niveau des
recettes fiscales ;
4. Drainer les activités du secteur informel vers le
secteur structuré c'est-à-dire contrôlé par l'Etat
;
5. Faciliter l'harmonisation de la fiscalité indirecte
dans le contexte des regroupements sous-régionaux (SADC, COMESA, CEMAC,
etc.).
38
2.2.3 Modalités d'application 1. Opérations
imposables16
La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) étant un
impôt général sur la consommation, elle frappe toutes les
opérations relevant d'une activité économique et
effectuées, à titre onéreux, par un assujetti agissant en
tant que tel. Il s'agit de :
- Livraison de biens meubles corporels à des tiers,
- Prestations de services de toute nature faites à des
tiers,
- Livraison de biens et prestations de services à
soi-même, - Les importations.
a. Livraisons de biens meubles
Par livraison de biens meubles, il faut entendre un transfert
du pouvoir de disposer de ce bien comme propriétaire. Les livraisons de
biens meubles corporels comprennent l'échange de biens, l'apport en
société, la location-vente, la vente à tempérament,
les ventes d'articles et matériels d'occasion faites par des
professionnels, les cessions d'éléments d'actifs, etc.
b. Prestations de services
Par prestation de services, il faut entendre toutes les
opérations autres que les livraisons de biens meubles corporels. Elles
constituent toutes les activités par lequel une personne s'oblige
à exécuter un travail quelconque moyennant une contrepartie. Il
s'agit de la location de biens meubles et immeubles, les opérations de
crédit-bail, le transport de biens et marchandises, les travaux
immobiliers, etc.
c. Livraisons et Prestations à soi-même
Par livraison des biens à soi-même, il faut
comprendre les prélèvements et affectations effectuées par
les assujettis pour des besoins d'exploitation et même hors
exploitation.
16 Ordonnance-loi n°10/001 du 20 aout 2010
portant institution de la taxe sur la valeur ajoutée en RDC
39
En revanche, la prestation de services à soi-même
consiste en des services que les assujettis réalisent pour les besoins
d'exploitation ou hors exploitation de leur entreprise.
2. Territorialité de la TVA en
RDC
Une opération est imposée à la TVA en
République Démocratique du Congo lorsqu'il s'agit de :
? Livraison de biens ou toute autre opération ayant
pour effet de transférer à un tiers le pouvoir d'user d'un bien
comme propriétaire, lorsque ledit bien se trouve sur le territoire
national au moment de la vente ;
? Travaux immobiliers, lorsqu'ils sont effectués dans les
pays ;
? Prestations de services lorsque le service rendu, le droit
cédé ou l'objet loué est utilisé ou exploité
au pays.
3. Personnes imposables
Sont assujettis à la TVA, les personnes physiques ou
morales, y compris l'Etat, les provinces, les entités territoriales
décentralisées(ETD) et les organismes de droit public qui
effectuent de manière indépendante, à titre habituel et
occasionnel, des opérations économiques. Les personnes physiques
et morales sont assujetties lorsqu'elles réalisent un chiffre d'affaires
annuel supérieur à 80.000.000CDF17, exception faite
des membres des professions libérales qui, eux, sont assujettis à
la taxe sur la valeur ajoutée sans considération de leur chiffre
d'affaires.
Sont exclus :
- Les salariés ;
- Les personnes liées par un contrat de travail ;
- Tout autre rapport juridique créant un lien de
subordination.
Il appartient au Ministre des finances seul, lorsque l'urgence
impose, de modifier le seuil d'assujettissement à la taxe sur la valeur
ajoutée.
17 L'Ordonnance-loi instituant la TVA en RDC parle de
50.000.000 CDF mais ce seuil fut porté à 80.000.000 CDF par
l'Arrêté Ministériel N°037/CAB/MIN/FINANCES/2011 du 11
aout 2011 portant modification du seuil d'assujettissement à la TVA.
40
Lorsque le chiffre d'affaires réalisé par un
assujetti devient inférieur au seuil fixé, celui-ci conserve sa
qualité les deux années suivant celle de la constatation de la
diminution du chiffre d'affaires.
4. Mécanisme de
fonctionnement
A chaque stade du circuit économique (production,
distribution, commercialisation), l'entreprise assujettie qui effectue des
livraisons de biens ou des prestations de services en faveur de ses clients
calcule à cet effet la TVA sur le prix de vente hors taxe,
appelée « TVA COLLECTEE ». A l'occasion des achats des biens
livrés ou des prestations reçues, les fournisseurs lui
réclament les prix, y compris la TVA, appelée « TVA
DEDUCTIBLE ». A la fin de la période, l'assujetti totalise la TVA
collectée et la TVA déductible et reverse, le cas
échéant, la TVA nette. De cette différence, il peut se
dégager trois situations :
1. Lorsque la TVA collectée est supérieure
à la TVA déductible, il se dégage une TVA nette à
payer au Trésor ;
2. Lorsque la TVA collectée est inférieure
à la TVA déductible, il se dégage un crédit de TVA.
Ce crédit de taxe est imputé sur les déclarations des mois
suivants jusqu'à épuisement ou remboursé pour des cas
très limités prévus par loi ;
3. Lorsque la TVA collectée égale à la
TVA déductible, aucune taxe n'est à payer.
