2. LES COMMISSIONS SANTÉ
Afin d'avoir une vision synthétique du positionnement
des CS dans l'arène sanitaire locale ainsi que de leur rôle et
fonctionnement propre, nous proposons le schéma sur la page suivante.
Celui-ci sera d'un appui fondamental au cours de la présentation des CS
et tout au long de notre analyse.
115 Olivier de Sardan, J.-P., 2003, « Pourquoi le malade
anonyme est-il si « mal traité » ? Culture bureaucratique
commune et culture professionnelle de la santé », in Jaffré,
Y. & Olivier de Sardan, J.-P., Une médecine
inhospitalière. Les difficiles relations entre soignants et
soignés dans cinq capitales d'Afrique de l'Ouest, Karthala, Paris,
p. 292.
Figure 7 : Présentation schématique des CS
au sein du « Projet Intégré de Santé dans la
région des Savanes »
Sensibilisation
Construction de latrines
Participant
Mobilisateur
Stratégies
avancées & PEV
Conflits
intercommunautaires
Activités
champêtres
Villages
Amélioration de l'offre et la qualité des soins de
santé
Représentation villageoise
Villages oubliés
Facteurs externes
Réunions
Conseiller
Secrétaire
Président
Membres
Rôles
Éloignement géographique
Construction de cuisines
USP
Activités
Entretien
Fonctionnement interne
Compétences et formations
Actions et activités
USP
Dysfonctionnements internes
Médecine
«traditionnelle»
Supervision
CS
Motivation
LC
3ASC
Intervenants externes
Soutien aux USP
Consternation
Raisons
Autofinancement
«Mécanismes de débrouille»
Réappropriation des tâches du COGES
Perspective historique
CPE
Relations de
proximité
Double statut
ASC
GPC
Problèmes et difficultés
JARC
Utilisation de leur statut
CVD
COGES
Acteurs impliqués
Abandon
(retrait, décès)
Membres des CMB
Thérapeutes traditionnels
Composition des effectifs
Mauvaise
compréhension
des objectifs du projet
RFS
Autorités
administratives et locales des cantons
Club des mères
Représentativité non exhaustive
Mauvaise répartition
Assitant 3ASC
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Nous proposerons, à ce stade-ci, de mettre en avant
l'ensemble des caractéristiques qui régissent les CS. En allant
des aspects historiques jusqu'à à la situation actuelle, nous
nous attèlerons à illustrer l'ensemble des composantes qui font
vivre cet organe.
2.1.Historique
2.1.1. La création des Commissions
Santé
Ces CS ont été constituées fin 2008 dans
le cadre du « Projet Intégré de Santé dans la
région des Savanes » élaboré par LC et piloté
par l'ONG 3ASC. Ces groupements sont venus en appui direct aux prestataires de
vingt-deux USP de la région des Savanes. Comme mentionné
précédemment, la mise en place de ce nouveau dispositif
avait notamment pour ambition de concilier les difficultés
relatives à la santé des populations villageoises et les
préoccupations locales en matière de représentation des
intérêts de ces habitants. Pour ce faire, la création d'un
organe susceptible de répondre à ces deux axes est apparue
nécessaire aux yeux de 3ASC.
Ces groupements s'inspirent amplement des expériences
passées :
« Il y avait un programme qui travaillait sur ces aspects
là, de l'appui aux activités de santé communautaire
surtout dans la préfecture de Kpendjal, c'était financé
par Louvain-développement. Il fallait que les villages soient
organisés pour participer surtout à la prise en charge de
résolution des problèmes qui se posent à eux. (É)
Il fallait sélectionner les villages en question pour encadrer ce
programme là, et après leur sélection, il fallait un
processus de mise en place de ces comités villageois qu'on appelait les
COSAN. Il fallait procéder à ce qu'on appelle un diagnostique
participatif avec les villageois avec une méthode qu'on appelait la
méthode MARP116, c'est-à-dire la méthode
accélérée de recherche participative. Donc c'était
avec ces outils qu'on amenait les populations à comprendre qu'ils
avaient des problèmes de santé dans leur milieu et qu'il fallait
s'organiser pour pouvoir régler ces problèmes qui se posent
à eux. (É) Avec ces outils, on les amenait à comprendre
qu'avant même de s'attendre à des appuis il fallait que les
populations soient organisées, donc ça suppose qu'il fallait
mettre en place un comité qui devrait pouvoir vraiment accompagner tout
ce processus de résolution des problèmes de santé dans les
villages. C'est comme ça qu'on est
116 « La vague des méthodes de diagnostic
participatif (É) - et en particulier celle des PRA/Marp - offre une
magnifique illustration de la pertinence du concept de populisme bureaucratique
et de l'enjeu de la prise en compte de l'économie politique de
l'exclusion et de la participation cachée. L'émergence de ces
méthodes se veut une réponse au développement «
descendant », ignorant les réalités locales ». Vu sur :
Lavigne Delville, Ph., « Du nouveau dans la « participation » ?
