4.3.3.
Description des prises de décision de déplacement et de
stationnement des animaux
Des avis que nous avons recueillis auprès des bergers
lors de nos enquêtes permettent de distinguer deux phases dans les
mouvements saisonniers des bétails.
4.3.3.1. Phase préparatoire pour le
déplacement
La phase préparatoire annonçant le départ
en transhumance est marquée par la prospection du nouveau lieu d'accueil
suivie des préparatifs des modalités de départ. Pour nous
déplacer, dit un berger, «nous-nous concertons,
ensuite nous envoyons une personne d'entre nous aller regarder s'il y a du
pâturage à l'endroit où nous voulons aller. De retour de sa
mission, il nous informe de ce qu'il a vu. S'il nous dit qu'il y a du
pâturage, nous embarquons. Dans le cas contraire, nous
patientons», propos recueillis le 10 juin 2011.
Cette affirmation corrobore avec les résultats de
Seignobos (2000) selon lesquels le `'chef de transhumance'', fait une
reconnaissance à cheval des pâturages. Il relève les zones
les plus nutritives. À son retour, il donne des consignes aux chefs des
bergers (ar'do waynaa'be) pour les prochains pacages. Il faut noter
que la prospection du nouveau lieu est parfois enclenchée par le compte
rendu que les bergers font chaque jour de retour de la brousse :
« dès que le berger constate qu'il n ya plus de
pâturages, il informe le propriétaire ou le kaliifa et on
déménage. Il en est de même s'il [berger] constate qu'il y
a des mouches », propos recueillis le 02 juin 2011.
L'autre signe précurseur pour le déplacement est
par moments les boeufs. En effet, « à un moment, ce sont
les boeufs qui nous disent qu'il faut nous déplacer ; car ils
manifestent qu'ils veulent aller ailleurs. Ils commencent à bêler
ou se mettent à courir». Après il faut apprêter
« la cola, le tabac, la couverture, le savon, le sucre, le
thé, la cigarette, etc. Nous avisons ensuite les femmes de
préparer les bagages ». Enfin, la dernière phase
préparatoire consiste à « aller consulter le
marabout (personne ayant fait de grandes études koraniques et qui
est capable de fabriquer des amulettes) pour mieux garder nos animaux et
pour nous fixer le jour de départ (2e jour de la
lune) ».
4.3.3.2. Phase de
déplacement
Distinguons qu'il y a des petits déplacements qui
consistent à quitter d'un campement pour un autre dans une même
saison et de grands déplacements. Dans ce dernier cas, il s'agit des
déplacements des hommes et leurs troupeaux sur de longues distances.
C'est cette dernière catégorie de mouvement qui nous
intéresse ici. En effet, ce type de déplacement s'effectue en
plusieurs escales selon l'état des veaux, la présence d'eau et la
raréfaction des pâturages. Ce sont des veaux (nouveaux-nés)
qui imposent des arrêts lors des déplacements :
« nous nous arrêtons chaque fois que nous constatons que
les veaux recherchent l'ombre pour se reposer. Nous y passons 2 à 3
jours avant de reprendre le périple. Nous faisons ainsi jusqu'à
destination». D'autres contraintes qui imposeraient un arrêt
lors du trajet sont également l'état boueux ou l'engorgement de
la plaine d'inondation et la diminution des pâturages. Ceci se justifie
par des propos recueillis le 02/06/2011 : les transhumants
s'arrêtent chaque fois pour laisser l'eau se retirer et lorsque le
pâturage se fait rare ils quittent.
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