5. Exonérations
Pour des raisons d'ordre social, culturel, technique et de
souveraineté, certaines opérations du champ d'application de la
taxe sur la valeur ajoutée échappe à la taxation.
Ci-dessous se trouve un tableau synthétique permettant de mieux
comprendre les opérations exonérées de la TVA :
41
Types d'opérations
|
Opérations exonérées
|
1. Importation
|
1. Les ventes et les importations réalisées
par les ASBL légalement constituées lorsque ces opérations
ont un caractère social, sportif, culturel ou religieux.
|
|
2. Les ventes et les importations de timbres officiels.
|
|
3. Les ventes et les importations des équipements
agricoles.
|
|
4. L'importation et la livraison des organes et du sang humain
pour les hôpitaux.
|
|
5. L'importation et la vente de bateaux et filets de
pêche.
|
|
6. L'importation des produits
pharmaceutiques, les intrants
pharmaceutiques et matériels médicaux.
|
|
2. Les prestations des services
|
1. Les opérations de composition, d'impression,
d'importation et de vente des journaux, livres et périodiques à
l'exclusion des recettes afférentes à la publicité.
|
|
2. les recettes liées aux visites des monuments
historiques et musées nationaux des parcs zoologiques et botaniques.
|
|
3. Les frais de scolarité et de pension perçus
dans le cadre normal de l'activité des établissements
d'enseignement
|
|
national régulièrement autorisés.
4. Les examens, consultations, soins, hospitalisation, travaux
d'analyse et de biologie médicale les humains.
5. Les prestations faites par les pompes funèbres et le
transport de corps.
6. Le transport des malades blessés.
|
42
La conséquence directe de toutes les
exonérations est que l'assujetti dont l'opération est
exonérée perd le droit de déduction c'est-à-dire
que l'assujetti perd le droit de déduire la taxe sur la valeur
ajoutée supportée dans les factures de ses fournisseurs.
6. Taux
La loi prévoit un taux positif unique de 16% pour
toutes les opérations, les exportations en sont exonérées
en vue de garantir la compétitivité de la production
nationale.
7. Obligations administratives, déclaratives et
contributives des redevables
Il s'agit des obligations des redevables légaux qui
sont les entreprises assujetties à la TVA. Parmi ces obligations, l'on
peut citer :
- Souscrire d'abord avant le début de leur
activité une déclaration d'assujettissement auprès du fisc
qui lui délivrera en retour un code d'enregistrement donnant droit
à collecter la TVA ;
- Souscrire mensuellement (au plus tard le 15 de chaque mois)
une déclaration de TVA avec un état détaillé selon
le modèle de l'Administration ;
- Tenir la comptabilité régulière
(journaux, grands-livres, balances à conserver pendant 10 ans)
dès que le chiffre d'affaires annuel atteint 80.000.000 CDF.
43
CHAPITRE III : ANALYSE DES EFFETS DE LA TVA SUR LES
MENAGES DE LA RDC
1. Approche méthodologique
Dans ce chapitre, il est question de saisir pratiquement
l'incidence de la taxe sur la valeur ajoutée sur l'amélioration
de la situation économique des ménages congolais principalement
et sur l'économie subsidiairement en passant par l'augmentation des
recettes fiscales. L'on veut savoir si la taxe sur la valeur ajoutée a
contribué à l'augmentation du fardeau fiscal de l'utilisateur
final qui est le ménage.
En effet, la littérature économique nous
renseigne qu'un bon impôt est celui qui remplit les critères de
productivité ( les frais de perception doivent être
inférieurs à ce qu'il rapporte comme ressource), de justice et
d'équité ( elles renvoient à la répartition
équitable des charges fiscales entre tous les membres de la
collectivité) et le critère de fonctionnalité (
répondre aux objectifs de stabilité économique). En outre,
elle renseigne aussi que la taxe sur la valeur ajoutée, TVA en sigle,
est un impôt qui a des effets régressifs c'est-à-dire elle
plus supportée par les pauvres que les riches parce que ces derniers qui
consomment une part faible de leur revenu sont en quelques sortes
exonérés.18 Vu sous cet angle, la TVA viole le
critère de justice et d'équité énoncé
ci-haut parce qu'elle pèse uniformément sur la consommation des
riches et sur celle des pauvres, elle majore autant le prix de biens de
première nécessité que les prix de biens de luxe.
En dépit de ce qu'affirme la littérature
économique, le présent chapitre se propose de saisir
empiriquement l'incidence de la taxe sur la valeur ajoutée sur les
ménages congolais. La TVA étant un impôt sur la
consommation, les ménages congolais, qui sont les utilisateurs finals,
la supportent lors de l'achat des biens et services par le mécanisme de
prix. C'est ainsi que le prix est la variable principale à partir de
laquelle nous allons comprendre les effets de la TVA sur le bien-être des
ménages congolais, d'où l'usage de l'indice des prix à la
consommation, IPC en sigle.
