Université de Perpignan Via Domitia
Faculté Internationale Droit Comparé des États
Francophones
RESPONSABILITÉ CIVILE ET ASSURANCE
DES CONSTRUCTEURS AU MAROC
LIMITES ET CARENCES DE LA LÉGISLATION
|
MÉMOIRE
PRÉSENTÉ EN VUE DE L'OBTENTION DU MASTER DE
DROIT OPTION RECHERCHE EN DROIT PRIVÉ
PAR
Mohamed Jamal BENNOUNA
Membres du jury M. Didier BAISSET
Doyen de la Faculté Internationale Droit
Comparé des États Francophones - Perpignan
Directeur de recherche : M. Driss
ASSOUGUEM
Professeur à l'Université Cadi Iyad -
Marrakech
Année Universitaire
2011/2012 Octobre 2012
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
DÉDICACES
À toutes les victimes
À toutes les familles des victimes
De l'effondrement de l'immeuble de Oulad Oujih à
Kénitra survenu en 2008
Que ce travail ; modeste soit il ; puisse contribuer à la
révision de la législation marocaine pouvant conduire à la
prévention des risques et la protection des personnes et des biens dans
les chantiers de construction.
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
REMERCIEMENTS
Je remercie mes professeurs pour toutes les connaissances et
informations qu'ils ont pu me transmettre.
Je saisis cette occasion pour remercier toutes celles et tous
ceux qui m'ont aidé à réaliser ce travail d'une
façon directe ou indirecte soit elle.
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législation
SOMMAIRE
LISTE DES ABRÉVIATIONS 5
INTRODUCTION GÉNÉRALE 7
PARTIE I : LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
DIFFÉRENTS INTERVENANTS
DANS L'ACTE DE CONSTRUIRE 9
CHAPITRE I - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
CONCEPTEURS DE PROJETS
ET SES LIMITES 10
SECTION 1 - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
ARCHITECTES EN TANT QUE MAÎTRES D'OEUVRES
13
SECTION 2 - LA RESPONSABILITÉ DES INGÉNIEURS
SPÉCIALISÉS 17
CONCLUSION DU CHAPITRE 26
CHAPITRE II - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
ENTREPRISES D'EXÉCUTION DES TRAVAUX ET LES DIFFICULTÉS
LIÉES À LA SOUS
TRAITANCE 27
SECTION 1 - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
ENTREPRISES DE GROS OEUVRE ET SECOND
OEUVRE DANS LE CADRE DU DOC 27
SECTION 2 - LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE DES SOUS
TRAITANTS 34
CONCLUSION DU CHAPITRE 40
PARTIE II : L'ASSURANCE DES RISQUES DE CONSTRUCTION ET
LIMITES DE
LA LÉGISLATION MAROCAINE DANS LE DROIT
COMPARÉ 41
CHAPITRE I - LA GESTION DES RISQUES CONSÉQUENTS
DE FAUTES ET
LEURS ASSURANCES 42
SECTION 1 - LES SINISTRES ET LEURS INCIDENCES SUR LA
RESPONSABILITÉ DES
INTERVENANTS 42
SECTION 2 - LES ASSURANCES COUVRANT LES SINISTRES 46
CONCLUSION DU CHAPITRE 56
CHAPITRE 2 - LIMITES DE LA LÉGISLATION MAROCAINE
ET
COMPARAISON AVEC D'AUTRES SYSTÈMES
LÉGISLATIFS 57
SECTION 1 - LES DIFFÉRENTES CARENCES 57
SECTION 2 - LES ATTENTES DES INTERVENANTS DU BTP ET LES
RÉFORMES NÉCESSAIRES 77
CONCLUSION DU CHAPITRE 82
CONCLUSION GÉNÉRALE 83
BIBLIOGRAPHIE 85
TABLE DES MATIÈRES 92
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LISTE DES ABRÉVIATIONS
Abréviation
|
Désignation
|
Ad
|
Administratif
|
Al
|
Alinéa
|
Ap
|
Cour d'appel
|
Ar
|
Arrêt
|
Art
|
Article.
|
BA
|
Béton armé
|
BCT
|
Bureau de Contrôle Technique.
|
BET
|
Bureau d'études techniques.
|
BO
|
Bulletin officiel.
|
BP
|
Béton précontraint
|
Cass
|
Cour de Cassation (Maroc)
|
CCAG-MO
|
Cahier des Clauses Administratives Générales -
Maitrise d'OEuvre.
|
CCAG-T.
|
Cahier des Clauses Administratives Générales -
Travaux.
|
Cd
|
Code
|
Cd Civ.
|
Code civil français.
|
Cd Paras
|
Code parasismique
|
Cd Pr Civ
|
Code de la procédure civile.
|
Ch
|
Chambre
|
Ch Civ
|
Chambre civile
|
Ch Crim
|
Chambre criminelle
|
Civ
|
Civil
|
Com
|
Commercial
|
CPS
|
Cahier des Prescriptions Spéciales
|
Crim
|
Criminel
|
DOC
|
Dahir des Obligations et Contrats.
|
Dos
|
Dossier
|
Éd
|
Édition.
|
EC
|
Engins de Chantiers
|
Fr
|
France
|
GC
|
Génie Civil
|
Ins
|
Tribunal de Première Instance
|
Jug
|
Jugement
|
Ma
|
Maroc
|
Ord
|
Ordonnance
|
Pén
|
Pénal
|
Pr
|
Procédure
|
Prv
|
Pourvoi
|
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législation
RC
|
Responsabilité Civile
|
RCD
|
Assurance Responsabilité Civile Décennale
|
RCP
|
Assurance Responsabilité Civile Professionnelle
|
Rev
|
Revue
|
Soc
|
Social
|
Sup
|
Cour suprême
|
Th
|
Thèse
|
Tr
|
Tribunal
|
Tr Adm.
|
Tribunal Administratif
|
Tr Com
|
Tribunal de Commerce
|
TRC
|
Assurance Tous Risques Chantiers
|
TRM
|
Assurance Tous Risques Montages
|
V
|
Voir
|
VRD
|
Voirie et Réseaux Divers
|
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Responsabilité civile et assurance des
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INTRODUCTION GÉNÉRALE
On peut constater que tout ouvrage à construire ou
à monter est exposé aux périls les plus divers. La
construction d'ouvrages n'est certainement plus simple à cause de
plusieurs paramètres techniques et qui n'ont fait qu'aggraver les
risques survenant tant en période de construction de l'ouvrage, que
durant son exploitation. En effet, la pression urbaine; conséquente de
l'augmentation de la population dans les villes durant les dernières
décennies; a fait croitre la demande des logements. Cette situation a
généré la rareté des terrains constructibles en
zone urbaine au point d'avoir recours à l'utilisation de terrains
réputés auparavant inconstructibles tels les anciennes
carrières, anciennes décharges publiques et terrains
marécageux.
Afin de répondre à cette demande croissante de
logements, les ouvrages ont connu une augmentation de leurs volumes et hauteurs
ainsi que le recours à l'utilisation de nouvelles techniques de
construction ne bénéficiant pas de recul suffisant pour
évaluer les risques qu'elles peuvent engendrer. D'ailleurs, la
préfabrication en série d'éléments lourds et
l'apparition de procédés d'étanchéité
nouveaux, n'ont fait qu'aggraver la sinistralité dans le secteur de la
construction.
Les marges bénéficiaires des entreprises
deviennent de plus en plus réduites à cause du contexte
économique défavorable et de la concurrence très
prononcée ces dernières années se caractérisant par
la venue et l'installation d'entreprises européennes au Maroc
(principalement espagnoles et françaises).
A tous ces facteurs de risques tant techniques que financiers,
s'ajoutent les phénomènes de corruption, de malversation ainsi
que l'absence de contrôle des ouvrages en cours de construction par les
autorités locales aggravant ainsi la sinistralité des
constructions. Situation qui se traduit malheureusement parfois par
l'écroulement d'immeubles en cours de construction et la mort de
dizaines de personnes. Le cas de l'écroulement de l'immeuble de
Kénitra en 2008, qui s'est soldé par la mort de 18 personnes et
la blessure de 26 autres est l'exemple type qui corrobore le manque et
même l'absence totale des contrôles de l'administration.
Tous ces facteurs d'aggravation des risques liés
à la construction auraient pu être évités si la
législation marocaine était en mesure de répondre à
cette nouvelle situation caractérisée par la complexité
grandissante du secteur de la construction. La législation marocaine est
très en retard, voire obsolète et ne répond plus au
développement du secteur de la construction. Il est temps de revoir
cette législation pour la mettre à niveau, afin de
répondre aux exigences et contraintes du secteur de la construction.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Tous ces phénomènes créent des
problèmes d'organisation dans les chantiers ou engendrent des litiges
entre maître d'ouvrages et intervenants. Il est donc apparu
intéressant d'analyser la responsabilité des intervenants dans
l'acte de construire, tant à travers les législations marocaines
et ses jurisprudences, qu'à travers les législations d'autres
pays tels la Tunisie et la France.
La détermination et délimitation de la
responsabilité des intervenants suppose ; d'une part l'existence d'une
législation propre au secteur de la construction tel un code de la
construction, d'autre part les contrats qui lient le maître d'ouvrage aux
différents intervenants devraient être précis sur la nature
des missions qui seront réalisées par l'intervenant tout en
délimitant sa responsabilité. Par ailleurs, le corps de la
magistrature devrait se spécialiser pour pouvoir rendre des sentences
plus fondées et par conséquent plus pertinentes.
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
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PARTIE I : LA RESPONSABILITÉ CIVILE
DES DIFFÉRENTS INTERVENANTS DANS L'ACTE DE CONSTRUIRE
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Chapitre I - La responsabilité civile des
concepteurs de projets et ses limites
Le principe de la responsabilité civile n'est nullement
propre au secteur de la construction. C'est un vieux principe d'après
lequel tout dommage causé à autrui oblige celui par la faute
duquel il a été causé à réparer lorsqu'un
lien de causalité a été démontré comme
existant entre le dommage et l'acte commis. « La responsabilité
civile consiste à assurer à la victime la réparation d'un
dommage causé par un tiers. Par conséquent, elle ne se
conçoit traditionnellement qu'en présence d'un dommage
déjà réalisé, qu'il convient
précisément de réparer. »1
Le fait dommageable engendre une obligation légale
à la charge de l'auteur qui en est débiteur à
l'égard de la victime. La réparation se fait
généralement en numéraire au profit de la victime ou de
ses ayants droit. La responsabilité civile n'est donc pas fondée
que sur des préoccupations juridiques, mais également
fondée sur des préoccupations morales. Il est important que le
responsable d'un dommage le répare.
La responsabilité civile se rapproche par certains
aspects de la responsabilité pénale. Les deux formes peuvent se
combiner notamment lorsqu'il y a constitution de partie civile. Toutefois
à la différence de la responsabilité pénale, elle
est plus générale et n'est pas limitée : on enregistre de
plus en plus une évolution des faits entraînant la
réparation sur la base de la responsabilité civile. D'ailleurs,
on peut constater l'évolution de la responsabilité civile vers
une responsabilité civile préventive qui peut être «
sollicitée non seulement pour réparer un dommage actuel et
certain mais également pour prévenir un simple risque de dommage
qui ne s'est pas encore réalisé »2.
La condition sine qua non de la mise en oeuvre de la
responsabilité civile réside dans le fait de l'existence d'une
faute engendrant un dommage causé à autrui. L'importance du
dommage, le taux et la gravité du préjudice détermineront
la réparation nécessaire : à dommage total,
réparation totale. Par ailleurs, l'existence de plusieurs fautes ; quand
elles ont été à l'origine de la réalisation du
dommage ; peut entraîner un partage de la dette de réparation. Tel
le cas lorsque plusieurs personnes concourent à la réalisation du
dommage. Cette situation peut être illustrée par un cas courant
où le Bureau d'Études commet une faute de conception au niveau du
dimensionnement d'une structure porteuse et le bureau de contrôle ; qui
est censé
1 Bacache-Gibeili (M), Droit civil, T5, Les obligations, la
responsabilité civile extracontractuelle, Beyrouth, Éditions
DELTA, 2008, P 3
2 Ibid
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
contrôler son travail ; confirme son travail et donc
laisse passer la faute. Dans ce cas précis, la responsabilité
peut être partagée entre le BET et le BCT.
Il faut noter que l'ensemble des principes de la
responsabilité civile est régi par le DOC.
En résumé, la responsabilité civile est
couramment définie comme étant l'obligation mise à la
charge d'un responsable de réparer les dommages causés à
autrui en raison de sa faute.
La responsabilité civile doit être
distinguée de la responsabilité pénale. En fait le
préjudice causé à autrui dans le cadre de la
responsabilité pénale est un préjudice social et une
atteinte à l'ordre public. Il est suffisamment grave pour provoquer une
forte réprobation sociale et être érigée en
infraction tels l'homicide volontaire; l'émission de chèque sans
provision; le vol, etc...
Dans le cas de la responsabilité pénale, la
sanction est répressive et se traduit éventuellement par
l'emprisonnement, la privation de carnet de chèques, etc..
A travers et par la responsabilité civile, le droit
cherche à assurer aux individus la réparation de leurs dommages
privés afin de remettre les choses en état de rétablir un
équilibre. Dans ce cas, la sanction est indemnitaire et non
répressive.
La responsabilité peut dériver d'un contrat
produisant une responsabilité contractuelle régie par les
articles 723 et suivants du DOC et relatifs au contrats de louage de service ou
de louage d'ouvrages par opposition à la responsabilité
délictuelle ou quasi délictuelle régie par les articles 77
et suivants du DOC et qui oblige le responsable à réparer un
préjudice causé à autrui n'ayant aucun lien juridique avec
le responsable fautif au moment de la constatation du dommage. D'ailleurs, dans
le cadre de la construction, les deux types de responsabilité civile
peuvent cohabiter, se produire simultanément ou
séparément. Le cas pouvant illustrer ces situations
engendrées par un seul et même sinistre se résume en
l'écroulement d'une partie de l'ouvrage sur une rue touchant un passant
et dégradant l'entrée d'un magasin. Ce type de sinistre
générerait éventuellement trois types de dommages
engageant ainsi la responsabilité civile des intervenants dans l'acte de
construire.
En premier lieu, ce genre de sinistre génère des
dommages à l'ouvrage en cours de construction ce qui mettra en jeu la
responsabilité civile contractuelle des intervenants vis-à-vis du
maître d'ouvrage. Par ailleurs, cet écroulement va se traduire par
un dommage corporel touchant le passant et engageant ainsi la
responsabilité civile des intervenants vis-à-vis des tiers. En
dernier lieu, ce sinistre produira des dommages matériels correspondant
à la détérioration de l'entrée du magasin (dommage
matériel) ainsi qu'une perte d'exploitation (dommage immatériel)
due à la fermeture pour
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
réparation ce qui mettra en jeu la
responsabilité civile extracontractuelle des intervenants.
Ce genre d'accident illustre à quel point la
responsabilité civile des intervenants peut être importante voire
énorme suite à un sinistre. Cette remarque nous amène
à faire un lien entre le développement de la législation
et celui des assurances et des couvertures pouvant être offertes par les
assureurs au Maroc.
Il apparait clairement que le Maroc devrait se doter d'une
législation propre au secteur de la construction et l'harmoniser avec le
code des assurances afin de protéger, aussi bien les acteurs
économiques représentés par les promoteurs, les
intervenants dans l'acte de construire que le consommateur marocain.
D'ailleurs, si les compagnies d'assurance connaissent de
grandes difficultés à réassurer les risques marocains en
responsabilité civile, c'est en partie à cause de l'inexistence
et de l'absence de lois propres au secteur de la construction. Cette situation
défavorise, en grande partie, les professionnels du secteur de la
construction et génère de ce fait des litiges importants entre
maître d'ouvrage et professionnels du secteur de BTP.
Afin de délimiter la responsabilité tant
contractuelle que quasi délictuelle de chaque intervenant dans l'acte de
construire, il nous parait nécessaire de définir la fonction de
chacun de ces intervenants. Cette définition nous parait importante au
vu de l'amalgame et de la confusion souvent constatées dans les
différentes publications sur la fonction de l'architecte ainsi que celle
des ingénieurs. Cette confusion est d'autant plus marquée dans la
langue arabe par l'utilisation du mot « ingénieur » tant pour
les ingénieurs1 que pour les architectes2.
Par ailleurs, à ce jour le DOC ne définit
nullement les appellations et codifications des différents intervenants
dan l'acte de construire.
La définition et délimitation de fonction
permettrait aussi de comprendre dans quelle mesure la responsabilité
in solidum peut être utilisée en cas de litige ou de
conflit entre intervenants dans l'acte de construire3.
La responsabilité contractuelle de ces prestataires de
service ne pourra être engagée que s'il est apporté la
preuve :
- d'un comportement fautif,
- d'un préjudice,
1 LÏäåãáÇ
2
íÑÇãÚãáÇ L
ÏäåãáÇ
3 On a évité d'utiliser le mot
constructeur pour qualifier l'architecte ainsi que les prestataires de service
dans l'acte de construire tel qu'il est défini dans l'article 1792 du
code civil Français vu que ce terme est encore utilisé au Maroc
pour désigner l'entrepreneur (entreprise de construction) ou le
promoteur dans certains cas.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
- d'un lien de causalité entre ce comportement fautif et
le préjudice allégué.
Le comportement fautif serait interprété comme
tout manquement aux obligations prévues explicitement ou
découlant implicitement du contrat qui lie le prestataire (ou
l'entreprise dont il dépend) à l'autre partie.
Le comportement fautif pourrait ainsi s'agir de l'une (ou
plusieurs) des situations suivantes :
- d'une inexécution totale des obligations
contractuelles (absence de livraison d'un matériel, d'une commande,
d'une étude...),
- d'un simple retard dans l'exécution (retard dans les
délais dans lesquels le prestataire s'était engagé
à fournir sa prestation intellectuelle ou matérielle ...),
- ou d'une exécution dite défectueuse des
obligations (Exemple : préconisations de l'ingénieur qui se
seraient avérées dangereuses pour l'entreprise
conseillée...).
Si les obligations explicitement prévues dans le
contrat (obligations dites principales) ne posent guère de
difficultés pour être identifiées, il y a lieu de noter que
les tribunaux imposent d'autres obligations aux prestataires de service et
particulièrement à l'ingénieur, liées à sa
qualité d'homme de l'art, qui découlent implicitement du contrat
(obligations dites accessoires) et que l'ingénieur se doit pourtant de
respecter : il s'agit par exemple de l'obligation de conseil, du devoir
d'informer l'autre partie des éventuels risques liés à la
mise en oeuvre de telle ou telle préconisation, de l'obligation de
s'assurer de la sécurité des biens et des personnes dans
l'utilisation de tel ou tel outil ou dans la mise en oeuvre de tel ou tel
process industriel ou technologique...
Le présent chapitre traitera de la
responsabilité civile tant des architectes que des ingénieurs en
essayant de démontrer la difficulté de délimitation de
leurs responsabilité quasi délictuelle.
Section 1 - La responsabilité civile des
architectes en tant que maîtres d'oeuvres
Le rôle de l'architecte dans la gestion et le suivi de
chantier est d'une importance capitale en tant que maître d'oeuvre. Il
représente le maître d'ouvrage auprès de tous les
intervenants responsables de la réalisation du projet et veille au
respect de la
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
réglementation. Sa responsabilité est
très grande en cas de pathologie ou d'effondrement de
l'ouvrage.1
§ 1 - La fonction de l'architecte selon la loi
016-89
La profession de l'architecte est précisée par
l'article 1 de la loi N° 016-89 relative à l'exercice de la
profession d'architecte et à l'institution de l'ordre national des
architectes promulguée par Dahir n°1-92-122 du 10 septembre
19932.
L'architecte est la personne qui conçoit l'ouvrage et
détermine son programme selon sa destination. Il a un rôle
primordial dans la conception, la fonctionnalité et l'intégration
de l'ouvrage dans son environnement. Il fait partie des premières
personnes contactées par le maître d'ouvrage en vue
d'arrêter les premières esquisses et le choix de l'option
définitive de l'architecture de l'ouvrage. L'architecte est
généralement maître d'oeuvre pour les ouvrages qui ne
posent pas de difficultés techniques majeures. Dans le cas contraire,
deux possibilités peuvent être envisagées : - soit que la
maîtrise d'oeuvre est déléguée conjointement
à l'architecte et au bureau
d'études;
- soit que l'ouvrage pose des difficultés techniques
pouvant dépasser les
compétences de l'architecte ainsi que celles du bureau
d'études, auquel cas le maître d'ouvrage fait appel dans ce cas
à un groupement d'ingénieurs appelés en
général Ingénieurs conseils et qui possèdent les
moyens humains et techniques pour suivre de tels chantiers.
On tient à rappeler que la loi Marocaine N° 016-89
relative à l'exercice de la profession d'architecte et à
l'institution de l'ordre national des architectes promulguée par Dahir
N° 1-92-122 du 10 septembre 1993 exige de l'architecte un engagement
vis-à-vis du maître d'ouvrage pour suivre les travaux de
construction. D'ailleurs le permis de construire n'est délivré au
maître d'ouvrage que si les plans réalisés par l'architecte
comportent tous cet engagement écrit et signé.
1 Dans les deux affaires d'écroulement qui se sont
soldées par la mort de personnes (Kénitra en 2008 et Marrakech en
1989), la première personne qui a été inculpée et
mise en examen par la justice était l'architecte avant de rechercher la
responsabilité éventuelle des autres intervenants.
2Art 1 de la loi N° 016-89 : «
L'architecte est chargé de la conception architecturale des
bâtiments et des lotissements, de l'établissement des plans y
afférents et de la direction de leur exécution.
Il peut être également chargé du
contrôle de la sincérité des mémoires comptables des
entrepreneurs qui concourent à la réalisation des travaux
afférents aux actes précités.
Sous réserve des cas où la loi impose le recours
à un architecte pour l'accomplissement d'actes déterminés,
l'architecte assure tout ou partie des actes prévus au présent
article suivant le mandat qu'il reçoit de son client. »
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Par ailleurs, l'article 181 de la loi N°
016-89 précise l'incompatibilité de conception des projets et
exécution des travaux et interdit de ce fait à l'architecte de se
substituer à l'entreprise.
Il parait d'une façon claire que l'architecte est un
prestataire de service et ne participe pas à l'exécution des
travaux.
L'exercice de la profession d'architecte est
réglementé et la contrevenance à cette
réglementation est punie pénalement comme le précise
l'article 282 de la même loi
Par ailleurs, les architectes doivent contracter
obligatoirement une police d'assurance couvrant leur responsabilité
professionnelle tel le précise l'article 26 " ...une assurance couvrant
tous les risques dont il peut être tenu pour responsable etc.."
