SECTION 2 : L'APPROCHE LIBERALE DE L'INTEGRATION OU
L'INTEGRATION PAR LE MARCHE
L'intégration par les marchés privilégie
l'apparition d'un vaste marché commun par l'élimination des
entraves tarifaires et non tarifaires à l'intensification des flux
commerciaux entre les différents pays parties prenantes au processus
d'intégration.
La prolifération des blocs régionaux a
probablement renforcé la motivation des pays du Sud à poursuivre
ou à réorienter leurs expériences d'intégration,
malgré le faible succès des tentatives précédentes.
Dans le cas des pays africains, cet argument s'ajoute à celui de la
marginalisation accrue du continent dans les échanges mondiaux et au
ralentissement de sa croissance économique. En formant les blocs
régionaux, ces pays espèrent augmenter la taille de leurs
marchés et obtenir des gains de bien-être liés à
l'accroissement de leurs exportations.
Etant donné ce contexte international et les conditions
propres aux pays de l'UEMOA (le Bénin, le Burkina Faso, la Côte
d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal
et le Togo), on comprend mieux la volonté des gouvernements de ces pays
de renouveler l'expérience après l'échec de la
Communauté Economique de l'Afrique de l'Ouest (CEAO) et de tenter une
nouvelle forme d'intégration régionale.
Ce faisant, ils renoncent à court terme à
certains gains et espèrent tirer d'avantage de profits (accroissement
des échanges, de l'investissement direct étranger,
économie d'échelle, etc...) de leurs nouvelles relations
économiques, à moyen et long terme. Ainsi, l'UEMOA vise à
surmonter les inconvénients dus à la taille réduite des
économies des pays membres, à renforcer la
compétitivité des exportations et minimiser les coûts
d'ajustement. Ces mesures de libéralisation, en modifiant la structure
des incitations, ont visé principalement à réduire le
rôle de l'Etat dans les activités économiques et à
promouvoir le développement du secteur privé.
En outre, les autorités de l'UEMOA ambitionnent de
favoriser, grâce à la libéralisation des échanges
dans le cadre de cette entité économique sous-régionale,
l'insertion harmonieuse et avantageuse de leurs économies dans la
mondialisation.
Au sein de l'UEMOA, les exportations intra-communautaires ont
représenté 9.6% des exportations totales de la zone en 1 980, 13%
en 1 990 et 12 ,8% en 2003. Les exportations intra-communautaires de l'UEMOA
ont enregistré une croissance constante sur la période 1980- 2003
avoisinant une moyenne de 12% des exportations totales de la zone. Par
ailleurs, les échanges intra-communautaires sont
caractérisés par leurs instabilités par rapport à
l'évolution des échanges commerciaux totaux de l'Union. La
performance du commerce interne de la zone peut être attribuée au
gain de compétitivité, suite à la dévaluation du
franc CFA de 1994, et d'une relative création de commerce des
entreprises commerciales obtenues suite à la reforme des politiques
commerciales dans le cadre de l'Union.
Elbadawi (1997), Yeats (1998) et Diouf (2002) constatent que
les accords régionaux( AR) en Afrique n'ont pas entraîné
toujours l'accroissement espéré des échanges commerciaux
entre les pays. Les études ont montré dans la plupart des cas,
que l'intégration économique entre les pays du sud, dans bien des
cas, révèlent une domination de détournement sur la
création de trafic (De Melo et Grether, 1997 ; Yeats, 1998).
De manière générale, la faiblesse du
commerce entre les organisations sous-régionales africaines
résulte de la combinaison de plusieurs contraintes dont l'absence de
complémentarité entre les profils de productions nationales,
l'inadéquation des initiatives de coopération et
d'intégration régionales, l'importance du secteur informel,
l'insuffisance d'infrastructures, notamment dans le domaine des transports et
des communications, les facteurs géographiques etc. Certains auteurs
comme Diouf (2002) explique l'insuccès des AR africains par la
méthode utilisée c'est-à-dire une intégration par
le marché des pays avant l'intégration physique, tandis que Sylla
(2003) parle d'égoïsme des gouvernants pour expliquer
l'échec de l'intégration en Afrique.
Yeats (1998), Foroutan et Pritchett (1993) et Frankel (1997)
reconnaissent qu'il existe cependant entre les pays africains, un potentiel
d'échange qui peut être développé en supprimant les
obstacles commerciaux (barrières tarifaires et non tarifaires, obstacles
naturels, etc.). Les AR d'Afrique peuvent donc constituer un important levier
de croissance, en favorisant l'accroissement des échanges commerciaux
entre les pays membres d'une part et, avec le reste du monde d'autre part. Ces
accords peuvent engendrer une création de commerce et l'expansion des
exportations, permettant ainsi aux pays membres de financer la croissance
économique.
Quelles ont été les premières
répercussions de cette politique commerciale sur les échanges
intra-communautaires? L'impact de ce tarif sur le commerce intra-communautaire
résulte-il du concept de création ou de détournement de
commerce? Enfin, l'instauration de celui-ci a-t il modifié les
déterminants des échanges de l'Unions ?
Partant de ces différentes questions l'objectif
principal que nous visons est d'évaluer l'impact du tarif
extérieur commun appliqué en zone UEMOA sur le commerce
intra-communautaire. De façon spécifique, cette approche vise
à :
Ø vérifier si le TEC a un impact sur le commerce
intra-communautaire ;
Ø vérifier, en cas d'impact positif, s'il s'agit
de création ou de détournement de trafic ;
Ø circonscrire les déterminants du commerce
intra-UEMOA après instauration du TEC.
Pour atteindre ces objectifs, nous partons principalement de
l'hypothèse que la suppression des barrières tarifaires et non
tarifaires au sein de l'UEMOA et l'adoption du TEC ont entraîné un
accroissement du commerce intra-communautaire, une amélioration des
échanges potentiels des économies. Elles ont aussi affecté
positivement la croissance économique des Etats membres de l'Union.
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