Etat des lieux de l'édition du livre littéraire en RDC de 2000 à 2010( Télécharger le fichier original )par Billy Mangole Institut supérieur de statistique de Kinshasa - Graduat 2012 |
CHAPITRE Iier : CONSIDERATIONS GENERALESTel qu'intitulé supra, le premier chapitre tient à apporter la lumière sur les concepts clefs relatifs à notre étude. I.1 Question d'éditionLe mot édition a pour origine le mot latin editum (de edere) qui signifie faire paraitre au public11(*). Souvent l'édition, dans son sens étroit, sous entend édition de livres. Il est étroitement lié au mot éditeur qui, lui, renvoie à une personne morale ou physique qui assure la publication ou la mise en vente du livre. De ce fait, nous pourrons penser à titre d'illustration à l'éditeur Gaston Gallimard (Editions Gallimard) qui est une personne physique et à l'éditeur Lokole (Editions Lokole) qui est une personne morale. Aujourd'hui le mot éditeur a connu plusieurs évolutions qui prennent en compte même la nature de l'oeuvre publiée (livre, périodique, logiciel, jeu vidéo....). On parle par exemple de l'éditeur des journaux, des logiciels, etc. Mais lorsque le mot éditeur s'emploie seul sans le faire suivre d'un complément, il désigne généralement l'éditeur des livres12(*). L'édition n'a pas toujours existé. Elle est apparue et ne s'est développée que grâce à l'invention et au développement de l'imprimerie. De nos jours avec les mutations technologiques, on parle de plus en plus de l'édition électronique, mais retenons pour l'essentiel dans le cadre de notre étude que l'édition est une reproduction, une publication et une diffusion commerciale par un éditeur, d'une oeuvre sous forme d'objet imprimé. I.1.1 Les fonctions d'un éditeurTraditionnellement, on distingue trois fonctions de l'éditeur, qui s'incarnent dans ses services différents. Un éditeur sélectionne des textes pour la publication (choisir), il les met en forme et les fait imprimer (fabriquer), enfin il les commercialise (diffuser et distribuer). Ces différentes fonctions font de lui un intermédiaire entre l'auteur et le consommateur13(*). a) Sélectionner les auteurs et les textes (choisir) La première fonction d'un éditeur est celle de choisir. Il procède à la sélection des manuscrits reçus. Il est aussi fréquent de voir l'éditeur faire des commandes à des auteurs pour des projets des livres à publier. Pour le choix des manuscrits, les maisons d'édition font recours aux services d'un comité de lecture. Ce comité a pour mission de juger les qualités, stylistiques, idéologiques ainsi que la conformité avec la ligne de la maison. Au rapport du comité de lecture, s'ajoutent les remarques sur les chances de commercialisation du livre ainsi que sur les possibilités techniques de fabrication. Ceci implique une étroite collaboration entre les différents services de la maison d'édition à partir de laquelle le choix définitif du produit sera effectué. Il faudra noter que quel que soit le manuscrit, l'élément capital pour tout projet d'édition est d'abord la potentialité du marché. Les autres critères tels que les goûts personnels de l'éditeur, l'image de marque de la maison influencent également sur la décision. Dans tous les cas, une fois la décision de publier prise, les deux parties, auteur et éditeur, signent un contrat (contrat d'édition) qui définit les droits et devoirs respectifs, le premier tirage envisagé et le mode de rémunération de l'auteur. b) Préparation ou fabrication du livre (fabriquer) Concevoir, préparer et suivre le processus de fabrication du livre, telle est la seconde fonction de l'éditeur, assurée par le service littéraire et technique de la maison. L'éditeur prend en compte que le livre à publier n'est pas fait uniquement pour être lu, mais aussi pour être vu et attirer l'attention et la curiosité du public cible. A ce niveau, l'éditeur assure au mieux la communication, ce qui veut dire qu'il doit être attentif à la fois aux objectifs de l'auteur en même temps qu'au confort et plaisir du lecteur tout en respectant les impératifs économiques et technologiques. Dans une maison d'édition, l'étape de fabrication comprend deux phases : la conception et la fabrication proprement dite. La première est un stade très important dans le destin du livre. C'est à ce niveau que l'éditeur décide du fond et de la forme du livre à publier. Une sorte d'architecture et du toilettage qui vont influencer pour une grande partie le succès ou l'échec du livre à publier. Il y a évidemment relecture et mise au point du texte par le service littéraire, l'auteur ayant pu y laisser des erreurs d'orthographe ou de grammaire. Cette charge prend en compte également le style et le niveau du sens du texte. L'établissement de la maquette du livre revient au service technique : préparation et calibrage du manuscrit pour en estimer le nombre de pages, estimation des coûts, choix de l'imprimeur et type d'impression (photographie, dessins, schémas,...), surveillance du planning afin qu'aucun retard ne soit pris, correction des épreuves, choix du papier et