Chapitre 3. INTEGRATION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO A L'UNION DOUANIERE DE LA COMMUNAUTE DE DEVELOPPEMENT D'AFRIQUE
AUSTRALE : LES EFFETS DE CREATION ET DETOURNEMENT DU
COMMERCE
Introduction
L'histoire des douanes remonte à
l'antiquité24.
Elle coïncide avec le deuxième stade de
l'évolution de la monnaie, celui de monnaie marchandise, période
pendant laquelle des pierres précieuses ont été
utilisées pour servir de valeur
d'échange25.
Les marchands transfrontaliers furent contraints de
payer un tribut aux dirigeants des sociétés étatiques bien
avant de les traverser ou de marchander avec les autochtones sous peine de se
voir refuser le passage, ou soit d'être pillés, soit pris pour des
agresseurs qu'il faut tout simplement éliminer et s'accaparer du butin
de la bataille. Les princes ou souverains de l'époque avaient bien
compris qu'au delà d'une armée forte pour assurer la
défense de l'Etat ou les conquêtes de terres nouvelles, il a fallu
de l'argent pour faire fasse à certains besoins tels que la prise en
charge des combattants, l'achat des armes, vivre paisiblement...
Ainsi la perception des impôts sur les
marchandises devant franchir leurs juridictions s'imposait. Bien avant notre
ère, comme dit dans la terminologie, la douane Romaine fut
appelée « portaria » ; celle des arabes « alqabala »
; les Italiens la nommèrent « douana »...
Du 5ème au 9ème
Siècle, sous le règne de Clovis (465-511) et de Charlemagne
(747-814), en Europe, les douanes furent appelées du nom de «
Tonillum ».
24 GUYOMAR, A., Economie
et Gestion, Ed. Sirey, Paris, 1995, p.124
25 SMITH A,
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations,
2ème éd. Hatier, Paris1776, p.27.
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Des lors, l'institution des droits de douane n'eut pas
seulement le but de fournir des recettes budgétaires, mais aussi
l'organisation des mécanismes de l'économie
nationale.
Ce rôle secondaire a vu le jour à
l'époque de Saint -Louis (1241-1270) et de Philippe le bel (IV,
1268-1314) qui fit cette remarque : « la richesse s'accroît si les
frontières sont fermées ».
Mais la remarque qui fut acceptée par ses
contemporains, n'eut d'effets que plu tard au 17ème
S.
Ce fut grâce aux innovations de J.B Colbert
(1664), alors ministre des finances de Louis XIV, qui permirent
d'édicter le tout premier tarif douanier. C'est ce qui fait qu'il soit
aujourd'hui appelé l'initiateur ou le Père de la technique
douanière
Par ailleurs, c'est au 18è Siècle que
les douanes nationales connurent leur émergence qui fut renforcée
par la montée du protectionnisme au 19è
Siècle.
Section 1. La gestion de la douane congolaise par le
colonisateur et les autochtones (la Belgique et le Congo)
En ce qui concerne l'EIC, nous disons que ce fut
à l'époque de l'union personnelle(1885-1908) que Léopold
II, roi des Belges et du Congo, comme tous les autres souverains, rechercha les
moyens financiers pour mettre à profit les richesses que regorgeait le
Congo.
Cette recherche d'argent l'avait conduit à
fixer, le 09 avril 1892, le premier tarif des droits d'entrée à
l'E.I.C. Ce tarif consistait, dans la fixation, à concurrence de 10 % ad
valorem sur les armes et de la poudre et à concurrence de 6 % ad valorem
sur d'autres produits.
Cependant le décret relatif à
l'établissement de ce tarif exemptait de la taxe pendant une
période de six ans, tous les biens d'investissement, les instruments
scientifiques et les animaux.
26 HOCHSCHILDA, cité par KALUBI M?KOLA, les
relations extérieures de la RDC, éd betras, Kin 2009,
p.20
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Les perceptions des droits d'entrée au Congo ne
s'effectuaient qu'à Banana et à Boma (Bas - Congo) qui ouvrent le
pays à l'Océan Atlantique.
Les douaniers de cette période furent
appelés des gardes frontières selon les dispositions de
l'ordonnance n° 33/245 du 31 janvier 1893.
Fort malheureusement, les droits perçus au
Congo ne permettaient pas au souverain de résoudre tous ses
problèmes comme il entendait faire parce qu'au nom de la liberté
du commerce dans le bassin du Congo, certains opérateurs
économiques, ressortissants de pays signataires de l'Acte de Berlin,
refusèrent d'obtempérer à la Législation
Léopoldienne.
