2. Les problèmes d'hygiène dans les
établissements secondaires de Libreville.
Même si le besoin d'assainissement est largement
reconnu, la réalité ne reflète pas cette idée.
Voici quelques unes des raisons qui ont été les plus
fréquemment mentionnées pour expliquer la situation
déplorable en matière d'hygiène et d'assainissement dans
les lycées et collèges de Libreville.
2.1- Causes.
9 CODE DU TRAVAIL DU GABON, Loi no 3/94 du 21 novembre 1994
portant Code du travail, Modifiée par la Loi n°12/2000 du 12
Octobre 2000, P .52
10 Idem, P.54
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Les causes de l'insalubrité dans les
établissements secondaires de Libreville varient selon les acteurs
(élèves, enseignants et surveillants) qui fréquentent ces
milieux de vie. Mais il ressort de ses entretiens que les facteurs de
l'insalubrité dans nos établissements scolaires de Libreville
sont : l'insuffisance du matériel et équipements
d'assainissements, l'incivilité des élèves et la non
application des textes et lois en vigueur.
D'après les résultats de l'entretien que nous
avons eu avec les apprenants, il ressort que l'insuffisance du matériel
et équipements d'assainissement (poubelles, collecteurs, latrines, etc.)
est la cause essentielle de cette situation. En effet, la majorité des
élèves estiment que la cause de l'insalubrité dans les
établissements secondaires de Libreville est le nombre insuffisant de
poubelles ou bacs à ordures et des latrines en état de
fonctionner, qui pourraient leur permettre de mettre en pratique ce qu'ils ont
appris. A cette insuffisance d'équipements pour répondre aux
affluences ponctuelles des élèves (aux récréations
par exemple), des ratios de façon globale et par sexe sont largement
supérieurs aux normes établies par l'OMS (une latrine pour
environ 100 élèves, soit une latrine pour 45 filles et une
latrine pour 55 garçons)11, s'ajoutent le problème de
la qualité, c'est-à-dire en termes d'accessibilité et de
praticabilité pour les enfants et du mauvais état de ces
derniers. Par exemple, sur l'usage des toilettes par les élèves,
ces derniers se plaignent de mauvaises odeurs, de la malpropreté des
toilettes, du manque d'entretien etc.
De leur côté, les enseignants, malgré les
avis partagés estiment que l'incivisme ou l'incivilité des
élèves est la cause essentielle de l'insalubrité,
d'après les résultats de nos entretiens. En effet, un peu plus
des enseignants estiment que l'origine de ce problème se situe dans le
non respect ou le manque de civisme des enfants qui urinent partout, jettent
des papiers ou emballages divers par terre en classe comme dans la cours,
etc.
Comme autres causes avancées par les enseignants, nous
avons : l'accès insuffisant aux méthodologies et au
matériel pédagogique ; le fait que l'éducation sanitaire
ou l'éducation à l'hygiène ne constituent pas une
matière distincte et soient, dans le même temps, insuffisamment
abordées dans le cadre d'autres matières ; l'insuffisance de la
supervision et du suivi, au sein des établissements, des
activités d'hygiène et d'assainissement, l'insuffisance de
poubelles et de latrines, la non application par les responsables
d'établissements des lois et règlements régissant les
règles générales de salubrité en milieu
scolaire.
11 Ministère de L'Education, de
L'Alphabétisation et des Langues Nationales, PLAN STRATEGIQUE DE
PROMOTION DE L'EDUCATION A L'HYGIENE EN MILIEU SCOLAIRE (2011 - 2015), P.23.
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Par ailleurs, sur la Pédagogie de l'hygiène, les
enseignants reconnaissent avoir des obstacles sur la pratique de ce concept.
La majorité des enseignants interviewés ont
semblé mal à l'aise avec cette question de l'éducation
à l'hygiène, que ce soit dans les relations pédagogiques
ou dans les contacts avec les parents d'élèves. Avec ces
derniers, les questions d'hygiène paraissent évoquées
furtivement plus qu'abordées de front. En effet, les enseignants dans
les entretiens expliquent avoir beaucoup d'hésitations à aborder
le sujet, par « gêne d'empiéter sur la vie privée des
gens », de manquer de « tolérance » par rapport à
« des situations difficiles ».
Une autre difficulté exposée par les professeurs
est celle du manque de cohérence qui peut se déclarer entre
l'éducation à l'hygiène dispensée à
l'école et celle donnée dans le cadre familial. Certains
enseignants abordent également le manque éventuel de
cohérence entre les conseils prodigués aux élèves
et les infrastructures matérielles inadaptées en milieu
scolaire... et soulignent l'importance d'offrir aux élèves un
environnement hygiénique cohérent avec les recommandations qu'on
peut leur faire.
Enfin, les professeurs se montrent également assez
souvent hésitants quant à l'utilisation d'outils
pédagogiques relatifs à l'hygiène, qu'ils
méconnaissent généralement, sans doute parce qu'ils
préfèrent très majoritairement introduire
l'éducation à l'hygiène dans les relations quotidiennes
avec les élèves plutôt que de la constituer en objectif
pédagogique spécifique.
Pour les surveillants, l'entretien que nous avons eu avec eux
nous a également permis de poser la question suivante : « Qui
est donc responsable du mauvais état sanitaire de vos
établissements? ». Ils nous ont répondu que : «
La faute revient aux différents maillons qui constituent la
chaîne éducative. C'est à dire les parents, les encadreurs
et les responsables d'établissements, les municipalités
», car selon eux, chacun a son rôle à jouer.
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