La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001( Télécharger le fichier original )par Kouadio Adolphe N'GORAN Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012 |
B/ La disponibilité de ressources financières et techniques au service des investissements industriels libanaisLes entreprises libanaises bénéficient des soutiens assez appréciables de financements. Ces financements proviennent des aides de l'extérieur et également des capitaux libanais. Ces soutiens essentiellement européens sont financiers et techniques. Les entreprises libanaises disposent également des capitaux provenant de l'épargne issue de fonds et de capitaux de commerce. 1-L'épargne personnelle issue de fond et de capitaux de commerceL'introduction des Libanais dans l'industrie ivoirienne s'est faite de façon progressive. Les Libanais ont suivi une consécration lente et harmonieuse. Longtemps présents dans le commerce de traite et des vivres, les opérateurs économiques établis en Côte d'Ivoire pendant la colonisation s'intéressent à partir de 1960 à l'industrie. Il s'agit des familles Borro, Abinader, Fakhry et bien d'autres familles. Cependant, leur engagement ne fut pas spectaculaire car ils n'abandonnent pas totalement leur commerce de détail. Ils s'investissent dans la distribution et surtout dans l'industrie. Cette nouvelle ambition s'accompagne des soutiens financiers importants. En effet, les Libanais se sont constitués d'énormes fortunes de leurs commerces. Ces économies issues du commerce permettent aux Libanais de s'engager résolument dans les industries. Ces épargnes servent à financer l'achat du matériel d'installation, de terrain, de construction ou la location du magasin et les investissements. Il faut noter qu'au début des années 1970, l'Afrique de l'Ouest connaît une régression importante. Au niveau économique, alors qu'en Côte d'Ivoire, on assistait à une croissance économique assez appréciable. Les pays comme le Sénégal n'offraient aucune opportunité aux investisseurs industriels libanais175(*). La plupart des riches commerçants libanais affluent en Côte d'Ivoire. Dans ce lot, nombreux sont ceux qui nourrissent l'idée de devenir futurs industriels. Ils arrivent en Côte d'Ivoire avec toutes leurs fortunes issues du commerce. Ils créent des industries à partir des années 1970. Car à cette époque, le marché ivoirien offrait de multiples possibilités. Ainsi les Libanais profitent de cette aubaine et investissent dans les secteurs industriels du pays. 2-Le soutien technique françaisLes Libanais bénéficient aussi de l'apport important des Européens en particulier des Français. Cette assistance française s'explique par le soutien technique et financier. Les Français participent à l'éclosion industrielle des Libanais. Cette implication des Français dans l'activité industrielle est d'abord technique. Les techniciens apportent leurs expertises aux industriels libanais. Ce concours redynamise les activités industrielles libanaises. Les entreprises qui étaient autrefois artisanales par cet apport technique se modernisent davantage. Elles prennent l'ossature de véritables sociétés industrielles. L'exemple du groupe Fakhry est assez exemplaire. Il a sollicité l'assistance d'une cinquantaine d'administrateurs et de techniciens européens176(*) notamment français dont ils louèrent les services. Cet apport technique a permis à la Société Africaine de Bonneterie du groupe Fakhry de connaître un essor effroyable dans les années 1970. Le soutien des Français ne se limite pas seulement à ce niveau. Les Libanais reçoivent des Français un soutien financier important. Ces apports financiers proviennent de plusieurs sources. On a d'abord la participation des Français à la constitution du capital des sociétés libanaises177(*). En effet, les français ont confiance aux Libanais grâce à leur capacité de réussite et à leur savoir faire. Pour cela, ils accordent facilement des crédits aux Libanais car ils ont la ferme certitude que ces derniers peuvent en faire un bon usage. En dehors de cet aspect, les Français s'associent aux capitaux des Libanais. C'est ainsi que naissent des entreprises mixtes dont la gestion est confiée aux Libanais. Enfin, ils bénéficient aussi de l'assistance financière des banques françaises. Les banques financent les projets d'activités industrielles des Libanais178(*). La consécration des Libanais dans l'industrie repose sur des socles financiers et humains solides. Ainsi, ces socles permettent aux Libanais d'être présents dans l'industrie. Ils investissent leurs capitaux dans de nombreuses branches industrielles en Côte d'Ivoire. * 175Jean BINET, op.cit ; p258-265 * 176Catherine MEZAAD, op.cit. , p122 * 177Idem; p128 * 178Ibid, p128 |
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