CHAPITRE II : INCIDENCES DE LA CRISE
ECONOMIQUE MONDIALE EN RDC
Deux sections sont développées dans ce chapitre.
Le premier se focalise sur l'impact de la crise sur les secteurs primaire,
secondaire et tertiaire de la RDC. Tandis que le second s'attèle sur la
politique gouvernementale de lutte contre la crise.
SECTION I : IMPACT DE LA CRISE
Dans cette section, il est question de procéder d'abord
à l'analyse de l'impact de la crise sur le secteur des biens, qui, en
son sein est composé des secteurs primaire et secondaire, en suite et
pour clore, l'analyse est focalisée sur le secteur tertiaire.
II.1.1 L'IMPACT DE LA CRISE SUR LE SECTEUR PRIMAIRE
Bien que la crise ait été
déclenchée par des tristes événements qui se sont
produits sur le marché immobilier aux USA, elle s'est propagée
à toutes les régions du monde et les conséquences en sont
désastreuses pour le commerce, la croissance et les investissements
mondiaux. En RDC, la crise qui a avancé à pas de géant,
emporte entreprises, mines, revenus et moyens d'existence.
En effet, depuis le début du second semestre 2008, sur
le plan, aussi bien national qu'international, un thème domine
l'actualité internationale : « la crise économique » a
gagné l'économie mondiale.
Au début de cette crise, on s'accordait à penser
que les pays africains ne seraient guère affectés étant
donné leur faible intégration dans l'économie mondiale. Or
loin d'être un mythe, la crise économique mondiale est devenue une
réalité en Afrique et particulièrement en RDC,
revêtant même plusieurs facettes.
Le secteur primaire de la RDC est composé de la
production agricole, de sylviculture, d'élevage, de pêche et de
chasse ainsi que l'exploitation forestière et minière.
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L'agriculture représente une bonne partie du PIB de la
RDC et constitue la principale source de revenu, surtout chez les pauvres. Elle
continue d'être le secteur de l'économie qui fournit le plus
d'emploi en occupant 47% des hommes et 53% des femmes.
En effet sur 27 millions des personnes que compte la
population active de la RDC, 74% se trouvent dans le secteur primaire, et dont
une large majorité est dans l'agriculture. Ce qui fait que son
économie soit essentiellement agricole et tournée vers
l'exportation des matières premières.
La crise économique a imposé une lourde
contrainte sur les pays fortement dépendants des ressources
naturelles.
La RDC faisant partie des pays rentiers miniers et forestiers
n'a pas été épargnée par la crise puisque, ce sont
des économies africaines forestières et minières qui ont
subi le plus les effets de la forte chute des prix.
Les cours du café ont perdu plus de 20% de leur valeur
entre février 2008 et février 2009.29 Le café
arabica est passé de 131,10 USD au mois de juillet 2008 à 99,00
USD au mois de février 2009 soit -24,49% de chute ; tandis que le
café Robusta est passé de 115,09 USD au mois de juillet 2008
à 81,75 USD au mois de février 2009 soit -28,97%.30
La diminution des recettes d'exportation a
empêché le gouvernement de financer l'importation des facteurs de
production dont il avait besoin et donc d'amortir les effets négatifs de
la crise sur l'économie. Cette situation d'incapacité a, certes,
amplifié les effets de la crise alimentaire.
En effet, n'ayant pas encore atteint l'autonomie et la
sécurité alimentaire, la RDC est en fait un important importateur
de denrées alimentaires.
Du fait que le pays soit importateur des denrées
alimentaires, qui sont une composante majeure de l'indice des prix à la
consommation, les dépréciations ont entraîné
à coût sur une hausse des produits alimentaires que les moins
nantis ont eu plus de mal à se procurer.
29 MOHAMED BENHAMMOU, L'impact de la crise
économique internationale sur le développement économique
et social en Afrique, Tanger, Novembre, 2009, p9
30 Banque africaine de développement, 2009
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Ainsi l'on peut constater que la crise économique n'a
fait qu'empirer les effets de la crise alimentaire. L'impact est
particulièrement marqué sur l'économie congolaise qui
affiche d'importants déficits dans le commerce des produits
alimentaires.
Selon Eric MEERT, dirigeant de « Bakandja ville »,
un centre à Lubumbashi pour les enfants de la rue, la crise
économique a eu « un impact énorme sur les vies des gens,
puisque beaucoup de congolais ne gagnent pas plus de 100 USD par mois. Les
aliments, le charbon et l'huile de cuisine ont aussi augmenté de prix
». Il a vu également « de plus en plus de mendiants dans les
rues » comparé à quelques mois précédent la
crise.31
B. Exploitation forestière
S'agissant de l'exploitation forestière, la RDC ressent
âprement les effets de la crise avec une forte chute des prix et de la
demande. La production de bois a été affectée en partie
par l'annulation de certaines commandes du bois faite par l'Europe et l'Asie.
Notons cependant que le secteur forestier constitue la deuxième source
de recettes de l'Etat congolais.
31 MIRIAM MANNAK, Le chômage augmente
puisque la crise mondiale touche l'industrie minière, IPS,
Lubumbashi, 2009.
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