18 Jacques BICHOT, idem p
1-4
44
?PjtYj0
Un indice des prix est une mesure des variations
proportionnelles ou encore en pourcentage d'un panier de biens au cours du
temps. Ce panier est composé des biens et services qui occupent une
grande part dans le budget des ménages. L'indice des prix à la
consommation(IPC) mesure les variations des prix de biens et services que les
ménages consomment le plus, lesquelles variations affectent le pouvoir
d'achat de ces derniers ainsi que leur mieux-être. Compte tenu du fait
que les prix de biens et services ne varient au même moment ou encore
dans les mêmes proportions, l'indice des prix à la consommation
est une moyenne pondérée. Il y a méthodes qu'on utilise
pour calculer l'indice des prix à la consommation mais deux
méthodes sont privilégiées :
Approche de Laspeyres IPC =
|
|
?Pj0Yj0 ?PjtYjt
|
Approche de Paasche IPC=
|
|
|
?PjoYjt
|
L'indice des prix à la consommation pris
isolément ne donne aucune information utile pour comprendre le
coût de la vie dans un pays, il faut donc calculer la variation des
indices prix, c'est ce nous appelons le taux d'inflation :
IPCt1 - IPCt0
i ==
IPCt0
Le taux d'inflation est l'indicateur privilégié
permettant aux autorités économiques de mesurer
l'évolution du niveau général des prix et par ricochet
l'évolution du pouvoir d'achat des agents économiques nationaux.
C'est ainsi qu'au lieu de retenir l'indice de prix à la consommation
comme indicateur principal, nous allons plutôt retenir le taux
d'inflation. Il faut signaler par ailleurs qu'étant donné que la
taxe sur la valeur ajoutée est d'application que depuis le
1er janvier 2012, nous allons utiliser les données mensuelles
c'est-à-dire les taux d'inflations mensuels.
45
SECTION 1 : INCIDENCES DE LA TVA SUR LE POUVOIR D'ACHAT
DES MENAGES
Le pouvoir d'achat est la quantité de biens et services
qu'une unité monétaire vous permet d'acquérir sur le
marché, il est aussi désigner par le terme revenu
réel. Toutes choses restant égales par ailleurs, le pouvoir
d'achat des ménages dépend de deux variables dont le revenu
disponible et le niveau de prix sur le marché. Dans
l'hypothèse où le revenu disponible est constant, seul le niveau
de prix influence le pouvoir d'achat des ménages. Dans ce cas, s'il y a
augmentation des prix sur le marché, le pouvoir va s'effriter alors
qu'il va s'améliorer au cas où il y a diminution des prix sur le
marché. De là, il se déduit que pour connaitre
l'évolution du pouvoir d'achat, il sied de saisir d'abord
l'évolution du niveau général des prix et l'indicateur le
plus utilisé est le taux d'inflation comme nous l'avons sus
mentionné.
Ceci étant, pour saisir l'effet de la TVA sur le niveau
général des prix, nous allons dans un premier temps faire
l'analyse comparative des taux d'inflation mensuels quelques mois avant et
quelques mois après l'instauration de la taxe sur la valeur
ajoutée et ensuite nous allons faire le test d'hypothèses de deux
moyennes pour savoir si les taux d'inflation mensuels après
l'instauration de la TVA sont significativement supérieurs aux taux
d'inflation mensuels avant la TVA auquel on conclura que la TVA a
amenuisé le pouvoir d'achat des ménages.
1.1 Analyse comparative des taux d'inflation mensuels
Ici, il est question de comparer les taux d'inflation mensuels
avant et après l'instauration de la taxe sur la valeur ajoutée.
En effet, étant donné que la TVA est un impôt unique et
neutre en ce sens que les entreprises ne supportent la TVA qu'à
concurrence de la valeur qu'ils ajoutent au produit par rapport de l'ICA qui
est qualifié d'un impôt inflationniste à cause des ses
effets, l'on devait s'attendre à une baisse des prix de biens et
services et par conséquent à des taux d'inflation mensuels plus
faibles qu'avant. Pour vérifier cela, nous allons utiliser les taux
d'inflation mensuels de 24 mois avant et de 18 mois après l'instauration
de la taxe sur la valeur ajoutée comme les résument les tableaux
suivants :
46
AVANT LA TVA
Année
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
2010
|
3,22
|
0,99
|
-0,02
|
0,15
|
0.23
|
-0,08
|
0,08
|
0,21
|
0,79
|
0,96
|
1,96
|
0,13
|
2011
|
1,46
|
1,84
|
2,50
|
2,11
|
0,13
|
2,11
|
0,95
|
0,66
|
0,40
|
0,11
|
0,11
|
0,13
|
Source : Banque centrale du Congo
APRES LA TVA
Année
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
2012
|
4,25
|
0,11
|
0,25
|
0,16
|
0,13
|
0,1
|
0,1
|
0,18
|
0,1
|
0,04
|
0,13
|
0,12
|
2013
|
0,13
|
0,13
|
0,1
|
0,13
|
0,2
|
0,06
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Source : Banque Centrale du Congo
5 4 3 2 1
0 -1
|
|
|
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
|
AVANT APRES
47
3.5 3.0 2.5 2.0
1.5 1.0 0.5 0.0 -0.5
2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22 24
AVANT
5 4 3 2 1
0
|
|
|
2 4 6 8 10 12 14 16 18
|
APRES
En analysant minutieusement l'évolution des taux
d'inflation mensuels, l'on remarque les taux d'inflation mensuels avant
l'instauration de la TVA sont plus élevés que les taux
d'inflation mensuels après la TVA comme l'indique les graphiques
ci-dessus, avec une moyenne mensuelle de
48
0.83% avant la TVA contre une moyenne mensuelle de 0.36%
après l'instauration de la TVA. Mais il faut reconnaitre qu'avant
l'instauration de la taxe sur la valeur ajoutée, les taux d'inflation
mensuels sont plus concentrés, avec un écart-type 0.93%, que les
taux d'inflation mensuels après l'instauration de la TVA. C'est dire
qu'avec la TVA, il y a de fortes fluctuations des taux d'inflation mensuels
qu'il n'y en avait pas avant.