des caractères, choix des couleurs, police des caractères, format, mise en pages... Apres la fin de la première phase, intervient celle de la fabrication proprement dite. A ce niveau l'éditeur tâche à assumer la coordination des travaux de fabrication du livre ; un véritable travail de suivi et de supervision. A ce titre, l'éditeur veille à ce que le travail de la composition se réalise correctement. Cependant, il est rare de trouver une maison d'édition possédant une chaîne complète de fabrication. Actuellement, les nouvelles technologies offrent aux maisons d'édition des possibilités d'assurer elles-mêmes certaines tâches liées à la conception. Par ailleurs, les travaux d'impression et de finition sont confiés de préférence aux sous-traitants spécialisés dans le métier du livre. c) Faire connaître le livre (diffuser et distribuer) Faire connaître le livre, organiser sa diffusion (les opérations de promotion, de contact auprès des libraires) et sa distribution (les opérations de stockage, de traitement des commandes et de facturation), cette troisième fonction de l'éditeur est, elle aussi, essentielle : on dit volontiers qu'un livre mal diffusé, mal distribué est un livre voué à l'échec. Comment en effet aurait-il des chances de parvenir à son futur lecteur ? Les annonces dans la presse professionnelle, les insertions publicitaires dans la presse générale ou la presse spécialisée, selon la nature de l'oeuvre, le travail auprès des critiques pour obtenir un papier ou un commentaire favorable (ou même défavorable, la pire des critiques étant le silence...) ou mieux encore une interview de l'auteur, sa participation à une émission radiophonique ou télévisuelle, tout cela est évidemment important pour donner au livre toutes ses chances. Mais sans doute l'essentiel réside-t-il dans l'information des libraires : ce sont eux qui, connaissant leur clientèle, sont les médiateurs indispensables, eux qui dans le passé comme aujourd'hui, ont pu et peuvent faire connaître et admettre des oeuvres neuves, a priori difficiles et déroutantes. L'élaboration d'un bulletin d'informations sur les nouveautés, avec présentation des nouveaux auteurs et des nouvelles oeuvres, celle d'un catalogue général des titres de la maison, régulièrement mis à jour sont évidemment des outils très utiles à la promotion du livre. Les grandes maisons d'édition assurent elles-mêmes ces opérations de diffusion et de distribution. Il n'en est pas de même pour nombre de petites maisons qui n'ont pas les moyens suffisants et sont obligés de les confier, soit à l'une des grandes maisons d'édition soit à une maison spécialisée. Cette situation les contraint à être totalement dépendant de leurs diffuseurs ou distributeurs potentiels. Cependant, même si la distribution ou la diffusion des livres sont déléguées à des entreprises spécialisées, il n'en demeure pas moins que l'éditeur puisse suivre très étroitement les ventes de ces ouvrages (il reçoit des distributeurs des relevés détaillés de celles-ci), garde la maîtrise de sa publicité (c'est donc à lui de négocier avec les entreprises de publicité) et du travail promotionnel avec la presse. Ce dernier aspect est pris en charge pour une maison ayant une certaine importance, par des attachés de presse qui bâtissent des dossiers de presse, entretiennent des contacts avec les critiques littéraires de la presse écrite ou audiovisuelle, leur adressent les ouvrages parus et cherchent à créer ou à participer à tous les événements susceptibles d'obtenir une attention et des ventes correspondantes aux ouvrages publiés : séances de signature dans des librairies, participations à des salons ou foires du livre, etc. Il est en effet important pour les éditeurs de participer aux grandes rencontres annuelles où l'on retrouve auteurs, libraires, bibliothécaires et grand public. Il s'agit donc de choisir parmi cet ensemble de manifestations celles auxquelles il faut se rendre, et quels sont les auteurs et les livres qu'on mettra en avant. La participation aux foires internationales, où se retrouvent régulièrement de nombreux représentants du métier de tous les pays est aussi très importante : il s'agit de négocier, non seulement les achats de droits des auteurs, mais aussi les ventes de droits des auteurs de son propre catalogue. Il peut d'ailleurs arriver que certains auteurs obtiennent à l'étranger un succès plus important qu'à l'intérieur du pays d'édition. L'éditeur a donc un double visage. C'est un médiateur intellectuel et culturel, mais c'est aussi un chef d'entreprise qui doit être très attentif aux questions de gestion et de rentabilité. R. ESCARPIT parlant de la diffusion disait : « Comme un drame vers son dénouement, c'est là que se trouve la réussite ou l'échec14(*) » * 11 http://fr.wikipedia.org/wiki/Edition * 12 MAKIESE, L, Editologie et imprimerie, cours, inédit, Kinshasa, ISS, G2, 2011 * 13 http://mediadix.u-paris10.fr/cours/Edition/104Editeur.htm * 14 MAKIESE, L, Editologie et imprimerie, op.cité |
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