PREMIERE PARTIE : LE CADRE
THEORIQUE ET LA METHODOLOGIE
DE LA RECHERCHE
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CHAPITRE I : LE CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE
I- 1 La problématique
En 2006, le Burkina Faso comptait 14 017 262 habitants, dont
33,2 % de ceux-ci avaient un âge compris entre 15 et 35 ans (Recensement
Général de la Population et de l'Habitation, RGPH 2006). Ce
recensement montre que 50 % de la population burkinabè a tout au plus
15,5 ans et que 57 % de cette même population a également tout au
plus 20 ans. Cela témoigne de la jeunesse de cette population. Avec un
taux d'accroissement démographique moyen annuel de 3,1 % (RGPH 2006), le
Burkina Faso enregistre en moyenne 435 000 habitants supplémentaires par
an. Selon les projections de l'INSD en 2006, le pays devrait compter 15 730 977
habitants en 2010, qui atteindraient 18 450 494 en 2015.
Cette croissance rapide de la population génère
une demande sociale élevée et engendre le risque que
d'énormes ressources soient consacrées à des
investissements démographiques, au détriment des investissements
productifs4. Le corollaire de la jeunesse de cette population est le
problème d'emploi qui, s'il n'est pas résolu à temps,
pourrait conduire à des dérives de la part des jeunes.
L'Etat tente de résorber le chômage en faisant
des recrutements à la Fonction publique. Mais ce recrutement reste
très faible par rapport au nombre de jeunes sans emploi (9 000 postes
contre 432 563 candidatures au concours directs 2011). Parallèlement, il
initie le programme de formation en entrepreneuriat tout en créant des
Fonds tels que le Fonds d'Appui aux Initiatives des jeunes (FAIJ), le Fonds
d'Appui à la Promotion de l'Emploi (FAPE), le Fonds d'Appui au Secteur
Informel
4 Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable (SCADD
2011-2015) p10.
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(FAST). Malgré tout, le chômage demeure et reste
encore un problème majeur pour la jeunesse.
Par ailleurs, selon le RGPH 2006, les personnes en âge
de travailler (entre 15 et 64 ans) représentent 53,1 % de la population,
soit 7 443 564 personnes. Parmi ces personnes, il y a environ 4 765 869 jeunes.
Or on relève que moins de 20 000 emplois5 salariés
effectifs sont créés chaque année depuis 1995. Ces
chiffres révèlent également que les 2/3 des jeunes sont au
chômage ou poursuivent les études. Cependant, les besoins
d'emplois à venir seront très importants. Selon les
données fournies par l'INSD en 2006, la population active de 15 ans et
plus devrait croître de plus de 160 000 personnes par an entre 2010 et
2015.
La jeunesse de la population burkinabè constitue un
levier potentiel d'innovations et de progrès à moyen et long
terme, à condition que des ressources soient mobilisées pour la
protection et la préparation des jeunes à la vie adulte. À
court terme, elle induit des rapports élevés de
dépendance, qui réduisent les capacités d'épargne
des familles et des ménages et contribuent à reproduire la
pauvreté.
Le développement du chômage urbain,
conséquence logique de la crise économique, s'est
accompagné de l'émergence et de l'essor du secteur informel.
C'est une question de survie de ces populations qui n'ont pas eu accès
au secteur formel. Le secteur informel joue un rôle d'adoption des
migrants et un rôle d'accueil des agents économiques exclus du
secteur officiel. C'est une zone tampon entre le secteur traditionnel rural et
le secteur moderne6. La fin du troc a poussé la population
rurale vers le secteur informel faute d'être capté par la Fonction
publique.
5 MJFPE 2007 : Exposé du Burkina Faso
à la commission de l'emploi et de la politique sociale du conseil
d'administration du BIT. P 4
6 Dossiers : économies
7
L'agriculture, source principale d'activité et de
revenu, reste dominée par les cultures de subsistance et
l'élevage traditionnel, malgré l'existence de cultures de rente
comme le coton, dont les revenus restent précaires au regard des
conditions du marché international. Les activités informelles
occupent largement l'économie urbaine, tandis que les activités
structurées de type moderne se révèlent insuffisantes. En
tout état de cause, les revenus demeurent faibles et le pays
connaît un phénomène de pauvreté qu'il s'attache
aujourd'hui à résorber.
Le secteur de l'éducation de notre pays est
caractérisé par l'exigence de prise en charge financière
à tous les niveaux par les parents d'élèves et
étudiants (sauf dans l'enseignement primaire et secondaire public
où le principe de gratuité fonctionne, mais là encore
certains parents n'arrivent pas à payer leur contribution). Cependant,
les difficultés liées à la modicité des salaires
des parents (pour ceux qui travaillent), à l'irrégularité
de payement de ces salaires, au chômage et à l'insuffisance des
revenus ménagers, ont placé beaucoup de parents dans
l'incapacité de prendre en charge la scolarité de leurs enfants
et ce, à cause du coût relativement élevé des
études.
Il est donc clair que l'on est face à un déficit
d'emplois décents très important qui appelle une mobilisation
énergique et en particulier à destination des jeunes arrivant sur
le marché du travail.
Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics
pour réduire le chômage des jeunes, beaucoup reste à faire
notamment dans nos grandes villes, à savoir Ouagadougou et
Bobo-Dioulasso où le taux de chômage des jeunes est
élevé.
Au regard de la situation des inactifs qui est relativement
élevé au Burkina Faso, la commune de Ouagadougou est
également confrontée à cette réalité.
À cela s'ajoute un taux de chômage élevé de 12,6 %
et se caractérise par une densité exceptionnellement importante
(615 habitants
8
au km2). La population est passée de 465 969
habitants en 1985 à 750 398 habitants en 1996 et à 1 475 223
habitants en 2006 (INSD RGPH 1985, 1996, 2006). Particulièrement,
l'Arrondissement 6 de Ouagadougou abrite une grande partie de la population de
l'ancien Arrondissement de Boulmiougou qui comptait 449 519 habitants (RGPH
2006).
Pour accompagner les pouvoirs publics dans la recherche de
solutions aux problèmes d'emplois des jeunes et aider ces derniers dans
le choix judicieux d'une filière de formation, nous avons
décidé de mener une étude sur un métier d'avenir
qui est la mécanique moto. Cette étude porte sur « la
contribution des activités de service du secteur informel à
l'insertion professionnelle des jeunes : cas de la mécanique moto dans
l'Arrondissement 6 de Ouagadougou ».
La problématique de cette étude découle des
interrogations suivantes :
- La formation des jeunes à la réparation et
à l'entretien des engins à deux et à trois roues ne
peut-elle pas contribuer à résoudre le problème d'emploi
des jeunes au Burkina Faso, particulièrement dans l'Arrondissement 6 de
Ouagadougou ?
- Quels sont les principaux problèmes auxquels sont
confrontés les mécaniciens des engins à deux et à
trois roues ?
- Comment améliorer ce secteur pour permettre
l'insertion professionnelle des jeunes ?
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