ABSTRACT
Logone Floodplain in the Far North Region of Cameroun, like
many other humid sahelian zones plays an important ecological, social and
pastoral role at the Regional as well as International level. Each year,
thousands of herds of cattle settle there in search of pastoral resources. Most
often, cattle owner' entrust their herds to salaried herders (waynaa'be) or
middle men (kaliifa) during transhumance. A study was carried out
from April to December 2011 to determine the influence of cattle owners and the
role of woman during the seasonal movement of cattle. The transhumance period
is divided into three seasons: dry and hot season or ceedirde (March -
June), dry-cold season or dabbirde (November - February) and rainy
season or ruumirde (July - October). A total of 78 respondents were
belonging from five ethnic groups named: Adanke, Jamare,
Suwa, Woila and Toupouri. Groups of cattle owners,
herders and intermediaries are formed on the bars of kin and family
relationships, origin or job. The groups in a camp do not influence the
management of resources. Decision making for seasonal movements is taken place
in consent done between the owner, the herder, the intermediary (where
necessary), the others members of the group and the `'Marabout'' or a spiritual
leader. The reason of choosing the camp was oriented by the presence of pasture
at 52 % in ceedirde, 44 % in dabbirde and 35 % in
ruumirde. During these seasonal movements of persons and their
animals, herders are not autonomous in decision making and woman plays an
important role by not only procreating, but also taking care of herds/persons
and selling milk to sustain the family. To better understand the question of
management of pastoral resources and appreciate the woman's role during
transhumance in Floodplain Logone, herders, Government, NGOs and women each
have responsibilities. Some other research axes are also imaginable to better
determine the circumstances under which herds under contracts can better be
managed.
Key words: transhumance, owner, herder, relationship between
wives and transhumance.
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
1.1.
Contexte de l'étude
L'élevage joue un rôle prépondérant
en fournissant aux pasteurs une assurance contre le risque,
particulièrement en milieux arides ou semi-arides à haut risque.
(Akbay et Boz, 2005). La division des troupeaux ainsi que la fluidité de
la possession des têtes d'animaux constituent une importante
stratégie d'assurance pour les pasteurs, en leur permettant de faire
face aux caprices du climat et aux incertitudes de leurs environnements (Bayer
et Water-Bayer, 1995).
Au Cameroun (MINEFI, 2000), le secteur de l'élevage et
des pêches procure des revenus directs ou indirects à 30 % des
populations rurales. La part du secteur dans l'économie nationale
était estimée en 1997/98 à 117 milliards de F CFA, soit
près de 2 % du produit intérieur brut - PIB. Dans la composition
de ce PIB, une étude de 1995 (CIRAD-EMVT/BDPA-SCETagri, 1995) donnait
une part de 58 % à l'élevage bovin contre 15 % aux petits
ruminants.
Une étude socio-économique de la Banque Mondiale
(Afrique Agriculture, 2010 : 4) distingue cinq catégories
d'éleveurs répartis selon l'importance relative de
l'élevage bovin comme activité principale et source de revenus
pour les propriétaires de bétail : les éleveurs avec
agriculture de subsistance (l'élevage est l'activité dominante et
la source de revenus la plus importante du paysan), les éleveurs purs
(le propriétaire de bétail n'a d'autres revenus que ceux
procurés par la vente de produits de son troupeau), les
éleveurs/agriculteurs mixtes (l'éleveur tire des revenus
réguliers de son élevage et de son activité agricole),
agriculteurs avec activité secondaire l'élevage (l'agriculture
est l'activité principale et l'élevage est une forme
d'épargne) et les propriétaires de bétail non
éleveurs, non agriculteurs à titre d'activité principale.
Cette dernière catégorie concerne le propriétaire de
bétail qui tire l'essentiel de ses revenus d'activités telles que
le commerce, l'emploi salarié.