Par ailleurs, la loi 12.90 relative à l'urbanisme et
promulguée par Dahir N° 1-9231 du 15 Hijja 1412 (17 Juin 1992) a
consacré 5 articles (Art 50 54) à l'intervention de l'architecte
et de sa mission.
L'article 54 de la même loi a bien défini les
obligations de l'architecte vis-à-vis du maître d'ouvrage et a
responsabilisé les architectes du suivi obligatoire des travaux et du
contrôle de leur conformité avec les plans architecturaux
autorisés conformément au permis de construire
délivré par l'administration.
Cette remarque est d'une importance capitale vu que plusieurs
chantiers au Maroc ne bénéficient pas de ce suivi des travaux par
les architectes malgré la lourde responsabilité qu'ils
encourent.
Cet article met en avant l'obligation de résultat de
l'architecte dans le cadre de sa mission. Mais cette obligation ne peut
concerner que la partie relative aux études techniques et non les
démarches administratives entreprises par l'architecte en vue d'obtenir
l'autorisation de construire3, l'accord de modification des plans ou
encore le permis d'habiter.
Par contre, la jurisprudence française soutient la
thèse selon laquelle l'entrepreneur est tenu, sur le fondement de
l'article 1147 du Code civil, d'une obligation de résultat, alors que
l'architecte répond, pour sa part, d'une obligation de
moyen4.
1 « L'exercice, à titre privé, de la
profession d'architecte est incompatible avec toute fonction publique non
élective dans les services de l'État, des collectivités
locales ou des établissements publics. Il est également
incompatible avec l'exercice de la profession d'entrepreneur ou industriel,
fournisseur de matières ou objets employés dans la construction
».
2 « Est considéré comme exerçant
illégalement la profession d'architecte et est puni d'une peine
d'emprisonnement de 2 mois à 2 ans et d'une amende de 1.000 à
40.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement etc... »
3 Sup Ar N° 1973 du 16/5/2004 Dos N° 95/1/2169
4 Cas Ch Civ 3 Ar N° 10-21273 du 30 novembre 2011
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
§ 2 - Le contrat liant l'architecte au maitre
d'ouvrage et ses obligations
La contrat liant le maître d'ouvrage à
l'architecte est considéré tant par les juristes que par les
professionnels comme le contrat principal dans l'acte de construire vu que
l'architecte est considéré comme le chef d'orchestre dans le
chantier et le représentant du maître d'ouvrage devant tous les
intervenants en tant que maître d'oeuvre. Par ailleurs, le contrat
homologué d'architecte a responsabilisé l'architecte du respect
des règlements d'urbanisme et la conformité des plans avec le
permis de construire1. Le contrat liant l'architecte au maître
est de nature contrat d'entreprise
§ 3 - Sinistralité des architectes et
portée de l'article 769 du DOC sur la responsabilité civile des
architectes
Le Code d'Hammourabi roi de Babylone, écrit vers 1730
avant Jésus Christ, avait ; en son temps ; responsabilisé
l'architecte au point de lui infliger une peine pouvant aller jusqu'à la
mort en cas d'écroulement de son oeuvre et la mort de son
propriétaire2. Mais en ce moment, l'architecte, faisait
fonction de concepteur et de constructeur exécutant les travaux.
A nos jours, la construction est devenue tellement complexe et
de ce fait compliquée que la réalisation d'un ouvrage exige
l'intervention de dizaines voir de centaines de professionnels directs et
indirects3.
A travers l'article 769 du Dahir des Obligations et Contrats,
le législateur marocain a responsabilisé l'architecte au
même titre que l'ingénieur et l'entrepreneur de la solidité
de l'ouvrage dix après sa réception. Mais il y a lieu de noter
que cette responsabilité ; malgré qu'elle soit d'ordre public ;
elle n'intervient qu'en cas d'écroulement ou de menace
d'écroulement. En d'autres termes, elle n'intervient qu'en cas de
catastrophe. Or, la sinistralité des architectes n'est nullement
associée
1 Art 7 Al 1 : « Missions obligatoires :
...Suivre les travaux de construction, et en contrôler la
conformité avec les plans architecturaux et les indications de
l'autorisation de construire etc.... »
2 Le code de Hammourabi stipule : « Si un
architecte a construit pour un autre une maison, et n'a pas rendu solide son
oeuvre, si la maison construite s'est écroulée, et a tué
le maître de la maison, cet architecte est passible de mort.
Si c'est l'enfant du maître de la maison qu'il a
tué, on tuera l'enfant de cet architecte.
Si c'est l'esclave du maître de la maison qu'il a
tué, il donnera esclave pour esclave au maître de la maison.
Si c'est la fortune mobilière qu'il a détruite,
il restituera tout ce qu'il a détruit, et parce qu'il n'a rendu solide
la construction, et qu'elle s'est effondrée, il restaurera la maison
ruinée, à ses propres frais.
Si un architecte a construit une maison pour quelqu'un, et n'a
pas solidement basé son oeuvre, si un mur tombe, cet architecte
affermira ce mur, à ses propres frais. »
3 Le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme
et de la Politique de la Ville a recensé plus de 240 intervenants
professionnels directs et indirects dans l'acte de construire.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
qu'aux écroulements ou menace d'écroulement
puisque les études tant de structures que de sols sont faites par les
ingénieurs d'études. Elle est plutôt associée
à la maitrise d'oeuvre du chantier et aux pathologies liées au
fonctionnement de l'ouvrage telles que la conception d'escaliers non
confortables présentant des contremarches très haute ou/et des
marches pas assez larges, la conception de rampe d'accès au parking en
sous sol de l'immeuble raide, la conception de parking impraticable à
cause de la multiplicité de barrières tels les poteaux, etc...
Contrairement à d'autres législations
arabes1, cet article reste muet sur la solidarité entre les
intervenants. Mais la jurisprudence a expliqué dans certains jugements
ce mutisme comme une acceptation implicite de la responsabilité in
solidum2 entre intervenants3. Dans d'autres cas,
elle a estimé que ce concept de solidarité n'est pas
applicable4 et va à l'encontre de l'article 164 du
DOC5. En d'autres termes, même si l'architecte n'est pas
directement responsable de la solidité de l'ouvrage, le
législateur a voulu mettre implicitement un système de
solidarité entre les trois principaux intervenants ; à savoir
l'architecte, l'ingénieur et l'entreprise ; en cas d'écroulement
ou de menace d'écroulement de l'ouvrage après la
réception. Mais, cette hésitation de la jurisprudence ne
résout nullement la problématique de la solidarité des
intervenants en cas de dommages touchant l'ouvrage en cours de construction ou
après réception des travaux.
Il y a lieu de noter que le DOC a prévu le cas de
solidarité entre plusieurs personnes agissant en concert6 ou
encore le cas où la responsabilité est impossible à
déterminer entre plusieurs commettants7.
Cette situation serait certainement plus confortable pour les
tribunaux si l'assurance était systématiquement obligatoire pour
tous les intervenants dans l'acte de construire.
Section 2 - La responsabilité des
ingénieurs spécialisés
1 Cd Civ Algérien Art 554 Cd Civ
Égyptien Art 651
2 Ap de Rabat Ar du 28 Décembre 1938 :
Responsabilité in solidum de l'architecte avec l'entrepreneur
pour des dommages à la villa du maître d'ouvrage
conséquents à l'utilisation d'un sable argileux.
3 EL ARARI (A), ÈÑÛã
áÇÈ
íÑÇãÚãáÇ
ÓÏäåãáÇæ
áæÇÞãáá
ÉíÏÞÚáÇ
ÉíáæÄÓãáÇ ,
Traduction Libre: La responsabilité contractuelle de l'entrepreneur et
de l'architecte au Maroc, , Rabat, DAR AL AMANE, 2010, p 162
4 Sup Ar du 9/6/1971 in Revue des
arrêts de la cour suprême N° du 23 Octobre 1971
5 Art 164 du DOC stipule : « La solidarité
entre les débiteurs ne se présume point ; elle doit
résulter expressément du titre constitutif de l'obligation, de la
loi, ou être la conséquence nécessaire de la nature de
l'affaire. »
6 V Art 99 du DOC
7 V Art 100 du DOC
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Afin de réaliser un projet de construction, le
maître d'ouvrage fait appel à des ingénieurs de
différentes spécialités et dont les responsabilités
ne sont délimitées que par le contrat ou par les us et
coutumes du secteur : l'ingénieur de Béton Armé,
l'ingénieur Géotechnicien, l'ingénieur
Géomètre Topographe, l'ingénieur de fluides,
l'ingénieur électricien et l'ingénieur Contrôleur.
Certes, lorsque le projet de construction dépasse une certaine
importance, le maître d'ouvrage peut faire appel à d'autres
spécialités d'ingénierie tels les ingénieurs
thermiciens, acousticiens, etc...
La responsabilité juridique de l'ingénieur, que
celui-ci oeuvre dans le secteur public ou privé, s'est
considérablement développée voire accrue durant ces
dernières années : mises en cause pénale, civile ou
administrative, et ce à l'initiative d'une ou de plusieurs victimes,
d'une entreprise concurrente, ou exceptionnellement de l'employeur. En d'autres
termes, l'exercice de la profession d'ingénieur ne se conçoit
plus sans une analyse préalable du risque juridique.
Cette évolution est due à plusieurs facteurs
:
- une « judiciarisation » des relations sociales et
professionnelles : ceux qui s'estiment ; à tort ou à raison ;
fondés à demander des comptes à l'ingénieur sur son
action, qu'ils considèrent comme fautive, le font désormais
fréquemment par la mise en oeuvre d'une action judiciaire. Il s'agit
pour eux de trouver et désigner un « responsable » du dommage
causé, et un débiteur (si possible solvable) pour réparer
financièrement ce dommage. D'ailleurs cette situation est très
observée en matière de responsabilité médicale;
- le législateur français ; plus que le
législateur marocain ; a certainement contribué lui-même
à cette évolution des comportements : sensible à
l'évolution des mentalités vers la « victimisation »,
les textes spécifiques dans les domaines les plus variés se sont
multipliés et permettent ainsi la mise en cause ; y compris
pénale ; des décideurs au sens large et des professionnels
prescripteurs (mise en danger d'autrui, harcèlement moral,
discrimination...). Ainsi, la sophistication des biens et services offerts
s'accompagne d'une exigence concomitante du « risque zéro »
dans l'esprit des usagers et des consommateurs, induisant la mise en cause
subséquente de l'homme de l'art. Notons que la science de gestion des
risques a démontré que le risque « égal zéro
» n'existe nulle part ;
- enfin et à vrai dire, l'évolution, la
complexité et la sophistication du métier de l'ingénieur
lui-même participent à cette augmentation du risque juridique :
les fonctions exercées sont de plus en plus étendues (conception
et réalisation technique d'un équipement ou d'un produit, conseil
ou expertise scientifique et technique sur une organisation, la mise en place
d'un procédé de construction, encadrement de personnes gestion
d'une équipe, etc...)
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
- les secteurs d'intervention évoluent également
dans des domaines nouveaux et à risque (environnement, industrie
agroalimentaire, ingénierie de la sécurité,
développement durable etc...).
La position de l'ingénieur est à la
croisée des chemins entre la prise de décision et la mise en
oeuvre d'une décision. Dans certaines situations, l'ingénieur
peut subir des contraintes directes ou indirectes d'ordre politique,
hiérarchique, économique, social et culturel, qui
échappent à son contrôle et à son arbitrage, sans
que ces circonstances extérieures valent pourtant pour lui
exonération de responsabilité.
Devant le constat de l'augmentation du risque juridique,
l'ingénieur ne doit pas pour autant trouver dans ces
considérations une excuse à freiner son activité et
inhiber ses initiatives. Par contre, il doit mettre en garde ses mandants le
cas échéant, et si nécessaire en prendre la parfaite
mesure et être suffisamment informé des risques lui permettant de
concevoir et réaliser son action avec toute la prudence et le
discernement que le maitre d'ouvrage et les entreprises ont droit d'attendre
d'un homme de l'art.
§ 1 - Responsabilité civile des
ingénieurs dans le cadre du DOC
Contrairement à l'unicité de
spécialisation du métier d'architecte, celui de
l'ingénieur renferme plusieurs spécialités. Il serait
difficile d'étudier la responsabilité de chaque métier
mais nous nous contenterons des principales d'entre elles à savoir
l'ingénieur BET, l'ingénieur géotechnicien et
l'ingénieur contrôleur.
La première spécialité rencontrée
sur un chantier est celle de l'ingénieur de Béton Armé
appelé communément Bureau d'Études Techniques (BET) ou
encore ingénieur déstructure.
Sa responsabilité peut être mise en cause en cas
de pathologie de l'ouvrage trouvant son origine dans une faute de calcul ou de
conception d'une structure porteuse ; et qui n'est autre que la personne
physique ou organisme clé pour la solidité et la stabilité
de l'ouvrage. Le BET comprend un ou plusieurs ingénieurs qui seront
chargés par le maître d'ouvrage d'étudier les structures de
l'ouvrage et de dresser les plans d'exécution tels les plans de
coffrages et les plans de ferraillages.
Les plans réalisés par le Bureau d'Études
sont faits et conçus sur la base des plans de l'architecte. Le bureau
d'études essaie de respecter l'idée architecturale avancée
par l'architecte tout en veillant à la solidité et la
stabilité de l'ouvrage.
Comme l'architecte, le bureau d'études est un
prestataire de service et ne participe pas à l'exécution des
travaux.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Il est actuellement impensable de réaliser un ouvrage
important sans faire appel à ingénieur géotechnicien ou
désigné aussi par l'appellation « laboratoire
géotechnique ». Son rôle est d'étudier le sol et de
déterminer ses principales caractéristiques afin de
dégager, cerner et contrecarrer les difficultés de construction
liées à la nature et la morphologie du sol et proposer par
delà un système de fondations adéquat. Certes, l'appel
à ce genre d'organisme n'est pas toujours automatique et non obligatoire
dans toutes les constructions mais néanmoins son association aux grands
projets n'est plus discutable.
Le laboratoire géotechnique est aussi un prestataire de
service et ne participe donc pas à l'exécution des travaux.
Sa responsabilité pourrait être retenue au cas
où l'origine des dommages émane d'un vice de sol
L'ingénieur Contrôleur appelé aussi Bureau
de Contrôle Technique (B.C.T): a pour mission de contribuer à la
prévention des différents aléas techniques susceptibles
d'être rencontrés dans la réalisation des ouvrages.
Il intervient à la demande du maître de l'ouvrage
et donne son avis à ce dernier sur les problèmes d'ordre
technique. Cet avis porte notamment sur les problèmes qui concernent la
solidité de l'ouvrage et la sécurité des personnes.
D'ailleurs, en assurance décennale, son intervention est obligatoire.
A travers son intervention, le rôle du bureau de
contrôle est donc de minimiser les risques et diminuer par
conséquent les accidents sur chantier ainsi qu'après la
réception des travaux.
Le bureau de contrôle est aussi un prestataire de
service et ne participe donc pas à l'exécution des travaux vu le
rôle important joué par le BET dans la réalisation de
l'ouvrage, sa responsabilité est sont entretienne pour des dommages
constatés en période décennale.
Les sociétés de coordination : Leur rôle
est de veiller à la coordination entre les différents corps
d'état dans un chantier. Le déroulement des différentes
tâches dans le temps est d'une importance capitale afin de respecter le
planning arrêté lors de l'ouverture du chantier. Les
sociétés de coordination sont généralement
gérées par des ingénieurs qui ont une grande et longue
expérience dans la construction. Mais on peut noter que les
maîtres d'ouvrages ne font appel à ces sociétés que
dans le cas d'ouvrages assez importants.
Ces sociétés sont aussi des prestataires de
service et ne participent donc pas à l'exécution des travaux.
Le métier d'ingénieur dans son contexte
général est un métier technique utilisant des
règles de calcul dont les hypothèses sont basées sur la
connaissance d'un coté de la réaction des matériaux face
à des situations de travail et de contraintes spécifiques, et
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
d'autre part par la connaissance des méthodes
d'exécution des travaux utilisés par les entreprises pour la
réalisation des projets dont ils ont la responsabilité.
Le Dahir des Obligations et Contrats a consacré une
série d'articles allant de l'article 746 à l'article 758 bis au
louage de service et de travail. Mais, il y a lieu de préciser que ces
articles semblent ne pas s'adapter aux contrats d'ingénierie mais
s'adaptent beaucoup plus aux contrats de travail liant des employeurs à
leurs employés. Ils relatent plus une relation de subordination alors
que la relation qui lie ces différents ingénieurs au maître
d'ouvrage n'est nullement un contrat de travail mais un contrat à
caractère commercial, donc un contrat d'entreprise.
La responsabilité contractuelle est plus explicite dans
la partie réservée au louage d'ouvrage. Par ailleurs, c'est
l'article 769 qui a défini la responsabilité de
l'ingénieur quand à la solidité de l'ouvrage pendant dix
ans et ce à compter de l'achèvement des travaux. Cet article
retient clairement la responsabilité de résultat et écarte
le soupçon de responsabilité de moyens. L'article 769 retient la
responsabilité de l'ingénieur en cas d'écroulement ou de
menace d'écroulement dus à un vice de construction qui se
comprend comme une faute d'exécution de travaux, aux vices des
matériaux ou au vice de sol.
Même si les investigations de l'ingénieur
géotechnicien responsable de l'étude géotechnique du sol
se basent sur des sondages ; en l'occurrence sur des probabilités ;
l'article retient sa responsabilité dans le sens d'obligation de
résultat. En d'autres termes, si un sinistre trouve son origine dans le
sol soit par un tassement différentiel par exemple ou une circulation
d'eau souterraine entrainant des pathologies de l'ouvrage et se traduisant par
un écroulement ou une menace d'écroulement ; même partiel
soit il ; la responsabilité de l'ingénieur géotechnicien
peut être retenue et sera de ce fait débiteur de réparation
à l'égard du maître d'ouvrage. Particulièrement,
cette situation des ingénieurs géotechniciens est délicate
vu que ces derniers défendent toujours le concept de
responsabilité de moyens puisque leur travail scientifique se base sur
des sondages et des calculs de probabilité et de statistiques.
Le même raisonnement peut être appliqué aux
ingénieurs des Bureaux de Contrôles puisque ces derniers exercent
leur contrôle non pas sur la totalité de l'ouvrage mais seulement
sur les éléments de la structure porteuse les plus
vulnérables donc les plus chargés en général. Comme
les géotechniciens, les contrôleurs travaillent par sondage.
Actuellement, une grande discussion sur l'obligation des
ingénieurs et sa nature : est elle une obligation de moyens ou au
contraire une obligation de résultats? Cette question nous renvoie aux
méthodes utilisées : sont elles des méthodes techniques
approuvées dans le temps et de ce fait peuvent produire des
résultats certains ou par contre sont elles des méthodes
probabilistiques et ne sont donc fiables que dans une certaine proportion.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
L'article 769 du DOC retient la responsabilité des
trois intervenants ; l'architecte, ingénieur et entrepreneur ; en cas de
pathologie liées au vice du sol. Explicitement, le vice de sol est
considéré comme une obligation de résultat et non de moyen
alors que la géotechnique en tant que science étudiant la
géologie du sol à un niveau micro et non macro et de sa
constitution ne se base que sur des sondages éparpillées sur le
terrain qui recevra l'ouvrage. Ces résultats d'études
géotechniques peuvent être faussés par la non
détection d'un karst1, ou encore une couche d'argile
compressible non détectée entre deux sondages. Cette situation
des ingénieurs géotechniciens pourrait être comparable
à celle des médecins : L'obligation du médecin est une
obligation de résultat ou de moyen ? Est ce que le médecin qui
prescrit un traitement à son patient est responsable de la
guérison de ce dernier ?
En d'autres termes, l'intervention des ingénieurs
diffèrerait d'une spécialité à une autre et de ce
fait leur responsabilité serait différente selon leur
intervention et leur spécialité.
§ 2 - Délimitation des responsabilités
des concepteurs du projet par rapport aux exécutants des travaux
La conception intellectuelle d'un ouvrage ainsi que sa
réalisation font appel à plusieurs intervenants. Leurs
responsabilités diffèrent selon les missions contractuelles
qu'ils ont souscrites avec le maître d'ouvrage en tant que client et
futur propriétaire de l'ouvrage réalisé. Ces
responsabilités se divisent en deux grandes parties: les
responsabilités de conception de l'ouvrage incombant aux concepteurs
(architectes, ingénieurs, etc..) et qui se limitent à un travail
intellectuel et les responsabilités d'exécution de l'ouvrage
(Entreprises d'exécution des travaux) se limitant à
l'exécution des travaux sur la base des études techniques
réalisées par les concepteurs.
Le vrai problème qui se pose pour les concepteurs et la
délimitation de leur responsabilité en cas de sinistre est celui
de savoir si leur obligation est une obligation de moyens ou une obligation de
résultats. Nous avons essayé de montrer que la réponse
à cette question ne peut pas être automatique mais dépend
de deux paramètres :
- Le métier analysé : Le métier
d'ingénieur diffère beaucoup de celui de l'architecte.
Leurs métiers ; quoi qu'ils soient
complémentaires ; génèrent des responsabilités
différentes dont les conséquentes peuvent être aussi
différents. Le cas de l'architecte sur une estimation des travaux se
traduira par une perte financière, alors que l'ingénieur qui se
commettra une erreur de calcul, la conséquence peut se
1 Karst est un vide naturel dans le sol
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
traduire par une pathologie du bâtiment. La nature du
métier générera des fautes et des conséquences
différentes.
- La nature de la mission confiée au professionnel :
Cette nature a une importance capitale dans la définition de
l'obligation envers le maître d'ouvrage. La mission confiée
à un BET consistant en l'étude des structures d'un bâtiment
simple et pour lequel la connaissance technique est suffisante pour offrir un
résultat sûr ne sera certainement pas la même que celle d'un
BET auquel on lui confie l'étude d'une digue et pour laquelle les
professionnels n'ont suffisamment de reculs pour les résultats
pouvant
A notre avis, la nature de l'obligation devrait être
analysée dans le cadre de la nature et de la profession et de la mission
confiée au concepteur.
§ 3 - Sinistralité des métiers
d'ingénieurs
Les ingénieurs ; contrairement aux architectes ; ne se
focalisent que sur l'aspect technique de l'ouvrage. Leur rôle s'inscrit
principalement dans la solidité et la pérennité de
l'ouvrage. Certes une catégorie d'ingénieurs a un autre
rôle d'étude du confort et de l'économie d'énergie
dans les bâtiments tels les ingénieurs thermiciens mais s'inscrit
toujours dans un cadre technique de la réalisation de l'ouvrage.