Leur refus constitua des manques à gagner
énormes pour le roi des belges et du Congo.
Cette situation avait choqué Camille JANSSENS
qui, nommé Administrateur Général au département
des Finances le 25 juillet 1890, écrivit au roi en ces termes : «
le concessionnaire sera le maître ... il traitera les nègres comme
il le souhaite. Ce manque de concurrence me semble désastreux, tant pour
les indigènes que pour l'Etat »26.
Et pour montrer son désaccord avec la vision
économique du roi, il démissionna le 17 décembre, plus au
moins cinq mois plus tôt ! Ce fut de la pire incitation.
Dès lors, la libre appréciation des
indigènes en rapport avec leurs prestations à la récolte
du caoutchouc entamée en 1891 fut anéantie et des abus furent
perpétrés contre eux par des hommes du roi. D'où
l'appellation caoutchouc rouge pour désigner la mutilation des membres
aux nègres paresseux ou qui essayèrent de
résister.
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L'on se rappellera les atrocités dont les
autochtones furent victimes pour produire l'or ou le caoutchouc à partir
de 1903. De grâce vers 1906, ces abus sociaux économiques ont
été dénoncés par les missionnaires. Parmi les
activistes des droits de congolais meurtris, nous pouvons citer : E.D. MOREL
qui fit de révélations accablantes à l'encontre du roi par
des écrits dont son livre intitulé : « Red Rubber » et
projection des diapositives photographiques montrant des congolais
mutilés ; les interpellations du gouvernement Belge sur le Congo par
VANDERVELDE, le leader socialiste ; et les pressions des autres puissances qui
aboutirent à l'annexion de l'EIC à la Belgique, le 18
décembre 1908.
Léopold II mourut le 17 décembre 1909,
soit exactement un an après la naissance du Congo belge. Son neveu, le
prince Albert 1er, lui succéda au trône le 23
décembre de la même année.
§1. La gestion de la douane congolaise par le
colonisateur (Belgique)
Compte tenu de l'importance de plus en plus croissante
que revêtait le commerce extérieur du Congo belge, la
réorganisation du service douanier au profit de la métropole
préoccupa le colonisateur. Ce qui fut fait en 1913.
De ce fait, le Gouvernement Belge créa l'Office
Colonial des Douanes à Anvers27 chargé de percevoir
les impôts sur toutes les marchandises entrant au Congo.
Il y a lieu de noter en passant que cet office
douanier était conçu en fonction des intérêts
économiques de la métropole ; et cela, malgré l'opposition
d'autres puissances coloniales, notamment les USA et les Pays - Bas qui
tenaient à la liberté du commerce sur le territoire de l'E.I.C.
tel qu'arrêté lors de la conférence de Berlin de
1885.
27 Ville, centre industriel et 3è port
européen en Belgique
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Le 05 juillet 1920, les parlementaires Belges
votèrent une loi reconnaissant au Congo - Belge le droit de fixer
librement sa taxation douanière, à condition de respecter le
principe de l'égalité de traitement avec les autres
puissances.
Ce qui conduisit à la signature, le
1er février 1943, de l'ordonnance - loi soumettant les
importations au Congo à un préalable, celui de l'obtention d'une
licence d'importation.
Notons que jusque là, il n'existait pas encore
de réglementation douanière sur le plan international. Ce n'est
qu'en 1947 que c'était tenue à Genève (Suisse), la
conférence d'Etats dont les activités commerciales
représentaient plus de 80 % du commerce mondial, afin de résoudre
les questions y afférentes.
De cette conférence naîtra l'Accord
Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce, en sigle GATT
aux fins d'harmoniser les politiques douanières et d'abolir les
restrictions dans les échanges commerciaux.
Pourtant pour le Congo belge, la réglementation
d'échange fut établie par l'Ordonnance du 24 décembre
1952. Cette même année connut la création du Conseil de
coopération Douanière qui deviendra OMD en 199428; et,
les douanes Congolaises intégrèrent ledit Conseil jusqu'à
ce jour.
Sur le plan national
L'on constatera qu'avec Léopold II, les droits
d'entrée des marchandises au Congo furent perçus au Congo. Mais
avec le gouvernement de la Belgique, ces mêmes droits se percevaient
à Anvers.
Qu'adviendra- t- il à la colonie qui, venait
d'accéder à sa souveraineté ? Les lignes suivantes s'en
occupent.
28 M. EBANEA : L'Organisation Mondiale
des Douanes en quelques mots
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