Diverses études de la FAO (2001) indiquent que la
consommation de la viande est en baisse importante dans l'ensemble du Cameroun
notamment dans les grandes villes depuis 1987. Ceci résulte de la forte
baisse du pouvoir d'achat des ménages (Lunel, 2000). En 2000, dans les
villes de Douala, Yaoundé, Bamenda et Ngaoundéré, la
consommation individuelle de viande bovine se situait autour de 6,5 à
7,5 kg/hab/an, alors qu'elle était comprise entre 17 et 23 kg/hab/an en
1987 (Lunel, 2000). Ce constat est confirmé par des études
menées à Garoua et Maroua où la consommation serait de
l'ordre de 6,5 à 7,5 kg/ha/an ces dernières années,
contre près de 30 kg dans les années 80 (GESEP, 2002). Cette
baisse de consommation de la viande bovine a été partiellement
compensée par des importations de viande blanche à l'instar de la
volaille, des lapins (l'importation de viande rouge étant interdite) et
une consommation accrue de poisson (Lunel, 2000). Le Gouvernement camerounais a
décidé (Afrique Agriculture, 2010 :10) de prendre à
bras-le-corps les problèmes du secteur élevage. Cette
volonté politique est traduite dans le Document de Stratégie pour
la Croissance et l'Emploi (DSCE) où le Gouvernement veut accroître
la consommation des protéines animales qui est actuellement de
11kg/habitant/an afin de se rapprocher des standards de la FAO qui la situe
à 42 kg/habitant/an (MINEPAT, 2009).
La part de l'élevage dans le Produit Intérieur
Brut (PIB) est sous estimée car tous les rôles de l'élevage
ne sont pas pris en compte. Le rôle d'épargne est
particulièrement méconnu mais est très important ainsi que
le rôle joué par les animaux dans les échanges commerciaux,
sociaux ou matrimoniaux. Le bétail est un placement à long terme
qui produit des intérêts (veaux, lait) et du capital
(croît). La part des animaux de trait n'est pas prise en compte, ni la
fumure fournie par les troupeaux.
ACDIC (2006), relève que le lait, s'il est produit en
quantité tout à fait appréciable dans les grandes zones
pastorales du pays (Adamaoua, Nord, Extrême-Nord, Nord-Ouest), n'est pas
commercialisé à grande échelle du fait de la nature
périssable de ce produit qui nécessite une organisation et des
circuits modernes de commercialisation. Il est, la plupart du temps,
consommé localement. Les grands centres urbains du sud sont, eux,
approvisionnés grâce aux importations de lait en poudre et
concentré ; soit plus de 16 000 tonnes en 1999 pour une valeur de
près de 12 milliards de F CFA (Afrique Agriculture, 2010 : 4).
Fort de ce qui précède, le pastoralisme
constitue un secteur pour la relance économique et l'atteinte de la
vision gouvernementale de développement : être un pays
émergent à l'horizon 2035. Le pastoralisme se définit
(Nori et al., 2008) comme étant un mode de vie complexe qui
s'efforce à maintenir un équilibre optimal entre les
pâturages, le bétail et les populations dans les milieux variables
et incertains. La même source relève que le pastoralisme joue un
rôle important dans le maintien des moyens d'existence locaux, la
fourniture de services écologiques divers et contribue aux
économies nationales et régionales dans les pays les plus pauvres
du monde. Selon la FAO (2001), la production pastorale extensive se pratique
sur 25 % des terres du globe ; soit 66 % des terres du continent africain.
Elle fournit 10 % de la production mondiale de viande et fait vivre quelques
200 millions de ménages pastoraux qui élèvent presque 1
milliard de têtes en Afrique subsaharienne (Tchoumboué et Manjeli,
1991).
Au vu de la croissance démographique (2,8 % par an) et
de l'urbanisation (5,5 % par an), le Cameroun aura à faire face, dans un
futur proche, à des problèmes de pénurie et de hausse des
prix des produits animaux. L'étude du secteur élevage estimait
qu'en 2010, l'offre nationale de viande bovine et de petits ruminants ne
couvrirait respectivement que 65 % et 75 % de la demande (CIRAD-
EMVT/BDPA-SCETagri, 1995 : 25).
On peut s'interroger sur la capacité du Cameroun
à satisfaire la demande de sa population avec la production nationale et
sur la place du développement de l'élevage dans sa
stratégie d'autosuffisance alimentaire.
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