III.2.2 - Discussion
Notre étude en milieu rural du Burkina Faso montre une
grande richesse spécifique de déprédateurs sur le mil, le
maïs et le sorgho dans la zone sud-soudanienne. Ainsi 11 espèces
ont été identifiées sur le maïs, 9 sur le sorgho et 8
sur le mil. Ces résultats montrent que la diversité des insectes
sur le maïs est la plus importante. Des observations similaires ont
été effectuées par Markham (1981) dans les magasins de
stockage au Nigéria. Cette préférence des
déprédateurs pour le maïs pourrait s'expliquersoit par la
taille des grains, par la forme de stockage ou des propriétés
intrinsèques du maïs propice au développement des
ravageurs.
Sur le maïs on a une prédominance de quatre
espèces qui sont toutes des espèces constantes (Rhyzopertha
dominica F, TriboliumconfusumDuv,
Oryzaephilussurinamensis L., Trogodermagranarium Evert.).
Contrairement aux études menées par Bosque-perez et
al.(1991); Bosque-perez (1992), Kossou&Bosque-perez (1992) nous
n'avons pas observéProstephanustruncatus (Horn) qui avec
Sitophiluszeamaisconstituent les plus grands ravageurs de maïs en
Afrique (Holst et al., 2000). Cette absence du ravageur a
été signalée par Traoré et al. (1995) dans
les entrepôts de stockage de Bobo-Dioulasso. Par contre ces mêmes
auteurs l'ont observé dans les champs des stations expérimentales
de Kamboinsé et sur les marchés de Banfora. Cette absence serait
liée au fait que le prélèvement s'est effectué une
seule fois mais aussi par la forme de stockage de la denrée. Ainsi
toujours selon Kossou et Bosque-perez (1992), le maïs égrené
est moins attaqué par certains ravageurs (Prostephanustruncatus
Horn.) que le maïs entreposé en épis.En outre, la forte
présence des autres déprédateurs tels que T.
confusum et R. dominica pourrait aussi expliquer l'absence
de P. truncatus. En effet, Biliwa et Richter (1990), dans leurs
études sur les populations de P. truncatuset de
S. zeamais, ont rapporté que la population qui
prédomine au départ du stockage ou qui s'accroît assez vite
réduit fortement les activités de l'autre.
L'étude de l'abondance montre que le principal ravageur
du sorgho est Rhyzopertha dominica F. représentant plus de 50%
des individus observés et omniprésent dans toutes les
localités de la zone d'étude.La même conclusion a
été tirée par Jood et Kapoor en 1992 et Jood et
al., en 1993 et en 1996. La prédominance de ce ravageur
pourrait s'expliquer par la petite taille des grains de sorgho. En effet, Toews
et al. (2000) ont montrés que la progéniture de R.
dominica F. sur des grains de blé de petites tailles était
plus élevée comparativement aux grains de grandes tailles.
Les résultats montrent que sur les 8 espèces
identifiées sur le mil, deux espèces de l'ordre des
coléoptères à savoir Rhyzopertha dominica F,
Trogodermagranarium Evert., sont particulièrement importantes
car représentant respectivement 35% et 48% des individus observés
sur cette denrée.Sitotrogacerealella (Olivier) est le
lépidoptère le plus important. Les mêmes observations ont
été faites par Seck (1991) dans les greniers traditionnels du
Sénégal et par Cruz et al.en 1988. L'absence de
ravageurs sur le mil dans les localités de Pô et Orodara
s'expliquerait non seulement par le fait que nous y avons recueillis
très peu d'échantillons du fait de la période de
l'enquête mais aussi des conditions de conservation de ces
denrées.
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