La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001( Télécharger le fichier original )par Kouadio Adolphe N'GORAN Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012 |
2-L'arrivée d'une nouvelle génération d'industriels très qualifiésLa majorité des Libanais présents en Afrique et particulièrement en Côte d'Ivoire pendant la colonisation sont moins instruis. Ils savaient à écrire, lire et calculer simplement. Ainsi, dans leurs différents commerces, on trouvait le comptoir un style à bile et un cahier et les éléments qui servaient à tenir la comptabilité (tableau n°6). On y enregistrait les dépenses, les entrées et sorties d'argent. En 1938, la population libano-syrienne en Côte d'Ivoire était estimée à 513 personnes dans la colonie de Côte d'Ivoire.166(*) En Afrique Occidentale, la population avoisine 1500 personnes. Ce recensement concerne tous les Syriens et Libanais vivant en Afrique Occidentale. Les diplômes renseignés les diplômes de l'enseignement général et ceux de l'enseignement professionnel et technique. L'on observe que la proportion de Libanais et Syriens n'ayant pas de diplômes est très forte (79,9%). Néanmoins la proportion des Libanais ayant acquis au moins un diplôme est de 20,1%. Alors que le pourcentage de Français et étrangers pour le seul certificat d'étude primaire est plus de 30%. On retient que le taux d'instruction de la population est assez faible. Mais les fils de ces Libanais nés après l'indépendance sont inscrits dan chef de services ou de la direction générale. Cette présence à côté de leurs parents apporte un certain dynamisme dans la production des unités industrielles167(*). En effet, les entreprises sortent de leur état de gestion artisanale et archaïque pour adopter les traits d'un management plus moderne conforme aux véritables entreprises industrielles. Par ailleurs, le soutien de nouveaux immigrants venus en Côte d'Ivoire a favorisé la diversification des activités de leurs entreprises. Au départ, celles-ci étaient spécialisées dans l'import-substitution caractérisées généralement par la transformation agroalimentaire. Elles sont désormais tournées vers une véritable entreprise industrielle dotées de matériels modernes et performants. Parmi ces progénitures des fondateurs de l'industrie syro-libanaise, l'exemple de Jaber Bassim168(*) fait légion. Après de brillantes études, il s'est mis au développement des entreprises familiales et au service de la Côte d'Ivoire.169(*) L'autre fait marquant dans cet exode massif des Libanais en direction de la Côte d'Ivoire en 1975 du fait du conflit armé est l'arrivée d'un type nouveau de Libanais en particulier des industriels en 1975. Ces derniers selon Albert Bourgi sont de véritables hommes d'affaires. Cependant, lorsqu'ils arrivent pour la première fois, ils aident d'abord leurs compatriotes afin de s'imprégner de l'environnement de l'économie ivoirienne. Ainsi, ils s'associent avec leurs compatriotes anciennement établis en Côte d'Ivoire ou avec les Ivoiriens ou bien avec les Européens170(*). Ces derniers qui sont les réfugiés de guerre refusent toute volonté de retourner au pays. Ils envisagent de vivre et de s'établir définitivement en Côte d'Ivoire. Cependant la cohabitation entre ces derniers et les hôtes est très difficile. En effet, aux yeux des anciens, ces nouveaux venus sont animés de sentiments de guerre. Tableau n°6 de proportion des Syro-Libanais diplômés en Afrique occidentale francophone en 1938 (%)
Source Jean BINET, « Les Libanais en Afrique de l'Ouest » 1975, In Kroniek van Afrika ; p263 En plus des groupes industriels et de l'apparition d'une nouvelle génération, on a aussi le rôle très capital de L'État ivoirien. * 166Alain TIREFORT,Op,cit, p3 * 167Jean BINET ; op.cit, p263 * 168Il est titulaire d'un doctorat de 3ème cycle de sciences économiques à l'Université d'Abidjan, option finances-comptabilité. Il fut membre du bureau exécutif de l'Association pour le développement du Marketing en Côte d'Ivoire (ADMCI). * 169Bassim JABER« Nécessaire redéploiement de l'industrie ivoirienne », In Fraternité matin du 2, 3 Mars 1985, p28 * 170Albert BOURGI ; op.cit ; pp33-47 |
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