Remarquons par ailleurs que pendant les premiers mois avant
l'instauration de la TVA, les taux d'inflation mensuels sont très
élevés à cause des phénomènes
ci-après :
? Le cumul de la TVA et de l'ICA dans le prix de vente :
certains opérateurs économiques véreux et mal
intentionnés ont continué à appliquer simultanément
la TVA et l'ICA dans le prix de vente, ce qui fait que ce dernier augmente ;
? Les tensions inflationnistes : dans un pays comme la
République Démocratique du Congo où le passé
révèle des phénomènes comme les pillages,
l'hyperinflation exagérée avec un taux d'inflation de 9767,9 % en
1994, les tensions inflationnistes sont toujours présentes comme lors du
lancement des billets à valeur faciale adaptée ;
? Une raison logique est que l'impôt sur le chiffre
d'affaires avait plusieurs taux d'imposition alors que la taxe sur la valeur
ajoutée n'a qu'un seul taux soit de 16%. Il se fait que les biens et
services qui sous l'ICA étaient frappés à un taux
inférieur à 16% doivent, ceteris paribus, subir une augmentation
de leurs prix ;
? La présence d'une économie souterraine
prépondérante : les opérateurs économiques de ce
secteur ont l'habitude de s'approvisionner auprès des commerçants
assujettis à la TVA, ainsi ils augmentent les prix de biens et services
pour maintenir inchangé leur bénéfice ;
? L'existence de l'asymétrie de l'information entre
l'Administration fiscale, les opérateurs économiques et les
ménages : moult d'opérateurs économiques n'ont pas compris
comment appliquer la taxe sur la valeur ajoutée parce que même les
biens qui ont été exonérés ont vu leurs prix
augmentés ;
49
? La TVA comprend en son sein trois parties ; TVA
collectée, TVA déductible et TVA nette à verser au
trésor public. Chaque opérateur économique cherche
à facturer la taxe sur la valeur ajoutée à ses clients
afin de déduire la TVA qu'il a supportée en amont lors de son
approvisionnement, chaque opérateur a donc intérêt à
facturer la TVA et plus il y a des intermédiaires commerciaux, plus
élevé est le prix payé par les consommateurs finaux qui
sont les ménages.
Il se déduit de ce constat que l'instauration de la
taxe sur la valeur ajoutée a entrainé une augmentation des prix,
laquelle est inférieure à celle qui prévalait à
l'époque de l'ICA. Encore faut-il comprendre qu'avant la TVA,
l'augmentation des prix est demeurée plus stable qu'après la TVA
car avec l'instauration de la TVA, les prix augmentent différemment
selon des mois. Ce qui affecte négativement le pouvoir d'achat des
ménages à cause de calcul biaisé par les hausses de prix
intempestives.
Si on se limite à ce niveau d'analyse, nous allons
conclure que la TVA a amenuisé le pouvoir d'achat des ménages
mais dans une moindre mesure que l'ICA. Etant donné qu'il y a des fortes
fluctuations des taux d'inflation mensuels, il sied d'utiliser une technique
statistique plus rigoureuse pour si la taxe sur la valeur ajoutée a
sensiblement amenuisé le pouvoir d'achat des ménages congolais,
c'est ainsi que l'on va utiliser le test d'hypothèses.
1.2 Test d'hypothèses de taux d'inflation mensuels
moyens
La taxe sur la valeur ajoutée étant un
impôt neutre et appliquée à un taux inférieur
à celui de l'ICA, soit un taux de 16%, devait entrainer plutôt une
baisse des prix des biens et services sur le marché. Mais hélas,
elle a conduit à une augmentation des prix des biens et services due
à l'asymétrie de l'information entre existant l'Administration
fiscale, les opérateurs économiques et les consommateurs finaux
et aussi suite aux tensions inflationnistes qui ont érigé
domicile dans le chef des agents économiques à cause d'un
passé infernal.