La sinistralité des ingénieurs est très
vaste et dépend de la fonction de l'ingénieur et de son
rôle dans la conception de l'ouvrage. En d'autres termes, leur
sinistralité ne peut être exhaustive d'autant plus qu'elle
évolue dans le temps en adéquation avec l'évolution des
techniques et matériaux nouvellement utilisés dans le secteur du
BTP. L'étude de sinistralité des ingénieurs nous permet
notamment d'étudier et d'analyser les cas de mise en cause de leur
responsabilité délictuelle et de mettre en place des moyens de
prévention tant techniques que juridiques pour enrayer ou minimiser
l'impact de cette responsabilité.
Cas des Ingénieurs de structures (BET)
Le rôle de ces ingénieurs est primordial dans la
conception de l'ouvrage. Ils interviennent pour mettre en place la conception
technique de l'ouvrage et définir les structures porteuses permettant
à l'ouvrage de résister aux différentes charges et
surcharges qu'il va subir tout le long de sa vie. La responsabilité
délictuelle de ces ingénieurs peut être retenue dans
certains cas.
Cas des ingénieurs géotechniciens
(Communément appelés Laboratoires)
Les ouvrages qu'ils soient des bâtiments, ou de
génie civil tels les barrages, routes, silos, etc ... reposent sur le
sol. Leur assise doit être étudiée avant leur
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
réalisation, d'autant plus que les charges permanentes
(poids propre de l'ouvrage) ainsi que les surcharges d'exploitation (qu'elles
doivent supporter en plus de leur propre poids) seront transmises directement
au sol formant l'assise de l'ouvrage et devant normalement les supporter. Afin
de mettre en place les fondations adéquates, il sera nécessaire
tout d'abord de connaitre les différentes caractéristiques du
sol. Pour cette raison technique, les maîtres d'ouvrage font appel
à des géotechniciens qui vont faire des
prélèvements d'échantillons appelées carottes afin
d'analyser d'une part les constituants du sol et d'en déduire ensuite
les caractéristiques physico-chimiques et mécaniques du sol. Ces
études permettent de définir notamment les types de fondation
à utiliser pour l'ouvrage (Semelles isolées, semelles filantes,
pieux, radiers, etc...). Leur intervention peut engendrer des dommages à
l'ouvrage tant durant la construction qu'en période décennale. La
responsabilité délictuelle de ces ingénieurs peut
être retenue dans certains cas.
Cas des ingénieurs géomètres topographes
Les ingénieurs topographes encourent de lourdes
responsabilités se traduisant parfois par des dommages financiers
très importants. Leur intervention est d'une importance capitale pour la
réussite du projet. Les fautes généralement
constatées dans ce métier pourraient être
résumées comme suit :
- Erreur d'implantation de terrain se traduisant par le
piétinement sur des terrains mitoyens de tiers ;
- Mauvaise estimation de superficies rendant l'exécution
des travaux impossible ; - Erreurs de relevés de niveaux rendant les
travaux d'exécution impossible.
Mais il y a lieu de noter que les fautes constamment
observées dans ce métier est celui des erreurs d'implantation de
bâtiments nouveaux se soldant par des empiétements sur des
terrains mitoyens généralement non encore bâtis. Même
si la jurisprudence va dans le sens de ne pas ordonner la destruction du
bâtiment ou du moins la partie qui empiète sur la
propriété d'autrui, les tribunaux ordonnent le
dédommagement de la victime.
Cette situation corrobore et explique la volonté du
législateur à imposer l'obligation d'assurance couvrant la
responsabilité professionnelle des ingénieurs
géomètres topographes au Maroc.
Cas des Coordinateurs (Sociétés de
coordination)
Les projets de construction deviennent de plus en plus
compliqués et complexes et le nombre parfois impressionnant du nombre de
professionnels de la construction sur un même chantier amène les
maîtres d'ouvrage à engager des sociétés
professionnelles de coordination qui se chargent notamment de la coordination
des différentes tâches sur chantier. Le rôle de ces
sociétés est primordial pour la bonne
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
marche des travaux et leur responsabilité est
entièrement engagée vis-à-vis du maître d'ouvrage en
cas d'accidents, de retards ou de chevauchements des travaux produisant des
dommages à l'ouvrage.
Les fautes pouvant incomber aux sociétés de
coordination et pouvant par delà voir leur responsabilité
engagée sont diverses dont les principales sont les suivantes : -
Chevauchement de tâches qui doivent se suivre normalement ;
- Absence de communication avec les intervenants engendrant des
conflits entre les entreprises ;
- Absence d'anticipation sur les problèmes pouvant
entraver les travaux sur chantier ;
- Communication d'informations erronées,
incomplètes ou en retard aux professionnels sur chantier.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Conclusion du chapitre
Les métiers des concepteurs, qu'ils soient architectes
ou ingénieurs, peuvent être ; à toute phase du
process de construction ; des producteurs de risques et de ce fait
être responsables de sinistres touchant l'ouvrage qu'ils réalisent
ou encore les biens d'autrui tels les bâtiments mitoyens par la faute de
leurs études. Ces risques peuvent être gérés et
amoindris dans la mesure du possible par l'utilisation de méthodes
scientifiques de Risk Management. Mais ces méthodes ne peuvent
suffire à elles seules si la législation n'est pas au niveau de
répondre à des situations de responsabilité des
différents métiers d'ingénierie participant à la
réalisation du projet. Il parait nécessaire de définir les
métiers d'ingénieurs et délimiter leur
responsabilité selon leur métier et leur intervention sur
chantier. Cette situation de conflits naissant entre maitres d'ouvrage et
concepteurs ne trouvera aucune issue tant que la législation actuelle
est maintenue en l'état et n'est pas revue rapidement.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Chapitre II - La responsabilité civile des
entreprises d'exécution des travaux et les difficultés
liées à la sous
traitance
Les entreprises de construction ; au cours de leurs ; peuvent
commettre des fautes qui peuvent s'avérer fatales pour la
pérennité de l'ouvrage. Ces fautes peuvent apparaitre durant la
période des travaux ou encore après leur réception,
provenir d'un manquement contractuel ou tout simplement d'une faute quasi
délictuelle. Les sections qui suivront essaieront de traiter la
responsabilité des entreprises de construction ; tant celles des gros
oeuvres que celles du second oeuvre ; tout en mettant en relief les
difficultés de traitement de responsabilité des sous traitants en
l'absence de textes législatifs qui gèrent cette catégorie
d'intervenants sur chantier.
Section 1 - La responsabilité civile des
entreprises de Gros oeuvre et second oeuvre dans le cadre du DOC
En construction, il existe deux grandes classes d'entreprise
à savoir l'entreprise de gros oeuvre et les entreprises de second
oeuvre.
L'entreprise de gros oeuvre est l'entreprise de construction
proprement dite. C'est elle qui va réaliser l'ouvrage sur la base des
différents plans et coupes de l'architecte et du bureau d'études.
Elle doit suivre les recommandations du maître d'oeuvre en cas de
difficulté d'exécution d'une tâche. Elle doit aussi
respecter les clauses du marché conclu avec le maître d'ouvrage et
se conformer aux spécifications techniques de réalisation
portées sur le cahier de prescriptions spéciales ( CPS ). Son
expérience et son savoir faire sont primordiaux pour la
réalisation de l'ouvrage. Elle détient en général
la plus grosse part du marché. Théoriquement, elle devrait donc
être la première à être intéressée par
la souscription d'une police TRC plus que tout autre intervenant.
Il existe des chantiers où l'entreprise réalise
tous les travaux et délivre un ouvrage clef en main. Dans ce cas, on
parlera d'entreprise générale.
Les entreprises de second oeuvre sont multiples et ont pour
tâche d'exécuter des travaux autres que la construction. Leur
liste n'est pas exhaustive et leur intervention dépend de la nature de
l'ouvrage. Ces sociétés peuvent avoir le statut de sous-traitant
de l'entreprise générale ou travailler pour leur propre compte et
avoir dans ce cas un contrat direct avec le maître d'ouvrage. Ces
entreprises peuvent réaliser les travaux
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
tels que la plomberie, l'électricité, le montage
d'ascenseur, les travaux d'étanchéité, la pose de
carrelage, etc...
Le travail de ces entreprises qu'elles soient entreprise
générale ou de second oeuvre produit des situations de
chevauchement. Le travail sur un même lieu et en même
période génère des sinistres qui peuvent incomber à
une entreprise ou à plusieurs entreprises en même temps. La
délimitation du champ d'action de ces entreprises pose le
problème de délimitation de responsabilité en cas de
sinistre. Le départage de ces entreprises et la désignation de la
part de responsabilité ne sont pas toujours aisé sur chantier. Le
problème se pose avec acuité lorsque le sinistre est exclu de la
police d'assurance qui les couvre ou que l'un des intervenants n'est pas
assuré. Nous rappelons que l'assurance tant en période de
travaux, qu'en période décennale n'est pas obligatoire au
Maroc1.
§ 1 - Les fautes d'exécution des travaux en
cours de travaux et en période décennale
La responsabilité tant de l'entreprise de gros oeuvre
que celles du second oeuvre peut être retenue en période de
travaux. Cette responsabilité s'inscrit dans le cadre contractuel liant
ces entreprises au maître d'ouvrage ou dans le cadre délictuel
vis-à-vis des tiers (cas de dommage causé par une entreprise
à une autre entreprise au niveau de son matériel ou ses
fournitures dans le même chantier). Mais l'exécution des travaux
génère des sinistres engageant ainsi la responsabilité des
constructeurs. Ces situations ne sont pas toujours aisées et peuvent
générer des conflits entre entreprises et maître d'ouvrage
ou encore entre entreprises en tant qu'assurées et assureurs. La
difficulté d'interprétation des responsabilités des
intervenants peut être illustrée par le cas réel suivant
:
Dans le cadre de son contrat qui la lie avec le maître
d'ouvrage, l'entreprise a réalisé des poutres
dédiées à un pont. Lors de la pose de ces poutres, le
maître d'ouvrage a constaté que la résistance contractuelle
du béton n'était pas atteinte. Le maître d'ouvrage a
refusé de les réceptionner vu que la résistance du
béton n'atteint pas la résistance contractuelle.
Après maintes investigations et tests non destructifs
sur les poutres, l'expertise n'a pas pu déterminer l'origine de la chute
de résistance de béton.
Dans ce cas précis, l'entreprise s'est trouvée
dans une situation des plus fâcheuses puisque d'un coté le
maître d'ouvrage a refusé de réceptionner les poutres
1 L'assurance construction n'est obligatoire que pour les
marchés de l'État. A ce propos, voir Art. 24 du CCAGT
approuvé par le décret N° 2-99-1087 du 29 Moharrem 1421 - 4
mai 2000
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
confectionnées et de l'autre côté
l'assureur a rejeté le sinistre en avançant l'argument d'absence
de dommage et que la résistance est d'ordre contractuel et ne peut en
aucune manière être couverte par la police Tous Risques Chantiers
qui couvre les travaux de l'entreprise assurée. Rappelons
néanmoins que la police TRC ne couvre pas les contractuels manquant.
Il y a lieu de noter que les us et coutumes du
secteur du BTP hérités du système français divise
la période de responsabilité contractuelle des entreprises de
construction en deux périodes : la période de travaux proprement
dite allant de la date de début des travaux concrétisée en
général par un ordre de service émanant du maître
d'ouvrage et une période appelée période de maintenance
s'étalant de la réception provisoire (fin des travaux) à
la réception définitive. La responsabilité contractuelle
des entreprises vis-à-vis du maître d'ouvrage continue et
s'étend à la période dite de maintenance comprise entre la
réception provisoire et la réception définitive. En
d'autres termes, le transfert de propriété ne se fait qu'au
moment de la réception définitive.
Quant à la période décennale
commençant à compter de l'achèvement des travaux pose un
grand problème juridique. En fait, l'article 769 du DOC utilise deux
termes pour désigner la fin de travaux et le commencement de la
période décennale : « achèvement des travaux »
et « la réception ». Or, le secteur du BTP utilise et pratique
deux réceptions comme on vient de le préciser. La question
posée est de taille : la responsabilité civile décennale
telle qu'elle est définie dans le DOC commence à courir à
partir de la réception provisoire ou bien à partir de la
réception définitive ?
Cette situation est très visible et ressentie lors de
la souscription des polices décennales et la discussion engagée
entre assureurs et assurés relative à la date d'effet de la
police. Les assureurs marocains proposent la réception provisoire comme
point de départ de la RCD vu que la plupart des maîtres d'ouvrage
commencent à exploiter leurs ouvrages à partir de la
réception provisoire. Quant aux assurés, ils
préfèrent en général la réception
définitive et ce afin de gagner une année d'assurance.
Il y a lieu de noter que le CCAG-T a résolu ce
problème pour les marchés publics et a
décrété dans son article 24 que la responsabilité
civile décennale commence à courir à compter de la
réception définitive.
Il faut remarquer que cette situation n'est pas aisée
et est source de beaucoup de malentendus et de litiges entre les intervenants
dans l'acte de construire. L'existence de ces deux réceptions pose
beaucoup de problèmes d'ordre juridique et judiciaire puisque l'acte de
réception a des effets juridiques de garantie. Contrairement au
législateur marocain, le législateur français a
résolu ce problème en instituant une
Mohamed Jamal BENNOUNA Page 30 sur
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
seule réception « Les marchés de travaux
prévoyaient généralement une réception en deux
temps, l'une provisoire, l'autre définitive : désormais la
réception est unique » 1.
§ 2 - Les vices cachés en cours de travaux et
après réception des travaux
En l'absence d'un code propre à la construction, les
problèmes liés aux vices de construction en période de
travaux sont réglementés dans un cadre contractuel
général du DOC et c'est l'article 89 qui pose les règles
générales des vices cachés2.
Quant aux marchés publics, les vices de construction en
période de travaux sont réglementés par l'article 41 du
CCAGT-T3
La période de maintenance comprise entre la
réception provisoire et la réception définitive n'est pas
régie par une loi. Elle ne l'est que pour les marchés publics
dans le cadre du CCAGT-T qui définit et impose une garantie de parfait
achèvement et qui s'étale entre la réception provisoire et
la réception définitive4. En d'autres termes, les
marchés de travaux privés ne sont régis que par le contrat
liant le maitre d'ouvrage aux constructeurs ou dans des cas par les coutumes et
pratiques courantes et habituelles du secteur.
§ 3 - Les effets juridiques de la réception des
travaux
Telle qu'elle est pratiquée par les professionnels du
BTP, la réception est un acte à caractère juridique d'une
part et unilatéral d'autre part ; émanant de la seule
volonté du maître de l'ouvrage. L'importance et la
complexité d'un ouvrage demandent en général des examens
et tests techniques étalés sur plusieurs jours et ce en
présence et
1 Lambert-Faivre (Y), Risques et assurances des
entreprises, Paris, Éditions DALLOZ, 1991, P 709
2 Art 89 «Le propriétaire d'un
édifice ou autre construction est responsable du dommage causé
par son écroulement ou par sa ruine partielle, lorsque l'un ou l'autre
est arrivé par suite de vétusté, par défaut
d'entretien, ou par le vice de la construction. .....Lorsqu'un autre que le
propriétaire est tenu de pourvoir à l'entretien de
l'édifice, soit en vertu d'un contrat, soit en vertu de l'usufruit ou
autre droit réel, c'est cette personne qui est responsable.
3 Art 41 « Lorsque le maître d'ouvrage
présume qu'il existe un vice de construction dans un ouvrage, il peut,
jusqu'à l'expiration du délai de garantie, prescrire par ordre de
service motivé les mesures de nature à permettre de
déceler ce vice. Ces mesures peuvent comprendre, le cas
échéant, la démolition partielle ou totale de l'ouvrage
présumé vicieux. »
4 Art 67 « Le délai de garantie est,
sauf stipulation contraire du cahier des prescriptions spéciales ou du
cahier des prescriptions communes, égal à la durée
comprise entre la réception provisoire et la réception
définitive. Pendant le délai de garantie, indépendamment
des obligations qui peuvent résulter pour lui de l'application de
l'article 68 ci-après, l'entrepreneur est tenu à une obligation
dite « obligation de parfait achèvement » au titre de laquelle
il doit, à ses frais : ... »
Mohamed Jamal BENNOUNA Page 31 sur
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
la participation de plusieurs corps de métiers. Mais un
seul procès-verbal est cependant dressé et signé par les
participants pour marquer une date unique comme point de départ des
différentes garanties à la charge de tous les professionnels
intervenant dans la réalisation du projet.
La réception est prononcée
«contradictoirement », c'est-à-dire que l'entrepreneur doit
être présent ou appelé à la réception, mais
celle-ci demeure un acte unilatéral, et l'entrepreneur n'a pas à
y donner son consentement.
L'acte de réception est un acte des plus importants
dans la construction. Il marque en effet deux effets juridiques : le transfert
de propriété de l'entreprise vers le maître d'ouvrage et le
commencement de garanties restant à la charge de l'entreprise. Les
entreprises ont la responsabilité de parfaire la construction et de
réparer les vices détectés au moment de la
réception provisoire. Le procès verbal de la réception
ainsi établi va comporter des réserves que l'entrepreneur qui en
est responsable doit lever avant le prononcé de la réception
définitive. Même si le contrat liant le maître d'ouvrage aux
entreprises spécifie une période ; généralement
d'une année; séparant les deux réceptions, il arrive
très souvent que le prononcé de la réception
définitive prend plus d'une année après l'acte de la
réception provisoire. Les raisons de ce retard sont multiples et peuvent
dans certains cas exprimer la mauvaise volonté du maître d'ouvrage
à vouloir garder l'entreprise sur les lieux et continuer la garde du
chantier. Dans le cas de la France, les effets juridiques de l'acte de
réception se résument comme suit :
- L'exonération de responsabilité des
constructeurs des vices apparents ce qui vaut
acceptation des travaux par le maitre d'ouvrage.
- La réception marque le point de départ de tous
les délais de prescription. En effet, l'article 2270 du Code civil a
unifié le départ de trois délais; à compter de la
réception ;à savoir :
? le délai d'un an de garantie de parfait
achèvement servant à parfaire la
construction et lever les réserves émises dans
le procès verbal de la réception ; ? le délai minimal de
deux ans de garantie de bon fonctionnement des éléments
d'équipement du bâtiment ;
? le délai de dix ans de la responsabilité des
constructeurs dont le point de départ n'est plus reporté comme
auparavant à la date de la levée des réserves
émises dans le procès verbal de la réception. Cette
disposition sert à libérer les constructeurs et transférer
la propriété au propriétaire de l'ouvrage même si
leur
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
responsabilité pourrait être retenue en cas
d'apparition de pathologie. Le législateur a refusé de maintenir
indéfiniment les entreprises sur chantier.
- Le transfert de la propriété s'opère
directement après cet acte de réception. D'ailleurs, l'article
1788 du Code civil français exprime clairement ce transfert la perte de
la chose à la charge de l'entrepreneur au maître d'ouvrage
après l'acte de la réception. «à la réception
s'opère donc un transfert des risques de l'entrepreneur au maître
de l'ouvrage.1
Pour ces raisons invoquées, il existe plusieurs types
de réceptions : la réception peut être amiable, de
manière tacite, expresse ou judiciaire2 que nous
définirons ci-après :
a - la réception tacite
Cette forme de réception traduit le caractère
amiable émanant du maître d'ouvrage envers les constructeurs et ce
en acceptant son ouvrage de façon implicite. Il accepte son ouvrage de
manière expresse et sans la formalisation de cet acte dans un
procès-verbal. Il paie l'intégralité des travaux aux
entreprises et prend possession de son ouvrage.
Au Maroc, cette forme de réception est très
largement répandue et pratiquée surtout dans les petits et moyens
chantiers. C'est le cas ; notamment ; des personnes qui construisent pour leur
propre compte.
En France, cette modalité était largement
répandue et admise avant l'application de la loi de 1978 dite « Loi
SPINETTA ». Cette dernière a condamné cette forme de
réception dans l'article 1792-6 du code civil français et ce en
exigeant la formalisation de l'acte de réception par un procès
verbal. En effet, la réception est d'une particulière importance
vu qu'elle marque le point de départ des différents délais
légaux3. Le législateur a voulu écarter et
enlever toute incertitude sur la date de la réception et la
concrétiser de ce fait par un document écrit et signé qui
n'est autre que le procès-verbal de réception.
Mais malgré l'existence de cette loi et son exigence de
formalisation de l'acte de la réception, plusieurs petits entrepreneurs
et artisans ainsi que des maîtres d'ouvrage ignorant la loi, ont
perpétué la tradition d'absence de formalisme. La non
application
1 - Risque de la chose (art. 1788 c. civ.):
Civ. 1re , 4oct. 1988, Argus 1988, p. 2839.
2 Op.cit. Lambert-Faivre (Y), Risques et assurances
des entreprises.
3 Ibid
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
de l'article 1792-6 se traduirait par l'absence de
réception et entraînait tout simplement la non mise en oeuvre de
la responsabilité décennale.
Cette situation non confortable a provoqué de vifs
plaidoyers de la doctrine1. Enfin de compte, le COPAL 2 a
rendu un avis conforme et la Cour de cassation a finalement admis la
validité de la réception tacite dans deux arrêts rendus le
23 avril 19863. Cependant, même si la réception est
tacite, l'expression de volonté du maître d'ouvrage et des
entreprises doit être non équivoque4.
Par ailleurs, un arrêt rendu le 12 juillet 1989 par la
troisième Chambre civile est venu réconforter cette position en
reconnaissant la réception tacite alors même que les travaux ne
sont pas achevés en raison de la disparition pure et simple de
l'entreprise5.
Un autre jugement a reconnu que « la prise de possession
sans réserve autre que sur le prix vaut réception tacite
»6.
Un autre cas peut se présenter qu'est celui de
l'acceptation implicite : un coktail organisé par le maître
d'ouvrage a été reconnu comme une acceptation de l'ouvrage et de
ce fait une réception tacite7 ou encore le refus de
réception de l'ouvrage à cause de malfaçons
constatées dans l'ouvrage a été reconnu8.
b - La réception amiable
Ce type de réception se concrétise par
l'établissement obligatoire d'un procès-verbal signés par
les participants à l'acte de réception et qui peut comporter ou
non des réserves. Les réserves sont
énumérées et précisent les travaux de
réparation qui devraient être entrepris par l'entreprise
responsable. Dans le cadre des marchés publics
1 Moniteur des T.P. et du Bâtiment., N°
spécial n° 87-43 bis du 230ct. 1987; cf. G. LEGUAY, «La
réception tacite sous l'empire de la loi du 4 janvier 1978 ou le choix
d'un moindre mal », R.D.I. janv. 1988, p. 114.
2 COPAL (Comité pour l'application de
la loi du 4 janv. 1978), 10-12, rue du Capitaine Ménard, 75015 Paris.
Rapport du COPAL sur « Le problème de la réception implicite
».
3 Validité de la réception tacite:
Doctrine: J.-P. KARILA «Plaidoyer pour la réception tacite sous
l'empire de la loi du 4 janvier 1978 », Gaz. Pal. 10 août 1986, p.
13; R. MARTIN, « Sur la réception tacite de l'ouvrage », Ass.
fr. 1987.160.
