I. INVENTAIRE DES PATHOLOGIES CARCERALES
En faisant de l'enfermement carcéral une des
pénalités centrales de son dispositif de répression, le
régime postcolonial a dû conséquemment faire face à
la résolution des problèmes de santé de la population
carcérale de Dschang et de Mantoum. L'analyse de la documentation
archivistique et des entretiens oraux, principales sources d'information de ce
chapitre, montre que les détenus étaient victimes de nombreuses
maladies. Ainsi, dans le but de mieux appréhender dans leur
réelle dimension l'étendue des pathologies, il convient de nous
appesantir sur le nombre total de malades admis à des consultations
médicales pendant la période d'étude indiquée, et
de nous efforcer de dresser un inventaire des maladies ayant affecté les
pensionnaires.
1 Alioum, "Les prisons au...", 2006, p.4.
69
A. La maladie carcérale
Les conditions de détention génèrent le
plus souvent de nombreuses maladies au sein de la population carcérale.
Ces maladies résultent globalement des conditions d'hygiène
approximatives qui prévalent dans ces prisons. La réalité
de la maladie dans les prisons de Dschang et de Mantoum se mesure ainsi au
moyen de deux axes essentiels que sont les consultations et les
hospitalisations médicales.
1. Les consultations médicales
Elles s'effectuent en cas de maladie avérée et
dûment constatée chez le prisonnier. A cet égard, les
détenus qui vont en consultation médicale au titre du droit
à la santé peuvent être scindés en deux
catégories essentielles : Les prisonniers malades et les femmes
enceintes placées en détention.
a) Cas des détenus malades
Selon Jacques- Guy Petit, "la connaissance de la
réalité carcérale s'appuie sur l'étude des chiffres
et des statistiques"2. Nous allons faire recours aux chiffres
disponibles en les matérialisant par des tableaux. Ainsi, l'effectif
global des consultations médicales des détenus malades des deux
prisons se résume dans le tableau suivant :
2 Petit, ces peines obscures..., 1990, p.261.
70
Tableau N° 2 : Prisons de Dschang et de Mantoum :
Nombre de consultations médicales des détenus malades de 1960
à 1992.
Prison de Dschang
|
Prison de Mantoum
|
Année
|
Nombre des détenus
|
Total des consultations
|
Pourcentage
(%)
|
Nombre de détenus
|
Total des consultations
|
Pourcentage
(%)
|
1960
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
1961
|
509
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
1962
|
436
|
/
|
/
|
501
|
/
|
/
|
1963
|
488
|
/
|
/
|
602
|
1210
|
2.00
|
1964
|
/
|
/
|
/
|
508
|
1306
|
2.57
|
1965
|
498
|
/
|
/
|
/
|
1149
|
/
|
1966
|
511
|
/
|
/
|
513
|
/
|
/
|
1967
|
/
|
/
|
/
|
404
|
/
|
/
|
1968
|
549
|
/
|
/
|
304
|
976
|
3.21
|
1969
|
570
|
807
|
1.47
|
598
|
1004
|
1.67
|
1970
|
517
|
906
|
1.75
|
279
|
1310
|
4.69
|
1971
|
581
|
/
|
/
|
308
|
989
|
3.21
|
1972
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
1973
|
332
|
749
|
2.25
|
/
|
734
|
/
|
1974
|
229
|
1009
|
4.40
|
210
|
978
|
4.65
|
1975
|
233
|
969
|
4.15
|
/
|
839
|
/
|
1976
|
251
|
1113
|
4.43
|
/
|
/
|
/
|
1977
|
265
|
1200
|
4.52
|
262
|
1410
|
5.38
|
1978
|
272
|
940
|
3.45
|
490
|
1330
|
2.71
|
1979
|
275
|
820
|
2.98
|
320
|
1204
|
3.76
|
1980
|
287
|
1010
|
3.51
|
284
|
879
|
3.09
|
1981
|
/
|
/
|
/
|
319
|
744
|
2.33
|
1982
|
318
|
793
|
2.49
|
/
|
639
|
/
|
1983
|
322
|
879
|
2.72
|
/
|
824
|
/
|
1984
|
/
|
1244
|
/
|
438
|
/
|
/
|
1985
|
466
|
1119
|
2.40
|
/
|
638
|
/
|
1986
|
322
|
910
|
2.82
|
434
|
719
|
1.65
|
1987
|
315
|
834
|
2.64
|
422
|
848
|
2.00
|
1988
|
279
|
804
|
2.88
|
388
|
1100
|
2.83
|
1989
|
314
|
634
|
2.01
|
314
|
1239
|
3.94
|
1990
|
318
|
957
|
3.00
|
320
|
864
|
2.7
|
1991
|
344
|
241
|
0.70
|
393
|
1103
|
2.80
|
1992
|
326
|
443
|
1.35
|
398
|
972
|
2.44
|
TOTAL
|
10127
|
18381
|
2.79
|
9009
|
25008
|
2.88
|
Source : Compilation faite à partir
des données contenues dans les documents suivants : Main courante de
sécurité CRC de Mantoum en 1970, registres d'écrou, de
consultations médicales du CRC puis de la prison de Mantoum de 1964
à 1992 ; Registres de Main courante, d'écrou et de consultations
médicales de la prison de Dschang de 1960 à 1992.
