VI. 2. 3. 2. Les techniques mécaniques de lutte
anti-érosive
Les techniques mécaniques sont réalisées
grâce à des matériaux locaux. Le cas le plus courant est la
technique de l'alignement de blocs de cuirasse. Cette technique relativement
simple, consiste en la construction dans les parcelles cultivées,
d'édifices pierreux, parallèles aux courbes de niveau et ceci,
à un rythme plus ou moins rapproché selon la pente, dans le but
de lutter contre l'érosion hydrique des sols (SANOU D.C., 1993). La
construction est simple, mais requiert une certaine maîtrise, des moyens
financiers et matériels pour prélever et transporter ces blocs de
pierre. Les photos 10 et 11 présentent des cordons pierreux
placés dans un champ de sésame à Loaga. Cette technique
est difficile à mettre en oeuvre, mais une fois réussie elle
empêche l'érosion des sols (surtout la partie arable) et conserve
les éléments minéraux essentiels au développement
des plantes. Elle nécessite la mobilisation de force physique et de
volonté de la part des populations. C'est ce qui explique d'ailleurs la
faiblesse de cette technique dans la commune.
Outre la technique des cordons pierreux, il est important de
noter la technique du travail du sol qui peut améliorer la composition
de celui-ci et donner de meilleurs rendements. La technique de billonnage
pratiquée par la population augmente la porosité du sol, donc
crée une bonne infiltration des eaux de pluies. Cependant, si elle est
faite perpendiculairement aux courbes de niveaux, elle favorise
l'érosion hydrique du sol. En plus des techniques mécaniques, on
a des mesures d'accompagnement qui sont entre autres les méthodes
biologiques.
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Photo 10 : des cordons pierreux
TIENDREBEOGO Y. / POA
IV. 2. 3. 3. Les méthodes biologiques
D'après nos enquêtes, ce sont les méthodes
les plus utilisées. Sur 186 personnes enquêtées 100 %
reconnaissent effectivement qu'il y a dégradation du couvert
végétal. Les paysans combinent plusieurs méthodes pour
lutter contre la dégradation du couvert végétal. 42,78 %
de la population utilisent du compost, de la fumure organique, des ordures
ménagères, des engrais biologiques, l'association de culture.
C'est la combinaison dominante. 28,34 % utilisent l'association de culture,
engrais chimique, et du compost. Ces méthodes sont d'un grand
intérêt, car elles sont conservatrices de l'eau et du sol. Elles
visent donc à intensifier la production sur les meilleures terres en
augmentant le couvert végétal.
Nous avons identifié une vieille méthode qui est
pratiquée par la totalité des paysans : c'est conservation des
arbres dans les champs. En effet, les populations conservent les arbres
déjà existant dans les champs. Cette technique a non seulement le
but de préserver la biodiversité, mais elle permet à la
population d'avoir des fruits de subsidence en période de soudure, car
les espèces épargnées sont des arbres fruitiers. C'est une
des techniques la plus ancienne, elle est pratiquée depuis
l'époque de nos aïeux.
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Il y a aussi l'utilisation du compost et de la fumure
organique. La fumure organique et le compost sont produits à base de
détritus et de fientes des animaux. Les champs de cases
bénéficient de cet engrais, mais la grande partie est
transportée par les paysans vers les champs de brousse.
Nous avons remarqué également que certains
paysans utilisent la technique de haie vive (photo 12). En effet, la haie vive
est un alignement d'arbustes épineux aux branches inextricables,
permettant d'empêcher le passage d'animaux. La photo 12 présente
ici, une haie vive défensive composée essentiellement de
Acacia macrostachya (arbustes) et de Andropogon gayanus.
Cette technique est utilisée contre l'érosion des sols (hydrique
et éolienne) et dans une certaine mesure contre la divagation des
animaux.
Photo 11 : des haies vives à Acacia
macrostachya
TIENDREBEOGO. Y/ POA,
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