Jurisprudence: Agen, 26 févr. 1985, D., 1986.24, note
J.-P. Karila; Paris; 20 nov. 1985, D. 1986.567, note J.-P. Karila; Civ. 3e, 23
avr. 1986 (deux arrêts), J.C.P. 1987.II.20812, note D. Tomasin;
4 Réception tacite, volonté non
équivoque requise: Civ. 3e, 4oct. 1989, R.C:A. 1990, n° 202 ; Civ.
2e, 3 mai 1990, R.C.A.1990, n° 336; Civ. Fe, 14févr. 1990, Gaz.
Pal. 8 mars 1991, p. 25, note J. Roussel (la preuve de la réception
incombant à l'assuré n'est pas rapportée).
Civ. 5e, 4 avr. 1991, Argus 1991.1475 « Caractère
contradictoire de la réception non établi ».
5 Réception des travaux inachevés : Civ.
3e, 12 juill. 1989, D. 1989.I.R 238, et R.D.I. 1990, p.l05
6 Civ. 3e , 16 juill. 1987, D. 1987.577,
R.G.A.T. 1988.351 « la prise de possession sans réserve autre que
sur le prix vaut réception tacite »
7 Civ. 3e, 13 juin 1990, R.C.A. 1990, n° 357
(participation à un cocktail de réception donné par
l'entrepreneur avant l'entrée dans les lieux des
copropriétaires).
8 Civ. 3e, 21 nov. 1990, R.C.A. 1991, n° 63
(refus de réception en raison de graves malfaçons vaut
réception tacite).
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
maroucains, cet acte concrétise la
matérialité de la garantie de parfait achèvement
énoncée dans l'article 67 du CCAG-T.
c - La réception judiciaire
Comme nous l'avions signalé précédemment,
il arrive souvent que le maître d'ouvrage ; pour diverses raisons qui lui
sont propres ; refuse de réceptionner l'ouvrage et l'entreprise se
trouve prisonnière dans le chantier. Dans ce cas précis,
l'entrepreneur sera obligé d'assigner le maître d'ouvrage devant
la justice afin de prononcer la réception judiciaire. La
réception judiciaire est prononcée par le juge1 en
l'absence de toute réception amiable, expresse ou tacite, du
maître de l'ouvrage. La date de la réception sera celle de la
décision judiciaire.
Mais il y a lieu de distinguer cette forme deréception
de la la réception tacite constatée judiciairement. En fait, une
réception ; tacite soit elle ; peut être contestée par
l'une des parties contractantes et sera de ce fait constatée
judiciairement par le juge à partir d'éléments qui
démontrent la volonté du maître de l'ouvrage d'accepter les
travaux tels qu'ils se présentent i.e avec ou sans
réserves.
Section 2 - La responsabilité contractuelle des
sous traitants
Le recours à la sous-traitance est une pratique
largement utilisée par les moyennes et grandes entreprises dans le monde
entier. Mais sous-traite une partie de ses activités pour se concentrer
sur son coeur de métier est une opération délicate. C'est
en vue d'atteindre un niveau respectable de productivité dans la
production ainsi qu'un bon niveau de qualité dans la réalisation
des travaux, de minimiser les coûts et délais. La stratégie
de production et de construction exige de l'entreprise de recourir à
l'engagement d'autres entreprises pour la réalisation de tâches
ponctuelles ou une partie des travaux. Cette pratique de sous traitance est
devenue courante tant dans l'exécution des travaux que dans le domaine
de prestation de service (principalement dans le secteur de
l'ingénierie).
Les entreprises en ont bien conscience, dès lors qu'un
processus de production peut se décomposer en plusieurs étapes
distinctes, une ou plusieurs de ces phases sont théoriquement
externalisables. De ce fait, la sous-traitance industrielle est présente
dans les secteurs les plus variés : construction, montage,
chaudronnerie, fonderie, décolletage, plasturgie, automobile etc...
L'externalisation industrielle permet à
1 Réception judiciaire: Civ. 3", 22
févr. 1989, R.C.A. 1989, n° 152.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
l'entreprise d'alléger ses coûts fixes
(investissements matériels, salaires, matières premières)
au profit des coûts variables plus proches de ses besoins réels.
Elle permet également de reporter sur le sous-traitant les risques
industriel et financier. Les techniques de fabrication étant de plus en
plus pointues, les sous-traitants industriels spécialisés
deviennent donc incontournables. La décision de choisir entre les deux
options « Faire » ou « Faire Faire » est d'une importance
capitale et une stratégie pour l'entreprise principale.
La sous-traitance se conçoit comme un partenariat mais
qui engendre nécessairement des dépendances. L'arrivée
d'un nouveau partenaire peut être déclencheur de nombreuses
réactions aux conséquences difficilement mesurables. Le donneur
d'ordre peut perdre totalement ou partiellement le contrôle sur sa
production et peut ainsi se trouver en situation de dépendance, une
position qui peut s'avérer inconfortable lors du renouvellement du
contrat de sous-traitance. En outre, des problèmes à
l'intérieur de l'entreprise donneuse d'ordre peuvent surgir se
manifestant par une démotivation du personnel qui peut croire; à
juste titre ; que la sous-traitance (l'externalisation des tâches) est le
prélude à une restructuration plus profonde de l'entreprise telle
la réévaluation des postes et des plans de carrière, la
baisse des coûts, la réduction des formations ou encore des
licenciements éventuels.
La mondialisation impose de plus en plus la division de
travail et « la spécialisation dans la spécialisation
». Les entreprises sont devenues contraintes de pratiquer la sous
traitance et déléguer une part des travaux à une ou
plusieurs entreprises. Mais en même temps, il est fort regrettable de
voir parfois la sous traitance utilisée à 100% réduisant
ainsi l'entreprise principale à un simple intermédiaire entre le
maître d'ouvrage et la société sous traitante. De ce fait,
le sous traitant réalise les travaux du projet entièrement en
place et lieu de l'entreprise principale dont le rôle se réduit
à la collecte d'une commission. D'ailleurs, c'est pour cette raison que
les marchés publics marocains ne permettent la sous traitance
qu'à hauteur de 50 % du montant des travaux de l'entreprise principale
(ou même l'interdire pour certains travaux)1.
1 Article 84 du décret N° 2-06-388 du 5
Février 2007 limite le pourcentage de la sous traitance comme suit :
« En aucun cas, la sous-traitance ne peut dépasser cinquante pour
cent (50 %) du montant du marché ni porter sur le lot ou le corps
d'état principal du marché. Toutefois, le maître d'ouvrage
peut fixer dans le règlement de consultation ou dans le cahier des
prescriptions spéciales les prestations qui ne peuvent faire l'objet de
sous-
traitance. »
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
§ 1 - Cadre juridique de la sous traitance au Maroc et
en France
Hormis le décret N° 2-06-388 du 5 Février
2007 relatif à la passation et contrôle des marchés publics
qui a consacré un seul article1 à la sous traitance et
d'ailleurs d'une façon sommaire et générale, la
législation marocaine est restée muette à ce sujet aussi
important que celui de la sous traitance.
Selon la législation française et notamment la
loi N° 75-1334 du 31 décembre 1975 relative à la
sous-traitance2, cette dernière est définie
3 par un contrat par lequel une entreprise demande à une
autre entreprise de réaliser une partie de sa production ou des
composants nécessaires à sa production.
Le sous-traitant est différent du fournisseur car il
fabrique un produit conçu par le donneur d'ordres ou ; souvent ; en
commun avec lui. Le produit est fabriqué par le sous-traitant pour le
compte exclusif du donneur d'ordre et ne porte pas son nom. Le sous-traitant
s'engage exclusivement sur la conformité de son exécution par
rapport aux directives du donneur d'ordre. Le sous traitant ne peut être
engagé que par l'acceptation du maître d'ouvrage.
Dans la pratique, il existe trois types de sous-traitance :
? Sous traitance de spécialité : l'entreprise ne
disposant pas du savoir-faire nécessaire pour fabriquer le produit ou le
réaliser et donne l'ordre à une autre entreprise de le faire ;
? Sous traitance de capacité : l'entreprise est dans
l'incapacité financière, technique ou d'organisation de
répondre ; à un moment donné ; à produire des
commandes supplémentaires ;
? Sous traitance de marché : une entreprise confie
à une autre entreprise un marché conclu avec un maître
d'ouvrage. Le contrat met donc en relation le maître d'ouvrage,
l'entreprise en tant que donneur d'ordres, et le sous-traitant.
1 Article 84 du décret N° 2-06-388 du 5
Février 2007 définit la sous traitance comme suit :
« La sous-traitance est un contrat écrit par
lequel le titulaire confie l'exécution d'une partie de son marché
à un tiers. Le titulaire choisit librement ses sous-traitants sous
réserve qu'il notifie au maître d'ouvrage la nature des
prestations qu'il envisage de sous-traiter, ainsi que l'identité, la
raison ou la dénomination sociale et l'adresse des sous-traitants et une
copie certifiée conforme du contrat précité...etc.
»
2 Modifiée par la Loi 2001-1168 2001-12-11 art.
6 1° JORF 12 décembre 2001 et la la loi n° 2005-845 du 26
juillet 2005 de sauvegarde des entreprises
3 Art 1 « Au sens de la présente loi,
la sous-traitance est l'opération par laquelle un entrepreneur confie
par un sous-traité, et sous sa responsabilité, à une autre
personne appelée sous-traitant l'exécution de tout ou partie de
l'exécution du contrat d'entreprise ou d'une partie du marché
public conclu avec le maître de l'ouvrage.... »
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
§ 2 - La responsabilité civile contractuelle
des sous traitants vis-à-vis de l'entreprise principale
Certains secteurs sont particulièrement utilisateurs de
la sous-traitance, notamment l'industrie automobile, le bâtiment et le
transport. Il arrive même que les sous-traitants externalisent à
leur tour certains travaux. Ces pratiques ne sont que le résultat du
progrès technique accompagné de l'augmentation croissante du
nombre d'intervenants pour la réalisation de tâches de production
et créant par delà une multitude de spécialisations. Mais
en même temps, ce développement rapide de la science et de la
technologie s'accompagne de risques tant technologiques que juridiques. En
effet, les relations commerciales traduites par des conventions ou contrats
deviennent complexes et génèrent parfois des conflits et litiges
pouvant arriver jusqu'aux tribunaux. La sous traitance n'échappe pas
à cette règle ; surtout ; lorsque la législation n'encadre
et ne cadre pas son environnement et ses relations avec les donneurs d'ordre.
En l'absence de lois qui gèrent ces relations contractuelles des sous
traitants, les contrats établis entre parties font foie de loi et
laissent de ce fait la porte ouverte à l'interprétation des juges
des clauses qui les composent.
Tout d'abord, il y a lieu de définir la nature
juridique du sous traitant telle qu'elle ressort de la jurisprudence. En effet
le tribunal de Montpellier a déclaré que celui qui a la
qualité de sous traitant doit avoir réalisé
personnellement le montage du produit qu'il a livré même si ce
produit a été réalisé sur la base des
spécifications de l'entreprise principale1 et qu'il
était apte à être incorporé dans l'ouvrage. En
d'autres termes, le sous traitant est contraint de réaliser
lui-même et personnellement le travail qui lui a été
confié par l'entreprise principale.
La relation liant le sous traitant à l'entreprise
principale est une relation contractuelle2 dans le cadre d'un
contrat d'entreprise et ne peut être considérée comme une
relation de subordination telle qu'elle ressort entre employeur et
salarié. Cette position a été exprimée par la cour
suprême marocaine « L'élément qui caractérise
le contrat de travail réside dans la dépendance, la supervision,
l'orientation et le contrôle de l'employeur envers le salarié.
Éléments qui ne se trouvent pas dans le contrat d'entreprise
»3.
1 Cas . Com 13 Mai 1981 Gazette du Palais Tri-hebdomadaire
N° 2 Panorama de la Cour de Cassation P 360
2 SAMII (A),ÉÞÕáá
äØÇÈáÇ äã
ÉáæÇÞãáÇ, Traduction
Libre: La société sous traitante du contrat , , Casablanca,
SOMADIL,, 2008 P 32.
3 Sup Ar N° 496 du 17 Mai 1994 dossier N°
889637 publié dans la revue Arrêts de la Cour Suprême
N° 5354/1999 P 345
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94
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Dans le même sens, la cour d'appel de Settat a
déclaré dans un arrêt « la subordination juridique est
l'élément essentiel qui différencie le contrat de travail
des autres situations juridiques »1.
Quant à la nature de la responsabilité
contractuelle du sous traitant envers l'entreprise principale, elle a
été considérée comme une responsabilité de
résultat par plusieurs arrêts de la cour de cassation. Un pourvoi
de la cour de cassation française2 est venu corroborer la
responsabilité de résultat du sous traitant envers l'entreprise
principale « le sous-traitant est tenu d'une obligation de résultat
à l'égard de son donneur d'ordres, qui a la qualité
d'entrepreneur principal ». En d'autres termes, le sous traitant est tenu
d'un résultat attendu de l'entreprise principale qui l'a engagé.
Il ne peut se dérober derrière une quelconque mauvaise
connaissance du marché ou encore l'ignorance d'une quelconque
disposition l'empêchant de réaliser le travail pour lequel il a
été engagé.
Par ailleurs, cette responsabilité ne peut être
exonérée même en cas de non paiement des prestations
réalisées par le sous traitant. A cet effet, la cour de cassation
française 3ème chambre civile dans son arrêt du
14 décembre 201 Pourvoi N° 10281493 n'a pas
exonéré le sous traitant de sa responsabilité
contractuelle envers l'entreprise principale malgré son non paiement
pour les travaux qu'il a réalisés.
La responsabilité contractuelle du sous traitant envers
l'entreprise principale apparait très prononcée et ne peut
être exonérée qu'en cas de force majeure
indépendante de sa volonté et dépassant sa capacité
de réagir.
§ 3 - Vices cachés et exonération du
sous traitant de sa responsabilité contractuelle
Avant d'analyser les situations d'exonération de
responsabilité du sous traitant, nous définissons tout d'abord
deux situations de vices. Le vice apparent avant la réception des
travaux et le vice caché qui peut ne pas apparaitre avant la
réception mais se manifeste bien après la réception des
travaux. D'ailleurs, cette manifestation de vices cachés peut prendre
des mois voir des années après l'acte de la réception des
travaux. Contrairement à l'entreprise principale, le sous traitant n'est
tenu pour
1 Ap Settat Ar N° 744 du 25 Septembre 1984 Dos
Civ N° 3.84.1 Publié dans la revue « Justice et Droit »
du Ministère de la Justice N° 135-136 1985 - 1986 P 148 et
Suivantes.
2 Cas Civ 3 16 Juin 1993 N° 91-17212
3 « Mais attendu que le sous-traitant ne peut se
prévaloir du contrat de sous-traitance pour obtenir le paiement de ses
travaux et le rejeter pour échapper à ses obligations
contractuelles ; que le non-respect par l'entrepreneur principal des
dispositions relatives aux garanties de paiement dues à son
sous-traitant ne le privant pas du droit d'agir à son encontre en
réparation des malfaçons affectant les travaux qu'il a
réalisés, c'est à bon droit que la cour d'appel, qui a
relevé l'existence de malfaçons imputables à la
société EPC, a déduit le coût de leur reprise du
solde restant dû »
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
responsable ; en fin de compte ; que pour les vices apparents
et détectables avant la réception des travaux1. Par
contre, l'entreprise principale peut voir sa responsabilité
engagée envers le maître d'ouvrage et retenue pour
réparation des dommages ; telle qu'elle est définie dans
l'article 769 du DOC ; pour des vices cachés pouvant apparaitre et se
manifester en période décennale.
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94
1 MALLIVAUD (P) et JESTAZ (P), Droit immobilier 1980,
P 111 N° 89.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
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Conclusion du chapitre
Les entreprises marocaines se trouvent parfois dans des
situations inconfortables face à l'engagement de leur
responsabilité pour des sinistres survenant en cours d'exécution
des travaux. Leurs interventions n'est pas dénudée de risques qui
peuvent s'avérer graves et produire des accidents corporels. Leur
responsabilité n'est certainement pas à l'abri en cas de
survenance de sinistre sur chantier ou après réception des
travaux. Néanmoins, cette situation pourrait être
atténuée si le système législatif et d'assurance
étaient au niveau de répondre à cette situation. A cela
s'ajoute les problèmes juridiques produits par l'effet de la
réception. L'existence de ces deux réceptions ; l'une provisoire
et l'autre définitive fait naitre des litiges entre maitres d'ouvrages
et entreprises et mobilise les entreprises dans les chantiers des mois voir des
années après l'achèvement des travaux. La proposition de
créer un système de réception unique pourrait
résoudre ces problèmes et permettrait aux maitres d'ouvrages
d'exploiter leurs édifices et l'entreprise de se libérer de son
obligation de garder indéfiniment la construction.
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
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PARTIE II : L'ASSURANCE DES RISQUES DE CONSTRUCTION
ET LIMITES DE LA LÉGISLATION MAROCAINE DANS LE DROIT
COMPARÉ
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Responsabilité civile et assurance des
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Chapitre I - La gestion des risques conséquents
de fautes et leurs assurances
De tous les temps, les artisans, entrepreneurs et concepteurs
de projets se sont souciés de la gestion des risques que peut
générer leur intervention sur un ouvrage. Les temps actuels ont
montré des risques méconnus auparavant. La gestion de ces risques
apparait donc ; non plus comme un besoin ; mais comme une
nécessité absolue pour se protéger contre les aléas
de la profession. Cette gestion des risques ne touche pas que l'ouvrage
lui-même, mais s'intéresse aussi aux conséquences de la
mise en jeu de la responsabilité civile tant au niveau contractuel que
délictuel. La gestion des risques suppose aussi le transfert de certains
risques sur les assureurs. Mais cette possibilité n'est vraiment
satisfaisante pour les professionnels que si les garanties offertes
répondent à leurs besoins et offrent une véritable
protection.
Au cours de cette partie, nous essaierons de montrer la
relation existante entre la loi et l'assurance et principalement pour la
garantie RC Décennale. Pour ce faire, nous ferons une comparaison de
trois législations dans ce domaine tout en essayant de faire ressortir
leurs points forts et faibles. Cette comparaison nous permettra peut de
repenser notre système législatif et proposer un système
d'assurance adéquat et up date par rapport à
l'évolution technique et technologique de la construction au Maroc.
Section 1 - Les sinistres et leurs incidences sur la
responsabilité des intervenants
Il n'est pas rare ; et même devenu courant ; de voir des
maîtres d'ouvrage porter des litiges avec les intervenants devant les
tribunaux pour faire valoir leurs droits d'application des contrats
signés avec les prestataires de service ou avec les entreprises
d'exécution des travaux.
§ 1 - Les fautes liées aux études
architecturales : Impropriété de destination
Comme nous l'avons dit précédemment, le
rôle des architectes est très important pour la réussite du
projet au vu du rôle qu'ils occupent dans le projet de construction en
tant que maîtres d'oeuvres. Leurs interventions peuvent produire des
fautes et générer des dommages à l'ouvrage qu'ils dirigent
pour le compte du maître d'ouvrage. Or, les architectes oublient parfois
que leur responsabilité peut être retenue en cas
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Responsabilité civile et assurance des
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d'impropriété de l'ouvrage à sa
destination. Afin d'illustrer ces fautes réelles et vécues au
Maroc, nous donnerons quelques cas de fautes (sans prétendre qu'elles
soient exhaustives):
- Escaliers non confortables à l'utilisation : Contre
marches hautes et/ou marches pas assez larges ;
- Rampe de garage raide rendant le garage du sous sol
inaccessible à des voitures basses ;
- Parking impraticable à cause de la multiplicité
de barrières tels les poteaux ;
- Conception de pentes d'écoulement des eaux pluviales
insuffisantes
- Mauvaise aération de l'ouvrage engendrant
l'apparition des traces de condensation et de moisissure ;
- Mauvaise orientation de l'ouvrage engendrant un manque
d'ensoleillement.
La nature de responsabilité de l'architecte envers le
maître d'ouvrage a longtemps généré des discussions
au niveau de la doctrine : est elle une responsabilité de moyens ou de
résultats ? La cour de cassation a tranché dans cette
affaire1 en énonçant le principe « L'entrepreneur
est tenu, sur le fondement de l'article 11472 du Code civil, d'une
obligation de résultat, alors que l'architecte répond, pour sa
part, d'une obligation de moyen.
§ 2 - Les fautes de conception de l'ouvrage : calcul
des structures et contrôle technique de stabilité
Il n'est pas rare de constater que les ouvrages
s'écroulent en tout ou en partie suite à une erreur de conception
émanant d'un concepteur (ingénieurs en général)
ayant la qualité de prestataire de service dans le projet. Ces fautes
génèrent la mise en jeu de la responsabilité contractuelle
du prestataire vis-à-vis du maître d'ouvrage en période des
travaux ou encore la mise en jeu de sa responsabilité délictuelle
après la réception des travaux. Les sinistres
générés par ces erreurs de conception sont
généralement coûteux et peuvent être à la
limite catastrophique pour les propriétaires. Les fautes couramment
rencontrées dans le secteur de l'ingénierie et
particulièrement dans les études de structure peuvent être
résumées comme suit :
- Le manque d'acier dans une structure porteuse peut
s'avérer grave pour l'ouvrage surtout pour des structures travaillant en
flexion telles les poutres (fissuration
1 Cas Ch Civ 3 Fr 30 Nov 2011 10-21.273 Obligations de
Moyens pour l'architecte.
2 Art 1147 : « Le débiteur est
condamné, s'il y a lieu, au paiement de dommages et
intérêts soit à raison de l'inexécution de
l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution, toutes
les fois qu'il ne justifie pas que l'inexécution provient d'une cause
étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu
'il n'y ait aucune mauvaise foi de sa part. »
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législation
préjudiciable) ou encore en compression tels les
poteaux (flambement du poteau se traduisant par sa ruine);
- La descente de charges a été sous
estimée par l'ingénieur tel l'oubli d'un type de surcharge comme
la neige ou le vent. Cette catégorie de faute est souvent
rencontrée chez des BET qui travaillent dans des régions
où ces phénomènes sont inexistants et donc non
habitués à les prendre en compte dans leurs calculs ;
- Le sous dimensionnement des structures par souci
d'économie commence à être constaté dans les
projets. Le souci de l'économie l'emporte sur la sécurité
;
- Les coefficients de sécurité utilisés
dans les calculs sont insuffisants ce qui peut générer des
pathologies aux structures ;
- L'utilisation d'armatures au lieu de tirants ou d'armatures
précontraintes peut être fatale pour les pièces
sollicitées.
L'énumération de ces types de fautes incombant
aux ingénieurs d'études n'est nullement exhaustive mais permet de
situer l'origine des accidents survenus en cours de construction ou
après réception des travaux.