71
Un double constat s'impose au regard du tableau
précédent :
Primo, le nombre anormalement élevé des
détenus consultés dans les deux pénitenciers - total de
18381 pour la prison de Dschang et 25008 pour celle de Mantoum - montre que
l'état général de la santé est y essentiellement
précaire. Il ne se passe pas un mois sans qu'un pensionnaire ne se fasse
consulter. Ce qui manifestement témoigne de la dureté des
conditions de détention. L'analyse comparée relève par
ailleurs que la prison de Mantoum -prison politique - bat le record en termes
de consultations médicales. Ces statistiques montrent globalement
qu'à l'ère du CRC voire de la prison de production, un même
assigné et plus tard détenu de droit commun peut subir de trois
à quatre consultations au cours de l'année. Cette vision
corrobore les thèses de Pasma Ngayou Moluh pour qui les malades sont en
général négligés au CRC de Mantoum3.
Quant à la prison de Dschang, bien que les conditions de
détention y soient aussi déplorables, le fait qu'elle soit une
prison qui reçoit les détenus de droit commun lui permet
d'accorder plus d'attention aux pensionnaires qui en général sont
incarcérés après un procès, ce qui est
différent du pénitencier de Mantoum où les procès
sont absents.
Concernant toujours la prison de Mantoum, les sources
archivistiques disponibles et dépouillées permettent de relever
que le nombre élevé de consultations de l'année 1977 -1410
consultations- s'explique aussi par la conjugaison de deux
événements qui y ont mis en péril la vie de nombreux
détenus : le premier eut lieu le 27 mars 1977, le second se
déroula le 07 novembre 1977 à 11h45mn. Ces
évènements se sont soldés par des consultations ayant
entraîné des évacuations sanitaires sur Malantouen et
Foumban.
Le premier est consécutif à la consommation du
maïs empoisonné par plusieurs détenus. La faits sont
relatés par le chef de poste de garde Jean Nkené en ces termes
:
3 Ngbayou "Le centre de ....", 2004-2005, P.29.
72
A 12h 30mn, nous sommes saisis au poste qu'il y a 10
détenus qui tombent en syncope dans les cellules ; à cet effet,
on a fait venir l'infirmier chef qui a constaté qu'ils ont mangé
le maïs empoisonné et à l'heure où je porte note, ils
ne font que vomir du sang. A 13h00, deux détenus tombent encore sur le
coup et sont conduits à l'infirmerie. A 13h15 minutes, sous l'escorte du
chef gardien, les victimes sont évacués (sic) sur Malantouen
assistés de quatre détenus. A 14h30 minutes... les
victimes sont évacués (sic) en définitive
sur Foumban à l'hôpital central4.
Selon Ndam Mama, cette intoxication avait provoqué la
mort de six détenus malgré les efforts déployés
pour les sauver5.
Le second événement est relatif à la
consommation de la viande contenant une substance toxique. A propos, le chef de
poste souligne :
Le détenu Edimo Noumbo Samuel a volé un mouton,
il a préparé et vendu une quantité et nous laissons le
reste dans une casserole au poste de police. L'huile ayant servi à la
cuisson était contenu dans un bidon précédemment
utilisé pour insecticide, ce qui fait que les détenus ayant
consommés (sic) ont eu des diarrhées et des coliques et
étaient transportés à l'hôpital central de
Foumban6.
