La communauté libanaise et le développement économique de la Côte d'Ivoire 1960- 2001( Télécharger le fichier original )par Kouadio Adolphe N'GORAN Université Alassane Ouattara de Bouaké ( Côte d'Ivoire ) - Maà®trise 2012 |
3-Une forte présence dans l'immobilierLes investissements libanais dans le commerce du gros sont très importants. Mais, les Libanais sont également présents dans le secteur de la construction. Si leur implication dans le logement pendant la colonisation est assez faible, elle devient importante au lendemain de l'indépendance surtout dans les années 70. Pour cette période, les investissements libanais ne se limitent pas seulement aux résidences, les magasins et les comptoirs, mais prennent en compte les gros oeuvres. L'une des grandes actions dans ce domaine est la construction de l'hôtel Tiama et de l'immeuble Nabil. L'hôtel Tiama est la propriété des Omais. C'est à juste titre qu'Atef Omais assure la présidence du conseil d'Administration. Les travaux de cet hôtel de haut standing ont commencé en 1969 et ont pris fin en 1972. Il dispose d'un capital de 160 millions de Francs CFA. L'hôtel Tiama est emploie plus de 90 personnes. Il réalise un chiffre d'affaires de plus 700 millions de Francs CFA. Il est un hôtel grand standing car il est un hôtel de 4 étoiles et offre des services tels que la restauration et l'hôtellerie de qualité avec une capacité d'accueil de 142 chambres dont «2 appartements entièrement climatisés «. En outre, l'Hôtel Tiama dispose d'une salle de conférence et séminaire de plus de 70 places.146(*) Il existe également l'immeuble qui abrite le Grand Hôtel de 5 étages. Propriété du Libanais Nassar, le Grand Hôtel a un capital de 180 millions de Francs CFA. Mis au point en 1972, les activités de Grand Hôtel sont : il y a l'hébergement avec une capacité d'accueil de 100 chambres ; il existe des services de divertissements offrant des salles de bain salles d'eau et un bar ; enfin il y a la restauration d'une capacité de 100 places au 5ème étage147(*). Ensuite, ils ont racheté les immeubles appartenant aux européens à la fin de la colonisation. Les Libanais disposent également des entreprises immobilières qui leur permettent de construire de multiples édifices aussi bien à Abidjan qu'à l'intérieur du pays. Ces entreprises sont entre autres la Société de Construction immobilière du Plateau148(*). Elle est la propriété du Groupe Omais. En 1980, les Libanais détenaient 60% des immeubles et 80% des villas149(*). Enfin, ils sont présents dans le secteur de l'hôtellerie. Il existe à cet effet des sociétés appartenant essentiellement au Groupe Omais-Khalil et de la Société Afric Hôtel et Saïda Beach150(*). Au niveau des cités ou habitations économiques, les Libanais ont des entreprises qui participent de ces habitats modernes. Ces participations libanaises se déterminent dans les professions de constructions. A Yamoussoukro, Pierre Fakhoury a été l'un des grands entrepreneurs à bâtir la ville de Yamoussoukro. Or, l'État ivoirien avait fait de ce secteur un leitmotiv. Car il voulait doter de chaque Ivoirien d'un toit moderne. C'est dans ce cadre que furent créées dans les années 1960, les sociétés de constructions et de gestion immobilière notamment la Sicogi, la Sogefia en 1963151(*). Ainsi plusieurs cités modernes ont été bâties à Abidjan et dans quelques villes de l'intérieur. Cependant, nombreuses sont les villas qui appartiennent aux Libanais à Abidjan et dans les grandes villes. A Abidjan, des quartiers comme « Marcory résidentiel » sont dénommés « little Beyrouth »152(*). Car il abrite non seulement une forte communauté libanaise, mais également la plupart des maisons sont la propriété de ces derniers. « Marcory Résidentiel » est un quartier de haut standing. Le regroupement des ressortissants libanais dans ce quartier trouve son origine dans le refus de Félix Houphouët Boigny de leur accorder un terrain sur la route de Dabou. En effet, l'ambition des Libanais est de bâtir un quartier libanais comme le quartier « Biafra » à Treichville. Le voeu du président Houphouët est d'intégrer toutes les communautés étrangères dans la société ivoirienne en « respectant les lois de la République »153(*). Le quartier Biafra pour les refugiés de guerre de Nigéria est une mauvaise expérience. En outre les Libanais mettent en valeur des terrains qui sont la propriété des Ivoiriens. Il existe une sorte de contrat qui régit ce type de relation. En effet, l'opérateur libanais construit le domaine et l'exploite pour une période bien définie contenue dans les clauses du contrat. Après, il cède le local au propriétaire. Souvent l'affaire tourne mal car le libanais exproprie le propriétaire terrien de son bien. D'où survient l'intervention de la justice 154(*) Les Libanais ont joué un rôle important dans le commerce en Côte d'Ivoire entre 1970 et 1980. Cette importance s'observe dans leur engagement au service de la grande de distribution. Les investissements libanais ne se limitent pas aux activités commerciales. Au cours cette période, les Libanais accompagnent le gouvernement dans sa politique d'industrialisation du pays. * 146Bureau de Développement Industriel, Répertoire des industries et activités de Côte d'Ivoire, éditions 1979-80, op,cit, p429 * 147Bureau de développement Industriel, op,cit p431 * 148Alain DUBRESSON ; op.cit, pp71-74 * 149Idem, pp71-74 * 150Alain DUBRESSON, op,cit, p71-74 * 151Jacqueline DUTHEIL de la ROCHERE ; L'Etat et le développement économique de la Côte d'Ivoire, Paris 1976, Pédon, p52 * 152Venance, KONAN « Côte d'Ivoire voyage, la communauté libanaise », In Afrique magasine octobre 2008 n°277, p80 * 153Service de presse de la Présidence de la Republique, VIIème Congrès du Pdci-Rda, 9 au 12 octobre 1985, pp21-22 * 154Venance KONAN, op,cit; p80 |
|