Ceci étant, la technique de test d'hypothèses
nous permettra de déterminer si le taux d'inflation mensuel moyen avant
la TVA est
50
significativement inférieur au taux d'inflation mensuel
moyen après la TVA auquel nous allons déduire que la taxe sur la
valeur ajoutée a amenuisé le pouvoir d'achat des ménages
congolais. Mais avant d'y arriver, il nous est impérieux de jeter les
bases sur cette technique qui peut paraitre sorcier à certains
égards : le test d'd'hypothèses.
a. Définition de test
d'hypothèses19
C'est une technique statistique utilisée pour infirmer
ou confirmer une hypothèse formulée à partir d'une
épreuve quelconque. Après l'estimation, c'est la deuxième
plus grande technique la plus utilisée en statistique
inférentielle pour généraliser les résultats de
l'échantillon à la population. On appelle hypothèse
statistique, une proposition ou encore un énoncé concernant une
ou plusieurs populations. Elle est dite paramétrique lorsqu'il s'agit
d'un énoncé quantitatif concernant un paramètre (grandeur
calculée sur la population) et elle set dite non paramétrique
dans le cas contraire.
b. Formulation des Hypothèses statistiques
Dans tout test, on formule deux hypothèses qui
s'excluent entre elles et qui seront confrontées à la fin. De
cette confrontation, une sera acceptée et une autre sera rejetée.
Il existe deux sortes d'hypothèses :
? L'hypothèse nulle(H0)
? L'hypothèse alternative(H1)
? L'hypothèse nulle est généralement la
proposition qui contredit la
proposition de recherche, elle est aussi appelée contre
hypothèse. ? L'hypothèse alternative est
généralement la proposition de recherche,
c'est ce que l'on veut vérifier dans une
étude.
Soit L, un paramètre inconnu calculé sur la
population, l'on a les hypothèses suivantes :
19 Beaujolais BOFOYA, Statistique
pour économiste, 2010-2011
51
H0 : L= L0
H1 : L L0 test unilatéral à droite
L L0 test unilatéral à gauche L? L0 test
bilatéral
c. Définition de quelques concepts de base
1. Seuil de signification(á) : c'est la
probabilité de commettre l'erreur de première espèce ;
2. Erreur de première espèce : c'est
rejeter l'hypothèse nulle alors qu'elle vraie ;
3. Erreur de deuxième espèce : c'est
accepter l'hypothèse nulle alors qu'elle est fausse ;
4. Seuil de confiance (1-á) : c'est la
probabilité d'accepter l'hypothèse nulle alors qu'elle est vraie.
Si á=0,05 1-á=0.95 ;
5. Région critique : c'est la zone de rejet de
l'hypothèse nulle et cette zone varie selon que le test est
unilatéral à gauche ou à droite ou encore le test est
bilatéral.
d. Les étapes pour élaborer un test
Les étapes pour élaborer un test d'hypothèse
sont :
- Enoncer les hypothèses : il s'agit de formuler
l'hypothèse nulle et l'hypothèse alternative du test ;
- Spécifier la statistique du test : il s'agit de
déterminer la loi statistique et la formule à utiliser pour
calculer la valeur empirique ;
- Définir la région critique : il s'agit de
déterminer la zone de rejet de l'hypothèse nulle ;
- Evaluer la statistique du test : il s'agit de calculer la
valeur empirique ; - Décider c'est-à-dire infirmer ou confirmer
l'hypothèse : pour décider,
il faut comparer la valeur empirique calculée à
la deuxième étape et la
valeur théorique donnée par la table ;
- Interpréter la décision prise.
52
e. Les différents tests d'hypothèse On
distingue :
1. Les tests paramétriques : ce sont de tests
basés sur les caractéristiques de la population (moyenne,
proportion, variance) parce qu'il y a une hypothèse de
normalité,
2. Les tests non paramétriques : ce sont de tests qui
ne sont pas basés sur les caractéristiques de la population parce
que l'hypothèse de normalité est systématiquement
violée.
f. Test de deux moyennes (échantillons
indépendants)
Ce test de comparer deux moyennes de deux populations
indépendantes. Comme l'on ne sait interroger toute la population faute
de temps et des moyens financiers, l'on va tirer un échantillon dans
chacune de deux populations, ensuite l'on va calculer la moyenne dans chacun de
deux échantillons et enfin, l'on va généraliser les
résultats obtenus à partir de l'échantillon à la
population.
? Si la taille de ces deux échantillons est
supérieure à 30, l'on utilise la loi normale,
? Si la taille de l'un de ces échantillons est
inférieure à 30, l'on interroge les variances de la population
(ä2) auquel cas sont associées deux situations :
? Si les variances de la population sont connues
(ä21 et ä22 connues), l'on utilise la loi
normale,
? Si les variances de la population sont inconnues
(ä21 et ä22 inconnues), l'on utilise la loi de
Student.