Nous pensons que la responsabilité des
ingénieurs d'études de structure est une responsabilité de
résultat et non de moyens surtout pour des structures traditionnelles et
pour lesquelles le secteur du BTP est assez habitué et ayant
constitué un recul suffisant pour amoindrir les effets non
prévisibles de leurs pathologies. Certes, les études de certains
ouvrages posent des difficultés d'atteindre un résultat
confirmé. Ce cas se rencontre dans les études maritimes. En
effet, le calcul des structures malgré qu'il se base sur des
théories maritimes relatives notamment aux structures de digues telle
celle de Terzaghi, ne se fait que sur la base d'hypothèses
vérifiées par des simulations dans les laboratoires et ce par la
création de houle. Les résultats sa basent donc sur des
expériences de simulations.
§ 3 - Les fautes liées aux études de
sol: Sondages et interprétation des résultats
L'étude géotechnique de sol est d'une importance
capitale pour la réussite du projet au niveau sécuritaire de
l'ouvrage tant au niveau de sa stabilité en cours des travaux qu'au
niveau de sa pérennité dans le temps. En fait, le manque de loi
obligeant les maîtres d'ouvrage à recourir systématiquement
à des études géotechniques du sol génère
beaucoup d'accidents tant en période des travaux qu'après
réception de ces derniers.
Lors de l'étude de sol réalisée par les
ingénieurs géotechniciens, certaines fautes techniques peuvent
être commises et génèrent de ce fait des dommages à
l'ouvrage tels que:
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
- Mise en place de systèmes de fondation
inadaptés au type de sol ou au type d'ouvrage à construire ;
- Non prise en compte ou négligence de l'étude
de circulation des eaux souterraines se traduisant par des affouillements de
remblais ou par des remontées capillaires rendant le bâtiment
inutilisable ;
- Étude de sol incomplète au niveau du nombre ou
des profondeurs de sondages exécutés ;
- Non détection d'un karst se traduisant par la
remontée de fontis et fissuration des dallages ;
- Sous estimation des effets de groupe de pieux.
Au vu du développement de la technologie et les
progrès techniques réalisés cette dernière
décennie sur les matériels d'investigation géotechniques
sur les sols, les maîtres d'ouvrage vont dans le sens de retenir la
responsabilité de résultat et non de moyens pour les
ingénieurs géotechniciens. Rappelons tout de même que les
études réalisées sur un sol ont un caractère
probabilistique puisque ces dernières se basent sur des sondages par
prélèvement de carottes qui seront analysés au laboratoire
et permettant ainsi de déterminer les caractéristiques physiques
et mécaniques du sol qui va supporter l'ouvrage.
D'ailleurs l'article 769 du DOC retient la
responsabilité des trois intervenants en cas d'écroulement ou
menace d'écroulement dus au vice du sol. Par ailleurs, l'article
7651 retient la responsabilité du géotechnicien ainsi
que celle de l'entreprise en cas de vice du sol. Mais en même temps, il
avance la possibilité d'exonération de responsabilité au
cas où ; implicitement (un ouvrier tel que lui ne pût les
connaître) ; la connaissance scientifique n'est pas au niveau de
répondre à une telle situation. Explicitement, le
législateur marocain retient la responsabilité de
l'ingénieur géotechnicien en cas d'accident menant à la
ruine ou à la menace de ruine de l'ouvrage qu'il a conçu au
niveau géotechnique.
Notons que la géotechnique est une science relativement
jeune par rapport à d'autres branches de la construction. Elle se base
essentiellement sur des sondages pour analyser la texture d'un sol pour en
sortir ses caractéristiques mécaniques qui serviront de base de
calcul à bâtir l'ouvrage sur des fondations solides.
Il arrive très souvent que malgré les
études, sondages et compagnes de reconnaissance de sol, les
géotechniciens ratent un élément géologique
important pouvant se traduire dans certains cas par des pathologies très
préjudiciables à l'ouvrage2.
1 Article 765 : Lorsque, pendant l'exécution
de l'ouvrage, il se produit, ..., dans le sol destiné à la
construction, ou autrement, des vices ou défauts de nature à
compromettre le bon accomplissement de l'ouvrage, ..... Il répond, en
cas d'omission, de tout le préjudice résultant de ces vices et
défauts, à moins qu'ils fussent de telle nature qu'un ouvrier tel
que lui ne pût les connaître.
2 Cas Ch Civile 3 - 7 Décembre2005 Prv N°
04-17418 Tassement différentiels dus au problème de sol.
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Responsabilité civile et assurance des
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Section 2 - Les assurances couvrant les sinistres
De nos jours, les assurances présentent une
nécessité absolue aux ouvrages en cours de construction. En
effet, et en l'absence de couverture d'assurance des constructeurs, un seul
sinistre peut être à l'origine de l'arrêt du chantier. Les
intervenants dans l'acte de construire n'ont pas toujours les moyens financiers
pour faire face aux dépenses engendrées par un accident et de ce
fait, le maître se trouve face à des entreprises insolvables et
incapables financièrement à procéder aux
réparations nécessaires.
Afin de présenter les couvertures d'assurance
proposées par les assureurs marocains aux constructeurs tels la TRC, la
RCP ou la RCD, nous procéderons en premier lieu à une
classification des assurances et présenterons ensuite les
différentes polices et les garanties qu'elles offrent tout en faisant
ressortir aussi leurs limites.
§ 1 - La classification des polices d'assurance
Tout ouvrage à construire ou à monter est
exposé aux périls les plus divers. Tout investisseur ; promoteur,
organisme de crédit ou maître d'ouvrage soit il ; doit pouvoir
être certain que son engagement financier ne soit pas mis en péril
par la destruction totale ou partielle de l'ouvrage projeté. Il va donc
exiger aux entreprises de construction et des intervenants en
général sur chantier de se protéger en achetant une
couverture TRC ou TRM1 selon la nature du projet.
Ces couvertures interviennent en phase de construction. Mais,
le maître d'ouvrage ou le promoteur peut exiger une assurance couvrant la
responsabilité civile dite d'exploitation de l'entreprise et/ou la
responsabilité civile décennale des concepteurs du projet et
entreprises de construction après réception de l'ouvrage.
Selon le type de maître d'ouvrage, cette assurance de
responsabilité peut être obligatoire (cas des marchés
publics) ou non (cas des maîtres d'ouvrages privés).
Avant de définir les polices d'assurance souscrites par
les professionnels du BTP au Maroc, il serait utile de définir la
classification des assurances dans le secteur industriel en
général ainsi que le mécanisme d'indemnisation des
sinistres dans le cadre des polices d'assurances dommages.
1 Nous rappelons que la police d'assurance TRC est
utilisée pour des projets qui ne renferment que de la construction alors
que la police TRM est plutôt utilisée pour des projets mixtes
renfermant en même temps de la construction et du montage (Exemple des
centrales thermiques où le montage des équipements
représente plus de 70 % par rapport à la partie GC)
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Le secteur d'assurance est divisé en deux grandes
classes d'assurance, divisées elles mêmes en sous classe :
- Les assurances dites « Vie ou Life» coiffent
toutes les couvertures de personnes telles l'assurance maladie, la retraite,
etc.
- Les assurances dites « Non Vie ou Non Life » sont
les assurances autres que les assurances « vie » et sont elles
mêmes divisées en deux grandes sous classes : ? Les assurances
dites « Dommages » regroupent toutes les polices qui couvrent en
général des choses matérielles telles des machines, des
chantiers et qui ne s'intéressent qu'au sinistre touchant les choses
assurées et ce sans recherche de responsabilité (sauf si
l'assureur souhaite faire un recours contre le responsable non
assuré)
? Les assurances dites de Responsabilité ou RC et qui
couvrent les différentes responsabilités qui peuvent être
mises en jeu tant des individus que celles des entreprises : RC
Générale, RC Exploitation, RC Travaux, RC Décennale, RC
Professionnelle, RC Chasse, etc.
Par ailleurs, le mécanisme d'indemnisation des
assurés se base sur la notion de dommage. Or techniquement, un dommage
matériel se définit comme une atteinte ou une altération
de la substance d'une chose qui diminue la valeur ou l'utilité de cette
chose.
En cas de dommage matériel, deux seules alternatives se
présenteraient : l'altération de la substance avec diminution de
la valeur de la chose endommagée ; ou bien l'altération de la
substance avec diminution de l'utilité de la chose endommagée.
Cette définition nous amène à
définir la notion de substance telle qu'elle est comprise et
interprétée dans le secteur des assurances. La substance d'une
chose correspond à la qualité physique et chimique de ses
composants, obtenue lors de la fabrication, du montage ou de l'exploitation de
ces derniers, ainsi qu'à la capacité de fonctionnement de
ceux-ci.
Par conséquent, une simple incapacité de
fonctionner sans altération de la substance ne constitue pas un dommage
matériel et n'est pas considérée comme sinistre
indemnisable. Exemples : la solidification du béton dans une
bétonnière, le gel des fours, etc...
Par contre, il y a dommage matériel lorsque des
tâches dues à l'action d'un produit chimique se forment par
exemple sur le revêtement de la façade d'un immeuble et que la
valeur de l'immeuble s'en trouve diminuée.
Or une substance n'est altérée que si son
état actuel diffère de son état antérieur. Il y a
donc lieu de faire une comparaison entre la situation antérieure
à la survenance du sinistre et celle après sinistre.
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Responsabilité civile et assurance des
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législation
Par ailleurs, on entend par défaut, tout écart ;
volontaire ou non ; par rapport à l'état actuel de la technique.
La référence à l'état de la technique est
essentielle : la technique se développe et ce qu'on considère
comme défaut aujourd'hui correspondait encore hier aux règles de
l'art. D'où l'importance du terme « actuel » dans l'expression
« l'état actuel des choses ».
Si le défaut est connu de l'assuré, on dit qu'il
s'agit d'un vice. L'assuré est tenu d'éliminer le vice afin
d'éviter qu'il ne provoque un dommage matériel. Les frais
d'élimination des vices ne sont pas remboursables puisqu'il s'agit de
frais qui sont de toute façon considérés comme frais
inévitables à l'assuré.
Les règles de l'art sont définies comme les
derniers développements pris en compte dans les nouveaux
procédés, équipements et conditions d'exploitation qui
répondent, d'après les experts, au but recherché notamment
au plan de la sécurité. Les aspects commerciaux peuvent
être pris en considération. Une bonne application technique est
celle qui a fait ses preuves après différents tests et longue
utilisation. D'où l'importance du recul observé dans le secteur
du BTP pour juger la fiabilité et la qualité de nouveaux
matériaux ou procédés de construction.
§ 2 - La police d'assurance Tous Risques Chantiers
« TRC » en cours de travaux
L'assurance Tous Risques Chantiers est; comme l'assurance Tous
Risques Montage; une branche d'assurance Engineering relativement jeune. Elle
est conçue pour les projets de constructions de tout genre.
Les progrès techniques réalisés dans le
secteur B.T.P, la valeur de plus en plus grande de chaque projet et
l'accroissement du risque technique et commercial qui en résulte, ont
fait augmenter dans le monde entier, la demande de l'assurance TRC. La
concurrence, de plus en plus vive, a contraint les entreprises de construction
à ne plus majorer leur prix de façon suffisante pour tenir compte
des risques auxquels elles sont exposées. D'autre part, les assureurs
calculent leurs primes d'une façon plus rigoureuse. D'une manière
indirecte, l'assurance TRC contribue à faire baisser le coût de
construction tout en offrant aux parties intéressées une
protection financière.
Contrairement aux polices de Responsabilité Civile
appelées communément les polices RC, la police TRC rentre dans la
catégorie des polices dites " polices dommages ".
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
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Dans le cadre d'une police RC, un sinistre ne sera pris en
charge que si les responsabilités sont clairement définies par
voie amiable ou par voie judiciaire. Cette procédure prend beaucoup de
temps et peut parfois durer des mois voir des années même. Il est
donc clair que ce genre de couverture n'est pas adapté aux chantiers vu
le temps alloué et arrêté pour réaliser l'ouvrage.
Si on réparait un dommage sur un chantier seulement lorsque les
responsabilités aient été déterminées, cet
ouvrage risquerait de ne jamais voir le jour.
La réponse à l'attente des maîtres
d'ouvrages et des intervenants a été, bien entendu, à
l'origine de la création de cette couverture bien adaptée aux
chantiers et qui consiste à indemniser les sinistres sans recherche
préalable des responsabilités à condition bien sûr
que la police couvre le dommage et qu'aucune clause ne s'oppose à sa
prise en charge.
C'est une police ; comme son nom l'indique « Tous Risques
Chantiers » ; qui doit garantir tous les risques inhérents à
l'activité de réalisation d'un ouvrage qui peut aller d'un simple
bâtiment à un barrage ou un tunnel. Elle couvre aussi tous les
intervenants sur chantier. Mais il arrive que certaines entreprises s'assurent
séparément. Ce schéma est des plus fâcheux
scénarios pour le maître d'ouvrage qui peut se peut se trouver
dans une situation inconfortable entre deux assureurs qui se rejettent
mutuellement la prise en charge du sinistre.
La police TRC est une assurance qui couvre les dommages
imprévus et soudains pouvant avoir deux origines différentes :
A - Dommages dus au facteur humain :
Tous les dommages subis par l'ouvrage en cours de construction
pouvant arriver à l'effondrement total ou partiel de l'ouvrage. Une
erreur humaine, tel qu'un décoffrage prématuré, peut
être à l'origine de l'effondrement d'une partie ou de la
totalité de l'ouvrage.
L'incendie est le résultat de l'utilisation de
matériaux inflammables dans les chantiers et la non observation, par le
personnel des entreprises des règles élémentaires de
prévention contre les incendies ce qui s'avère à la base
d'incendies parfois catastrophiques.
Le vol sur chantier est assez fréquent notamment pour
le petit matériel ou pour les matériaux de construction tels que
les sacs de ciment ou les barres d'acier.
L'inondation par le fait de l'homme tel le fait d'oublier un
robinet ouvert peut causer des dommages importants et particulièrement
aux matériaux de construction stockés et pouvant être
sensibles à l'eau.
B - Dommages dus aux événement naturels
:
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Responsabilité civile et assurance des
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législation
Les tremblements de terre sont néfastes pour les
constructions. Les ingénieurs concepteurs connaissent bien les
méfaits des tremblements de terre sur les ouvrages et
particulièrement sur ceux qui sont en cours de construction.
Les tempêtes peuvent causer des dommages très
graves et particulièrement dans les régions
réputées exposées à ce genre
d'événement naturel.
La foudre peut être à l'origine de
défaillances de matériels électriques,
électroniques ou téléphoniques montés dans
l'ouvrage. Elle peut provoquer aussi des incendies.
L'inondation naturelle peut rendre le chantier inaccessible,
endommager les matériaux et matériels et mettre en péril
l'ouvrage,
Le raz de marée dans des régions où ces
phénomènes sont fréquents peuvent causer des dommages
très importants aux ouvrages en construction. L'énergie
libérée par l'eau peut être très néfaste
à l'ouvrage et peut provoque l'affouillement des fondations par
exemple.
Il est fort regrettable que cette police d'assurance ne soit
pas obligatoire pour les marchés privés. Elle ne l'est que pour
les marchés publics tel qu'il est précisé dans l'article
24 du CCAG-T.
Nous constatons que plus de 60 % des chantiers ne sont pas
assurés en TRC. Cette situation génère des arrêts de
chantiers très longs à cause de l'insolvabilité des
entreprises à réparer les dommages subis par l'ouvrage. Il serait
vraiment temps que le prochain code de construction (encore en gestation) rende
cette couverture d'assurance obligatoire.
§ 3 - La police RC professionnelle des architectes et
ingénieurs
Toute entreprise, qu'elle soit civile ou commerciale,
individuelle ou sociale, encourt une responsabilité civile relative
à la profession qu'elle exerce (RC exploitation, RC après
livraison,...).
Mais le terme de RC professionnelle est utilisé
plutôt pour les prestataires de service ayant une activité
intellectuelle, là où l'inexécution ou la mauvaise
exécution de la prestation est susceptible de causer des
préjudices d'ordre économique et qui ne sont pas
nécessairement des dommages corporels ou matériels.
La RC professionnelle peut être définie comme
étant une assurance qui garantit les conséquences
pécuniaires de la responsabilité civile légale
contractuelle et extra-contractuelle de l'assuré :
- en raison des dommages corporels, matériels, et
immatériels causés à autrui ;
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Responsabilité civile et assurance des
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- par suite d'omissions, erreurs ou négligences
commises dans l'exercice de la profession décrite dans la police.
Dans l'exercice de leurs métiers, les professionnels
prestataires de service peuvent commettre des erreurs ou omissions qui pouvant
engager leur responsabilité civile vis-à-vis de leurs clients
:
? Un médecin qui prescrit un mauvais médicament
à un patient1,
? Un avocat qui néglige une procédure
empêchant de faire valoir les droits de son client 2;
? Un ingénieur qui commet une faute de
conception3 ;
? Un architecte qui commet une faute qui empêche le
maître d'ouvrage d'obtenir son permis de construire4.
? Etc...
Dans ce genre de situation, la question qui se pose
d'elle-même « Qui va payer les dommages subis par les clients dans
ces circonstances ? ». Les dommages peuvent s'avérer importants et
élevés que le prestataire ne soit pas en mesure d'en faire face
et sera ; dans ce cas ; dans l'incapacité financière d'indemniser
le tiers lésé. C'est pour cette raison que l'assurance dite
« Responsabilité Civile Professionnelle » est proposée
par les assureurs aux prestataires de service. Elle s'adresse aux
professionnels qui exercent un métier intellectuel et qui ne participent
pas à l'exécution des travaux. Cette assurance vient en
complément de l'assurance responsabilité civile
générale afin d'assurer une couverture complète.
La doctrine précise qu'une personne qui rend des
services professionnels à ses clients a un devoir de prudence et de
diligence5. Le professionnel doit aussi faire preuve de
compétence dans son travail. Si le professionnel n'exerce pas sa
profession avec un degré de compétence attendue, il est
considéré comme ayant été négligent et
s'expose à des poursuites de ceux qui se déclarent
lésés par le fait de ses fautes.
Il parait donc indispensable pour les ingénieurs et
architectes ainsi que les entreprises qui les emploient de souscrire une
assurance couvrant leur responsabilité
1 Trib Inst Marrakech Jugement N° 3812
21-5-1992 du 21 Mai 1992 Dossier N° 899-90 : La prescription de
médicaments inadéquats engendrant la cécité de la
victime constitue une faute professionnelle engageant la responsabilité
du médecin
2 Sup Arrêt n° 64 du 16 Janvier 2008 Un
commerçant qui perd la propriété de son fond de commerce
du fait de la négligence de son avocat, qui a omis d'effectuer une
procédure impérative.
3 Fr Cas Ch Civ 3 2 Novembre 1982 N° 81-12.651
Ingénieur concepteur responsable des désordres affectant les
canalisations qu'il a conçues.
4 Fr Cas Ch Civ 3 du 26 Septembre 2007 Ar N° 06-16420 Non
obtention de permis de construire à cause d'une faute Professionnelle de
l'architecte.
5 Art 78 du DOC stipule « ... La faute consiste, soit
à omettre ce qu'on était tenu de faire, soit à faire ce
dont était tenu de s'abstenir, sans intention de causer un dommage.
»
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Responsabilité civile et assurance des
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législation
civile professionnelle. Au vu des réclamations qui
s'amplifient, de la conscience de plus en plus protestataire du citoyen ainsi
que des affaires portées devant les différentes juridictions du
Maroc, les professionnels se voient contraints de plus en plus à se
couvrir contre de tels risques.
A ce jour, peu de professions se voient obligées par la
loi de souscrire de telles assurances :
? Architectes : loi 016-89 Article 26 ;
? Ingénieurs géomètres topographes : Loi
30-93 Article 19 ;
? Intermédiaires d'assurance : Code des assurances Loi
17-99 Art 303.
Hormis les ingénieurs géomètres
topographes, aucune loi marocaine n'oblige les ingénieurs de souscrire
une police d'assurance couvrant leur responsabilité civile
professionnelle. Il est fort regrettable que cette exigence ne puisse pas
encore voir le jour au vu des risques grandissants que commencent à
vivre ces métiers.
§ 4 - La police RC Décennale
A - Le cadre juridique de la RC décennale au
Maroc
L'article 769 du D.O.C. précise que "l'Architecte ou
Ingénieur et l'Entrepreneur chargés directement par le
Maître sont responsables lorsque, dans les dix années à
partir de l'achèvement de l'édifice ou autre ouvrage dont ils ont
dirigé ou exécuté les travaux, l'ouvrage s'écroule,
en tout ou en partie, ou présente un danger évident de
s'écrouler, par défaut de matériaux, par le vice de la
construction ou par le vice du sol.
L'architecte qui n'a pas dirigé les travaux ne
répond que des défauts de son
plan.
Le délai de dix ans commence à courir du jour de
la réception des travaux. L'action doit être intentée dans
les trente jours à partir du jour où s'est vérifié
le fait qui donne lieu à la garantie; elle n'est pas recevable
après le délai."
Cet article a vu le jour en 1913 et a été
modifié en 1959. Il fait ressortir les idées
principales suivantes :
- La responsabilité incombe à trois principaux
intervenants à savoir l'architecte,
l'ingénieur et l'entrepreneur.
- Cette responsabilité dure dix ans (d'où
l'adjectif de décennale attribué par les
assureurs) à compter de la réception des
travaux.
- La responsabilité des intervenants directs est retenue
dans deux cas :
? l'effondrement total ou partiel de l'ouvrage;
? la menace d'effondrement total ou partiel de l'ouvrage.
- L'action contre le responsable doit être intentée
dans un délai de trente jours.
Mohamed Jamal BENNOUNA Page 53 sur
94
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Cette responsabilité incombe aux intervenants ayant un
contrat direct avec le maître d'ouvrage et exclut de ce fait les sous
traitants par exemple. Cette situation n'est pas confortable pour les
propriétaires qui ne peuvent invoquer la responsabilité
décennale que des professionnels qui ont souscrits un contrat direct
avec le maître d'ouvrage.
B - Principes de l'assurance décennale
L'assurance décennale a pour rôle de couvrir la
responsabilité des intervenants dans l'acte de construire telle qu'elle
est définie dans l'article 769 du DOC. Il en résulte que tous les
intervenants directs liés au maître d'ouvrage par un contrat
doivent figurer parmi les assurés à l'exception du Bureau de
Contrôle. Le maître d'ouvrage peut bénéficier de la
qualité d'assuré vu qu'il fournit dans certains cas des
prestations de services ou/et des matériaux de construction (c'est le
cas notamment des promoteurs immobiliers).
Partant de l'article 769 du DOC, cette police doit couvrir les
4 rubriques
suivantes :
? L'erreur de conception ;
? La faute d'exécution ;
? Le défaut des matériaux ;
? Les pathologies de l'ouvrage dues au sol.
