C'est sous diverses formes que la population de la commune de
Poa décrit l'évolution du couvert végétal. Les
expressions les plus courantes sont : la disparition des arbres et de la
forêt, la baisse de la pluviométrie, les sols ne sont plus
fertiles et on constate une baisse du rendement agricole. Ou encore : quand
nous étions plus jeunes, la végétation empêchait de
discerner les autres concessions ou quartiers du village. De plus, il y avait
des lions et d'autres animaux sauvages qui venaient aux abords des cases pour
attraper les chèvres et les moutons. Maintenant tout cela a disparu et
il y a même plus d'animaux sauvages dans la commune de Poa, sauf quelques
écureuils et lièvres. Ainsi, selon les enquêtes
menées sur le terrain, tout le monde perçoit cette
dégradation du milieu et chacun en fonction de ces connaissances et de
ces moyens tente de lutter au mieux contre ce phénomène. C'est
ainsi que les paysans épargnes quelques espèces telles que
Vitellaria paradoxa (karité), Parkia biglobosa
(néré), Azadirachta indica (neem), Mangifera
indica (manguier), Lannea microcarpa (raisinier), Kaya
senegalensis (cailcedrat), Adansonia digitata (baobab),
Faidherbia albida (kade). A cela, s'ajoute les différentes
techniques de conservation et d'amélioration de la fertilité des
sols (Apport de compost, d'engrais chimique, de fumure organique, construction
d'ouvrages anti-érosifs...).
Ces stratégies paysannes sont insuffisantes pour
résoudre le problème de dégradation des ressources
naturelles compte tenu de son ampleur. La protection des essences des «
bois sacrés » ne sauvegarde pas l'ensemble du couvert
végétal de la commune. La pression foncière due à
la démographie élevée, entraine une demande accrue en bois
de chauffe. L'action de cette population sur le milieu par la persistance des
feux de brousse et le mode d'exploitation du couvert végétal
à travers (l'agriculture et l'élevage), nécessite qu'on
prenne des mesures de protection mieux élaborées.
L'Etat burkinabè a tout mis en oeuvre pour la
préservation de l'environnement et du patrimoine végétal.
Pour ce faire, il s'est d'abord doté d'un Ministère de
l'Environnement et du Développement Durable (MEDD). Ensuite, avec
l'appui d'autres ministères et des partenaires techniques au
développement, ils ont ensemble élaboré des textes sur
l'environnement notamment la politique nationale en matière de
l'environnement adoptée en janvier 2007. Le MEDD agit dans les provinces
par le biais de services locaux coiffant les départements. Ce
ministère dispose d'agents ayant pour rôle primordial
l'application de la
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politique du gouvernement en matière de
l'environnement. Pour ce faire, ces agents oeuvrent à la protection de
l'environnement, à travers les reboisements, la sensibilisation et la
formation des paysans forestiers. La politique en matière
d'environnement au Burkina Faso découle de l'état de notre
environnement, des problèmes environnementaux, de la nécessaire
intégration de la gestion des ressources naturelles à
l'économie, de la volonté nationale de lutte contre la
pauvreté et des perspectives de développement durable. Pour
parvenir à une bonne gestion des ressources naturelles, l'Etat s'est
fixé un certain nombre de défis à relever, qui sont entre
autres :
- la lutte contre la dégradation des terres ;
- la maîtrise des ressources en eau ;
- l'amélioration de la contribution des ressources
naturelles à l'économie nationale ;
- la préservation de la diversité
végétale et animale ;
- l'approvisionnement durable en énergie ;
- l'atténuation et l'adaptation des effets des
changements climatiques ;
- la maîtrise des biotechnologies ;
- la promotion des mécanismes de coopération
internationale.
La mise en oeuvre de la politique environnementale interpelle
la contribution de tous les acteurs, un partenariat dynamique. Ce partenariat
met en présence, l'Etat, les collectivités territoriales, la
société civile, le secteur privé, les acteurs
spécifiques, les partenaires techniques et financiers.
Les collectivités territoriales, selon les textes de
la décentralisation sont appelées à exercer davantage des
prérogatives dans le domaine de la gestion de l'environnement. Elles ont
la responsabilité de :
- Participer à l'élaboration et la mise en
oeuvre des outils spécifiques de gestion environnementale au niveau
régional et local (plans d'assainissement, d'aménagements
paysagers, d'aménagement des ressources naturelles) ;
- exercer la maîtrise d'ouvrage des investissements
d'aménagement et de gestion des ressources naturelles et
d'amélioration du cadre de vie de leur ressort territorial ;
- créer un cadre institutionnel et
réglementaire favorable à la mobilisation des ressources
(financières, matérielles et humaines) locales comme externes et
le co-financement des investissements de gestion des ressources naturelles et
d'amélioration du cadre de vie.
Quant aux autorités coutumières et religieuses
de par leur engagement auprès de leur communauté, ont toujours
participé à la gestion de l'environnement. Ainsi, elles seront
amenées entre autre à :
- sensibiliser et mobiliser les populations en vue de
participer à des réalisations en faveur de l'environnement ;
- contribuer à la gestion des ressources naturelles (bois
sacrés, forêts sacrés, gestion des terres).
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En 1985, le Burkina Faso engage une bataille contre trois (3)
grands fléaux à savoir : la coupe du bois, la divagation des
animaux, les feux de brousses. Le 2 juin 1994, le chef de l'Etat lança
le mot d'ordre « 8000 villages, 8000 forêts ».
La situation de notre zone d'étude ne semble pas
bénéficier de ces textes misent en oeuvre par l'Etat. Les
résultats des enquêtes de terrain montrent qu'environ 47,2% des
personnes interrogées attribuent cela à la méconnaissance
des textes, impliquant les populations locales dans la gestion de
l'environnement, à l'insuffisance de moyens, et également
à la méconnaissance des différentes techniques de luttes
et de conservations. La gestion des ressources naturelles doit
nécessairement passer par une ferme volonté politique, mais elle
doit aussi permettre la participation consciente et active des populations pour
une application effective des décisions politiques sur les actions
intégrées et participatives de développement. Pour
parvenir à la stabilité de notre zone et atteindre
l'autosuffisance alimentaire, l'accent doit être mis sur l'application
des techniques de conservation des eaux et des sols, de la restauration de la
végétation et d'amélioration de la production agricole.