1. Hypothèses
H0 : m1 = m2 ? m1- m2=d H1 : m1?m2 ? m1- m2? d m1 > m2 ? m1-
m2> d m1 > m2 ? m1- m2> d
53
a. La loi Z normale
2. Statistique du test
(X1 - X2 ) - ( m1 - m2)
ZC =
? ä21 + ä22
n1 n2
3. Région critique
Rejeter H0 si IZC I > Zá/2 au cas où H1 : m1?m2
ZC > Zá au cas où H1 : m1 > m2
ZC < - Zá au cas où H1 : m1< m2
b. La loi T de Student
2. Statistique du test
( X1- X2) - ( m1 - m2 )
Tc=
v (n1-1) S21 + (n2-1) S22 (1 + 1 )
n1 +n2 -2 n1 n2
3. Région critique
Rejeter H0 si ITcI> Tá/2, n1 +n2 -2 au cas où
H1 : m1?m2 Tc > Tá, n1 +n2 -2 au cas où H1 : m1 > m2 Tc
<- Tá, n1 +n2 -2 au cas où H1 : m1< m2 Degré de
liberté
54
g. Application au cas des taux d'inflation mensuels
moyens
L'on cherche à comparer le taux d'inflation mensuel
moyen avant la TVA et le taux d'inflation mensuel moyen après la TVA. Il
s'agit d'un test de deux moyennes dont la première population est celle
composée des taux d'inflation mensuels avant la TVA et la
deuxième population est composée des taux d'inflation mensuels
après la TVA, les deux populations sont supposées
indépendantes. L'on tire un échantillon de 24 mois dans la
première population et de 18 mois dans la deuxième population et
l'on a les résultats suivants :
AVANT LA TVA
Année
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
2010
|
3,22
|
0,99
|
-0,02
|
0,15
|
0.23
|
-0,08
|
0,08
|
0,21
|
0,79
|
0,96
|
1,96
|
0,13
|
2011
|
1,46
|
1,84
|
2,50
|
2,11
|
0,13
|
2,11
|
0,95
|
0,66
|
0,40
|
0,11
|
0,11
|
0,13
|
Source : Banque centrale du Congo
APRES LA TVA
Année
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
2012
|
4,25
|
0,11
|
0,25
|
0,16
|
0,13
|
0,1
|
0,1
|
0,18
|
0,1
|
0,04
|
0,13
|
0,12
|
2013
|
0,13
|
0,13
|
0,1
|
0,13
|
0,2
|
0,06
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Source : Banque centrale du Congo
Comme la taille de deux échantillons n1 et n2 est
inférieure à 30 et que les variances de la population
ä21 et ä22 ne sont pas connues, l'on va
utiliser le test de deux moyennes avec la loi de Student.
Données
Population 1 Population 2
n1= 24 mois n2= 18 mois
X1= 0,83% X2= 0,36 %
S1= 0,93 % S2= 0,97% Avec un seuil de signification
á=0,05
1.
55
Hypothèses
H0 : m1=m2 H1 : m1>m2
2. Statistique du test
( X1-X2) - ( m1 - m2 )
Tc=
J (n1-1) S21 + (n2-1) S22 (1 + 1 )
n1 +n2 -2 n1 n2
3. Région critique
Rejeter H0 si Tc > Tá, n1 +n2 -2
4. Evaluation
(0,83 - 0.36) - 0
Tc=
J (24-1) (0,93)2 + (18-1) (0.97)2 (1/24
+1/18)
24+18-2
Tc=0,47/0.295 Tc=1,59
5. Décision
La valeur de T0.05, 40 dans la table de Student donne 1,68 :
En comparant 1,59 à 1,68, l'on remarque que 1,59 est
plutôt inférieure à 1,68 et l'on va rejeter
l'hypothèse nulle car 1,59> 1,68.
56
6. Interprétation
Avec 5% de risque de se tromper, l'on peut affirmer que le
taux d'inflation mensuel moyen avant l'instauration de la taxe sur la valeur
ajoutée n'est pas significativement supérieur au taux d'inflation
mensuel moyen après la taxe sur la valeur ajoutée. Ce qui revient
à dire qu'avant la taxe sur la valeur ajoutée, les prix
augmentent de la même façon qu'après la taxe sur la valeur
ajoutée, ce qui fait que le pouvoir d'achat des ménages congolais
s'amoindrit dans le même rythme qu'avant et les ménages congolais
deviennent de plus en plus pauvres.
Contrairement à la première analyse qui
révèle qu'avec l'instauration de la TVA, les prix augmentent
moins rapidement ; force est de constater à partir de la technique de
test d'hypothèses, qui du moins est plus rigoureuse que la
première, qu'avec l'instauration de la taxe sur la valeur
ajoutée, les prix de biens et services augmentent presque dans le
même rythme qu'avant l'instauration de la taxe sur la valeur
ajoutée et le pouvoir d'achat des ménages est mis à mal
par cette flambée de prix qui ne reflète guère les vertus
prônées lors de le lancement le 1er janvier 2012.
57
SECTION 2 : EFFET DE LA TVA SUR LES RECETTES
Les pays en développement en général et
la République Démocratique du Congo en particulier font face
à des sérieux besoins de financement vus qu'avec la crise
financière, il y a eu une baisse sensible de l'aide publique pour le
développement ( APD en sigle). Pour financer les besoins de financement
dont ils font face, il est nécessaire d'augmenter les recettes
intérieures dont la plupart sont de recettes fiscales. C'est ainsi que
diverses reformes publiques (réformes fiscales) sont en train
d'être entreprises pour pallier durablement ce problème et pour
rendre les économies africaines beaucoup plus compétitives
(réduction de droits de douane).