Tel que le stipule l'article 769 du DOC, la
responsabilité des intervenants (durant dix ans après la
réception des travaux) se voit retenue et engagée dans deux cas
précis à savoir l'effondrement et la menace d'effondrement. En
d'autres termes ; implicitement ; seuls les éléments porteurs
(éléments qui concourent à la solidité et
stabilité de l'ouvrage : fondations, poteaux, poutres, dalles, murs de
refend, cages d'escaliers, etc...) sont concernés par cet article. Par
conséquent, l'assurance décennale ne couvre en principe que les
éléments porteurs qu'on appelle communément le gros oeuvre
: le second oeuvre est exclu de cette couverture.
Néanmoins, le second oeuvre peut être couvert par
répercussion dans le cadre de la police décennale : les
désordres propres du second oeuvre seront exclus mais par contre les
dommages subis par ce dernier suite à un effondrement d'un
élément porteur (sinistre de type décennal) sera pris en
charge par la police contractée.
La couverture généralement octroyée est
décennale, non résiliable et avec prime unique. On peut imaginer
néanmoins des cas où la garantie délivrée est
annuelle et donc renouvelable : cas pratiquement non rencontré au Maroc
: La majeur partie des traités de réassurance des compagnies
d'assurance n'envisagent pas ce cas de figure.
Le coût moyen de l'assurance décennale
s'élève à environ 1 % du montant de la construction.
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94
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
La franchise à la charge de l'assuré varie en
général pour des ouvrages courants et des fondations classiques
entre 1 et 4 %0 du montant de la construction. Elle a pour effet de
réduire les coûts de gestion du contrat d'assurance et donc d'en
diminuer la prime pour l'assuré, de moraliser le risque et est opposable
au bénéficiaire de la couverture. Mais la franchise pose un
sérieux problème au cas où l'entreprise disparaitrait ou
vit des difficultés financières. Il serait plus judicieux et
profitable ; pour les acquéreurs d'ouvrages ; que la garantie
décennale soit octroyée sans franchise au départ quitte
à payer la prime y afférente.
L'assurance décennale offre une réelle
protection et sécurité au maître d'ouvrage en cas
d'effondrement ou menace d'effondrement de son ouvrage. Cette couverture est
valable même en cas de disparition des constructeurs de l'ouvrage et les
maîtres d'ouvrage sont indemnisés pour réparer le
préjudice subi par leur ouvrage.
Cette couverture est adéquate pour prendre en charge
les sinistres graves engendrant des coûts insupportables pour
l'assuré.
Par contre, elle ne les dispense pas de participer de
manière active et permanente à l'entretien de leurs ouvrages.
L'expérience a d'ailleurs montré que la pérennité
des constructions dépend en grande partie de leur entretien.
Par ailleurs cette police d'assurance n'assure que la
responsabilité délictuelle des constructeurs. L'obligation
contractuelle de faire n'entre pas dans le champ d'application de l'assurance
de responsabilité des entre preneurs. Car il n'appartient pas à
l'assureur de responsabilité de se substituer à un assuré
pour accomplir les prestations auxquelles celui-ci s'est contractuellement
engagé1.
C - Exclusions de la police décennale
L'assurance décennale est une garantie de
résultats. Elle exclut notamment un certain nombre de postes qui sont
rachetables moyennant l'établissement de rapports spécifiques
avant la souscription du risque, d'autres postes ne le sont pas.
Exclusions non rachetables
Comme toute police d'assurance, la police d'assurance RC
Décennale comporte des exclusions. Globalement, ces dernières
rappellent à l'assuré que la police RC Décennale se
différencie des polices d'assurance d'exploitation des ouvrages telles
les polices Multirisques. Ces exclusions s'expriment comme suit :
? La fraude, les faits intentionnels de l'assuré.
? L'incendie, l'explosion sauf si elles sont la
conséquence d'un sinistre indemnisable au titre du contrat
décennal.
? Mouvement non naturel du sol (par exemple : les exploitations
minières).
? Événements naturels (inondations, cyclone,
tremblement de terre, etc...).
1 LAMBERT-FAIVRE (Y), Risques et assurances des
entreprises, Paris, ÉDITIONS DALLOZ,, 1991, P 712
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
· La guerre étrangère et civile.
· Effets directs ou indirects d'explosions, de
dégagement de chaleur, d'irradiations, etc...
· Les biens autres que la construction.
· Second oeuvre affecté et dont l'origine du
sinistre ne se trouve pas dans le gros oeuvre.
· Défaut d'entretien, usage anormal, usure,
vieillissement normal.
· Modifications ultérieures (rajout
d'étages par exemple).
· Réserves émises et non levées du
B.C.
· Équipements autres que les équipements
du bâtiment (exemple : machines de production, outils, équipements
ménagers, etc...).
· Matériaux nouveaux non acceptés par
l'assureur.
Ces exclusions concernent les assurés à savoir
les constructeurs, alors que les bénéficiaires réels de la
police d'assurance sont les exploitants ultérieurs tels les
acquéreurs d'appartements ou locaux commerciaux qui vont subir ces
exclusions. En parallèle à cela, le code des assurances dans son
article 63 stipule clairement que les manquements de l'assuré ne sont
pas opposables aux tiers1.
Exclusions rachetables sous conditions
- L'étanchéité et ses
conséquences : une extension à cette exclusion est envisageable
moyennant l'examen minutieux des rapports D3 et D3 bis.
- Les travaux de pieux de fondations, puits en terrain
difficile, parois moulées, les ouvrages sur remblais, ouvrages sur pente
de terrain supérieure à 30 %: exclusion rachetable après
examen du rapport "fondations spéciales".
- Les existants : le rapport D4 doit être établi
par le bureau de contrôle et examiné minutieusement par
l'assureur.
- La responsabilité civile vis à vis des tiers.
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1 Art 62 stipule : « ...Aucune
déchéance motivée par un manquement de l'assuré
à ses obligations commis postérieurement au sinistre n'est
opposable aux tiers bénéficiaires.... »
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Conclusion du chapitre
Les assurances couvrant la responsabilité des
intervenants s'articulent autour de deux polices principales : la police RC
Professionnelle et la police RC Décennale. La première est
tellement restreinte que les exclusions l'emportent sur les garanties et
réduisent d'une façon remarquable les couvertures
proposées par les assureurs. Quant à la police RC
Décennale est une couverture qui n'intervient qu'en cas de catastrophe ;
cas d'effondrement ou menace d'effondrement ; alors que les sinistres courants
et fréquents ne trouvent pas toujours leurs origines dans l'effondrement
ou la menace d'effondrement des constructions. Le secteur d'assurance devrait
fournir un effort afin de couvrir au mieux les ingénieurs et architectes
tant dans le cadre de la police RC Professionnelle qu'au niveau de la police RC
Décennale.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Chapitre 2 - Limites de la législation
marocaine et comparaison avec d'autres systèmes législatifs
Afin d'analyser la carence de la législation marocaine
relative au domaine de la construction, il nous apparait utile et
nécessaire de la comparer avec d'autres législations qui ont des
points communs historiques ou culturels avec le Maroc. Pour ce faire, nous
avons choisi le cas de la France ainsi que celui de la Tunisie. Le cas de ce
dernier pays est très riche en enseignement vu qu'elle montre
l'évolution de lois en relation et les erreurs de copiage et
transposition de lois importées à ne pas commettre. Cette
étude comparative permettra ; nous l'espérons en tous les cas ;
à une réflexion profonde de notre législation et de la
mettre au diapason des attentes des professionnels du secteur du BTP au
Maroc.
Ce chapitre ; tout en analysant et en comparant les trois
législations ; fera sortir les attentes des professionnels et qui sont
en relation avec les contraintes et difficultés du secteur de la
construction au Maroc.
Section 1 - Les différentes carences
Les différentes carences de la législation dans
le domaine de la construction se manifeste à plusieurs nivaux. Le
premier niveau est rencontré dans l'absence d'un code spécifique
à la construction. La majeure partie des relations contractuelles qui
régissent les constructeurs sont définies dans le DOC. Mais ces
définitions sont d'ordre général et ne prennent aucunement
la spécificité et la particularité du secteur BTP.
Parallèlement, on comprend parfaitement l'utilité du code des
assurances par exemple qui est venu répondre aux préoccupations
particulières du secteur d'assurance. Il serait utile et même
nécessaire d'entreprendre la même démarche dans le secteur
du BTP.
Par ailleurs, et en l'absence de ce code de construction, les
articles du DOC relatifs au secteur de la construction, ne peuvent en aucune
façon répondre à toutes les préoccupations des
intervenants dans le secteur du BTP et à fortiori les
ingénieurs concepteurs.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
§ 1 - Les articles du DOC régissant les
contrats de louage d'ouvrage
La responsabilité des constructeurs pendant les
travaux de construction de l'ouvrage se distingue de celle durant
l'exploitation de l'ouvrage appelée communément "période
décennale".
A - Responsabilité contractuelle durant les
travaux
Le DOC dans son chapitre III relatif au louage d'ouvrage et
louage de services a consacré plusieurs articles à ce
sujet1. Les contrats de louage de services et d'ouvrages sont
régis par les articles 723 et suivants du DOC.
Les articles réservés au louage de services et
qui devraient normalement concerner les prestations de service tels les
prestations d'ingénierie ou d'architecture se prête plutôt
à régir la relation de service liant le salarié à
son employeur. Ces articles ne sont nullement adaptés à la
relation d'indépendance et non de subordination qui lie les prestataires
de service au maître d'ouvrage. Dans ce cas, la jurisprudence marocaine
s'appuie sur les articles 228 et suivants relatifs à l'effet des
obligations en général. Un arrêt 2 de la cour de
cassation relatif à un litige opposant un maître d'ouvrage
à un architecte sur l'interprétation du contenu du contrat et de
la définition exacte de la mission de l'architecte corrobore la non
adaptation de ces articles de louage de service du DOC aux métiers de
prestation de service.
D'autre part, la loi N° 016-893 relative
à l'exercice de la profession d'architecte définit la mission de
l'architecte dans son article 1er par : "l'architecte est
chargé de la conception architecturale des bâtiments et des
lotissements, de l'établissement des plans y afférents et de la
direction de leur exécution.
Il peut être également chargé du
contrôle de la sincérité des mémoires comptables des
entrepreneurs qui concourent à la réalisation des travaux
afférents aux actes précités."
Par cette loi, le législateur a clairement
responsabilisé l'architecte pour le contrôle de
sincérité et véracité des dépenses relatives
aux travaux de réalisation de l'ouvrage. En d'autres termes, la
responsabilité contractuelle de l'architecte ne se limite pas uniquement
à la conception architecturale de l'ouvrage et la production de plans
mais s'étend à d'autres domaines liés à la vie et
survie du chantier.
1 Art 723 à 745 : Dispositions
générales, Art 746 à 758 bis : Louage service et Art 759
à 780 : Louage d'ouvrage
2 Cas Ar N° 1973 du 16/05/2004 L'article 230
L'arrêt s'est basé sur l'article 230 du DOC.
3 Loi N° 016-89 relative à l'exercice
de la profession d'architecte et à l'institution de l'ordre national des
architectes promulguée par dahir n°1-92-122 du 10 septembre
1993.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Mais la question qui se pose d'elle-même : Est-ce que les
architectes marocains sont entièrement et totalement conscient de
l'énorme responsabilité qui pèse sur eux dans la direction
des chantiers.
B - Responsabilité quasi délictuelle en
période décennale
La responsabilité des constructeurs après la
réception de l'ouvrage est définie par l'article 769 du
DOC1. C'est une responsabilité d'ordre public et ne peut en
aucun être écartée ou diminuée par une clause ou une
convention.
La législation marocaine renferme un seul article
traitant des responsabilités des intervenants dans l'acte de construire
en période d'exploitation idem après la réception
des travaux. Cet article responsabilise les intervenants pendant une
durée de 10 ans de la solidité de l'ouvrage.
L'expérience nous a montré l'insuffisance, la
carence et l'obsolescence de cet article menant à des situations des
plus fâcheuses pour les professionnels.
Il faut noter que l'article 769 a fait son apparition en 1913
et a été modifié en 1959 et ce en prolongeant la
période de garantie de 5 à 10 ans sans pour autant toucher aux
autres dispositions. Il parait logique qu'il ne réponde plus aux
exigences de l'heure actuelle au vu de la complexité de la construction
et la multitude des intervenants pour la réalisation d'un ouvrage.
L'article ne mentionne pas des intervenants qui ont vu le jour
récemment et en particulier les bureaux de contrôle technique, les
ingénieurs géotechniciens et ingénieurs topographes alors
qu'ils ont une responsabilité aussi importante que les autres
intervenants.
Le ministère de l'Habitat a dénombré
plus de 250 intervenants dans la réalisation d'un ouvrage alors que
l'article s'appuie encore sur trois intervenants et limite la
responsabilité décennale à ces seuls intervenants.
Par ailleurs, seuls les intervenants ayant un contrat direct
avec le maître d'ouvrage sont concernés par cette
responsabilité décennale. En d'autres termes, les sous traitants
et fournisseurs ne sont nullement concernés par cet article.
1 Art 769 DOC :"L'architecte ou ingénieur
et l'entrepreneur chargés directement par le Maître sont
responsables lorsque, dans les dix années à partir de
l'achèvement de l'édifice ou autre ouvrage dont ils ont
dirigé ou exécuté les travaux, l'ouvrage s'écroule
en tout ou en partie ou présente un danger évident de
s'écrouler, par défaut des matériaux, par le vice de la
construction ou par le vice du sol.
L'architecte qui n'a pas dirigé les travaux ne
répond que des défauts de son plan.
Le délai de dix ans commence à courir du jour
de la réception des travaux. L'action doit être intentée
dans les trente jours à partir du jour où s'est
vérifié le fait qui donne lieu à la garantie ; elle n'est
pas recevable après le délai."
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Un autre problème de taille se rajoute à cette
carence est celui de la notion d'ouvrage qui n'est pas définie. En
d'autres termes, est ce un ouvrage d'art tel une autoroute, un
réservoir, un barrage, etc... peut il être considéré
par cet article au même titre qu'un simple bâtiment de deux ou
trois étages. Il est devenu nécessaire d'avoir une liste
exhaustive des ouvrages concernés par la responsabilité civile
décennale des intervenants.
Le point de départ de cette responsabilité est
défini tantôt par l'achèvement des travaux tantôt par
l'acte de la réception. Or la notion de réception pose beaucoup
de problèmes sachant qu'il y a deux réceptions sur chantier : La
réception provisoire et la réception définitive.
Il y a lieu de noter que ce problème subsiste pour les
maîtres d'ouvrage privé et résolu pour les marchés
publics puisque le C.C.A.G.T1 et dans son article 242
relatif aux assurances à souscrire par l'entreprise de construction a
clairement défini le commencement de l'assurance couvrant la
responsabilité décennale par l'acte de la réception
définitive et non pas provisoire.
Par cette définition de la date d'effet de la police
décennale, le législateur reconnait implicitement que le
transfert de la propriété coïncide avec la réception
définitive et non pas avec la réception provisoire. D'ailleurs
même cette disposition trouve des difficultés d'application
puisque plus de 80% des ouvrages sont exploités par les maîtres
d'ouvrages publics à la réception provisoire.
Par ailleurs, l'absence de présomption de
responsabilité des professionnels dans la législation marocaine
pénalise le consommateur vu que la faute doit être prouvée
par ce dernier. Il serait certainement plus logique que ça soit au
technicien (l'intervenant) de prouver que sa responsabilité n'est pas
engagée vu qu'il a les moyens techniques de le faire.
Le délai de déclaration du dommage est
limité à 30 jours alors que la détermination du
degré de gravité d'une fissure ; par exemple ; peut prendre
parfois des mois.
Par ailleurs, le point le plus inquiétant dans la
pratique de cet article par les assureurs réside dans le délai de
règlement des sinistres dans le cas où l'ouvrage est couvert par
une police décennale. Le temps pris pour déterminer les
responsabilités,
1 Cahier des Clauses Administratives
Générales applicables aux marches de travaux
exécutés pour Le compte de L'État approuvé par le
Décret N° 2-99-1087 du 29 Moharrem 1421 - 4 Mai 2000
2 Art 24 CCAG-T: "La période de
validité de cette assurance court depuis la date de réception
définitive jusqu'à la fin de la dixième année qui
suit cette réception."
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
étudier la prise en charge du sinistre par l'assureur
ou son rejet et l'indemnisation effective de l'assuré peut parfois
être compté non pas en mois mais plutôt en années.
Or, comme on le sait, une construction endommagée et non
réparée à temps, peut voir sa pathologie aggravée
et les frais de sa réparation augmenter.
Les assureurs marocains offrent une couverture
décennale aux constructeurs sur la base de cet article. La couverture
proposée par ces derniers restent en dessous des attentes des
professionnels du secteur du BTP. Cette situation ne peut que militer en faveur
de ces professionnels en vue de changer la loi et ce en mettant en place une
législation adaptée au secteur de la construction.
§ 2 - Les articles 1792 et suivants du code civil
français et l'obligation d'assurance
La loi française gérant les
responsabilités des intervenants dans l'acte de construire a connu un
développement1 et qui a été traduit par la
promulgation de la loi du 4/1/1978 dite "loi SPINETTA" du nom de son auteur.
Cette loi avait pour objectif de protéger le consommateur
français et en même temps améliorer la qualité de la
construction à travers l'obligation de contrôle technique pour
certains ouvrages.
Avant l'établissement de cette loi, les constats du
rapport SPINETTA établi en 1975 font ressortir les points suivants :
A - Accroissement des sinistres en
fréquence et en coûts moyens dus à des causes
techniques et professionnelles (préfabrication des
éléments lourds, les immeubles sont de plus en plus hauts, sous
sols de plus en plus profonds, etc...).
Les statistiques montrent que le coût moyen des
sinistres progresse de 50 % plus vite que le coût de la construction :
les réparations coûtent plus chères que les constructions
neuves en raison de la main oeuvre.
B - Les délais de règlement des sinistres
par les assureurs sont longs:
L'enquête menée a montré la
répartition des délais de règlement des sinistres comme
suit2:
25 % 2 ans
25 % entre 2 et 4 ans
1 Ce développement est considéré
par certains comme une révolution
2 Lambert-Faivre (Y), Risques et assurances des
entreprises, Paris, Éditions DALLOZ, 1991
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
25 % entre 4 et 8 ans
25 % au delà de 8 ans et peut arriver à 20 ans
C - La sous assurance du secteur de la
construction est constante laissant les victimes
ainsi sans recours :
L'enquête du rapport SPINETTA a conclu à la
répartition de la sous assurance
dans le secteur de la construction comme suit:
50 % de non assurés dans l'ingénierie et la
maîtrise
oeuvre.
40 % de non assurés dans les entreprises de
construction.
90 % de non assurés chez les fournisseurs,
fabricants
des matériaux et équipements utilisés dans
la
construction.
Ces constats ont conduit à la conclusion suivante : la
création d'un système légal d'assurance est obligatoire
sans pour autant imposer un bouleversement symétrique des règles
de la responsabilité en la matière.
On peut retenir quatre principaux axes de la loi SPINETTA:
1) Les responsabilités
Les responsabilités des intervenants sont
définies par les articles 1792 et suivants ainsi que par les articles
2270 et 1646 du code civil français. Afin d'analyser cette composante de
la loi SPINETTA qu'est la responsabilité, nous analyserons les articles
concernés et ferons dans la mesure du possible une analyse comparative
avec la loi marocaine.
L'article 1792: Définition des
responsabilités
"Tout constructeur est responsable de plein droit, envers le
maître ou l'acquéreur de l'ouvrage, des dommages, même
résultant d'un vice du sol, qui compromettent la solidité de
l'ouvrage ou qui l'affectant dans l'un de ses éléments
constitutifs ou l'un de ses éléments d'équipement, le
rendent impropre à sa destination.
Une telle responsabilité n'a point lieu si le
constructeur prouve que les dommages proviennent d'une cause
étrangère."
Cet article a fait ressortir deux points importants en
matière de responsabilité des intervenants :
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
- La responsabilité d'un intervenant est
engagée aussi bien envers le maître d'ouvrage qu'envers
l'acquéreur. En d'autres termes, la responsabilité de
l'intervenant demeure engagée même en cas de cession de l'ouvrage
à un nouvel acquéreur. Contrairement à l'article 769 du
DOC marocain qui ne retient la responsabilité des intervenants qu'en
vers le maître d'ouvrage
- La présomption de responsabilité des
constructeurs en tant que professionnels est explicitement exprimée dans
cet article « Une telle responsabilité n'a point lieu si le
constructeur prouve que les dommages proviennent d'une cause
étrangère » alors que l'article 769 du DOC marocain n'en
parle pas.
- Contrairement à l'article 769 du DOC marocain qui ne
retient la responsabilité des intervenants professionnels qu'en cas
d'écroulement ou menace d'écroulement, l'article 1792 du code
civil français avance le concept selon lequel le dommage est lié
à l'impropriété à destination ou encore "l'ouvrage
impropre à sa destination". Concept très contesté
d'ailleurs par les professionnels du BTP. En effet, ce concept peut être
utilisé à tort et à travers pour porter l'affaire devant
les juridictions. L'interprétation de la notion de
l'impropriété à destination dépend de tout un
chacun. On peut remarquer d'ailleurs l'augmentation du nombre des contestations
des assurés envers les assureurs et particulièrement envers les
bureaux de contrôle suite à des dommages constatés ;
même minimes soient ils ; constatés dans l'ouvrage.
Nous faisons remarquer que plusieurs réassureurs
étrangers se sont retirés du marché français
à cause de cette loi craignant ainsi un déficit de la branche
d'assurance décennale.
L'articles 1792-1 : Définition du constructeur
Cet article avait pour vocation la définition exacte du
constructeur. Les
constructeurs aux yeux de la loi sont les suivants :
? Architecte
? Entrepreneur
? Tout technicien
? Toute personne liée au Maître d'Ouvrage par
contrat
En d'autres termes, tout intervenant dans l'acte de
réalisation et ayant la qualité
de technicien ou ayant un lien contractuel avec le maître
d'ouvrage a la qualité de
constructeur et de ce fait, sa responsabilité
décennale peut être retenue en cas de
sinistre.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
L'article 1646- 1 : Responsabilité du vendeur
Le vendeur d'un immeuble est responsable au même titre que
les intervenants directs : Le promoteur immobilier est impliqué autant
que les intervenants directs. Les garanties souscrites par le premier
acquéreur bénéficient aux propriétaires
successifs.
