I.1.3. LES CAUSES ET LES FORMES DE LA CORRUPTION
1. Les causes
Aux facteurs ci-haut
évoqués, comme étant des données
susceptibles
d'expliquer l'essence et
l'existence du «
circuit », il est
mieux d'ajouter les causes
ci-après, qui
elles aussi peuvent
expliquer le
circuit,
mais d'une
manière assez générale
et en tant que corruption :
+ La mauvaise
gouvernance, qui peut se
traduire par un cadre
législatif
flou, un système
judiciaire
inadéquat, un manque de transparence
et de responsabilisation et un manque de
liberté de presse ;
+ L'absence
d'une politique
anti-corruption
préventive et de prise
de conscience de l'importance des
questions comme
l'éthique
professionnelle, les
conflits d'intérêts,
le refus des cadeaux et autres avantages qui
finissent par créer des
relations troubles ou
mal perçues par les
tiers... ;
+ Faibles
salaires.
Certains enseignants par
exemple peuvent ne pas gagner suffisamment
d'argent pour nourrir leur
famille, et doivent donc
céder à la corruption
(circuit) pour subvenir
à leurs besoins ;
+ La culture
administrative et
corporatiste peu propice
générant des craintes et qui
dissuade toute
dénonciation (ou
simple remise en cause
d'un système affecté) par les
éléments intègres ou
simplement désireux
d'appliquer les
règles existantes ;
esprit de revanche du groupe et des
supérieurs imposant des
sanctions déguisées au
lieu de valoriser
l'intégrité
;
+ Les
institutions
faibles.
Fonctionnaires à forte
autorité ayant peu de comptes à
rendre, responsables
officiels
attirés par des
rémunérations coupables et
ayant des salaires
faibles.
22 STREIFFELER, F., MBAYA MUDIMBA et al.,
village, ville et migration au zaïre, enquête psychosociologique
sur le mouvement des populations de la sous-région de la Tshopo à
la ville de Kisangani, Paris, l'Harmattan, 1986, PP. 83-84., cité in
MBAYA MUDIMBA et STREIFFELER, F., Op.cit., P. 12.
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2. Les formes
Le « circuit »
peut également s'exécuter sous
des formes déjà connues de la
corruption, sans oublier que
certaines d'entre elles ne
se font que dans certains domaines autre que
l'éducation. Il y a
par exemple :
+ Les « dessous de table
», qui sont des versements à des
responsables
afin qu'ils
agissent plus vite,
de façon plus souple et
plus favorable. «
le circuit » peut se
dérouler de cette façon. Un
étudiant peut donner de l'argent
à un enseignant pour qu'il
plaide sa cause dans un jury par
exemple, s'il en est membre
;
+ La « fraude » :
c'est la
falsification
des données, de factures,
la collusion...le
circuit peut aussi
consister en ceci. Dans ce
cas, les côtes d'un apprenant dans un
cours, sans lequel il ne
peut passer de promotion, peuvent être
rectifiées par
celui qui les
détient, après
avoir reçu quelque chose de
l'étudiant, à
supposer que lesdites côtes
étaient médiocres
;
+ L' «
extorsion » : c'est
l'argent obtenu par la
coercition ou la force
;
+ Le «
favoritisme » («
népotisme », «
collusion ») :
c'est le fait de
favoriser des proches. Dans
le cadre du circuit à
ce niveau, un(e)
étudiant(e) peut user de tous ses moyens
possibles pour
acquérir la sympathie
d'un enseignant supposé être
inabordable...de
fois l'étudiant(e)
peut atteindre son
objectif.
Ceci vient,
une fois de plus
éclaircir,
ce qui avait encore comme zone
d'ombre sur
l'appréhension du
problème sous analyse,
le phénomène
circuit. Si
la théorie
sémio-contextuelle que nous verrons
tout juste après ce point, va nous
permettre d'en faire
l'étude analytique et
d'en connaitre ainsi
les dimensions de
référence, la
littérature ci-dessus,
vient de nous permettre de nous
saisir du quid du
phénomène circuit
observé à
l'UNILU.
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