1.1.2 Problématique
La consommation annuelle d'énergie par habitant au
Niger est très faible, 0,14 tonne équivalent pétrole (tep)
comparée aux moyennes africaines (0,5 tep) et mondiale (1,2 tep). Cette
faible consommation énergétique est imputable au sous
développement du tissu industriel et à la précarité
du pouvoir d'achat des nigériens. La biomasse, consommée
essentiellement par les ménages, prédomine la consommation finale
d'énergie avec une part de 87 % (MME/SIE-Niger, 2007).
L'énergie consommée est essentiellement
constituée d'énergies traditionnelles (94%), de produits
pétroliers (4,8 %) et d'électricité (1,2 %). Les produits
pétroliers sont entièrement importés du marché
international et 58 % de l'électricité consommée sont
fournis par le Nigeria, ce qui place le pays en dépendance de
l'extérieur (CNEDD, 2003).
Les ressources énergétiques domestiques
utilisées au Niger sont la biomasse traditionnelle, les hydrocarbures,
le charbon minéral, les énergies éolienne, solaire,
hydroélectrique et potentiellement le biogaz. La biomasse
consommée est constituée de bois-énergie (bois de chauffe
et charbon de bois), de résidus de récolte et de
déjections d'animaux ; plus de 90% des ménages y ont accès
car les ressources ligneuses sont considérées comme gratuites
pour la satisfaction des besoins primaires d'où leur exploitation
minière. Cependant, dès 1989 cette exploitation malthusienne en
vue d'approvisionner les centres urbains et satisfaire les besoins des ruraux a
été freinée par la mise en oeuvre de la SED qui a
apporté une réponse adéquate en faisant le lien entre
l'offre et la demande de combustibles ligneux. En effet, son but est de
réduire la consommation de combustibles ligneux par la substitution et
l'économie de bois dans un premier temps et de remplacer à la
longue l'exploitation anarchique des forêts par un système
contrôlé qui puisse permettre une gestion durable des ressources
naturelles.
La SED a eu le mérite d'organiser la filière
bois énergie en proposant un aménagement des massifs forestiers,
réglementant le transport-commercialisation de bois de feu,
créant les marchés ruraux et les conditions d'une
répartition équitable des taxes perçues entre les
différents acteurs (SLG, collectivités, Etat, agents forestiers)
grâce à une batterie de mesures législative et
réglementaire notamment l'ordonnance 92-037 du 21/08/92, le
décret 96-390/PRN/MHE du 22/10/96 et l'arrêté 0039/MHE/DE
du 15/07/97.
On constate une avancée importante dans l'exploitation
et la commercialisation du ligneux combustible. Cependant beaucoup reste
à faire, par exemple on estime à seulement 18 à 20 %
17
la part du bois issu des marchés ruraux dans
l'approvisionnement de la ville de Niamey (Laouali, 1999) alors même que
les quantités de bois énergie ont augmenté
parallèlement à la création des marchés ruraux
entre 1992-1997.
Ainsi on estimait les ressources forestières du bassin
d'approvisionnement de la ville de Niamey en 1992 à 2.438.100 ha (Projet
Energie II/SDAN, 1991). En 1996, les 90 marchés ruraux de bois
énergie mis en place par le PEII-VO dans les arrondissements de Kollo,
Say et Boboye couvraient une superficie de 400.000 ha, ce qui représente
un taux d'occupation de 16 %. En 2002, il a été
dénombré 123 marchés ruraux dans ce bassin
d'approvisionnement totalisant une superficie totale de 537.447 ha soit un taux
d'occupation de 22 %.
Les besoins en bois énergie de la ville de Niamey
étaient de 153.000 tonnes en 1996 et de 188.063 tonnes en 2002. Les
marchés ruraux ravitaillent le centre urbain de Niamey en bois pour des
quantités respectives de 25.000 et 37.898 tonnes soit des taux de
satisfaction de 16 et 20 % (Hamidil, 2004). Le reste des besoins est
couvert par le système d'exploitation incontrôlé. D'autre
part, ces marchés ruraux ne couvrent que 13 % des possibilités de
bois exploitable en 2003 au niveau du bassin d'approvisionnement et seulement 8
% en 1996 (Hamidil, 2004).
On assiste progressivement à la déliquescence
des marchés et une reprise de l'exploitation anarchique des formations
forestières qui ravitaillent la ville de Niamey : 70 % de SLG de
Téra, 100 % de Filingué et 84,2 % de Tillabéry ne
respectent pas les normes techniques d'exploitation d'après Baba (2006);
Ce retour au mode d'exploitation minier des forêts ne trouve probablement
pas son explication au niveau de la filière amont seulement du
bois-énergie; en effet la filière avale censée engendrer
la diversification des sources d'énergies a-t-elle joué son
rôle pleinement ?
Ainsi, il serait légitime de se demander si les
objectifs de la SED en ce qui concerne la diversification des sources
d'énergie domestique permettant une économie de bois sont
atteints ? Si non quels sont les dysfonctionnements de la filière qui
ont limité la substitution du bois-énergie par les
énergies alternatives dans la communauté urbaine de Niamey.
Quelles sont les responsabilités des différents acteurs ?
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