III.1.2. Le risque d'enchevêtrement
Pour le risque d'enchevêtrement, cela découle de
la plupart des transactions tripartites (entre client, fournisseur et banque).
Cette situation engendre l'alourdissement de la gestion des risques de la
banque islamique car chaque partie du contrat contient des risques
différents comme nous avons vus dans les contrats d'Ijara-Wa-Iqtina
et de Salam.
Ces risques sont le risque de marge, le risque de taux de
référence et le risque de fluctuations des prix. Ils ont tous une
origine : la variation du taux de référence qui est le LIBOR.
Comme les taux de LIBOR sont calculés à partir des taux
d'intérêt. Donc une variation des taux d'intérêts
entre le début et à la fin d'un contrat à paiement
différé (Ijara-Leasing) peut donc comporter un risque
pour les IFI (C. Karim, 2008, 45). La banque risque de distribuer des profits
qu'elle ne gagne pas en ajustant les comptes PSIA. Ainsi pour palier à
ce risque, les IFI utilisent des taux de marge flottant pour se protéger
contre ce risque. A l'initiation du contrat, la marge est fixe puis
réévaluée périodiquement. Cependant, cet outil de
gestion des risques est interdit par la Gharia.
III.1.3. Les autres risques spécifiques
Nous pouvons citer aussi comme risques spécifiques, la
quasi-inexistante d'un marché monétaire permettant le
refinancement du marché ainsi que le manque de produits de couverture
qui obstruent considérablement la gestion des risques des IFI.
46 London Inter-Bank Offering Rate (LIBOR).
L'Analyse des produits financiers islamiques et la gestion des
risques : Moucharaka et Mourabaha
DIOP Moussa 41
Les innovations apportées ces dernières
années n'ont pas rendu le marché monétaire efficient.
Selon l'IFSB (2008, p.1), deux raisons explique cet échec : les produits
comme le Moudaraba (partenariat) et la Mourabaha (vente avec
marge) qui sont les principaux instruments des banques centrales ne sont pas
liquides ; l'utilisation de Sukuk (obligations islamiques) qui est
entravée par une offre insatisfaisante, un marché secondaire
absent et un risque élevé lié à l'utilisation
d'instruments à long terme par la gestion de la liquidité
à court terme.
Les Institutions Financières Islamiques (IFI) manquent
de produits de couverture (hedging) comme les produits dérivés
à cause de leurs caractères spéculatifs et incertains.
Mais il y a des exceptions. D'après Islamic Financial Service Board
(IFSB, 2008. P.48), bon nombre d'IFI utilisent les produits
dérivés comme les swaps de profit, les Forex swaps, les Forwards
de commodités...
Il y a aussi l'aléa de moralité
c'est-à-dire le 3P a l'avantage de permettre à l'entrepreneur
d'avoir une marge de manoeuvre certaine mais cela peut conduire l'agent
entrepreneur à des glissements frauduleux, inefficients ou
exagérément risqués afin de maximiser son profit
(Sundarajan, V., Errico L., 2002 p.12).
Pour finir, le manque de diversification quant à
l'allocation d'actif peut-être un obstacle sérieux a l'analyse des
risques et sa gestion (restrictions d'ordre religieux, c'est-à-dire
l'investissement dans des activités illicites).
|