Conclusion
Les dépenses publiques sont faibles au Cameroun depuis
1994 du fait notamment de la faiblesse des ressources budgétaires.
L'analyse de la composition de la dépense publique montre les
dépenses de fonctionnement restent la principale composante sur toute la
période. Quant aux dépenses d'investissement, elles ont
été très faibles du fait de l'importance du service de la
dette. En 2009, suite à la baisse du poids de la dette publique, la part
de l'investissement a atteint 25% du budget, soit le deuxième poste de
dépenses publiques. Le gouvernement aurait pu augmenter le niveau de
l'investissement public en optant pour un équilibre budgétaire au
lieu de l'excédent constaté depuis 1994, excédent qui n'a
malheureusement pas servi à améliorer l'offre en biens et
services public. En guise de recommandation, l'Etat devrait augmenter le niveau
des dépenses d'investissement pour les situer au-delà de 33% du
budget.
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CHAPITRE 4 : PROBLEME CENTRAL DE L'INVESTISSEMENT
PUBLIC
Le niveau des dépenses publiques au Cameroun est faible
en comparaison internationale. Les dépenses de fonctionnement sont
relativement élevés par contre les dépenses
d'investissement se caractérisent par la faiblesse dans les dotations et
de l'exécution.
4.1 Investissement public et croissance au Cameroun
Les modèles récents de croissance
endogène ont montré qu'il y a une variété de canaux
par lesquels les dépenses publiques peuvent avoir des effets sur la
croissance. Les deux principaux canaux étant : (i) l'augmentation du
stock de capital de l'économie à travers l'investissement public
en infrastructures ou celui des entreprises publiques et, (ii) l'accroissement
de la productivité marginale des facteurs de production à travers
les dépenses d'éducation, de santé et d'autres services
qui contribuent à l'accumulation du capital humain.
L'évolution comparée du taux de croissance du
P11B et du taux d'investissement public de la période 1980-2009 se
présentent ainsi qu'il suit.
La période 1980-85 se caractérise par une
croissance moyenne de 8,8% par an, pour un taux d'investissement public moyen
de 8,7%.
La période 1986-1994 est marquée par la crise
économique, l'ajustement structurel et la dévaluation du franc
CFA. Le P11B connait une chute de -4,7% par an, pour un taux d'investissement
public qui se situe en moyenne à 6,8% du P11B par an.
Après la dévaluation du FCFA en 1994, le
Cameroun renoue avec une croissance de 4,6% entre 1995-99 et de 3,7% entre 2000
et 2009, pour un taux d'investissement qui ne se situe plus qu'à 2,3%
par an.
Les faibles taux de croissance enregistrés depuis 1994
s'expliquent en grande parties par ceux de l'investissement. En effet,
l'objectif de réduire le déficit budgétaire et le service
de la dette extérieure ont conduit à la compression des
dépenses notamment les dépenses en capital. Ainsi, le taux
d'investissement qui se situait à 24,9% du P11B entre 1980 et 1985,
chute tendanciellement pour se situer à 17% du P11B en 2009, un niveau
très faible en comparaison internationale.
Au cours de la même période, l'investissement
privé passe de 16,2% du P11B entre 1980-85 à 15,7% du P11B entre
2000 et 2009, après avoir atteint le minimum de 11,4% du P11Bsur la
période 1986-1993.
L'investissement public baisse de manière drastique
passant de 6,8% du P11B entre 1980-85 à 2,3% du P11B entre 2000 et 2009,
soit vingt ans de sous investissement public.
Tableau 13 : évolution du P11B et
des taux d'investissements public et privé
Période
|
Taux de croissance réelle du
PIB(%)
|
Taux investissement public (% du PIB)
|
Taux investissement privé (% PIB)
|
1980-85
|
8,8
|
8,7
|
16,2
|
1986-93
|
-4,0
|
6,8
|
11,4
|
1994-99
|
4,6
|
2,4
|
14,2
|
2000-2009
|
3,7
|
2,3
|
15,7
|
Source : Comptes nationaux,
calculs de l'auteur
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Depuis la contraction des dépenses d'investissement en
1994, les autorités ne sont plus jamais parvenues à les ramener
aux niveaux antérieurs. Selon les statistiques de la BEAC de la
période 1994-2008, le taux d'investissement public au Cameroun se situe
en moyenne à 2,3% du PIB. Un niveau très faible lorsqu'on le
compare aux 6,4% de la RCA, 6,8% du Congo, 5,6% du Gabon, 10,7% de la
Guinée Equatoriale et 9,2% du Tchad.
Figure 20 : investissement public dans la
CEMAC de 1994 à 2008(% du PIB)
Source : BEAC
4.2 Budgétisation et exécution des
dépenses d'investissement
4.2.1 Budgétisation des dépenses
d'investissement
Les dépenses publiques d'investissement au Cameroun
sont financées par trois principales ressources : les ressources
internes hors allègements de dettes, les ressources d'allègement
(PPTE, D et IADM) et les ressources externes.
Les données disponibles sur la période 2006-2009
révèlent une nette amélioration de la part des ressources
internes hors allègements de dettes dans le financement du BIP. Leur
part passe en effet de 35,3% en 2006 à 52,7% 2009 après avoir
atteint le niveau de 60,6% en 2008.
Au cours de la même période, on observe une
diminution substantielle de la part des ressources d'emprunts extérieurs
de 35,6% en 2006 à 21,9% en 2009 pour un minimum de 17,1% en 2008.
Quant aux ressources issues de l'allègement dettes,
elles continuent d'occuper une part importante dans le financement du BIP au
Cameroun. Elles participent à hauteur de 25,5% en 2009, après
avoir avoisiné la proportion de 34% en 2007.
Globalement, l'allègement a permis au Cameroun de
diminuer sa dépendance des financements externes de 35,6% en 2006
à 21,9% en 2009, soit un gain de 13,7 points en trois ans. Mais les
ressources externes et d'allègement de dettes représentent
toujours 47,3% du BIP en 2009.
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Cameroun
Le tableau ci-dessous donne le détail de ces
évolutions :
Tableau 14 : dotations du BIP selon l'origine de
la ressource(%).
Années
|
Ressources internes
|
Ressources PPTE, IADM, D
|
Ressources externes
|
Ensemble
|
2006
|
35,3
|
29,1
|
35,6
|
100,0
|
2007
|
46,8
|
33,9
|
19,3
|
100,0
|
2008
|
60,6
|
22,3
|
17,1
|
100,0
|
2009
|
52,7
|
25,5
|
21,9
|
100,0
|
Source : MINEPAT/rapport
d'exécution BIP 2009, Calculs de l'auteur
|