ANNEXE 7 : PROTOCOLE D'INTERVIEW AVEC LES AUTRES
ACTEURS DU PROCESSUS DEMOCRATIQUE
Ministry Of Higher Education
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University of Douala
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Faculty of Arts and Social Sciences
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Department of Sociology
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SociologyLaboratory
Ministère de l'Enseignement
Supérieur
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Université de Douala
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Faculté des Lettres et Sciences
Humaines
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Département de Sociologie
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Laboratoire de Sociologie
251702272
ENQUETE DE TERRAIN POUR LA REDACTION D'UN MEMOIRE DE
MASTER EN SOCIOLOGIE POLITIQUE
Thème : L'Eglise Catholique
et le processus démocratique au Cameroun : Une analyse de la
participation politique des archidiocèses de Douala et de
Yaoundé
PROTOCOLE D'INTERVIEW AVEC LES AUTRES ACTEURS DU
PROCESSUS DEMOCRATIQUE
Par : Magloire Ndongmo
Dans le but d'analyser la participation de l'Eglise Catholique
dans le processus de construction de la démocratie camerounaise, nous
sollicitons cet entretien avec vous ; question de recueillir les
informations relatives à ce sujet. Nous vous garantissons de la
confidentialité de vos affirmations, et vous remercions d'avance pour
votre collaboration.
FICHE SIGNALETIQUE
Noms (facultatif) :
Organisation :
1. Que pensez-vous de l'état actuel de la
démocratie (bonne gouvernance, élections transparentes etc.) au
Cameroun ?
2. Au nombre des acteurs de la société civile
impliqués dans le processus démocratique camerounais, figure en
bonne place l'Eglise Catholique. Quel rôle à votre avis y
joue-t-elle? Et qu'en pensez-vous ?
3. Parlez-nous des prises de position des clercs catholiques
sur la vie politique du Cameroun.
4. Quelles sont les réactions de votre organisation aux
interpellations de ces clercs catholiques
5. Parlez-nous de vos rapports avec les acteurs catholiques
dans le processus démocratique.
6. Quels sont vos attentes au sujet de la participation de
l'Eglise Catholique au processus démocratique au Cameroun ?
Nous vous remercions une fois de plus pour votre
collaboration.
ANNEXE 8 : LETTRE DU PERE LUDOVIC LADO AUX EVEQUES
DU CAMEROUN
Messeigneurs,
Je vous prie d'abord de ne pas vous offusquer de ce qu'un de
vos fils, un simple prêtre, vous écrive par ce canal, et sur un
ton auquel vous n'êtes pas habitués.
Ce n'est point par manque de respect à l'égard
de la hiérarchie ecclésiale, mais bien au nom de
l'évangile de Jésus Christ que, d'ailleurs, vous connaissez mieux
que moi, et dont nous sommes tous censés témoigner dans ce pays
qu'est le Cameroun. Vous m'excuserez aussi de généraliser, c'est
pour les besoins de la cause. Comme vous le savez, les Camerounais, et pas
seulement les chrétiens catholiques, attendent de vous un leadership
prophétique dans ce pays malade d'injustices multiformes. Mais, que nous
servez-vous depuis près de deux décennies sur la scène
publique ? De l'incohérence et de la cacophonie ! Je m'explique.
Il y a une dizaine de jours, alors que je prenais part
à une rencontre sur les conditions de possibilité de la
renaissance de la démocratie au Cameroun, il a été
question à un moment dans les échanges de la mobilisation de
toutes les forces démocratiques au Cameroun. Un des participants a
évoqué la nécessité de travailler avec les forces
religieuses, y compris la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun.
Un autre, intellectuel Camerounais dont on connait la force des convictions
souvent relayées par les médias, a rétorqué avec un
brin d'humour : « La Conférence épiscopale est devenue la
énième section du RDPC ». Cette remise en cause de la
neutralité de la hiérarchie de l'Eglise catholique dans le jeu
politique entre le parti au pouvoir et l'opposition camerounaise, m'a
donné à réfléchir, car elle rejoignait certaines de
mes préoccupations.
La présente lettre ouverte, provocatrice à
dessein, nous permettra, je l'espère, d'ouvrir un débat sur le
positionnement de l'Eglise catholique sur la scène publique au Cameroun.
Je souhaite, en effet, qu'elle soit inscrite au registre d'un débat
d'idées pouvant améliorer la contribution de l'Eglise catholique
à l'assainissement de la pratique politique au Cameroun, aussi bien dans
les milieux du pouvoir en place que ceux de l'opposition. Car il n'y a pas de
véritable démocratie sans une véritable opposition. Je
parle de débats d'idées, parce que, après tout, nous
sommes à l'école de la démocratie. Et quand les
évêques se mêlent de la politique ou de la chose publique,
ils doivent accepter de laisser l'argument d'autorité à la
sacristie pour s'ouvrir au débat d'idées qui permet de construire
la cité, surtout qu'ils sont pour la plupart des intellectuels.
