II.5. Encadrement
Une trentaine de personnes assurent le rôle
d'encadreurs, hommes et femmes. Les uns s'occupent des garçons, les
autres des filles, à l'exception d'une dame Congolaise qui s'occupe de
petits garçons de 7 à 13 ans. Les premiers encadreurs
étaient des volontaires.
En Février 1983, quand les enfants de
la rue viennent solliciter un logement à la paroisse Christ- Roi, les
membres du groupe « jeunes de la lumière » «
Bilenge ya mwinda » n'ont aucunement l'intention de créer une
Oeuvre. Persuadés que ces sollicitations seront passagères, ils
se relaient auprès des enfants pour répondre aux besoins du
moment. Il s'agit donc bien de volontariat.
Ce système se révèle impossible à
long terme. En effet, les meilleurs de ces volontaires finissent par partir,
essentiellement parce qu'ils ont trouvé un emploi
rémunéré. Il ne reste plus que des gens qui sont
eux-mêmes mal intégrés.
Pour éviter le départ des meilleurs
éléments et assurer la stabilité dont les enfants ont
besoin, l'Oeuvre commence donc à rémunérer les encadreurs.
Actuellement, les 30 encadreurs sont des salariés. Ils réalisent
aussi que la bonne volonté ne suffit pas pour éduquer des enfants
marginaux.
En 1989, l'Université d'Amsterdam, en
Hollande, envoie à Kinshasa une spécialiste en
psychopédagogie des enfants inadaptés.
En trois mois, elle met un système éducatif sur
pied et donne une formation technique accélérée aux
encadreurs. Ce système est toujours en vigueur aujourd'hui.
Après son départ et pendant trois ans, le
relais est assuré par une psychologue française qui donne cours
aux encadreurs une fois par semaine, et par une pédagogue espagnole qui
encadre chacun d'eux. Grâce à cette formation. L'oeuvre dispose
donc d'un personnel qualifié. Entre temps, un des encadreurs a eu
l'occasion de participer à trois sessions panafricaines
organisées par l'organisme Environnement
et Développement du Tiers monde. Elles se sont
déroulées successivement à Dakar en Février
1991, à Abidjan en Juillet 1991 et à Cotonou en Mars 1992.
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II.6. Service Médical
Ce service est un des secteurs clés où
travaille l'Oeuvre. Les enfants de la rue sont très souvent
exposés à diverses maladies en raison de leurs conditions
hygiéniques déplorables et de leur contact quasi - permanent avec
des milieux ou pullulent les microbes de toutes sortes.
L'accès aux soins médicaux étant l'un
des plus grands problèmes pour eux, l'ORPER a mis en place deux
dispensaires qui les HMS. Deux infirmiers y travaillent en permanence. Ils
bénéficient également du concours de deux ambulanciers
(accompagnateurs de malades), de l'infirmier du Centre Mobile et d'un
auxiliaire de dimanche qui est un ancien jeunes de l'ORPER devenu infirmier.
Ensemble, ils forment le service médical de l'ORPER.
Chaque année le service médical enregistre
près de 6.000 cas de maladies (diverses endémies, IST)
D'après les statistiques médicales fournies pour l'ensemble de
nos services.
Les cas les plus récurrents sont constitué de :
plaies paludisme, neuro paludisme, pathologie digestive, pathologie
respiratoire, pathologie ORL, pathologie ophtalmique, pathologie dentaire,
chirurgie, infection urinaire, et autre pathologies.
Au niveau de la prise en charge médicale secondaire,
il convient de signaler que certains cas sont transférés vers
huit centres hospitaliers pour des soins spécialisés.
SECTEUR FILLES 1. Historique
Après une initiative infructueuse en 1985, l'Oeuvre
reprend ses activités parmi les filles de la rue en septembre 1992. Deux
éducatrices prennent contact avec des filles de 14 à 18 ans qui
vivent autour du bar dancing « Vata Vata », dans le quartier Matonge
dans la commune de Kasa Vubu. De ce contact naît un bureau
d'écoute où les filles peuvent rencontrer les
éducatrices en dehors de leur milieu du travail, et ce en toute
liberté.
Le nombre important de maladies parmi les filles a
amené l'Oeuvre à programmer l'ouverture d'un dispensaire
réservé aux filles de la rue.
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Les autorités de la commune de Kasa Vubu mettent
à la disposition de l'Oeuvre une petite maison située au
carrefour des avenues Victoire et Gambela, un endroit `'
stratégique» pour tous les enfants du quartier.
Le bureau d'écoute pour filles ouvre ses portes en Mai
1993. Outre les plus âgées, des filles de 10 à 12 ans se
présentent aussi au bureau et y restent parfois pour la nuit.
Leur présence de plus en plus fréquente aboutit
à l'acquisition d'une maison d'accueil et, le 22 Novembre 1993, les cinq
premières filles s'installent dans le home nommé « Maman
Suzanne Lukau ».
La vie, les structures, les règlements et les
conditions d'admission de ce home sont les mêmes que dans les homes pour
garçon.
Toutes les filles vont à l'école, assurent
elles mêmes les travaux ménagers et ont le même horaire que
les garçons. Une religieuse Congolaise dirige le home, assistée
par trois éducatrices. Membre de la congrégation des Soeurs
servantes des pauvres, elle est licenciée en psychologie et
pédagogie de l'Université Louvain la Neuve, en Belgique.
Les responsables de sa congrégation envisagent de
prendre en charge le secteur « Accueil et suivi » de
l'Oeuvre. La décision sera prise d'ici trois ans.
2. Milieu ouvert pour les filles
L'Oeuvre s'occupe aussi des filles qui continuent à
vivre dans la rue. A part quelques unes qui vivent en union libre avec un jeune
de la rue, elles vivent toutes de prostitution. Deux fois par semaine, une
religieuse missionnaire et une éducatrice Congolaise rendent visite
à celles qui sont déjà en contact avec l'Oeuvre. Elles les
rencontrent là où elles vivent, elles repèrent les filles
malades et les emmènent dans un centre médical où elles
sont soignées. Certaines sont enceintes, d'autres ont subi un avortement
mal exécuté, d'autres encore sont atteintes d'une maladie
vénérienne. Ces soins médicaux occupent la majorité
du temps des éducatrices en milieu ouvert pour les filles.
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Le bâtiment et le personnel sont prêts, et
l'équipement ainsi que les médicaments ont été
promis par une ambassade à Kinshasa. Une gynécologue Congolaise a
proposé de consacrer une journée par semaine aux soins des filles
de la rue. Celles-ci ne veulent en aucun cas être soignées par un
homme.
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