Populisme bureaucratique, participation cachée, et impératif
délibératif », in Jul-Larsen, E., Laurent, P.-J., Le Meur,
P.-Y., Léonard. (Éds), Une anthropologie entre pouvoirs et
histoire. Conversations autour de l'oeuvre de Jean-Pierre Chauveau,
Paris/Marseille/Uppsala, Karthala-IRD-APAD, p. 169.
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parvenu à mettre en place à l'époque, ces
groupements, dans quarante villages dans la préfecture de Kpendjal.
(É) Ils prenaient en charge tout ce qui est problème de leur
milieu. Ils devaient travailler avec les populations, par rapport à tout
ce qui est sensibilisation, mobilisation, avec les ASC, les accoucheuses
traditionnelles et aussi ils travaillaient aussi avec la structure sanitaire,
(É) l'entretien des locaux, projets de construction en tout genre,
latrines, cuisines, les points d'eau, etc. (É) Le projet devait aussi
former ce comité là à leur rôle. Des modules ont
été conçus pour voir comment on pouvait renforcer leurs
compétences par rapport au secteur de la santé parce que tout
seul pris comme ça ils ne s'y connaissaient pas, donc même le
concept de santé, c'était pas certains qu'ils maîtrisaient
ça, donc il fallait leur expliquer l'Initiative de Bamako (É),
donc c'est dans cet esprit que Louvain à financé ce projet.
(É) La différence avec les Commissions, c'est que COSAN se
retrouvait au niveau du village, les Commissions au niveau de l'aire sanitaire,
donc un certain nombre de villages qui se retrouvent. Donc si vous voulez,
c'est des Comités Santé qui se retrouvent dans la Commission
Santé au niveau maintenant de la Formation Sanitaire, mais il n'y a
jamais eu coexistence (É) Par après, je pense que le projet a
été repensé un peu, on a trouvé que les COSAN de
l'époque ne se retrouvaient pas fondus dans un organe capable de
discuter avec les prestataires de soins, donc c'était une faiblesse
constatée. Comme ils étaient nombreux et éclatés
dans les villages, c'était difficile à coordonner. Ils
étaient pas très proches des Formations Sanitaires »
[Anonyme, employé de 3ASC].
Suite à la disparition des COSAN, ces
responsabilités furent imputées aux COGES, eux-mêmes
élaborés à travers les mesures qui furent ratifiées
dans le cadre de l'IB. Cependant, les tâches qui leurs furent
attribuées lors de leur création, ne leur permirent pas de
s'impliquer dans de nouvelles applications, telles que l'identification, la
sensibilisation et la résolution de problèmes de santé en
étroite collaboration avec les populations locales. Ce faisant, pour
répondre à ce manque de représentativité
supposé, des CS furent implantées dans le décor sanitaire
suivant l' « existence d'un centre conventionné avec les Mutuelles
de Santé »117 (à l'exception des centres
confessionnels qui ont un autre système de gestion). Toutefois, le
président de la CS de Bogou, Tandjouaré réagit en
mentionnant que « c'est un problème que l'ensemble des aires
sanitaires n'aient pas de CS. Elles deviennent en retard par rapport aux
autres, il doit y avoir des CS dans toutes les aires sanitaires du district
» [Président de la CS de Bogou, Tandjouaré].
117 Document 3ASC, 2008 « Projet Intégré de
santé dans la région des Savanes. Processus de mise en place des
Commissions Santé. (Distinction des tâches CS-COGES) ».
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