CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette réflexion, il était question
de préciser les marges de manoeuvre dont dispose l'Etat pour
développer son espace budgétaire. Nous avons de ce fait
distingué l'espace de ressources et celui des dépenses.
Pour ce qui est des ressources, les analyses effectuées
permettent de conclure qu'il est possible et même souhaitable d'accroitre
le niveau des recettes internes et de financement.
Au niveau des ressources internes, le recouvrement des
recettes fiscales reste en deçà du potentiel aussi bien en
impôts directs qu'indirects. Pour améliorer les impôts
directs, on devrait étendre l'impôt sur le revenu des personnes
physiques à des revenus non salariaux et rechercher le niveau de
l'impôt sur les sociétés non pétrolières qui
optimise son rendement. Pour ce qui est des impôts indirect, le
recouvrement de la TVA devrait être amélioré car ses
performances actuelles ne représentent que près de la
moitié de son potentiel, alors même qu'il devra constituer
l'élément pivot de la transition fiscale (épuisement du
pétrole et entrée en vigueur des APE). La maîtrise des
exonérations fiscales (1,7% du PIB en 2010) permettrait aussi de
garantir un niveau adéquat de ressources budgétaires. De plus, la
production pétrolière qui pourrait s'arrêter d'ici dix ans
nécessite une nouvelle stratégie d'exploration afin de
différer la survenue des lendemains sans pétrole.
Outre une mobilisation relativement faible des recettes
interne. Le Cameroun mobilise peu de financements. Au niveau externe, la
moyenne annuelle des tirages sur emprunts extérieurs est de 0,6% du PIB
depuis 2006 contre une moyenne de 1,6% du PIB sur la période 1995-2005.
Pourtant, les analyses effectuées montrent qu'à court terme, les
risques d'insolvabilité et d'illiquidité sont très faibles
depuis 2006. En 2010, l'encours de la dette extérieure ne se situe plus
qu'à 12,1% du PIB, loin du seuil de 30% du PIB à partir duquel le
pays court théoriquement le risque d'asphyxie. Le service de la dette
extérieure quant à lui représente moins de 5% des recettes
d'exportations (1,3% du PIB) dont très en deçà des 20%
jugés asphyxiant par la théorie économique. Pour combler
ses besoins en ressources budgétaires, l'Etat peut donc prétendre
à de nouveaux financements extérieurs d'un niveau
élevé que le niveau actuel. Au niveau interne, un fort potentiel
de financement existe du fait de l'importance des réserves
extérieures de la BEAC d'une part, et de la surliquidité bancaire
d'autre part. L'Etat peut mobiliser des financements internes à l'instar
de l'emprunt obligataire de 200 milliards de FCFA (2,3% du PIB) lancé au
second semestre 2010.
L'analyse de l'efficacité de la dépense publique
a montré que le niveau des dépenses publiques est faible du fait
de la faiblesse des ressources budgétaires et de la sous consommation
des crédits d'investissement. L'analyse de la composition de la
dépense publique montre que les dépenses de fonctionnement
restent la principale composante sur toute la période. Quant aux
dépenses d'investissement, elles se situent autour 2,3% du PIB, niveau
que le gouvernement entend maintenir à 2,2% à l'horizon 2020
conformément au DSCE. Les autorités devraient prendre conscience
que le décollage du Cameroun passe inévitablement par un taux
d'investissement annuel d'environ 25% du PIB. Il faudrait pour cela porter le
taux d'investissement public autour de 6% du PIB afin de compléter
l'investissement privé qui est projeté à environ 20% du
PIB à l'horizon 2020. Ceci n'est possible que si les dépenses
d'investissement augmentent pour représenter le tiers du budget de
l'Etat. Pour ce qui est des dysfonctionnements au niveau de l'exécution
de l'investissement public, l'allégement des procédures de
passation des marchés et de décaissement des fonds et la
maturation des projets avant leur budgétisation pourrait permettre
d'améliorer la consommation du BIP.
Présenté et soutenu par Joseph ABANDA
En vue de l'Obtention du DESS en Gestion de la
Politique Economique
Développement de l'espace budgétaire au
Cameroun
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