38
III. 2. L'ÉVOLUTION DU COUVERT
VÉGÉTAL DE 1976 À 2011
L'histogramme d'évolution des superficies des formations
végétales présentent la situation
suivante en 1976 et 2011 (fig. 2 p 39) :
- Les formations végétales
représentées en 2011 existaient en 1976. Cependant, il y a eu une
variation au niveau de leur superficie et de leur localisation.
- Les champs qui couvraient 5,82 % en 1976, occupaient plus
de la moitié de la superficie de la commune en 2011 soit 50,10 %.
L'augmentation des champs a certainement fait disparaître les
jachères. En effet, les observations faites directement sur le terrain,
permettent de constater une réelle disparition des jachères.
Celles qui existent sont très récentes (2 à 3 ans) et donc
ne permettent pas encore une reconstitution du couvert végétal.
L'emprise de l'homme sur le milieu, sur le couvert végétal est
donc très forte. En effet, selon TERRIBLE M. (1981), au Burkina Faso
l'occupation du sol par les cultures ne doit pas excéder le seuil de 25
% de la surface de celui-ci et ceci pour maintenir un équilibre entre
l'homme et le milieu naturel en tenant compte des méthodes culturales.
Dans notre zone ce seuil est largement dépassé car les champs
occupent plus de 50,10 % de la surface totale.
Lorsque nous établissons une relation entre la
situation de 1976 et celle de 2011, il ressort que les champs occupent environ
1,27 % de la superficie de la commune par an. Entrainant une évolution
régressive de la savane arbustive, herbeuse et les forêts galerie.
Alors, si rien n'est fait pour stopper ou régénérer ces
différentes formations, les champs occuperaient 62,80 % de la superficie
totale en 2021 ou encore 75,50 % en 2031. Mais à ce niveau nous avons
constaté que excepté les savanes arbustives qui n'ont pas pu se
régénéré entre 1976 et 2011, les forêts
galerie et les savanes herbeuses se régénèrent depuis
2006. Cette régénérescence est due aux efforts de
plantations d'arbres initiés par les différents acteurs et
à la reconstitution des bois sacrés.
- La savane arbustive a régressé
également de 1976 à 2011. Le recul a été de 5287,68
ha à 1549,79 ha, soit une diminution de 3737,89 ha, ce qui
représente 15,92 % de la surface totale cartographiée.
- La savane herbeuse a aussi régressé de 1976
à 2011. Elle est passée de 11 575,08 ha à 6936,12 ha, soit
une diminution de 4638,96 ha ce qui équivaut 19,71 % de la surface
totale cartographiées.
- La forêt galerie a perdu une partie de sa superficie
de 1986 à 2006. Elle est passée de 5226,12 ha à 3129,10
ha, soit une régression de 2097,02 ha, ce qui représente 8,90 %
de la surface totale cartographiée.
- Les plans d'eau ont gagné de l'espace, ils sont
passés de 00 ha à 73,62 ha, soit une augmentation de 73,62 ha, ce
qui équivaut à 0,31 % de la surface totale cartographiées.
Cette situation pourrait s'expliquer
par l'aménagement des barrages de Yaoghin et de Gogo,
qui permettent le stockage des eaux de ruissellement.
- Les sols nus ont à leur tour perdu une partie de
leur surface, passant ainsi de 15,48 ha à 2,52 ha, soit une
régénérescence de 0,05 % de la surface totale
cartographiée. La diminution de ces espaces est due en premier lieu aux
plantations d'arbre initiées par les particuliers et les
différentes associations. Et compte tenu du manque d'espace cultivable
les paysans exploitent les terres incultes tout en améliorant leur
fertilité avec des engrais chimiques et de la fumure organique.
Au total dans la zone étudiée, on note une
dynamique régressive des formations végétales. Les
formations arbustives et herbeuses régressent de plus en plus au profit
des savanes parcs (champ).
![](Evolution-du-couvert-vegetal-dans-la-province-du-Boulkiemde-cas-de-la-commune-de-Poa-au-Burkina17.png)
Sol nu
Savane
Champ Forêt galerie Plan d'eau Savane
60
50
40
30
20
10
0
arbustive herbeuse
Description des surfaces
Année 1976 Année 1986
Année 2006 Année 2011
TIENDREBEOGO Y. / POA, septembre 2011
39
Figure 2 : l'évolution de l'occupation du sol de
1976 à 2011
40
Tableau I : l'évolution du couvert
végétal de 1976 à 2011
Description
des unités de surface
|
Superficie en hectare (ha) sur une superficie totale de 23
100 ha.
