Si l'eau est reconnue par tous comme source de vie, elle est
aussi un des puissants agents morphogéniques, surtout en zone
intertropicale. En effet, une pluie entraine le plus souvent une action
mécanique sur les sols, même si elle n'est pas suivie de
ruissellement. La pluie est donc l'une des causes de l'érosion. Elle se
manifeste sous deux formes visibles dans le paysage : le décapage
pelliculaire et l'érosion ravinante.
l
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Le décapage pelliculaire : il y a
d'abord l'action directe des gouttes de pluie sur le sol. En effet, une goutte
de pluie arrivant au sol avec un certain nombre de caractéristiques
(vitesse, grosseur, énergie unitaire...) provoque un départ de
terre au contact de celui-ci : elle peut aussi entrainer le tassement du sol
créant ainsi les conditions favorables à la formation de croute
de battance : c'est l'effet splash8. Celui-ci provoque le colmatage
des pores du sol. L'eau de pluie ne peut donc pas s'infiltrer, créant
ainsi le ruissellement en nappe et le ruissellement diffus.
Le ruissellement en nappe est caractérisé par
une ablation uniforme des fines à la surface du sol. On a un
décapage pelliculaire généralisé : toutes les
aspérités du sol sont atteintes par ce type d'érosion. On
a alors l'impression, après le passage d'une pluie ruisselante que le
sol a été balayé à l'aide d'un balai à
brindille. Ce type de ruissellement est le plus fréquent dans notre zone
d'étude et se produit surtout lors des premières pluies et sur la
surface plane à pente faible (2 à 3°).
Les ruissellements diffus se manifestent par une ablation qui
ne concerne pas toute la surface topographique du sol. On a un décapage
pelliculaire localisé. En effet certaines aspérités du sol
ne sont pas atteintes par ce type d'érosion dont la manifestation la
plus forte se situe au niveau des zones de concentration des
eaux9.
Lorsque les horizons superficiels meubles (riche en humus) ou
horizons A, sont totalement déblayés, les horizons B sont mis
à nus. Ils peuvent durcir, s'imperméabiliser
(phénomène du cuirassement) : ce sont les sols
érodés, appelés « zipéllé » au
Burkina Faso. Ainsi ces sols durcis et encroutés ne permettent pas
l'alimentation hydrique de la plante. Ce qui conduit sans doute à la
disparition des formations végétales.
l L'érosion ravinante : il se
rencontre sur les glacis, dans les sols ferrugineux tropicaux lessivés
indurés peu profonds (colline de Zinguedgen et de Niangdo) et les sols
bruns eutrophes. Lorsque les eaux de pluies se mettent à couler sur des
pentes faibles, ils créent dans un premier temps des griffures
d'érosion. Ceux-ci évoluent pour donner des rigoles (de l'ordre
du centimètre). Ces derniers évoluent à leur tour pour
devenir des ravineaux. Au fur et à mesure que les ruissellements
s'accentuent, ces ravineaux grandissent pour devenir des ravines. Ces ravines
installées s'allongent en reculant leurs têtes à l'amont
par érosion régressive. Le recul de ses ravines finit par se
rejoindre pour donner des « badlands » ou roubines. Les ravines
naissent généralement soit : d'une forte intensité du
ruissellement, d'un piétinement continuel du bétail rendant
très fragile le sol, d'un déplacement
8 Cours de SANOU D. C., Maitre-Assistant : processus
Géomorphologique actuel 2011.
9 Cours de SANOU D. C., Maitre-Assistant : processus
Géomorphologique actuel 2011.
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permanent de la population sur les pistes inter village
(à deux roues ou à quatre roues), soit également par
convergence et jonction de ravineaux et rigoles (DA D. E. C., 1983). Les effets
directs de l'érosion des sols est le transport d'énormes
quantité de terre (surtout la partie arable). Ce phénomène
est beaucoup plus visible sur les sols non protégés et non
aménagés.
Nous avons étudié ces phénomènes
le long d'un cours d'eau qui se situe entre Poa et Loaga. Ce cours d'eau est le
lieu d'abreuvement des troupeaux. Il traverse la commune du Nord vers le
Sud-Est. Le tronçon décrit ici mesure environ 800 m de long et 30
m de large. Le pourtour présente des séquences de zones
dégradées comportant des poches nues. Nous avons une zone de
transition comportant des espèces hydrophiles, une zone d'inondation
permanente et une zone d'inondation temporaire. Le piétinement du
bétail et les prélèvements de terres pour la confection
des briques, aux abords du cours d'eau sont en partie responsable de la
dégradation des berges. Ils entrainent l'élargissement des berges
et le tassement du sol sur le pourtour et dans la zone d'inondation. Il y a
apparition de signes de dégradation du milieu caractérisé
par la présence de touffes de graminées, présence de
ravineaux, le déchaussement de la végétation. En plus de
l'érosion hydrique, les sols dénudés peuvent subir
l'érosion éolienne.