Photo 1-1.
Végétation rabougrie et éparpillée poussant sur les
sols d'en face du cimetière SAPIN III dans la cellule Penga-penga
(quartier Gécamines). De loin, l'on aperçoit la cheminée
de l'usine
Gécamines.................................................................................16
INTRODUCTION
La sécurité alimentaire est l'approvisionnement
régulier en denrées alimentaires de qualité et
quantité suffisantes, et ceci à des prix abordables à
toutes les couches de la population. Cette sécurité alimentaire
ne vise non seulement l'augmentation des rendements en fonction de
l'augmentation de la population, mais aussi l'amélioration de la
qualité des produits de la récolte (René et Simoens,
1988). D'ici un quart de siècle, la population mondiale augmentera de 3
milliards d'habitants, dont 95 % feront partie des
pays
en voie de développement (Anonyme, 2008a ; Lumpungu, 2009), ce
qui posera un problème des ressources si on ne trouve pas le moyen de
doubler la production de nourriture de notre planète (Baudoin et
al., 2002). L'état actuel de notre environnement et l'état
de pollution de nos sols ne permettent plus d'envisager une augmentation de la
production agricole à longue échéance (Nicholson et
al., 2003 ; Mench, 2004 ; Bach et Starmans, 2005).
Les activités minières en dépit du fait
qu'elles permettent de résorber le chômage en donnant de l'emploi
à la population locale, provoquent la pollution des eaux et du sol,
détériorent la qualité des denrées alimentaires par
l'émission des produits toxiques (Peter, 1999). En effet, l'exploitation
minière, le traitement des minerais, leur stockage, la manufacture des
produits finis et la mise en décharge des déchets de ces
activités entraînent l'émission et la dispersion des
particules métalliques. Le plus souvent, elles s'accumulent à
proximité même du lieu d'émission ; leur
chronicité amène les sols à des stades de
déséquilibre biologique plus ou moins avancés agissant par
la toxicité sur la microflore des couches superficielles du sol (Impes
et al., 1991). L'activité industrielle liée à
l'exploitation des minerais riches en métaux, a provoqué la
pollution des sols en éléments traces métalliques (ETMs)
(Baize et Tercet, 2002). Actuellement, l'homme se livre à une
véritable course à l'exploitation des ressources minières
du sous-sol. Aidés par des progrès technologiques
réalisés ces dernières décennies, il ne lui faut
pas attendre longtemps pour altérer irrémédiablement les
écosystèmes naturels en créant des anomalies
métallifères. Des conséquences tant environnementales
qu'à l'égard des consommateurs sont évidentes :
l'extinction des espèces végétales que les conditions
naturelles extrêmes avaient sélectionnées, la
dégradation des écosystèmes rares, la pollution des
milieux originellement pauvres en ETMs et la contamination de la chaîne
alimentaire (Leteinturier, 2002). Certains ETMs (notamment le plomb, le mercure
et le cadmium) sont pour les organismes vivants (l'homme, les animaux, les
plantes et les microorganismes) uniquement toxiques, c'est-à-dire
dangereux pour leur survie. En plus de leur grande toxicité, certains de
ces ETMs sont susceptibles dans l'environnement de s'accumuler fortement dans
les organismes vivants, et de ce fait, se retrouver dans la chaîne
alimentaire : c'est la bioaccumulation (André, 2003).
A titre d'exemple, on peut mentionner la catastrophe de
Minamata qui a touché une population des pêcheurs après
consommation d'une forte proportion de chair des poissons contenant des fortes
concentrations de méthylmercure. Cette intoxication massive s'est
soldée entre 1953 et 1971 par le dénombrement de 121 cas
d'intoxication à symptomatologie nerveuse dont 54 décès
(Buchet et al., 1983). En 1944 aux USA et en 1946 en Algérie,
il s'est produit une intoxication aigue au cadmium par voie alimentaire
après respectivement consommation de jus de fruit souillé par
200mg de cadmium par litre (USA) et 946 cas d'intoxication furent
observés dans une cantine après ingestion de vin ayant
séjourné pendant 4 à 6 heures dans les bacs en
métal cadmié (ALGERIE) (Boudeme, 2000).
Cependant, les plantes ne peuvent absorber de par leur
physiologie qu'une partie de la totalité des métaux qui se
trouvent dans le sol. Cette fraction biodisponible est souvent très
petite par rapport à la fraction totale, mais c'est la plus dangereuse
pour l'homme, les animaux et les nappes phréatiques car elle est mobile
(Leteinturier, 2002). D'où, il est impérieux de trouver des
techniques qui puissent permettre de réduire la biodisponibilité
et la phytodisponibilité des ETMs en vue d'améliorer la
qualité des produits de la récolte et d'accroître le
rendement ; et de réduire ainsi les risques de contamination de la
chaîne alimentaire.
Ce travail a pour objectif général
d'étudier le transfert des ETMs dans les systèmes sol-plante sur
des sols contaminés en ETMs par les activités minières
dans le district du Haut-Katanga et évaluer les risques de contamination
de la chaîne alimentaire avec les espèces Amarantus hybridus,
Brassica chinensis, Daucus carota et Spinacia oleracea.
Pour ce faire, la présente étude se propose
d'atteindre les objectifs spécifiques suivants :
· La mise en place d'une expérimentation visant
à comparer le comportement (croissance et bioaccumulation) de
l'épinard, l'amarante et la carotte sur les échantillons des sols
prélevés dans les horizons de surface du quartier GCM mais aussi
dans différents jardins de Lubumbashi
· Evaluer l'effet des amendements calcaires sur la
disponibilité des ETMs dans les sols et leur accumulation dans les
organes des plantes.
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