C'est grâce à un acharnement thérapeutique
à l'hôpital de Foumban que les pensionnaires intoxiqués ont
pu recouvrer leur santé7. Deux constats se dégagent
des deux faits énumérés ci-dessus :
D'abord, les failles et les défaillances dans la
surveillance des détenus. On est porté à croire que les
détenus sont abandonnés à eux-mêmes et sont libres
de faire tout ce qu'ils veulent sans aucune crainte du service de garde du
jour. Si la surveillance était faite selon les règles de l'art,
ces actes auraient pu être évités.
Ensuite, le fait que les pensionnaires connaissent des
problèmes de santé soulève la problématique de la
difficulté à s'alimenter en milieu carcéral. Tout
4 APM, registre de Main courante commencé le 20.02.
1977.
5 Entretien avec Ndam Mama, 66 ans, ancien gardien du CRC de
Mantoum, Njikoudou, 25.08.09.
6 APM, registre de Main courante commencé le 20.02.
1977
7 Entretien avec Ndam Mama, 66 ans, ancien gardien du CRC de
Mantoum, Njikoudou, 25.08.09.
73
laisse donc croire qu'ils ne mangent pas à leur faim.
D'où le recours à des méthodes peu orthodoxes pour avoir
accès à la nourriture.
Secundo, au pénitencier de Dschang, par exemple, le
nombre élevé de consultations - voir 1976 avec 1113
consultés et 1984 avec 1244 consultés - s'explique par la
présence d'une épidémie de gale en 1976 et en 1984 d'une
diarrhée qui avait donné des sueurs froides aux autorités
pénitentiaires8. Tout ceci démontre la
fragilité de la santé des détenus et rend bien compte de
la triste réalité carcérale au Cameroun
post-indépendant et conforte les thèses selon lesquelles "la
prison détruit et tue"9.
Ces statistiques indiquent dans leur globalité un suivi
médical rigoureux des détenus -tel qu'on peut penser- . Mais, la
prison ne peut pas à elle seule résoudre tous les
problèmes relatifs à la santé des pensionnaires. Ces
derniers, le plus souvent, font recours à leurs familles qui sont un
soutien indispensable pendant le déroulement de la maladie. D'ailleurs,
selon Emmanuel Gayo "être malade en prison est synonyme d'une mort
certaine, la maladie constitue pour le détenu une seconde prison car
l'itinéraire emprunté jusqu'à la consultation est
parsemé d'embûches. La consultation relève souvent de la
bonne humeur de l'infirmier "10.
Un autre éclairage sur les consultations
médicales, indice par excellence de l'état de santé des
détenus, est donné par la prison de Dschang et s'illustre par le
tableau ci-dessous :
8 Gabriel Tsafack, 89 ans, ex-détenu, Foreké,
19.12.2009. Il ressort par ailleurs de nos entretiens avec certains
détenus et ex détenus qu'une diarrhée rouge avait
causé la mort d'environ 17 détenus au mois de janvier 1999 dans
la prison de Dschang, pour la plupart dus au manque de soins.
9 Rapport de la médiation entre les détenus et
l'administration de la prison de Dschang par Fidèle Victor Tankam,
éducateur à la prison principale de Dschang, 13 Avril 2007,
p.4.
10 Emmanuel Gayo, 60 ans, ex-détenu, Mantoum,
24.08.2009.
74
Tableau N° 3 : prison de Dschang : relevé de
consultations médicales des détenus malades de décembre
1989 à janvier 1991.
Période indiquée
|
Total des consultations
|
28.12.1989-31.01.1990
|
131
|
1er .02.1990-05.03.1990
|
110
|
06.03.1990-09.04.1990
|
99
|
15.04.1990-07.05.1990
|
81
|
09.05.1990-09.07.1990
|
125
|
11.07.1990-10.09.1990
|
115
|
10.09.1990-09.11.1990
|
180
|
12.11.1990-21.01.1991
|
233
|
TOTAL
|
1074
|
Source : Compilation faite à partir
des données contenues dans le registre de consultation et statistiques
des détenus malades de la prison de Dschang, période
du 27.12.1989 au 31.01.1991.