Je sais que certains d'entre vous n'ont pas
apprécié l'une de mes récentes sorties médiatiques
où je formulais quelques réserves sur l'opportunité de la
nomination de deux évêques à des fonctions publiques, l'un
à ELECAM et l'autre au Conseil Constitutionnel. Permettez, messeigneurs,
de préciser, qu'en réalité, je n'étais pas contre
le principe d'une telle implication. J'avais simplement un problème avec
le timing ! Pendant sept ans, vous avez observé, comme moi, le
Parti-Etat utiliser les voies légales pour faire reculer notre jeune
démocratie. Comme corps, vous n'avez jamais dit un seul mot publiquement
pour soutenir l'opposition, certes morbide, et la société civile
qui s'évertuaient à demander un système électoral
plus équitable, notamment le scrutin à deux tours ainsi que le
bulletin unique. Vous avez préféré garder le silence pour
ne pas gêner le régime en place où certains d'entre vous
ont de précieuses et généreuses relations.
Vous auriez pu vous taire sur toute la ligne, que l'on vous
aurait reproché seulement l'indifférence. Mais vos
récentes sorties médiatiques ont prouvé qu'il s'agissait
bien d'un silence très éloquent. Que nous dit-il, ce silence
stratégique ? Notez bien que c'est à deux mois d'une
élection visiblement mal préparée que vous adressez une
lettre pastorale aux Camerounais où vous les invitez à s'inscrire
sur les listes électorales et à aller voter, sans jamais poser
véritablement le problème de l'iniquité du système
électoral en vigueur. Vous faites, certes, des recommandations allant
dans le sens du progrès de la démocratie, mais trop tard. Par
ailleurs, vous n'avez pas manqué de reprendre en refrain le discours de
campagne du parti au pouvoir sur la paix, lequel était devenu un
véritable chantage. La paix à tout prix, oui la paix, même
au prix de la démocratie. Et pourtant le magistère social de
l'Eglise catholique que nous avons tous étudié nous rappelle
qu'il n'y a pas de véritable paix sans justice. Si vous voulez vraiment
une paix durable au Cameroun, engagez-vous pour la justice et payez-en le prix
! Le Maître nous dit: «Heureux les persécutés pour la
justice, le Royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 10).
Pendant la campagne et pendant les élections, vous
avez gardé le silence, comme si tout allait bien. Pourtant on voyait
bien venir la mascarade. Comme par le passé, le parti-Etat a mis les
ressources étatiques au service du RDPC, en mobilisant les hauts cadres
de l'administration pour sa campagne. Mais après les élections,
le 20 octobre, vous avez de nouveau réagi, avec une
célérité étonnante, en appelant les Camerounais
à rester sourds à l'appel des leaders d'opposition qui invitaient
à des manifestations de rue pour protester contre les résultats
qui se profilaient à l'horizon. Entre autres, vous avez dit : «
tout mot d'ordre de manifestation donné par les leaders de certains
partis politiques est irresponsable » ou encore « la force de frappe
du votant, c'est le bulletin de vote. Le choix des électeurs se passe
dans les bureaux de vote et non dans la rue. C'est un combat des urnes et non
un combat de rue».
Parlant d'irresponsabilité, Messeigneurs, c'est facile
pour vous de qualifier ainsi l'opposition. Mais vous semblez ne pas voir que
c'est le bâclage de l'organisation des élections qui est vraiment
irresponsable. Ça fait sept ans qu'on sait qu'il y aura élections
présidentielles en 2011, mais on les a quand même
précipitées, exposant le Cameroun à la violence.
Voilà la vraie irresponsabilité, et vous devez le dire au chef de
l'Etat. Mais vous avez préféré le silence, un silence
très éloquent. Venons-en maintenant aux urnes et à la rue.
N'oubliez pas que les gens en viennent à la rue parce que chez nous, le
combat des urnes est encore une farce. La récente présidentielle
l'a encore démontré. L'un de vous, l'un des rares à avoir
encore le courage de la vérité, le confirmait encore
récemment dans une interview sur les ondes de RFI : « Selon le
rapport que j'ai reçu des observateurs catholiques, il me dit qu'il faut
qualifier ces élections, ce scrutin, comme une mascarade
électorale. Ce sont eux qui étaient sur le terrain, et ils
étaient agréés par l'Etat. » Pourtant, on n'a pas
senti dans votre déclaration postélectorale un brin de sympathie
pour l'opposition ainsi que pour tous ces milliers de Camerounais
frustrés par les travers de notre système électoral. En
fait, vous invitiez les Camerounais à accepter les résultats,
quels qu'ils soient, au profit de la paix. Quelle paix ?
