4.3.
Influence du propriétaire dans les mouvements saisonniers du
bétail
Dans cette partie, il est question de décrire les
prises de décision pour des déplacements saisonniers de
bétails.
4.3.1. Localisation des troupeaux
selon les saisons et les années
4.3.1.1. Localisation des bétails selon les
années
Compte tenu du nombre élevé des campements dans
lesquels séjournent les transhumants et leurs animaux, il a
été juste question de dénombrer les campements tant chez
les bergers, kaliifa que chez les propriétaires
enquêtés dans le cadre de l'étude.
Ø Campements de ceedirde
![](Influence-du-proprietaire-et-rle-de-la-femme-dans-les-mouvements-saisonniers-du-betail-dans-la-p14.png)
Figure 9: Nombre de campements de
ceedirde
La Figure 9 montre que le nombre de campements n'a pas
véritablement varié durant les quatre dernières
années pendant la saison de ceedirde (saison sèche).
Ceci est dû au fait que le regroupement des nomades est beaucoup plus
fonction de la disponibilité en pâturages, en eau et de l'origine
ou de la provenance. Il convient de signaler que les aires de pâtures
diminuent au fil des années à cause de la création de
nouveaux canaux de pêche et des parcelles de cultures ( Khari, 2011).
C'est ainsi que dès qu'un nouveau canal est créé, les
pêcheurs ne laissent plus le bétail paître tout autour.
L'installation d'un campement doit éviter au maximum
les conflits agropastoraux ou l'empiétement sur l'aire
réservée au PNW. Un berger peut décider de ne plus camper
dans une localité à cause de la fréquence des
dégâts que ses animaux causent dans les champs. En plus,
l'installation dans un campement de saison sèche cherche à
limiter au maximum la déprédation des animaux sauvages du Parc
National de Waza.
Ø Campements de dabbirde
![](Influence-du-proprietaire-et-rle-de-la-femme-dans-les-mouvements-saisonniers-du-betail-dans-la-p15.png)
Figure 10: Nombre de campements pendant le
dabbirde
La Figure 10 révèle qu'entre 2007-2011, le
nombre de campements a très peu évolué. Cette variation
oscille entre un et trois campements en 2007-2008 et 2010-2011. Toutefois, il y
a plus de campements pendant le dabbirde que le ceedirde.
Les pasteurs sont plus dispersés pendant le dabbirde à
cause des champs. Ils cherchent à éviter les champs pour limiter
les conflits agropastoraux. Au même moment qu'ils veulent limiter les
conflits éleveurs-agriculteurs, ils recherchent également de
l'espace assez vaste pour les pâturages. On multiplie ainsi les
campements en s'installant le plus loin possible des champs et en recherchant
assez d'espace pour les pâturages.
Ø Campements de ruumirde
Le ruumirde ou duumol est la saison des
pluies qui va de juin à octobre de chaque année. C'est
également la période où la plaine d'inondation ou
yaéré est encore inondée.
![](Influence-du-proprietaire-et-rle-de-la-femme-dans-les-mouvements-saisonniers-du-betail-dans-la-p16.png)
Figure 11: Nombre de campements de saison des
pluies
La Figure 11 montre que le nombre de campements augmente
chaque année pendant le ruumirde. Ce qui n'était pas le
cas pendant la saison sèche chaude (ceedirde) et la saison
sèche humide (dabbirde). En effet, une fois de plus, en saison
des pluies on cherche à éviter non seulement les champs mais
également à avoir de pâturages. L'augmentation du nombre de
campements entre 2009 et 2011 s'expliquerait également par la
présence des éléments du Bataillon d'Intervention Rapide
(BIR) qui combattent les prises d'otages. L'arrivée de ces forces de
l'ordre aurait limité le phénomène de grand banditisme.
L'Encadré 1 décrit les différentes
raisons qui orientent les déplacements et les stationnements dans un
campement.
1-A l'exception de ruumirde où je demande
à mon patron, pour les autres saisons, je ne lui demande pas.
2-Pour le ruumirde (retour de la plaine), c'est le
patron qui décide du stationnement. Par contre pour le dabbirde
et le ceedirde, c'est moi [berger] qui décide car à
partir du dabbirde, nous divisons le troupeau en deux parties. Je vais
en lucci avec une partie et l'autre partie c'est lui [patron] qui
reste sur place avec elle.
3-Dès que le kaliifa nous dit là
où aller, nous-nous déplaçons seulement. Pour cette
année (2010-20011), nous irons au ruumirde vers Mindif car vers
Makilingaï (Tokombéré) où nous allions souvent, il y
a trop de dégâts des champs. Et en plus, nos gens sont partis
cette année au Nigéria. En fait, le berger suit le
kaliifa à qui le propriétaire a confié. Quant au
berger proprement dit, il veut aller et stationner là où il y a
le pâturage.
4- C'est mon patron qui m'impose le stationnement dans tel ou
tel campement. Et c'est également lui qui me dit de nous déplacer
car je suis un nouveau berger. Nous ne changeons pas de lieux de campements par
habitude et à cause des prises d'otages.
Encadré 1:
Avis des enquêtés sur les raisons qui orientent les
déplacements et les stationnements
De ces propos recueillis, il se dégage quatre raisons
fondamentales qui orientent le déplacement et le stationnement des
bergers. Pendant le ruumirde, à cause des cultures, le
stationnement est souvent imposé par le propriétaire afin de
limiter au maximum les dégâts que causeraient les animaux. Lorsque
le berger est nouveau, il est moins libre pour décider des mouvements
saisonniers. Cette idée corrobore avec celle de Requier (2011), selon
laquelle la création d'un lien de confiance fait partie des contrats de
transhumance et de confiage. Le berger serait moins autonome pour
décider d'un déplacement ou du stationnement du bétail
à cause de la malhonnêteté de certains d'entre eux. Les
prises d'otages peuvent également faire changer de campement. En plus,
parmi les personnes enquêtées, un aurait quitté le Tchad
où il passait la saison du ruumirde pour venir s'installer au
Cameroun à cause des prises d'otages dont il a été victime
au Tchad.
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