4.2.4 Contraintes liées à la consommation des
crédits d'investissement
L'exécution de la dépense publique
d'investissement est confrontée à plusieurs types de contraintes
:
? Au niveau des engagements
budgétaires.
Le taux d'engagement des crédits d'investissement reste
faible, moins de 80% sur la période 2006-2010. Les années 2007 et
2008 sont particulièrement concernées avec des niveaux
d'engagement des dépenses de 65,2% et de 70,2% respectivement.
Les obstacles à la consommation des crédits sur
ressources internes sont entre autres :
? l'inscription de certains projets dans le BIP sans
études préalables,
? initiation tardives des dossiers techniques de passation des
marchés par certains gestionnaires,
? faible capacité en matière d'élaboration
des termes de références des projets
Le faible niveau d'engagement des ressources issues
d'allègements et des ressources externes reste la principale raison du
faible niveau d'engagement des crédits. Les raisons étant :
5 Alain BEITONE, Antoine CAZORLA, Anne-Mary DRAI,
Christine DOLLO, Dictionnaire des sciences économiques, ARMAND COLIN,
2e édition.
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Economique
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? l'engagement desdites ressources nécessite en effet
des délais de passation de marchés assez longs du fait de la
réquisition de la non objection des bailleurs de fonds à chaque
étape du processus,
? la non maîtrise des procédures de
déblocage des fonds de contrepartie par certains chefs de projets
d'autre part,
? difficultés de mobilisations des ressources
extérieures du fait des conditionnalités de certains
bailleurs.
? Au niveau de la liquidation
Le niveau de liquidation des crédits d'investissement
engagés n'est pas uniforme d'une année à l'autre. En 2006
et 2008, les engagements liquidés sont en deçà de 70%
tandis qu'en 2007 et 2009, ils sont supérieurs à 80%. Le faible
niveau de liquidation des engagements en 2006 et 2008 est expliqué par
la faible liquidation des ressources issues d'allègements de dettes.
? Au niveau global de la dépense
d'investissement
La comparaison entre dépenses liquidées et
dotations initiales donne une idée plus générale sur le
niveau de consommation à temps des crédits d'investissement
public.
Ceci étant, il se dégage que, de 2006 à
2008, seule la moitié des crédits d'investissement sont
liquidés en fin d'exercice. Le niveau de liquidation des crédits
budgétaires est même de 46% en 2008.
En 2009, 60% des crédits votés sont
liquidés en fin décembre 2009. Ce niveau qui est le plus
élevé sur la période 2006-2009, demeure toutefois faible
compte tenu l'ampleur des besoins en investissements public du Cameroun.
Le tableau ci-après détaille les
évolutions observées sur les dépenses d'investissements
sur la période 2006-2009.
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Tableau 17 : évolution de
l'exécution du BIP au Cameroun(%)
données budgétaire
|
Années
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Taux d'engagements des crédits
|
Ressources internes
|
92,1
|
94,5
|
83,7
|
83,7
|
PPTE, IADM, D
|
48,4
|
37,6
|
44,9
|
73,3
|
Ressources externes
|
91,7
|
42,6
|
55,4
|
50,3
|
Ensemble
|
79,3
|
65,2
|
70,2
|
73,8
|
Taux de liquidation des engagements
|
Ressources internes
|
69,7
|
78,2
|
65,9
|
72,6
|
PPTE, IADM, D
|
33,6
|
77,5
|
33,5
|
94,1
|
Ressources externes
|
78,2
|
95,3
|
97,8
|
97,4
|
Ensemble
|
66,8
|
80,2
|
65,5
|
81,8
|
Taux liquidation par rapport aux
dotations initiales
|
Ressources internes
|
64,2
|
73,9
|
55,1
|
60,8
|
PPTE, IADM, D
|
16,3
|
29,1
|
15,0
|
69,0
|
Ressources externes
|
71,7
|
40,6
|
54,2
|
49,0
|
Ensemble
|
52,9
|
52,3
|
46,0
|
60,3
|
Source : MINEPAT/rapports
d'exécution BIP 2006, 2007,2008 et 2009, Calculs de l'auteur
? Au niveau des finances publiques
L'utilisation des données sur les liquidations en lieu
et place des paiements effectifs tend à surestimer le niveau de
décaissement qui reste tributaire de l'existence des restes à
payer en fin d'exercice. En fin septembre 2010 par exemple, les restes à
payer s'élevaient à 250 milliards. De janvier à septembre
2010, sur 232,5 milliards de dépenses d'investissement sur ressources
internes, les restes à payer de 2009 s'élevaient à 106,2
milliards (45,6%) contre 24,8 milliards (10,7%).
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Cameroun
Conclusion
Les dépenses d'investissement se situent autour de 2,3%
du PIB. Selon le DSCE, ce niveau se maintiendrait à 2,2% à
l'horizon 2020.
Les autorités devraient prendre conscience que le
décollage du Cameroun passe inévitablement par un taux
d'investissement annuel d'environ 25% du PIB. Il faudrait donc porter le taux
d'investissement public autour de 6% du PIB afin de compléter
l'investissement privé qui est projeté à environ 20% du
PIB à l'horizon 2020. Ceci n'est possible que si les dépenses
d'investissement augmentent pour représenter le tiers du budget de
l'Etat.
Le plus grand défi est d'améliorer
qualitativement et quantitativement l'exécution du BIP car en effet, les
décaissements effectifs dépassent rarement les 50% du budget
à fin d'exercice. Pour cela, l'allégement des procédures
de passation de marchés, de décaissement des fonds et la
maturation des projets avant leur budgétisation pourrait permettre
d'améliorer la consommation du BIP.
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Cameroun
Conclusion de la deuxième partie
La deuxième partie traitait du défi
d'amélioration de l'efficacité de la dépense publique.
Pour y parvenir, nous avons analyser l'évolution de la dépense
publique de manière générale en distinguant ses
principales composantes à savoir le fonctionnement, l'investissement et
la dette. Le constat qui ressort de ces analyses est le suivant :
Les dépenses publiques sont faibles au Cameroun depuis
1994 du fait de la faiblesse des ressources budgétaires et de la sous
consommation des crédits d'investissement.
L'analyse de la composition de la dépense publique
montre les dépenses de fonctionnement restent la principale composante
sur toute la période. Le service de la dette publique ne constitue plus
une contrainte pour les finances publiques depuis 2006, année d'atteinte
par le Cameroun du point d'achèvement de l'initiative PPTE. Quant aux
dépenses d'investissement, elles se situent autour 2,3% du PIB depuis
1994, niveau que le gouvernement entend maintenir à 2,2% à
l'horizon 2020 conformément au DSCE. Ce niveau est historiquement bas et
même en comparaison régionale.
Les autorités devraient prendre conscience que le
décollage du Cameroun passe inévitablement par un taux
d'investissement annuel d'environ 25% du PIB. Il faudrait donc porter le taux
d'investissement public autour de 6% du PIB afin de compléter
l'investissement privé qui est projeté à environ 20% du
PIB à l'horizon 2020. Ceci n'est possible que si les dépenses
d'investissement augmentent pour représenter le tiers du budget de
l'Etat.
Pour ce qui est des dysfonctionnements au niveau de
l'exécution de l'investissement public, l'allégement des
procédures de passation des marchés, de décaissement des
fonds et la maturation des projets avant leur budgétisation pourrait
permettre d'améliorer la consommation du BIP. Il faudrait aussi
renforcer la gouvernance dans la gestion des finances publiques en respectant
les quotas entre les montants alloués aux études et ceux
affectés à la réalisation de l'investissement.
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