Et comme si cela ne suffisait, vous voilà au lendemain
des résultats dans les couloirs du palais pour célébrer la
victoire, la victoire d'un système injuste sur la soif de justice du
peuple camerounais. Mais la cerise sur gâteau aura été la
célébration oecuménique à la cathédrale de
Yaoundé au lendemain de la prestation de serment. Dans une liturgie
fabriquée de toutes pièces, on a vu la crème de la
hiérarchie catholique introniser le prince. On se croirait au moyen
âge où les évêques intronisaient les rois.
Messeigneurs, depuis quand êtes-vous aumôniers de la
Présidence de la République du Cameroun ? Et à supposer
que vous l'étiez, la neutralité politique de l'Eglise aurait
demandé un minimum de réserve et de discrétion dans un
contexte comme le nôtre où les Camerounais sont divisés sur
la légitimité de la victoire de votre protégé. Mais
cette liturgie concoctée pour la circonstance était retransmis en
direct par les médias d'Etat tout aussi pris en otage par le parti-Etat.
Avions-nous vraiment besoin de cette mise en scène ? Je me demande ce
que vous avez demandé à Dieu dans vos prières.
Certainement la paix, oui encore la paix. Mais voyons, Dieu ne peut pas nous
donner la paix sans justice. Dieu ne peut pas écouter ces prières
si vous ne dites pas la vérité au Président de la
République sur les injustices de son régime. Les Camerounais
souffrent. Regardez seulement nos écoles et nos hôpitaux, si vous
vous y soignez. Vous aurez beaucoup à lui dire sur les milliards qu'on
dépense sous ce régime pour des futilités ou qu'on
détourne impunément.
Messeigneurs, que l'on se comprenne bien : je ne suis pas
contre le principe de prier pour un chef d'Etat, qu'il soit démocrate ou
pas. Tout être humain a droit aux prières et st Paul, qui a
témoigné de l'Evangile à une époque où
l'Eglise était particulièrement persécutée par les
dirigeants politiques, le recommande vivement : « J'insiste avant tout
pour qu'on fasse des prières de demande, d'intercession et d'action de
grâce pour tous les hommes, pour les chefs d'État et tous ceux qui
ont des responsabilités, afin que nous puissions mener notre vie dans le
calme et la sécurité, en hommes religieux et sérieux.
Voilà une vraie prière, que Dieu, notre Sauveur, peut accepter,
car il veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à
connaître pleinement la vérité. » (1Tm2, 1-4) Mais
cette charité spirituelle doit se déployer sur fond de
vérité sur les injustices dont souffrent les Camerounais. Car
nous vivons sous un régime subtilement violent qui a réussi
à avilir les cadres de l'administration publique en en faisant les
esclaves du système. Alors, ils ne sont plus au service d'un pays, mais
d'un système, d'un parti, d'un homme qui les fait et les défait
à volonté. On ne peut pas bâtir un pays avec des
esclaves.
Messeigneurs, rappelez-vous souvent qu'aux postes de
responsabilité que vous occupez, vous représentez une
institution, l'Eglise catholique ainsi traînée dans la boue. Il
est temps que vous preniez vos distances par rapport à tout
régime politique, celui d'aujourd'hui et ceux à venir, pour
assumer votre fonction prophétique que nous rappelle le prophète
Jérémie en ces termes : « Chaque fois que j'ai à dire
la parole, je dois crier, je dois proclamer : `Violence et pillage !' A
longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l'injure et la
moquerie. Je me disais : `Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus
en son nom.' Mais il y avait en moi comme un feu dévorant, au plus
profond de mon être. Je m'épuisais à le maîtriser,
sans y réussir » (Jr 20, 8-9).
Messeigneurs, sachez que vos incohérences
cacophoniques sur la scène publique embrouillent et divisent les
chrétiens. Je vous prie de revoir votre manière de naviguer entre
Dieu et César. C'est désastreux pour notre Eglise. Je ne saurais
terminer sans m'excuser de vous avoir agacé avec cette imposture. Je
vous prie de croire en ma bonne foi. Et si je me trompe, n'hésitez pas
à me corriger dans ce débat d'idée que je lance sur le
rôle du clergé catholique dans le progrès de la
démocratie au Cameroun. Que Dieu bénisse le Cameroun et ses
dirigeants politiques et religieux !
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