Article 1792-2 : Équipements indissociables de
l'ouvrage
Cet article précise que la présomption de
responsabilité est retenue aussi pour les équipements
indissociables de l'ouvrage 1. En d'autres termes, le
législateur ne s'est pas contenté uniquement des travaux de gros
oeuvre mais a étendu la responsabilité des constructeurs à
la détérioration des équipements indissociables au
bâtiment. Il a voulu visé la non seulement la
pérennité de l'ouvrage mais la pérennité et la
continuité de son fonctionnement dans un environnement techniquement
valable et correct.
Par contre le DOC marocain s'est contenté uniquement
de la stabilité et la solidité de l'ouvrage et a réduit la
responsabilité des professionnels aux seuls dommages pouvant toucher la
structure porteuse.
L'article 1792-4 : Responsabilité des
fabricants
Cet article précise que la responsabilité des
fabricants et importateurs est retenue au même titre que celle des autres
intervenants directs objet de l'article 1792. Nous considérons que cet
article a rendu une certaine équité aux entreprises de
construction qui peuvent être poursuivies pour l'utilisation d'un
matériau, matériel ou équipement défectueux sans le
savoir.
Alors que le législateur marocain est resté
muet à ce sujet et les entreprises doivent se retourner contre les
fournisseurs en cas de vice des matériaux tel qu'il stipulé dans
l'article 769. Cette procédure ne peut que retarder les recherches de
responsabilité et l'aggravation des dommages subis par la construction
objet du litige.
2) L'obligation d'assurance
La loi SPINETTA a défini deux assurances
différentes et qui se veulent
complémentaires :
- l'assurance "Dommages" devant être souscrite par le
maître d'ouvrage,
- l'assurance de "Responsabilité" devant être
souscrite par les intervenants dans
l'acte de construire.
Cette obligation est définie par deux articles:
1 Un équipement est dit indissociable de
l'ouvrage lorsque sa dépose, son démontage ou son remplacement ne
peut s'effectuer sans détérioration ou enlèvement de
matière de cet ouvrage.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
L'article 1792 - 3
Outre les assurances Dommages ( Maître d'ouvrage ) et
l'assurance de Responsabilité décennale des intervenants, le
législateur français a conçu deux autres garanties
à savoir la garantie biennale et la garantie de parfait
achèvement :
- les équipements dissociés de l'ouvrage
doivent bénéficier d'une garantie de bon fonctionnement pour une
durée de deux années. Cette garantie connue sous le nom de «
garantie biennale ». Par le biais de cet article, on comprend que le
législateur français voulait protéger au maximum le
consommateur in fine par le truchement de cette garantie biennale.
Le code de la consommation marocain loi 31.08 ;
récemment adopté ; applique ce principe de garantie ; dans son
article 65 ; de deux ans pour les biens immeubles et une année pour les
biens meubles. Mais notons que cet article ne peut s'appliquer qu'à un
consommateur défini par l'article 2; du même code ; par une
personne physique ou morale qui achète une marchandise, un
équipement ou un service pour un usage non professionnel. Les
entreprises de construction ne peuvent être considérées
comme des consommateurs puisqu'ils aquièrent des équipements
à des fins purement professionnelles et en vu de les intégrer
dans une construction. Même si encore le DOC précise dans son
article 549 que « le vendeur garantit les vices de la chose qui en
diminuent sensiblement la valeur, ou la rendent impropre à l'usage ...
etc » ne résout nullement les problèmes liés à
la garantie des équipements incorporés dans la construction
puisqu'il ne définit pas une durée rédhibitoire
(durée de vie minimale pour un fonctionnement normal) pour ces
derniers.
L'article 1792 - 6
Comme on l'avait dit précédemment, le
législateur a prévu une garantie supplémentaire
appelée la garantie de parfait achèvement. En fait,
l'entrepreneur est tenu par une garantie de pérennité de sa
construction pour une durée d'un an. L'idée étant de
donner une année au maître d'ouvrage la possibilité de
constater les défauts et vices pouvant se manifester durant cette
période dans son ouvrage et de les déclarer à
l'entrepreneur. Ce dernier sera tenu de les réparer durant cette
année dite période de parfait achèvement. En fin de
compte, cette période coïncide avec la période de
maintenance pour les chantiers couverts par une police d'assurance du type TRC
avec la garantie supplémentaire appelée garantie de maintenance.
En effet, la garantie maintenance offre deux variantes : la maintenance
limitée et qui ne prend en charge que les sinistres survenus pendant la
maintenance et ayant leur origine pendant la période de maintenance.
Quant à la maintenance étendue, elle couvre tous les sinistres
survenus pendant la période de maintenance que leur origine soit en
priode travaux ou
Mohamed Jamal BENNOUNA Page 66 sur
94
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
en période de maintenance. Il est clair que la
maintenance étendue offre plus de garantie et propose un éventail
d'indemnisation plus intéressant que celui de la maintenance
limitée. 1
La loi précise que ces défauts constatés
par le maître d'ouvrage doivent être mentionnés sur le
procès verbal établi lors de la réception de l'ouvrage ou
notifiés par voie écrite à l'entrepreneur (après
réception).
L'Obligation d'assurance
Le législateur a rendu obligatoire deux types
d'assurances différentes et distinctes mais complémentaires.
A - L'assurance de responsabilité est
obligatoire pour tous les intervenants dont la responsabilité
peut être engagée sur le fondement de la présomption
établie par les articles 1792 et suivants du code civil à propos
de travaux de bâtiments.
En effet, l'article L24-1 du code des assurances
français stipule dans son premier paragraphe :
"Toute personne physique ou morale, dont la
responsabilité décennale peut être engagée sur le
fondement de la présomption établie par les articles 1792 et
suivants du Code civil, doit être couverte par une assurance".
B - L'assurance dommage : Tout propriétaire
d'ouvrage, vendeur ou mandataire du propriétaire de l'ouvrage doit
souscrire cette assurance avant l'ouverture du chantier, pour son compte ou
pour celui des propriétaires successifs, une assurance garantissant, en
dehors de toute recherche de responsabilité, le paiement des travaux de
réparation des dommages de la nature de ceux dont sont responsables les
constructeurs au sens de l'article 1792 et suivants relatifs aux
responsabilités des constructeurs, fabricants, importateurs et bureaux
de contrôle.
Cette assurance a pour but de favoriser les
réparations rapides des ouvrages endommagés. La recherche des
responsabilités et les recours envisagés viennent ensuite.
Certes, cette démarche évite les dégradations des ouvrages
endommagés et donne la possibilité au maître d'ouvrage de
réparer son édifice juste après la survenance du
sinistre.
Dans le cadre de l'explication des mécanismes de
l'application de cette loi, la circulaire N° 79 - 38 du 5 avril 79 du
ministère de l'environnement français précise que ces
assurances (responsabilité et dommages) ne sont pas obligatoires pour
les ouvrages de génie civil et ; implicitement ; ne concernent donc que
les travaux de bâtiment. Par
1 BENNOUNA (M.J), Pathologie et Management de la
construction, Mohammedia, IMPRIMERIE FEDALA,, 1998, P 173 et 174
Mohamed Jamal BENNOUNA Page 67 sur
94
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
ailleurs, l'article L243-1-1 précise les ouvrages non
concernés par l'obligation de ces deux assurances.
Le législateur marocain ne précise nullement
pour quel type d'ouvrage la responsabilité décennale doit
être retenue. Ce problème se pose avec acuité au niveau
technique. Le cas flagrant est celui des routes. La pérennité de
ces ouvrages ne peut pas être garantie pour une durée de dix ans
au vu des risques naturels auxquels ils doivent faire face. A ce niveau nous
faisons remarquer que rien que le phénomène ; par exemple ; de
gel et de dégel peut être à la base de dommages importants
qui peuvent apparaitre dès la première année et sans
attendre les dix ans.
Art. L242-2 Dans les cas prévus par les
articles 1831-1 à 1831-5 du Code civil relatifs au contrat de promotion
immobilière, ainsi que par les articles L. 222-1 à L. 222-5 du
Code de la construction et de l'habitation les obligations définies aux
articles L. 241-2 et L. 242-1 incombent au promoteur immobilier.
Art. L243-1 Les obligations d'assurance ne
s'appliquent pas à l'État lorsqu'il construit pour son compte.
Art. L243-1-1
I.-Ne sont pas soumis aux obligations d'assurance
édictées par les articles L. 2411, L. 241-2, et L. 242-1 les
ouvrages maritimes, lacustres, fluviaux, les ouvrages d'infrastructures
routières, portuaires, aéroportuaires, héliportuaires,
ferroviaires, les ouvrages de traitement de résidus urbains, de
déchets industriels et d'effluents, ainsi que les éléments
d'équipement de l'un ou l'autre de ces ouvrages.
Les voiries, les ouvrages piétonniers, les parcs de
stationnement, les réseaux divers, les canalisations, les lignes ou
câbles et leurs supports, les ouvrages de transport, de production, de
stockage et de distribution d'énergie, les ouvrages de stockage et de
traitement de solides en vrac, de fluides et liquides, les ouvrages de
télécommunications, les ouvrages sportifs non couverts, ainsi que
leurs éléments d'équipement, sont également exclus
des obligations d'assurance mentionnées au premier alinéa, sauf
si l'ouvrage ou l'élément d'équipement est accessoire
à un ouvrage soumis à ces obligations d'assurance.
II.-Ces obligations d'assurance ne sont pas applicables aux
ouvrages existants avant l'ouverture du chantier, à l'exception de ceux
qui, totalement incorporés dans l'ouvrage neuf, en deviennent
techniquement indivisibles
3) Le contrôle technique
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
La loi SPINETTA a clairement défini les obligations
ainsi que le champ
d'action du contrôle technique en précisant les
points suivants :
? les missions du bureau de contrôle,
? les cas d'obligation de contrôle
technique1,
? les conditions d'agrément des bureaux de
contrôle.
La loi SPINETTA (Titre II article 9) précise que le
bureau de contrôle est soumis lui aussi au régime de la
présomption de responsabilité au titre de l'article 1792.
Par ailleurs, la loi a clairement précisé
l'incompatibilité du contrôle technique avec la conception,
l'exécution ou l'expertise d'un ouvrage.
Le décret du ministère de l'environnement et du
cadre de vie n° 78 - 1146 du 7/12/78 a précisé les types
d'ouvrages soumis à l'obligation du contrôle technique (article
R.111.38):
- les établissements recevant du public,
- les bâtiments hauts (dépassement du plancher bas
du dernier niveau de 28 m les engins des pompiers),
- les bâtiments autres qu'à usage industriel et
ayant les caractéristiques spéciales suivantes:
· les portes à faux > 20 m,
· les poutres ou arcs de portée > 40 m,
· les parties enterrées de profondeur > 15 m,
· les fondations de profondeur > 30 m,
· les reprises en sous oeuvres,
· les travaux de soutènement d'ouvrages voisins sur
une hauteur > 3 m. En d'autres termes, la responsabilité
décennale ne concerne pas tous les ouvrages mais s'intéresse
qu'à une catégorie de construction dont la liste est
exhaustive.
4) Passage d'un régime de gestion des primes à
un autre
La loi SPINETTA a permis le passage du régime de
gestion des primes en semi-répartition à un régime de
gestion des primes en semi-capitalisation.
Le passage du régime de gestion en semi
répartition au régime de gestion en semi-capitalisation a
été fixé par l'arrêté du 27/12/1982 pour tous
les chantiers ouverts à partir du 1/1/1983.
A - Le principe de la mesure
1 décret 78-1146 du 7 décembre 1978
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Le but de ce passage est le maintien des garanties des
contrats d'assurance décennale, après leur résiliation,
pour la durée de la responsabilité pesant sur l'assuré en
vertu des articles 1792 et 2270 du code civil, sans paiement de prime
subséquente. Ce changement de régime a marqué un
bouleversement profond du mécanisme financier des assurances de
construction.
- Le régime en semi-répartition : les
primes acquittées par les assurés au titre de leur polices de
responsabilité servaient à constituer des provisions pour
régler les sinistres de l'année.
De ce fait, lorsque l'assuré résiliait son
contrat, il devait acquitter une prime subséquente pour permettre le
maintien des garanties de son contrat, après cette
résiliation.
- Le régime en semi-capitalisation : Les primes
versées pour une année déterminée vont être
capitalisées et servir à constituer les provisions pour le
règlement de tous les sinistres à venir pendant 10 ans sur les
travaux exécutés au cours de cette année. Le paiement
d'une prime subséquente ne sera donc plus nécessaire pour assurer
le maintien des garanties après la résiliation.
B - Le domaine d'application
Le domaine d'application de cette mesure est limitée
aux garanties obligatoires pour les ouvrages de bâtiments (articles 1792
1792.2)
C - Le but de la mesure
Le but de cette mesure est d'atteindre 2 résultats:
- Une remise à zéro au 1/1/1983 des comptes de
l'assurance construction.
- Un maintien certain, dans le temps, des garanties des
polices de responsabilité devant entraîner une baisse du
coût de l'assurance dommages par la réduction de l'aléa du
recours.
1792.4 La responsabilité des fabricants :
Cette responsabilisation solidaire des fabricants répond
à la nécessité de fonder juridiquement une démarche
de production industrielle génératrice d'une qualité de
construction, composante prioritaire de cette qualité de vie
espérée de tous;
Par ailleurs, le fabricant ne peut plus désormais se
désintéresser de l'utilisation finale de son produit et des
conséquences de cette utilisation.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
L'article 1792.5 précise que la garantie décennale
est d'ordre public ce qui veut que l'on ne peut réduire ni sa
durée ni sa portée à travers une convention telle qu'une
police d'assurance ou un traité de réassurance.
Le contrôle technique est obligatoire en vue de la
sécurité des personnes dans les constructions : R 111.39
Le mécanisme de la loi SPINETTA
Afin de faciliter la compréhension du mécanisme de
fonctionnement de cette loi, nous avons dressé le diagramme suivant :
Mécanisme de la loi SPINETTA

Schéma du mécanisme de la loi dite «
SPINETTA »1.
La loi SPINETTA est une loi faite d'abord pour protéger
le consommateur. La jurisprudence qui en a résulté a fait qu'elle
a dû être révisée à deux reprises. Beaucoup de
compagnies françaises se sont vues retirées du marché
à cause de l'énorme déficit enregistré par cette
branche d'assurance. Il semble donc que ce n'est pas la meilleure solution.
1 BENNOUNA (M.J),Pathologie et Management de la
construction, , , Mohammedia, IMPRIMERIE FEDALA,, 1998, P 261
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
§ 3 - L'obligation d'assurance décennale en
Tunisie et influence de la législation sur le montage des polices RC
Décennale et leur réassurance
En matière de législation gérant les
responsabilités des intervenants dans l'acte de construire (après
réception des ouvrages), la Tunisie a connu une série de lois
intéressantes et qui ne manquent pas d'enseignement pour d'autres pays,
tel que le Maroc, qui souhaiteraient généraliser l'assurance
décennale par le biais de l'obligation.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
A - Étapes de ces différentes lois
En matière décennale, la Tunisie a connu une
évolution au niveau de sa législation. - L'article 876 du
C.O.C1 qui date du début du siècle précise que
la responsabilité est quinquennale et se limite à l'effondrement
ou la menace de l'effondrement. En d'autres termes c'est l'équivalent de
l'article 769 du DOC marocain.
- Loi du 10/10/1986 : Loi qui a été faite en
dehors des parties concernées par l'obligation d'assurance. Les
assureurs ; et plus particulièrement les réassureurs ; ont
refusé d'assurer les risques Tunisiens sur la base de cette loi. Elle
est donc restée mort née et par conséquent non applicable.
Mais néanmoins, elle a apporté certains points positifs que nous
examinerons dans ce qui suit.
- Loi du 31/01/1994 : Loi qui est venue remplacer la loi
précédante du 10/10/1986. Contrairement à la
précédente loi, elle a été faite entre les juristes
et les concernés à savoir les assureurs et les intervenants dans
l'acte de construire. Malgré son apparence de loi innovatrice, elle
renferme néanmoins des lacunes qui posent des problèmes entre les
assureurs et les assurés.
B - Étude comparative des différentes
lois
Afin de tirer profit de cette étude comparative de ces
lois, on a regroupé certains points sous deux rubriques à savoir
avantages et inconvénients.
Article 876
Cet article a été instauré durant la
période de colonisation de l'Afrique du Nord par la France. C'est pour
cette raison qu'à la même époque, on trouvait son
équivalent au Maroc.
L'article du COC stipule :
« L'architecte ou ingénieur, et l'entrepreneur
chargés directement par le maître sont responsables lorsque, dans
les cinq années de l'achèvement de l'édifice ou autre
ouvrage dont ils ont dirigé ou exécuté les travaux,
l'ouvrage s'écroule, en tout ou en partie, ou présente un danger
évident de s'écrouler, par défaut des matériaux,
par le vice de la construction ou par le vice du sol.
L'architecte qui n'a pas dirigé les travaux ne
répond que des défauts de son plan.
Le délai de cinq ans commence à courir du jour
de la réception des travaux. L'action doit être intentée
dans les trente jours à partir du jour où s'est
vérifié le fait qui donne lieu à la garantie ; elle n'est
pas recevable après ce délai. »
1 Code des Obligations et Contrats - Tunisie
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Cet article responsabilise les entreprises, ingénieurs
et architectes ; après réception de l'ouvrage ; de la
pérennité de l'ouvrage pendant 5 ans. Seuls l'effondrement ou la
menace d'effondrement sont pris en compte pour que la responsabilité
légale des intervenants soit retenue. Implicitement, les causes de
l'effondrement ou la menace d'effondrement ; selon l'article ; peuvent avoir
plusieurs origines :
? La faute de conception de l'ouvrage;
? La faute d'exécution des travaux ;
? Le défaut des matériaux utilisés dans la
construction ; ? Les pathologies de l'ouvrage dues au sol.
Les mécanismes d'application de l'article 876 du C.O.C
Tunisien sont exactement les mêmes que ceux de l'article 769 du DOC
marocain que nous avons analysé précédemment.
Il faut noter aussi que Jusqu'en 1986, l'assurance couvrant la
responsabilité décennale des constructeurs n'était pas
obligatoire en Tunisie.
Loi du 10/10/1986
Par rapport à obligatoire aussi bien pour les
assurés que pour les assureurs. Mais l'article 876 du C.O.C tunisien,
cette loi a pour objectif de rendre l'assurance de responsabilité comme
il a été dit précédemment, cette loi n'a
jamais pu être appliquée.
a - Nouveautés de la loi du 10/10/1986
Les points forts de cette loi peuvent être
résumés comme suit:
1. Cette loi a rendu responsables non seulement les
intervenants directs mais aussi les fournisseurs (y compris les importateurs)
et les promoteurs. Cela veut dire que la loi vise l'amélioration de la
qualité des produits et matériaux utilisés dans la
construction ainsi que la protection du consommateur Tunisien à l'achat
de son logement.
2. Existence de présomption de responsabilité
des constructeurs (Art 2 dernier paragraphe). En d'autres termes et avec cette
loi, le lésé (qui n'est pas professionnel en
général) n'a plus rien à prouver puisque la
responsabilité interpelle le professionnel de la construction de prouver
que l'faute ne lui incombe pas et prouver ainsi son innocence.
3. La Responsabilité ne se limite pas uniquement au
gros oeuvre mais s'étend également aux équipements qui
font corps indissociable avec l'ouvrage : La
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
responsabilité incombe aussi aux entreprises
installatrices de matériels incorporés dans l'ouvrage.
4. Les autres équipements doivent
bénéficier d'une garantie de bon fonctionnement pendant 2 ans
(assurance biennale ) : Même les équipements tels que la
robinetterie, etc... doivent fonctionner correctement pendant deux ans au
moins.
5. Un article entier est réservé au
contrôle technique : le Bureau de Contrôle Technique est
responsable au même titre que les autres intervenants (dans la limite de
la mission qui lui est confiée) : sa responsabilité n'est plus
noyée dans le droit commun mais peut être retenue dans la cadre de
la responsabilité décennale des constructeurs.
6. Le législateur Tunisien a exigé des
intervenants de livrer l'ouvrage à son propriétaire en lui
garantissant une année de parfait achèvement (à partir de
la réception) : le maître d'ouvrage aura le temps de constater
s'il y a des défaillances et les intervenants auront le temps de
réparer.
b - Les difficultés d'application de la loi du
10/10/1986
Malgré les nouveautés apportées par cette
loi, elle est restée néanmoins lettre morte puisque qu'elle n'a
pas pu être appliquée à cause du refus des
réassureurs internationaux l'acceptation des risques Tunisiens.
1. Les intervenants sont responsables des dommages qui
rendent l'ouvrage impropre à sa destination. C'est vraiment le point le
plus contesté de cette loi et qui a empêché son
application. En d'autres termes, n'importe quel sinistre peut rentrer dans
cette rubrique. Prouver qu'un ouvrage est impropre ou non à sa
destination ne peut que créer une situation de confusion et de
malentendu certain et permanent entre assureurs, assurés et tiers
demandeurs. Les limites de ce concept ne sont nullement définis et son
interprétation peut parfois mener à l'impasse. D'ailleurs, le
secteur d'assurance et de réassurance a eu déjà une grande
expérience avec l'application de la loi française dite Loi de
SPINETTA et qui part du même principe d'impropriété
à destination.
2. L'obligation de l'assurance de responsabilité a
été instaurée en l'absence d'obligation du contrôle
tout en sachant que les assureurs refusent de couvrir les ouvrages non
contrôlés.
Les sociétés d'assurance sont obligées
d'accepter les risques sous peine de retrait d'agrément (article 20).
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Par ailleurs aucune structure organisationnelle n'était
prévue en cas de litige entre assureur et demandeur d'assurance.
D'après la loi, l'assureur est obligé d'accepter de couvrir le
risque même s'il est inassurable : On rappelle que l'assureur couvre le
risque à caractère aléatoire c'est à dire non
prévisible et de ce fait, ne couvrira jamais un risque jugé
certain.
3. L'assurance dommage obligatoire : le Maître
d'ouvrage doit souscrire une assurance dommage pour réparer les dommages
en dehors de toute recherche de responsabilité : On est en face de deux
assurances, une pour l'intervenant et une autre pour le maître d'ouvrage.
Cette situation suppose que l'assureur dommages peut faire un recours
automatiquement contre l'assureur de responsabilité lorsque l'faute est
supposée incomber à l'un des intervenants.
Aucun texte ne prévoit le mécanisme ainsi que
les limites de recours des assureurs "Assurance Dommages" contre les assureurs
"Assurance Responsabilité".
Il y a lieu de noter que cette loi a été
pratiquement copiée sur la loi française dite Loi SPINETTA.
D'ailleurs, depuis la promulgation de cette loi en Tunisie, les
réassureurs internationaux ont refusé de réassurer les
risques tunisiens sur la base de cette loi et de ce fait ces derniers
n'étaient pas couverts en assurance décennale pendant plusieurs
années.
Le secteur d'assurance Tunisien était dans l'embarras
puisque la loi était inapplicable au vu du refus des réassureurs
internationaux d'accepter de couvrir les ouvrages tunisiens en
décennale.
