Le texte promotionnel culturel( Télécharger le fichier original )par David LEGOUPIL Université Paris V René Descartes - Master pro 2 expertise en sémiologie et communication 2007 |
Troisième partie : étude des principales modalisations à l'oeuvre dans les textes promotionnels culturels
1. Quand « il faut » aller au spectacleLa modalisation prescriptive consiste à enjoindre de manière directe le destinataire à choisir le bien ou le service promu. Ernest-Ulrich Grosse, allant à l'encontre de la classification historique de Nicole Everaert-Desmedt, remarque dans Semen 1332(*) qu'aujourd'hui, cette tendance, dans notre société post-industrielle devenue une société des services, n'est plus cantonnée à la publicité mais s'étend à d'autres discours. Ainsi, selon lui, la presse, par exemple, prodigue de plus en plus de conseils dont les marques linguistiques sont l'adresse directe au lecteur, l'impératif, les adjectifs en -able ou en -ible, les verbes modaux «pouvoir», «falloir» et «devoir», à savoir les ingrédients classiques de la modalisation déontique. Les TPC de l'ODC empruntent également cette voie, prouvant par-là même que la modalisation prescriptive ne saurait être un mode d'expression enfermé dans une époque, même si, parmi les trois modalisations, elle nous semble la moins utilisée. Parmi les rédacteurs de l'ODC, Vincent dont l'ethos, on l'a dit, plus pragmatique, est, par ailleurs, construit sur le postulat d'une véritable connaissance des salles et du public, est celui qui recourt le plus à la modalisation prescriptive. C'est le cas dans cet extrait de TPC qu'il a rédigé pour la plaquette 2007-200833(*) : « Une musicienne aux multiples percussions, un couple de trapézistes aux acrobaties drapées, des marionnettes à taille humaine, des touches de cirque et de théâtre : Silencio est un projet unique qu'il ne faut surtout pas rater. » (Vincent, Silencio, t.p., p. 41). Ici Vincent utilise l'auxiliaire modal « falloir » et le tour impersonnel qu'il induit pour enjoindre le lecteur à se rendre au spectacle. La prescription se fait même fortement injonctive avec l'emploi de la tournure négative et le choix de l'adjectif « unique ». L'injonction « qu'il ne faut surtout pas rater » est une parfaite illustration du déontique sur le mode du « nécessaire » tel qu'il a été conceptualisé par Aristote puis par Kant. Apodictique, l'expression cherche à enfermer le destinataire dans un non-choix, s'adresse à lui en déclarant qu'il « ne peut pas ne pas faire », qu'il « ne peut pas ne pas voir » Silencio. 2. Prescription et urgenceDans l'exemple que l'on vient de citer, l'adjectif « unique » en même temps qu'il apporte une appréciation positive (« unique » est synonyme d' « original », de « singulier »), suggère aussi, contextuellement, dans la proximité du verbe « rater », une forme d'urgence. Ce type de prescription, placée sous le signe de l'empressement et de la vivacité, est assez courante dans les TPC de Vincent, comme nous allons le voir un peu plus loin. Rappelons cependant ici que le programmateur est, de loin, le rédacteur qui signe le plus de textes et que sous sa plume tous les types de modalisation sont convoqués, ses stratégies incitatives étant riches et variées. * 32 GROSSE Ernest-Ulrich (2001), op. cit. * 33 Après chaque citation, nous indiquerons l'auteur du TPC, le nom du spectacle ou de l'artiste, la plaquette concernée (spécification « tout public » ou « jeune public », abrégées en t. p. et j. p.), le numéro de la page pour les TPC t. p., ainsi que le numéro de l'annexe pour tous les textes que j'ai rédigés. |
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