A la lecture de ce tableau, un seul constat se dégage :
celui de la réalité de la maladie au pénitencier de
Dschang. Tout conduit à affirmer que les pensionnaires souffrent tous de
maladies même si dans bien des cas, certains signes cliniques apparents
n'offrent pas l'opportunité de penser qu'ils sont malades. Aussi, des
1074 malades consultés, on enregistre sur la base des sources
archivistiques dépouillées un chiffre de 428 pensionnaires
évacués à l'hôpital départemental de Dschang
dans la même période. Ces consultations, qui permettent de scruter
le taux de morbidité carcérale, donnent des indications
significatives sur les difficiles conditions de détention qui en un mot
débouchent sur " la précarité des conditions
sanitaires"11.
La prison de Mantoum n'est pas exempte des consultations
médicales de ses pensionnaires. Ainsi, les détenus malades sont
conduits à la visite médicale. Tel est le cas du détenu
Etamé Edidié Louis, arrivé à la prison de
production de Mantoum lors du transfèrement de 300 détenus de la
prison centrale de Douala en date du 17 octobre 198712.
Consulté pour hypertension artérielle, il décède
dans la nuit du 6 au 7 décembre 1988 des suites de cette maladie. Le
tableau
11 Ovalé Zé "modernisation de l'administration
pénitentiaire : le gouvernement déroule sa feuille de route" in
Justitia, n°001, décembre 2007, pp 28-29.
12 APM, registre de consultations médicales des
détenus, 1987-1989
75
suivant renseigne sur l'itinéraire de sa consultation
jusqu'au moment où il passe de vie à trépas.
Tableau n° 4: Prison de production de Mantoum :
Extrait des différentes dates de consultation du détenu
Etamé Edidié Louis.
Dates
|
Observations
|
26.10.1987
|
Etamé Edidié Louis, âgé de 68 ans
est venu en consultation pour pollakyurie
|
17.11.1987
|
Douleurs articulaires
|
21.11.1987
|
Urétrite
|
07.12.1987
|
Algies rhumatismales
|
16.12.1987
|
Epitaxi
|
30.12.1987
|
Trouble visuel
|
08.02.1988
|
Hypertension artérielle par le médecin
d'arrondissement de Malentouen
|
06.05.1988
|
Visite du docteur pour hypertension artérielle
|
09.05.1988
|
Etat grippal
|
23.05.1988
|
Céphalées
|
03.06.1988
|
Céphalée
|
07.06.1988
|
Accès palustre
|
26.06.1988
|
Accès palustre
|
29.07.1988
|
Hypertension artérielle par le médecin
d'arrondissement de Malentouen
|
12.08.1988
|
Visite de contrôle par le médecin d'arrondissement
de Malentouen
|
16.09.1988
|
Rendez-vous Dr. HTA
|
23.09.1988
|
Rendez-vous Dr. HTA
|
11.10.1988
|
Hypertension artérielle par le médecin
|
1er .11.1988
|
Insomnie
|
15.11.1988
|
Hypertension artérielle
|
17.11.1988
|
Hypertension artérielle
|
18.11.1988
|
Hypertension artérielle
|
19.11.1988
|
Hypertension artérielle
|
Nuit du 06 au 07 décembre 1988 à 2h 10min
|
Réchutte(sic) puis décès subite(sic)du
détenu Etamé edidié Louis 15 mn plus tard
|
Source : APM, registre de consultations
médicales des détenus, 1987-1989
Ces étapes de consultations médicales montrent
à l'évidence que les détenus sont soumis à des
consultations médicales au pénitencier de Mantoum
conformément au principe 24 de l'Ensemble de Principes pour la
Protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de
détention ou
76
d'emprisonnement, de la règle 24 de l'ERMTD et des
articles 33, 34 et 35 du décret du 11 décembre 1973 portant
régime pénitentiaire au Cameroun. Aussi, elles donnent des
indications sur la santé générale du détenu
Etamé Edidié Louis, qui en un an et six mois s'est fait consulter
24 fois pour de multiples problèmes de santé. Malheureusement, au
bout du compte, les efforts déployés par les autorités
pénitentiaires et médicales pour le sauver n'ont pas donné
des résultats satisfaisants.