|
Bilan en pourcentage (%)
|
|
1986
|
2006
|
2011
|
1976-
1986
|
1986-
2006
|
2006-
2011
|
1976-
2011
|
Champs
|
1365,10
|
8334,48
|
12591,81
|
11 731
|
30,26
|
18,43
|
-4,41
|
44,28
|
Forêt galerie
|
5226,12
|
3762,99
|
2067,45
|
3129,10
|
-5,97
|
-7,34
|
4,41
|
-8,90
|
Plan d'eau
|
00
|
20,79
|
46,20
|
73,62
|
0,09
|
0,11
|
0,11
|
0,31
|
Savane arbustive
|
5287,68
|
3305,61
|
2945,25
|
1549,79
|
-8,22
|
-1,56
|
-6,44
|
-15,92
|
Savane herbeuse
|
11 575,08
|
7223,37
|
5273,73
|
6936,12
|
-18,05
|
-8,44
|
6,78
|
-19,71
|
Sol nu
|
15,48
|
452,76
|
180,18
|
2,52
|
1,90
|
-1,18
|
-0,77
|
-0,05
|
|
Source : Traitements statistiques de l'étude
diachronique, novembre 2011.
De façon générale, la dynamique spatiale
est régressive et deux grands axes d'évolutions se dessinent :
les formations dont les superficies ont augmenté (les champs, les plans
d'eau) et les formations dont les superficies ont régressé
(forêt galerie, savane arbustive et savane herbeuse).
L'évolution s'est faite aussi à un rythme
différentiel. La superficie des forêts galerie a
régressé de 8,90 % en espace de 35 ans. Cependant, cette
régression n'est pas constante toutes les années, entre 19761986
elle a régressé de 5,97 % et de 7,34 % entre 1986 et 2006. Par
contre, entre 2006 et 2011 elle a été reconstituée, soit
une progression de 4,41 %. La superficie des savanes herbeuses ont aussi
évolué de cette façon. Elle a régressé de
18,05 % entre 1976 et 1986 et de 8,44 % entre 1986 et 2006. Elle a
progressé de 6,78 % entre 2006 et 2011, ce qui donne une
régression totale de 19,71 % pour cette unité. Celle des savanes
arbustives a quant à elle régressée de 15,92 % durant ces
35 années. Sur toutes ses séquences d'années elle a
régressé même si elle a fluctué. Toutes ces surfaces
ont été dégradées au profit des champs qui sont
aujourd'hui sous savane parc à Vitellaria paradoxa au
détriment des autres formations. En espace de 35 ans son
évolution n'a pas été constante c'est ainsi que nous avons
une progression des champs de 30,26 % entre 1976-1986 et 18,43 % entre
1986-2006. Par contre, entre 2006 et 2011 elle a perdu 4,41 % de sa surface
totale cartographié. Entre 1976 et 1986, la superficie des champs a
été multipliée par 6. C'est une période
marquée par le grand défrichement des autres unités pour
l'agriculture. Malgré les efforts consentis par les acteurs à
préserver le couvert végétal, l'action de l'homme est
toujours dominante et les champs occupent 44,28 % de la surface de la
commune.
41
Tableau II : La dynamique spatiale de l'occupation des
terres de 1976 à 1986 en (%)
1986
1976
|
Ch
|
Sa
|
Sh
|
Fg
|
Sn
|
Plan d'eau
|
Champ (Ch)
|
96,35
|
0,03
|
2,36
|
1,19
|
0,03
|
00
|
Savane arbustive (Sa)
|
27,47
|
71,55
|
0,83
|
0,09
|
0,02
|
00
|
Savane herbeuse (Sh)
|
1,62
|
0,29
|
96,89
|
0,69
|
00
|
00
|
Forêt galerie (Fg)
|
2,82
|
0,09
|
0,51
|
95,71
|
0,01
|
0,09
|
Sol nu (Sn)
|
1,41
|
3,67
|
0,21
|
0,71
|
93,45
|
00
|
|
Source : Traitements statistiques de l'étude
diachronique, novembre 2011.
NB : les surfaces qui portent les chiffres (00) ont subi une
évolution, mais de petite valeur, c'est pour harmoniser les
données du tableau à deux chiffres après la virgule que
ces cases se sont retrouvées avec la valeur 00.
La matrice de transition des images satellitales de 1976 et
de 1986 montre que les transformations des différentes unités se
sont faites suivant un rythme différentiel. Les autres unités se
sont transformées au profit des champs. En effet, entre 1976 et 1986,
96,35 % des surfaces des champs n'ont pas varié. Mais 27,47 % des
savanes arbustives se sont transformés au profit des champs. 2,82 % des
forêts galerie, 1,62 % des savanes herbeuses, et 1,41 % des sols nus se
sont également transformés pour donner des champs. Seulement 2,36
% des champs se sont transformés pour donner des savanes herbeuses.
