II.2. Les produits financiers islamiques
La finance islamique, à l'instar de la finance
conventionnelle, présente toute une gamme de contrats financiers. Selon
I. KARICH (2002), les produits financiers islamiques sont regroupés en
deux catégories : les financements participatifs et les financements par
dette. On distingue, pour les financements participatifs, le Moudaraba
(ou commendite simple), le Mousharaka (participation de plusieurs
parties) et le Diminishing-Moucharaka (ou
diminutif-mousharaka). Les financements par dette regroupent
des produits commerciaux qui ont tous des équivalents conventionnels. Il
s'agit principalement de la Mourabaha (ou prêt à
crédit), l'Ijara (ou leasing), l'Ijara Wa Iktina (ou
location vente), l'Istisna (arrangement entre deux parties)
et le Salam (vente avec livraison différée).
Selon M. KORCHI (2005), la gamme des instruments financiers
islamiques se présente sous trois formes : les instruments de dette
(Mourabaha, Istisna, Qard al-Hassan ou prêt gracieux), les
instruments de quasi-dette (Ijara ou contrat de crédit bail),
les instruments de partage des bénéfices et des pertes
(Mousharaka et Moudaraba ).
22 Imane KARICH . « La finance islamique: de
la religion à la banque », 2002.
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 15
Sur le plan théorique, les instruments financiers
islamiques sont des produits sans intérêts mais ils sont
difficilement applicables. Selon M. KORCHI, « si les principaux types
d'instruments financiers islamiques sont théoriquement simples, ils
peuvent devenir complexes dans la pratique puisque certaines banques combinent
des éléments de plusieurs instruments pour répondre aux
demandeurs de leur clientèle ».23 Cette marge de
manoeuvre est à l'origine du pessimisme de certains spécialistes
sur la conformité des produits islamiques à la Gharia.
D'après Cherif Karim, l'étude de ces produits
décèlent « le manque de cohérence qu'il existe
ente la théorie et la pratique »24. Si en
théorie ces produits sont basés sur le principe des 3P
(Moudaraba et Mousharaka), en pratique ils ne représentent
qu'une part minoritaire de l'offre des banques islamiques. Selon la
répartition de l'activité financière islamique selon le
type de produit en 2005, le produit Mourabaha ou vente à
crédit représente les 59 % tandis que la Mousharaka et
la Moudaraba, plus fidèles à la philosophie de la loi
coranique, représentent 17%, les autres produits 24 %.25
Selon C. KARIM (2008), la faible utilisation des produits participatifs
s'explique par leur fort degré de risque et d'incertitude des profits
mais aussi un fort risque d'agence, d'aléa de moralité et
d'asymétrie d'information.
Parmi les produits participatifs, la Mousharaka est
le plus utilisé et parmi les produits avec coût plus marge, c'est
la Mourabaha. La Mousharaka est définie comme «
la participation de deux ou plusieurs parties au capital d'une même
affaire », (IIFR, 1996, p.22.). Elle est considérée
comme le mode de participation des banques islamiques dans l'activité
économique car elle a un potentiel de financement important.
La Mourabaha est considérée comme
l'équivalence du prêt à crédit classique. Elle est
un contrat d'achat et de revente dans lequel la banque achète à
un fournisseur un bien corporel à la demande de son client, le prix de
revente étant fondé sur le coût plus une marge
bénéficiaire (El Qorchi, 2005). Selon M. YABRE, pour les
exercices 2005 et 2006, la Banque Islamique du Sénégal a
alloué des crédits de Mourabaha, respectivement,
à auteur de 13972 et 15813 millions de FCFA (YABRE, 2007. p.71).
D'ailleurs la Mourabaha est l'instrument de financement le plus
utilisé dans le monde de la finance islamique.
Ce qui est islamique ou non est sujet à discussion dans
les cercles intéressés par le système financier
islamique.
23 Mouhamed El KORCHI, 2005.
24 Chérif Karim, 2008.
25 PASTRE ET GACHEVA, 2008, p.199.
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 16
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 17
Les uns jugeront certains produits conformes aux principes
islamiques, les autres non. Ce qui pousse certaines autorités
religieuses à assimiler les banques islamiques de pseudo-islamiques.
Nous allons voir maintenant la revue critique de la gestion des
risques en finance islamique.
|