Loi du 31/01/1994
a - Avantages de la loi du 31/01/1994
1. En plus des responsabilités des intervenants (y
compris le Bureau de Contrôle), le législateur a retenu
la responsabilité décennale des promoteurs
immobiliers. Ce point revêt une importance capitale aux
yeux du consommateur vu que ce dernier, à l'achat d'un logement, ne
connaît et n'a de contact direct enfin de compte qu'avec le promoteur qui
lui a vendu l'appartement. Il faut reconnaître que cet article de la loi
est une innovation dans le sens de la protection du
consommateur.
2. Art 3 a essayé; tant bien que mal; de
définir la notion d'ouvrage soumis à l'obligation d'assurance au
titre de cette loi.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
3. Le législateur a rendu le contrôle
obligatoire là où il y a obligation de l'assurance RC
décennale. Il est nécessaire de rappeler que l'assurance
décennale ne peut être accordée que si l'ouvrage a
bénéficié d'un contrôle technique tant au niveau de
la conception qu'au niveau de l'exécution.
4. La loi a défini avec exactitude le rôle du
Bureau de Contrôle Technique pour préserver la solidité de
l'ouvrage ainsi que la sécurité des personnes. Elle a fait
ressortir aussi l'incompatibilité entre l'exercice du contrôle
technique et celui de la conception (Art 7 ).
5. En matière de souscription de la
couverture décennale c'est le maître d'ouvrage qui
est tenu de souscrire une garantie décennale pour le compte de tous les
intervenants : obligation d'assurance Responsabilité Civile
Décennale.
6. Le délai de présenter l'action de
Responsabilité Civile Décennale est de 1 an (Art 5), délai
qui est tout à fait raisonnable lorsqu'on sait que les pathologies dans
les constructions ne sont jamais instantanées ( sauf dans des cas
très rares ) mais évoluent dans le temps.
7. L'article 98 stipule qu'à l'exclusion des dommages
causés uniquement au complexe d'étanchéité,
l'assureur répond, avant toute recherche de responsabilité, des
dépenses relatives aux travaux de réparation des dommages.
Si les 2 parties se mettent d'accord pour le montant des
réparations, l'assureur est tenu d'indemniser dans les 100 jours
à compter de la date du sinistre. S'il n'y a pas accord, l'assureur doit
verser 75 % du montant en attendant que le montant définitif de
l'indemnité soit fixé par le tribunal. C'est une sorte de
préfinancement des réparations en attendant que le tribunal
départage les deux parties : assureur et assuré.
c'est presque une assurance
dommages.
8. Contrairement à la loi du 10/10/1986, il n'y a
qu'une seule assurance Responsabilité Civile souscrite par le
maître d'ouvrage, (l'assurance dommages n'existe plus en tant que telle
).
b - Inconvénients de la loi du 31/01/1994
1. Même les ouvrages bâtis sur
l'eau (en particulier les digues) ainsi que les routes sont concernés
par la Responsabilité Civile Décennale. Or on sait combien ce
genre d'ouvrage est soumis à des aléas climatiques qui peuvent
les agresser à
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
tout moment. Si nous prenons le cas des ouvrages maritimes
tels que les digues, leur conception se fait à travers des études
de simulation dans les laboratoires vu que l'hydraulique maritime n'est pas
encore totalement maîtrisée du fait que la réaction de la
houle ainsi que celle des courants marins n'est pas encore suffisamment connue
et maîtrisée.
D'ailleurs les sinistres dans ce domaine ne manquent pas. Il
est vraiment difficile de responsabiliser les entreprises de construction pour
ce genre d'ouvrages pendant une durée aussi longue que 10 ans.
2. La responsabilité des fournisseurs
n'est pas explicitement retenue comme l'a fait la loi du 10/10/1986. D'ailleurs
l'article 1 précise que tous les intervenants sont responsables ainsi
que la personne liée au maître d'ouvrage par un contrat : en
dehors
des intervenants habituels (architectes, Ingénieurs,
Experts, BC ), la responsabilité d'un intervenant n'est
établie; aux yeux de cette loi; que s'il y a un contrat direct qui lie
ce dernier au Maître d'ouvrage.
La Tunisie est passée par trois phases comme il a
été dit précédemment. Cette belle expérience
nous enseigne qu'une loi doit prendre en considération l'état
d'évolution de la société. En d'autres termes, la
même loi n'est pas nécessairement valable et applicable dans deux
sociétés de niveaux de développement et de culture
différents.
Section 2 - Les attentes des intervenants du BTP et les
réformes nécessaires
Le secteur du BTP est un secteur très dynamique et
participe à hauteur de plus de 12 % du PIB du Maroc. Il participe
à la résomption du chaumage pour une grande part. C'est un
secteur qui génère aussi beaucoup de risques tant au niveau
technique qu'au niveau juridique. Sa participation à l'économie
nationale n'est palus à démontrer. Les attentes des acteurs de la
construction sont multiples. Elles sont d'ordre organisationnel et
législatif.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
§ 1 - Les attentes organisationnelles du secteur de la
construction
L'organisation d'un secteur du BTP est une demande permanente
chez les professionnels. Cette demande a été formulée
chaque fois que l'occasion se présentait : salons de construction,
accidents survenus sur chantiers, séminaires, tables rondes,
réunions de fédérations, etc. Sans cette organisation tant
demandée, les problèmes de mauvaise qualité des
constructions subsistera.
Le constat de désorganisation du secteur du BTP n'est
pas à démontrer. D'ailleurs, l'augmentation des pathologies
constatées par les différents experts ou relatés par la
presse ainsi que les litiges portés devant les tribunaux ne sont que la
preuve irréfutable de ce malaise vécu par le secteur du BTP.
Afin d'illustrer cette situation, nous énumérons
les facteurs les plus importants pouvant aider et concourir à une
meilleure organisation du secteur de BTP au Maroc :
- La classification des entreprises devrait être
unifiée et mettre des critères
techniques, et d'expérience pouvant amener ce
procédé à plus de transparence et
d'équité pour les entreprises ;
- Les ingénieurs de construction marocains devraient
bénéficier ; à l'instar de leurs
homologues géomètres topographes et architectes
; d'un ordre leur permettant de mieux s'organiser et exprimer leurs
préoccupations et leurs problèmes. L'ordre des ingénieurs
de construction ne peut qu'aider cette tranche de professionnels à mieux
encadrer et former ses éléments et les mettre up date
aux techniques de prévention des risques tant techniques que
juridiques liés à leurs métiers. L'ordre permet aussi de
mettre en place une déontologie de pratique du métier permettant
ainsi de moraliser le secteur ;
- Mise en place d'un système d'assurance obligatoire
tant pour les travaux qu'après la réception des travaux ;
- L'instauration d'un système de contrôle des
chantiers au niveau de l'hygiène et de la sécurité ;
- La promulgation d'un code de la construction et lois
d'obligation du contrôle technique et la réalisation
d'étude de sols pour certains travaux ;
- La promulgation d'une loi définissant les
métiers et leurs responsabilités sur chantier ;
- La promulgation d'une loi relative à la sous traitance
;
- La transparence des marchés publics.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Ces propositions d'organisation représenteraient la
base minimale permettant au secteur du BTP de jouer pleinement son rôle
dynamique dans la vie économique du pays.
§ 2 - Les attentes législatives du secteur du
BTP
Au vu de la multitude des attentes d'ordre législatif,
il ne sera abordé dans ce paragraphe que celles qui sont
considérées essentielles, urgentes et présentant un
intérêt consensuel pour tous les intervenants du secteur du BTP
:
- La participation du secteur du BTP à la confection
des lois le concernant. Il ne nous parait pas normal au 21ème
siècle de décréter des lois sur les constructions sans la
consultation préalable des professionnels du BTP et en d'autres termes
outrepasser ceux qui vont la vivre et l'appliquer dans leur métier ;
- Tous les professionnels sont d'accord aujourd'hui pour
dénoncer la non transparence des marchés publics. Cette situation
génère des résultats des plus désastreux se
caractérisant en général par une très mauvaise
qualité des travaux réalisés in fine et des
pertes financières pour le pays et pour le contribuable à la fin
de la chaine ;
- La refonte des règlements de calcul de béton
armé et la mise en place d'un règlement de calcul uniforme et
imposable à tous les professionnels. En fait, le Maroc ne dispose pas
d'un règlement de calcul propre à lui. Un ingénieur qui
était formé en France, utilisera le règlement
français et s'il est formé en Russie, il utilisera le
règlement Russe. Cette multitude de règlements diversifiés
et différents pose des problèmes de communication et crée
des situations des plus inconfortables au système judiciaire en cas de
litige. Par ailleurs, les experts judicaires ne sont pas sensés
connaitre tous les règlements de calcul de béton armé
existant dans le monde. Il devient donc nécessaire et urgent d'unifier
cette situation par la création d'un règlement de calcul de
béton armé et de le codifier d'une façon claire et de le
rendre obligatoire d'utilisation à tous les BET et BCT ;
- Face à la pluralité des normes
utilisées au Maroc, la marocanisation de ces dernières s'impose
comme une priorité offrant ainsi leur uniformisation ainsi que leur
unicité. Cette uniformisation permettra de mettre en place un
système référenciel unifié, unique et utilisable
par tous les professionnels ;
- La réglementation de la sécurité et
l'hygiène dans les chantiers doit voir le jour. En effet, le secteur du
BTP est le secteur qui génère le plus grand nombre d'accidents
corporels. A voir les chantiers marocains dénudés de toute mesure
de sécurité ne peut en aucun cas favoriser le
développement de l'économie marocaine. Les accidents
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
corporels, leur prise en charge ainsi que les problèmes
sociaux qu'ils engendrent sont parfois énormes et se traduisent par des
tensions sociales incontrôlables. La société civile au
Maroc devient de plus en plus contestataire à ce niveau et le pouvoir
législatif a l'obligation d'être à l'écoute de cette
évolution et apaiser la situation par le fait de décréter
des lois qui répondent à ces attentes légitimes. Nous
pensons que la réduction des risques et leur minimisation pourrait
être atteinte par des lois et surtout l'application de ces lois.
§ 3 - Obligations d'assurance
Le Maroc doit se mettre au diapason du développement du
secteur du BTP. La demande croissante des logements due à la pression
urbaine, la multiplication des projets d'infrastructure ces dernières
années et le développement des techniques de construction ont
généré une situation d'industrialisation, de
sophistication et de complexité des techniques de constructions. Ces
paramètres n'ont fait qu'augmenter les risques sur chantiers
générant des sinistres tant matériels que corporels. Les
professionnels ne présentent pas toujours une solvabilité
suffisante et une capacité financière solide pour faire face
à des sinistres qui peuvent se compter parfois en millions de
Dirhams.
La gestion technique et scientifique des risques liés
aux métiers de construction ne permet plus l'improvisation des
méthodes de Risk Management. Ces dernières supposent
l'utilisation des techniques se basant essentiellement sur l'identification, la
prévention - protection des risques, le contrôle des risques et
sur les méthodes de financement de risques.
Le transfert de certains risques sur les assureurs tels les
risques liés à la responsabilité civile parait
nécessaire. Mais ce transfert devrait se faire dans le cadre d'un
système d'assurance murement réfléchi et
préalablement organisé permettant ainsi la mise sur pied de
polices d'assurance renfermant des garanties suffisantes.
Un système d'assurance obligatoire se voit
nécessaire pouvant assurer la protection aussi bien des ouvrages en
cours de construction des différents aléas et risques
engendrés par les métiers de la construction que la garantie des
responsabilités des professionnels du BTP. Mais ce système ne
pourrait être efficace et répondre aux aspirations des
professionnels que s'il satisfasse à des conditions tirées des
expériences passées d'autres pays tels la Tunisie et la France
:
- Les lois d'obligation d'assurance devraient être
soumises à l'analyse et l'approbation des professionnels avant leur
promulgation et ce à travers leurs
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
organisations professionnelles tels la CGEM1, les
fédérations, les ordres de métiers, etc. ;
- La mise sur pied d'un organisme indépendant pouvant
départager les assurés et assureurs en cas de refus d'assurance
par les compagnies d'assurance2 ;
- Le code des assurances devrait être revu au niveau du
chapitre relatif aux assurances de responsabilité (articles 61 à
63) et adapté aux assurances RC Décennale et RC Professionnelle
;
- La liaison d'obligation d'assurance RC Décennale au
contrôle technique des constructions tant au niveau de la phase de la
conception qu'au niveau de la phase d'exécution des travaux devrait
être systématique. Le système d'assurance devrait
être basé sur le concept de la sécurité ;
implicitement la qualité ; donc sur le système de contrôle
technique. Cette démarche permettra certainement la garantie de
protéger les constructions contre les risques ;
- L'agrément des BCT par le secteur des assurances
devrait être uniformisé et délégué à
un organisme indépendant ;
- Le système de préfinancement des sinistres
devrait être instauré et principalement pour les polices RC
Décennale. En construction, plus la réparation des constructions
endommagées tarde, plus les pathologies s'amplifient et s'aggravent.
Cette situation de retard constaté en matière d'indemnisation
dans le cadre des polices de responsabilité civile est due au temps pris
par les assureurs à rechercher le responsable présumé.
Mais ce problème peut être solutionné par l'instauration
d'un préfinancement des sinistres sous forme d'acompte avancé
à l'assuré lui permettant de commencer les réparations
parallèlement aux investigations entreprises par l'assureur pour
rechercher et déterminer les responsabilités.
Nous pensons que ces propositions représentent un
canevas technique permettant de solutionner des problèmes qui entravent
les activités du secteur de la construction et retardent de ce fait son
développement.
1 Confédération Générale des
Entreprises du Maroc.
2 Le système français a mis sur pied un
organisme appelé le Bureau Central de Tarification (BCT) dont le
rôle est d'émettre les conditions tarifaires à appliquer
ainsi que le choix de la compagnie d'assurance devant garantir le risque.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
Conclusion du chapitre
Une loi n'a de valeur que si elle est applicable dans une
société donnée. Importer une loi d'une autre
société différente et qui vit dans un contexte
différent ne peut mener qu'à l'échec et la fabrication de
loi mort-née. Quand on lit la loi Tunisienne du 10/10/1986, on
s'aperçoit qu'elle était certainement établie sans
consultation des professionnels de la construction et de l'assurance. On peut
conclure qu'une loi n'est que le résultat et la conséquence de
l'évolution d'une société ou d'un secteur donné.
L'obligation d'assurance est une chose facile à
décréter par une loi, mais son application revêt des
caractères techniques généralement difficiles qu'il faut
étudier avec beaucoup d'attention pour ne pas tomber dans des situations
d'impasse. L'obligation d'assurance est une obligation autant pour les
assurés que pour les assureurs. Il est du plus grand
intérêt de l'appareil législatif de l'autorité de
tutelle du secteur des assurances de mettre en place une entité
technique qui puisse départager l'assuré et l'assureur dans le
cas où ce dernier refuse de couvrir le risque sous prétexte que
le risque est mauvais ( certain et non aléatoire ).
D'autre part, il est absolument nécessaire de lier
l'obligation d'assurance à l'obligation du contrôle technique afin
d'assurer une logique de garantie de la sécurité des biens et des
personnes et en même temps la garantie de la qualité de la
construction in fine au grand bonheur du consommateur ou utilisateur
finaux.
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Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
CONCLUSION GÉNÉRALE
L'industrie de la construction ne cesse de se
développer et d'évoluer. Les risques générés
par ses activités vont de paire avec cette évolution et ce
développement. Gérer les risques technologiques et juridiques de
ce secteur ne peut se faire que par l'instauration de lois et systèmes
permettant de répondre au mieux à ces risques.
Le système législatif de responsabilité
et d'assurance marocain relatif au secteur de la construction ; et
comparativement à d'autres systèmes de pays proches tels la
Tunisie ou la France ; n'a pratiquement pas connu d'évolution depuis
l'instauration du DOC du 12 Août 1913. Les problèmes
générés par cette carence sont multiples et étaient
analysés dans les chapitres précédents. La révision
de la législation passe nécessairement par une concertation entre
autorités et professionnels. Les lois pouvant émaner de ces
concertations devraient refléter la situation réelle du secteur
du BTP et prendre en considération les préoccupations des
métiers.
Les litiges naissant des difficultés du secteur du BTP
proviennent essentiellement d'absence de lois définissant les
métiers et délimitant ainsi les responsabilités. Par
ailleurs, l'insuffisance des couvertures d'assurance, la lenteur
d'indemnisation des sinistres couverts par les polices de responsabilité
; professionnelle ou décennale ; n'ajoutent que l'eau au moulin. La
révision de la loi sans l'instauration d'un système d'assurance
adéquat ne résoudrait les problèmes qu'à
moitié et de ce fait les solutions seraient boiteuses.
La sécurité et l'hygiène dans les
chantiers est le champ de bataille pour les ingénieurs
préventionnistes. La gestion des risques sur chantier passe
nécessairement par l'établissement des plans d'hygiène et
de sécurité (PHS) mais à condition qu'ils soient
normalisés, réglementés et opposables sinon ils ne
seraient pas productifs et seraient comme dit l'adage « écriture
sur l'eau ».
L'organisation actuelle du secteur du BTP génère
des situations conflictuelles et des situations de confusions des
métiers et de ce fait génère des dilutions et confusions
d'obligations et de responsabilités. Elle ne permet nullement une
transparence des marchés publics. La corruption envenime le secteur et
produit des résultats de non qualité et de
médiocrité des projets. Combien de fois on a assisté au
Maroc à la réalisation des mêmes travaux plusieurs fois
suite à la constatation de mal façons et pathologies dans
l'ouvrage se soldant par des pertes financières pour le pays et des
résultats de qualité des plus médiocres. Dans le
même sens, la pluralité des normes
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
utilisées au Maroc exige une unification de la
normalisation1 permettant de mettre en place un
référentiel unifié servant de repère pour les
professionnels et magistrats et rendant son application obligatoire et
opposable à tous les professionnels.
En résumé, il est urgent de repenser les textes
législatifs qui gèrent le secteur de la construction et de les
rassembler aussi dans un code facilitant ainsi leur accès et de ce fait
leur application.
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1 Ensemble des normes techniques dans les différents
domaines et métiers de la construction
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Responsabilité civile et assurance des
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACES 2
REMERCIEMENTS 3
SOMMAIRE 4
LISTE DES ABRÉVIATIONS 5
INTRODUCTION GÉNÉRALE 7
PARTIE I : LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
DIFFÉRENTS INTERVENANTS
DANS L'ACTE DE CONSTRUIRE 9
CHAPITRE I - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
CONCEPTEURS DE PROJETS
ET SES LIMITES 10
SECTION 1 - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
ARCHITECTES EN TANT QUE MAÎTRES D'OEUVRES
13
§ 1 - La fonction de l'architecte selon la loi 016-89
14
§ 2 - Le contrat liant l'architecte au maitre d'ouvrage
et ses obligations 16
§ 3 - Sinistralité des architectes et
portée de l'article 769 du DOC sur la responsabilité
civile des architectes 16
SECTION 2 - LA RESPONSABILITÉ DES INGÉNIEURS
SPÉCIALISÉS 17
§ 1 - Responsabilité civile des ingénieurs
dans le cadre du DOC 19
§ 2 - Délimitation des responsabilités des
concepteurs du projet par rapport aux
exécutants des travaux 22
§ 3 - Sinistralité des métiers
d'ingénieurs 23
CONCLUSION DU CHAPITRE 26
CHAPITRE II - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
ENTREPRISES D'EXÉCUTION DES TRAVAUX ET LES DIFFICULTÉS
LIÉES À LA SOUS
TRAITANCE 27
SECTION 1 - LA RESPONSABILITÉ CIVILE DES
ENTREPRISES DE GROS OEUVRE ET SECOND
OEUVRE DANS LE CADRE DU DOC 27
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constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
§ 1 - Les fautes d'exécution des travaux en cours
de travaux et en période décennale 28
§ 2 - Les vices cachés en cours de travaux et
après réception des travaux 30
§ 3 - Les effets juridiques de la réception des
travaux 30
SECTION 2 - LA RESPONSABILITÉ CONTRACTUELLE DES SOUS
TRAITANTS 34
§ 1 - Cadre juridique de la sous traitance au Maroc et
en France 36
§ 2 - La responsabilité civile contractuelle des
sous traitants vis-à-vis de l'entreprise
principale 37
§ 3 - Vices cachés et exonération du sous
traitant de sa responsabilité contractuelle 38
CONCLUSION DU CHAPITRE 40
PARTIE II : L'ASSURANCE DES RISQUES DE CONSTRUCTION ET
LIMITES DE
LA LÉGISLATION MAROCAINE DANS LE DROIT
COMPARÉ 41
CHAPITRE I - LA GESTION DES RISQUES CONSÉQUENTS
DE FAUTES ET
LEURS ASSURANCES 42
SECTION 1 - LES SINISTRES ET LEURS INCIDENCES SUR LA
RESPONSABILITÉ DES
INTERVENANTS 42
§ 1 - Les fautes liées aux études
architecturales : Impropriété de destination 42
§ 2 - Les fautes de conception de l'ouvrage : calcul des
structures et contrôle technique
de stabilité 43
§ 3 - Les fautes liées aux études de sol:
Sondages et interprétation des résultats 44
SECTION 2 - LES ASSURANCES COUVRANT LES SINISTRES 46
§ 1 - La classification des polices d'assurance
46
§ 2 - La police d'assurance Tous Risques Chantiers
« TRC » en cours de travaux 48
§ 3 - La police RC professionnelle des architectes et
ingénieurs 50
§ 4 - La police RC Décennale 52
CONCLUSION DU CHAPITRE 56
CHAPITRE 2 - LIMITES DE LA LÉGISLATION MAROCAINE
ET
COMPARAISON AVEC D'AUTRES SYSTÈMES
LÉGISLATIFS 57
SECTION 1 - LES DIFFÉRENTES CARENCES 57
§ 1 - Les articles du DOC régissant les contrats
de louage d'ouvrage 58
§ 2 - Les articles 1792 et suivants du code civil
français et l'obligation d'assurance 61
§ 3 - L'obligation d'assurance décennale en
Tunisie et influence de la législation sur le
montage des polices RC Décennale et leur
réassurance 71
SECTION 2 - LES ATTENTES DES INTERVENANTS DU BTP ET LES
RÉFORMES NÉCESSAIRES 77
§ 1 - Les attentes organisationnelles du secteur de la
construction 78
§ 2 - Les attentes législatives du secteur du BTP
79
§ 3 - Obligations d'assurance 80
Mohamed Jamal BENNOUNA Page 94 sur
94
Responsabilité civile et assurance des
constructeurs au Maroc Limites et carences de la
législation
CONCLUSION DU CHAPITRE 82
CONCLUSION GÉNÉRALE 83
BIBLIOGRAPHIE 85
TABLE DES MATIÈRES 92
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