Un des moyens le plus efficace pour augmenter les recettes
publiques est de remplacer les impôts ayant des effets en cascade,
à l'instar de l'impôt sur le chiffre d'affaires, par les
impôts uniques comme la taxe sur la valeur ajoutée. C'est pourquoi
depuis les années 1990, beaucoup de pays en développement ont
inséré la taxe sur la valeur ajoutée dans leur
système fiscal.
La République démocratique du Congo faisant face
au même problème a tout de même continué, pendant
cette période, à appliquer les impôts à effets
cumulatifs dans son système fiscal. Cependant, la décennie
2000-2010 passée a brillé avec la faiblesse de recettes publiques
par rapport aux dépenses, avec des dépenses publiques de 16,47%
du PIB en moyenne, des recettes de 16,14% du PIB en moyenne et donc un solde
budgétaire moyen de -0,33% du PIB dont il faut rechercher une source de
financement. Durant la même décennie, les recettes fiscales ont
représenté en moyenne 9,96 % du PIB dont la part majoritaire
revient aux recettes tirées du commerce extérieur (douanes) comme
l'indice le tableau ci-dessous :
58
20 000 000,00
18 000 000,00
16 000 000,00
14 000 000,00
12 000 000,00
10 000 000,00
8 000 000,00
6 000 000,00
4 000 000,00
2 000 000,00
0,00
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
2012
PIB Courant Recettes Courantes
Source : assises nationales sur le coulage de recettes
publiques
Année
|
PIB en million de CDF
|
Recettes publiques courantes en million de
CDF
|
Tx. Accr.
|
Taux de
prélèvement public
|
2001
|
1
|
407
|
545,0
|
|
|
66
|
644,10
|
|
4,73
|
2002
|
1
|
922
|
300,0
|
|
|
147
|
833,50
|
121,83
|
7,69
|
2003
|
2
|
298
|
655,5
|
|
|
221
|
300,90
|
49,70
|
9,63
|
2004
|
2
|
601
|
000,0
|
|
|
306
|
024,90
|
38,28
|
11,77
|
2005
|
3
|
407
|
940,1
|
|
|
495
|
263,40
|
61,84
|
14,53
|
2006
|
4
|
066
|
601,3
|
|
|
669
|
167,40
|
35,11
|
16,46
|
2007
|
5
|
148
|
173,0
|
|
|
793
|
790,60
|
18,62
|
15,42
|
2008
|
6
|
525
|
982,7
|
|
1
|
271
|
678,00
|
60,20
|
19,49
|
2009
|
9
|
026
|
676,3
|
|
2
|
104
|
722,30
|
65,51
|
23,32
|
2010
|
11
|
949
|
307,6
|
|
2
|
293
|
882,00
|
8,99
|
19,20
|
2011
|
14
|
760
|
535,6
|
|
2
|
657
|
424,26
|
15,85
|
18,00
|
2012
|
17
|
312
|
625,2
|
|
3
|
612
|
729,97
|
35,95
|
20,87
|
|
|
|
Moyenne
|
|
|
|
47
|
16
|
59
Face à une telle situation, le pouvoir public est
contraint d'augmenter les ressources publiques pour rompre avec le
déficit chronique de son budget et de financer les programmes du
développement. C'est dans cet impératif que la République
Démocratique du Congo a accepté d'instaurer dans son
système fiscal la TVA le 1er janvier 2012. Voilà
pourquoi cette section se propose de savoir si la taxe sur la valeur
ajoutée a contribué à l'augmentation des recettes
publiques.
En effet, un des arguments en faveur de l'instauration de la
taxe sur la valeur ajoutée en RDC est que cette dernière entraine
une augmentation de recettes publiques grâce à sa capacité
de drainer vers le secteur formel les activités du secteur informel et
d'atténuer tant soit peu la fraude et l'évasion fiscales.
Dix-huit mois après l'instauration de la taxe sur la valeur
ajoutée, l'on signale que le montant de recettes publiques est de
3.612.874.138 CDF en 2012, soit un accroissement de 35% par rapport à
l'année 2011 et les recettes du premier semestre 2013 se lève en
millions de CDF à 1.888.900.00020. Ces recettes sont
apportées à 34,2% par la DGI et à 36,5% par la DGDA.
Par contre, Les recettes provenant de la taxe sur la valeur
ajoutée se chiffrent en millions de CDF à près de
1.200.000.000 en 2012 et représentent près de 7% du PIB alors
l'ICA représentait entre 1 et rarement 2% du PIB durant la
période 2000 à 2010. De là, l'on comprend que la taxe sur
la valeur ajoutée a fortement contribué à l'augmentation
de recettes publiques durant l'année 2013 et le premier semestre 2013 et
comme il en est ainsi, l'on peut donc affirmer que la TVA a permis au
gouvernement de mobiliser plus de recettes afin de financer les programmes du
développement et à atteindre ses objectifs.
20 FEC, Note de conjoncture, 2éme
trimestre 2013
60
CONCLUSION GENERALE
A la lumière des analyses précédentes,
nous voici à la fin de ce travail portant sur les effets de la taxe sur
la valeur ajoutée sur le patrimoine des ménages de la
République Démocratique du Congo.