Tableau III : La dynamique spatiale de l'occupation des
terres de 1986 à 2006 en (%)
2006
1986
|
Ch
|
Sa
|
Sh
|
Fg
|
Sn
|
Pe
|
Champ (Ch)
|
94,24
|
4,65
|
1,00
|
0,07
|
0,01
|
0,01
|
Savane arbustive (Sa)
|
3,34
|
96,52
|
0,05
|
00
|
0,03
|
00
|
Savane herbeuse (Sh)
|
2,31
|
0,18
|
97,40
|
00
|
00
|
0,05
|
Forêt galerie (Fg)
|
2,73
|
0,15
|
0,07
|
96,99
|
00
|
00
|
Sol nu (Sn)
|
1,70
|
1,6
|
0,054
|
00
|
96,63
|
00
|
Plan d'eau (Pe)
|
1,66
|
0,43
|
00
|
00
|
0,20
|
97,03
|
|
Source : Traitements statistiques de l'étude
diachronique, novembre 2011.
NB : les surfaces qui portent les chiffres (00) ont subi une
évolution, mais de petite valeur, c'est pour harmoniser les
données du tableau à deux chiffres après la virgule que
ces cases se sont retrouvées avec la valeur 00.
42
La dynamique des unités d'occupation du couvert
végétale de la commune de Poa peut également
s'expliqué par son évolution spatiale (tableau IV). L'analyse
diachronique en tableau croisés met en exergue sur une période de
20 ans, l'évolution spatiale de chaque unité. Elle nous a permis
de connaître le taux de régression et de dégradation des
différentes unités de surface.
Les états d'occupation des terres montrent qu'en 2006,
94,24 % des champs de 1986 n'ont pas varié spatialement, seulement 4,65
% des champs se sont transformés en savane arborée à cause
de différentes séances de reboisements initiés par la
population et les efforts consentis par les paysans pour épargner les
arbres. On constate également que ce sont les champs qui ont plus
bénéficié de cette évolution. En effet, en 1986,
3,34 % de la savane arbustive, 2,31 % de la savane herbeuse, 2,73 % de la
forêt galerie, 1,70 % des sols nus, ainsi que 1,66 % des plans d'eau se
sont transformés pour donner des champs en 2006. Cela montre davantage
que les paysans défrichent toutes les surfaces pour leurs
différentes cultures et vont jusqu'à récupérer les
sols nus pour l'agriculture. Tout ceci montre qu'il y a effectivement une
emprise de l'homme sur le milieu.
Tableau IV : La dynamique spatiale de l'occupation des
terres de 2006 à 2011 en (%)
2011
2006
|
Ch
|
Sa
|
Sh
|
Fg
|
Sn
|
Pe
|
Champ (Ch)
|
97,30
|
0,89
|
1,5
|
0,17
|
00
|
0,12
|
Savane arbustive (Sa)
|
3,94
|
95,68
|
0,18
|
0,10
|
00
|
0,10
|
Savane herbeuse (Sh)
|
10,94
|
0,01
|
89,01
|
0,03
|
00
|
00
|
Forêt galerie (Fg)
|
3,70
|
0,02
|
0,08
|
96,20
|
00
|
00
|
Sol nu (Sn)
|
1,91
|
0,04
|
00
|
00
|
98,05
|
00
|
Plan d'eau (Pe)
|
2,05
|
0,13
|
0,08
|
0,09
|
00
|
97,65
|
|
Source : Traitements statistiques de l'étude
diachronique, novembre 2011.
NB : les surfaces qui portent les chiffres (00) ont subi une
évolution, mais de petite valeur, c'est pour harmoniser les
données du tableau à deux chiffres après la virgule que
ces cases se sont retrouvées avec la valeur 00.
Il ressort de ce tableau que de 2006 à 2011, 1,5 % des
champs ont régénéré pour donner des savanes
herbeuses. À l'instar des deux premières matrices de transition
les autres unités se dégradent au profit des champs. C'est ainsi
que nous avons, 3,94 % des savanes arbustives, 10,94 % des savanes herbeuses,
3,70 % des forêts galerie se sont dégradés en faveur des
champs. La régression des surfaces des sols nus est appréciable,
car ce sont des zones autrefois dépourvues de végétation
qui sont récupérés par les paysans pour l'agriculture. La
remarque générale qu'on en fait est que presque 90 % des
unités cartographiés se conservent. La régression des
surfaces des plan d'eau est due aux cultures maraîchères
43
et du riz au abord des différents barrages
aménagés. D'après cette étude, il y a
véritablement une régression du couvert végétal.
C'est ainsi que nous avons étudié les causes de cette
évolution régressive.
|
|