II. MESURE DE LA DECENTRALISATION FINANCIERE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET MODELE A TESTER
La décentralisation financière peut être
considérée comme un agrégat qui associe non seulement les
dimensions quantitatives mais aussi les dimensions qualitatives. En effet, il
n'existe pas de consensus sur la manière de capter ce
phénomène. Les études économétriques se
cantonnent à la quote-part des financements transférés
gouvernements infranationaux comme mesure de l'agrégat
décentralisation financière et pourtant elle est très peu
représentative (EBEL et YILMAZ, 2001). Certains auteurs ont pris en
compte d'autres dimensions pour capter cet agrégat et ne se cantonnent
pas uniquement sur les variables quantitatives. C'est justement
l'intérêt porté à la méthodologie de mesure
mobilisée par
1FEICOM : fond spécial d'équipement et
d'intervention communale. C'est un établissement public et administratif
au Cameroun, doté de la personnalité juridique et de l'autonomie
financière. Elle est chargée de la répartition des
centimes additionnels communaux (C.A.C) au préalable recouvrés
par l'agence comptable de la direction générale des impôts
(D.G.I).
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Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
NDEGWA (2002) que nous allons présenter (1) avant de
définir le modèle économétrique que nous allons
mobiliser pour évaluer l'impact de la décentralisation
financière sur la croissance économique (2).
1. Méthodologie de construction de l'indice de
décentralisation financière :
La décentralisation financière est un
agrégat qui se capte à partir des variables qualitatives et
quantitatives auxquelles on attribue des scores en fonction de la
présence ou pas de ces variables dans chaque pays. Le score
attribué varie sur une échelle de 0 à 4 (0 =
décentralisation financière très faible et 4 =
décentralisation financière très élevée).
Les principales variables mobilisées par NDEGWA sont les
suivantes :
- « Méthodologie de transferts
intergouvernementaux » qui est une variable qui capte en effet la
volonté et l'efficacité du gouvernement central à
s'engager véritablement vers cette politique. elle répond
à la question de savoir comment est-ce que l'on transfère les
fonds aux collectivités locales. Le score à attribuer à
chaque pays varie selon les alternatives suivantes : pas de méthodologie
appliquée (score = 1) ; transfert de manière ad hoc,
c'est-à-dire de manière discrétionnaire et selon le bon
vouloir de l'Etat (score = 2) ; présence d'une formule mais pas souvent
appliquée (score = 3) ; formule transparente et souvent appliquée
(score = 4).
- « quote-part des financements
transférées aux collectivités locales » qui
est la variable la plus mobilisée pour les études empiriques
portant sur la décentralisation financière. Le score à
attribuer à chaque pays varie en fonction des alternatives suivantes :
si cette quote-part est inférieure à 3% du budget national (score
= 1) ; si elle est comprise entre 3 et 5% (score = 2) ; si elle est comprise
entre 5 et 10% (score = 3) ; si elle est supérieure à 10% (score
= 4).
L'indice de l'agrégat décentralisation
financière est tout simplement la moyenne arithmétique des scores
des différentes variables pour chaque pays. En appliquant cette
méthodologie NDEGWA parvient à créer en 2002, des indices
de décentralisation financière pour les pays d'Afrique
subsaharienne. Nous nous inspirons de sa méthodologie pour
élaborer ces indices sur la période 2002-2011. Le tableau suivant
est un récapitulatif des résultats auxquels nous y sommes
parvenus :
73
Alembe Ayima mathieu, diplôme d'études
supérieures en sciences économiques Option : gouvernance et
développement économique
Mémoire de Master II : Décentralisation et
croissance économique : le cas de 6 pays d'Afrique
subsaharienne
Tableau 8 : indices de décentralisation
financière sur la période 2002-20111
Afrique du Sud
|
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
D.F.
|
3
|
3
|
3
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
Cameroun
|
D.F.
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2
|
2,5
|
2,5
|
Guinée
|
D.F.
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
Ouganda
|
D.F.
|
3
|
3
|
3
|
3
|
3
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
3,5
|
RDC
|
D.F.
|
1
|
1
|
1
|
1
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
Sénégal
|
D.F.
|
1,5
|
1,5
|
1,5
|
2
|
2
|
2
|
3
|
3
|
3
|
3
|
Le manque de données sur la décentralisation
financière nous oblige à partir des indices établis
à partir de la méthodologie proposée par NDEGWA en 2002.
Cela nous permettra de tester l'impact de la décentralisation
financière sur la croissance économique à partir d'un
modèle économétrique que nous allons présenter dans
le point suivant.
|