Mais, étant donné la complexité et la
technicité qui accompagnent la compréhension de la taxe sur la
valeur ajoutée ( TVA) et compte tenu du fait que la taxe sur la valeur
ajoutée n'est d'application que depuis le 1er janvier 2012,
il ne nous a pas été facile de cerner les effets de la taxe sur
la valeur ajoutée sur le patrimoine des ménages congolais. C'est
ainsi que toutes les remarques allant dans le sens de l'amélioration
dudit travail seront les bienvenues.
L'objectif poursuivi dans ce travail est celui de comprendre
l'amenuisement du pouvoir d'achat causé par la Tva en vue de proposer
les mesures idoines pouvant améliorer la situation des ménages
congolais.
Ainsi, pour répondre à notre
préoccupation, nous avons d'une part analysé l'évolution
des prix de biens et services avant et après l'instauration de la taxe
sur la valeur ajoutée en utilisant les taux d'inflation mensuels et
d'autre part, nous avons analysé les effets de la TVA sur les recettes
publiques en vue de comprendre l'effet de la TVA sur la situation
économique en général. De là, force est de
constater ce qui suit :
1) La taxe sur la valeur ajoutée instaurée le
1er janvier 2012 a entrainé une hausse de prix de biens et
services soit un taux d'inflation mensuel moyen de 0,36% et un
écart-type de 0,97%. Cela revient à dire qu'avant l'instauration
de la taxe sur la valeur ajoutée, les prix augmentent dans le même
rythme qu'après la taxe sur la valeur ajoutée. Ainsi, l'on peut
conclure que le pouvoir d'achat des ménages congolais s'amenuise
davantage mais cela au même rythme qu'avant et la population congolaise
s'appauvrit ;
2) Avec l' l'instauration de la taxe sur la valeur
ajoutée, les recettes publiques ont vu leur montant augmenter de 35% par
rapport à l'année 2011 soit un montant en millions de CDF de
3.612.874.138 en 2012. La TVA, quant à elle, a apportée en
millions de CDF près
61
de 1.200.000.000 soit près de 33% de recettes en 2012.
Tous ces chiffres poussent à conclure que la TVA a augmenté les
recettes publiques et est donc efficace pour l'Etat.
3) Comparant l'amenuisement du pouvoir d'achat des
ménages congolais consécutifs à l'instauration de la taxe
sur la valeur ajoutée et l'augmentation de recettes publiques, l'on peut
conclure que la TVA a tout de même contribué à
l'amélioration de la situation économique parce qu'elle a permis
à l'Etat de disposer de plus de moyens pour financer les programmes du
développement. Mais elle a aussi entrainé quelques
conséquences perverses, lesquelles nous poussent à formuler les
suggestions suivantes au Gouvernement:
? Contrôler rigoureusement les opérateurs
économiques pour éviter des hausses intempestives de prix de
biens et services qui pénalisent les ménages congolais ;
? Utiliser rationnellement les fonds procurés par la
TVA pour qu'ils puissent profiter à tous les ménages congolais
;
? Etablir, si possible, plusieurs de taux de TVA pour
éviter les effets régressifs qu'elle entraine et éviter
les inégalités sociales qui appauvrissent les plus pauvres.
62
BIBLIOGRAPHIE
I. OUVRAGES
- BAKANDEJA WA MPUNGU, Les finances publiques, éd
Afrique
Larcie, Paris, 2006.
- CARLO COTTARELLI, Mobilisation des recettes dans les pays
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développement, FMI, 2011.
- FIDAFRICA, Guide fiscal pratique en RDC, 2007.
- PATRICK MANET, Taxe sur la valeur ajoutée, Paris,
2007.
II. NOTES DE COURS ET MEMOIRES
- BEAUJOLAIS BOFOYA, Cours de Statistiques pour
économiste, G2B FASEG, Kinshasa, 2011-2012.
- Document anonyme, Cours de droit fiscal, Unikin.
- IZU- OMWENTUM MBIL AGNE, L'analyse et la prévision de
la production textile au Zaïre (cas de l'Utexco), juillet 1976.
- IZU-OPONG, L'incidence de la fiscalité sur
l'autofinancement d'une entreprise publique, cas de la SNEL, 2006.
- JEAN BOSCO NSUAMI, Notes de cours de Finances publiques, G3A
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- KANKWANDA EBUL ELANG, Cours de Statistiques
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III. ARTICLES ET AUTRES DOCUMENTS
- Arrêté ministériel n°
037/CAB/MIN/FINANCES/2011 portant
modification du seuil d'assujettissement à la TVA.
- Assises nationales sur le coulage de recettes publiques,
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- Banque Centrale du Congo, Bulletin mensuel d'informations
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- Banque Centrale du Congo, Bulletin mensuel d'informations
statistiques, Octobre 2012.
63
- Ben KONSO, Danny SHUTSHA et Germain MBUYI, Quid de
l'instauration de la TVA dans le système fiscal congolais ?, Janvier
2013.
- Code des Impôts en RDC, mis à jour au 30 septembre
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- Dictionnaire des sciences : Economie, Armand Colin, Paris,
2001. - Fédération des Entreprises du Congo, Note de
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- Jacques BICHOT, Juste ou injuste, la TVA ?, gestion de finances
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- Ordonnance-loi n°10/001 du 20 aout 2010 portant
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