Parmi les détenus admis à des consultations
médicales se trouvent des femmes, et plus singulièrement des
femmes enceintes. Mais, la délicatesse de leur état physiologique
justifie que des considérations particulières leur soient
consacrées.
b) Cas des femmes enceintes
incarcérées
Les différents textes organiques nationaux et
internationaux relatifs à la détention accordent une place
particulière aux femmes détenues. En effet, elles sont
rigoureusement séparées des autres catégories
pénales - cf article 4 alinéa 3 de l'arrêté du 08
juillet 1933, règle 8 alinéa a de l'ensemble des règles
minima pour le traitement des détenus et l'article 15 alinéa 2 du
décret du 11 décembre 197313- et
bénéficient, compte tenu de leur vulnérabilité, de
protections supplémentaires.
L'incarcération en tant que mesure de
sécurité sociale, n'a pas pour effet de priver la femme enceinte
de son droit légitime à une consultation médicale
prénatale. Dans les prisons de Dschang et de Mantoum, les
détenues enceintes ont été et sont jusqu'ici
dirigées pour les premières à l'hôpital de District
de Dschang et pour les secondes soit à l'hôpital d'arrondissement
de Malentouen,
13L'article 4 alinéa 3 du décret du 8
juillet 1933 stipule que les femmes sont rigoureusement séparées
des hommes.
La règle 8 alinéa a de l'ERMTD dit que les hommes
et les femmes doivent être détenus dans la mesure du possible dans
des établissements différents ; dans un établissement
recevant à la fois des hommes et des femmes, l'ensemble des locaux
destinés aux femmes doit être entièrement
séparé.
L'article 15 alinéa 2 du décret su 11
décembre 1973 relève que les femmes sont rigoureusement
séparées des hommes.
77
soit à l'hôpital de District de Foumban pour y
effectuer des consultations prénatales. Aussi, elles y retournent au
terme de leur état de grossesse pour accoucher. S'exprimant à
leur sujet, Antoinette Noubouwo nous confie que durant son incarcération
au pénitencier de Dschang, toutes les mesures adéquates
étaient toujours prises pour assurer aux femmes enceintes placées
en détention le meilleur suivi médical de leur état de
grossesse14.
Après leur accouchement à l'hôpital
départemental, les femmes détenues sont à nouveau
conduites en prison avec leurs bébés pour continuer à y
purger leur peine. L'autorité pénitentiaire concernée est
chargée d'établir à cet effet l'acte de naissance du
nouveau bébé dans les formes légales tout en respectant
scrupuleusement les dispositions textuelles de la règle 23 alinéa
1 de l'ERMTD15. Concernant les femmes enceintes
incarcérées et celles qui accouchent en prison, les sources
archivistiques consultées et les enquêtes orales ne permettent pas
d'avoir une idée claire sur cette question. Une lecture par prison nous
aurait permis de répertorier le pénitencier ayant connu fortement
ce phénomène ou tout au moins celui qui a très peu
reçu cette catégorie avec cet état physique.
Malheureusement, les statistiques dont nous disposons ne permettent pas de
faire la moindre tentative d'étude comparative de la situation des
femmes ayant accouché en prison. Néanmoins, il est fait
état à la prison de Mantoum en 1970 de deux détenues
enceintes qui sont consultées pour "grossesse et mal de bas
ventre"16. A la prison de Dschang, le registre de consultations
médicales signale un seul cas de femme enceinte consultée pour
son état en 198717.
Dans l'ensemble, comme les autres prisonniers, les
détenues enceintes et celles ayant accouché peuvent selon la
gravité de leur état de santé être
hospitalisées soit à l'hôpital de District de Dschang, soit
à celui de Foumban.
14 Antoinette Noubouwo, 66 ans, ex détenue, Fongo-Tongo,
06.02.2010.
15 Cette règle dispose que " si l'enfant est né en
prison, il importe que l'acte de naissance ne fasse pas mention".
16 APM, registre de consultations médicales, infirmerie,
prison de Mantoum, 1964.
17 APD, registre de consultations médicales, 1987.
78
|