CHAPITRE II : Les Institutions de la Microfinance (IMF).
Au cours des vingt dernières années, on a vu se
développer de nombreuses organisations actives en microfinance. Donc,
qu'est-ce qu'une institution de microfinance (IMF) ?
En termes simples, une institution de microfinance est une
organisation qui offre des services financiers à des personnes à
faibles revenus qui n'ont pas accès ou difficilement accès au
secteur financier formel (banques classiques).
II.1) les différentes formes d'institutions
Le terme institution de microfinance renvoie aujourd'hui
à une grande variété d'organisation, diverses par leur
taille, leur degré de structuration et leur statut juridique (ONG,
association, mutuelle/coopérative d'épargne et de crédit,
société anonyme, banque établissement financier
...etc.)
Selon les pays, ces institutions sont
réglementées ou non, supervisées ou non par les
autorités monétaires ou d'autres entités.
En effet, les modèles les plus connues sont la
coopérative ou mutuel d'épargne et de crédit, la tontine,
et le modèle dit du « crédit solidaire ».
_ Les coopératives d'épargne et de
crédit
Les coopératives d'épargne et crédit sont
considérer comme les pionnières dans la microfinance moderne.
Contrairement à d'autres IMF, les coopératives ciblent et
financent de façon significative les populations pauvres.
Sur le plan conceptuel, ce sont des coopératives ou
mutuelles, c'est-à-dire « une association de personnes, qui se sont
volontairement groupées pour atteindre un but commun, par la
constitution d'une entreprise dirigée démocratiquement, en
fournissant une quote-part équitable du capital nécessaire et en
acceptant une juste participation aux risques et aux fruits de cette
entreprise, au fonctionnement de laquelle les membres participent activement
» 1. Elles ont pour particularité (par
rapport aux autres entreprises coopératives) de faire de
l'intermédiation financière et leurs prestations de services
portent simultanément sur l'épargne et le crédit.
Dans son principe, les membres s'associent pour regrouper leur
épargne et se faire mutuellement crédit à des taux
raisonnables. L'antériorité de l'épargne sur le
crédit est un principe fondateur de la coopérative
d'épargne et de crédit, c'est-à-dire qui fonctionne sur le
principe « épargne d'abord, crédit ensuite ».
1_ Cf. BIT, Recommandation 127 de 1967.
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Dans la République de Djibouti, on parle de «
Caisse Populaire d'Epargne et de Crédit » connu sous
l'acronyme CPEC.
Ayant pour objectif principal, l'épargne et le
crédit, les Caisses sont localisées dans les cinq régions
à savoir Ali-Sabieh, Dikhil, Obock,
Tadjourah et Djibouti-ville (La capitale). En plus de
caisse-mère, il y'a des points de services en fournissant une assistance
technique et un coaching à la caisse.
Cette institution continue de développer des
crédits solidaires en octroyant des prêts de groupes de 50
à 100 000 Fdj, et des crédits individuels allant jusqu'à
500 000 FDJ.
La cible prioritaire reste les ménages
vulnérables.
_ Les tontines
Bien que l'origine du terme « tontine » renvoie
à une forme d'association d'épargne localisée en Italie au
17é siècle et développé par le banquier italien
Lorenzo Tonti d'où leur nom. En réalité cette
forme d'entraide mutuelle a été découverte dans d'autres
pays de l'Amérique Latine, surtout d'Asie (diaspora chinoise,
Indonésie...etc.) et Afrique (Cameroun, bénin et les diasporas
Africaines).
En effet, la Tontine peut-être définie comme «
des fonds d'épargne rotative où les levées
bénéficient à chacun des sociétaires selon un ordre
préétabli, mais révisable. Chacun peut prêter et
emprunter et remplacer une créance par une dette, celles-ci ne sont pas
assorties d'intérêts » 1 . C'est la
composante la plus dynamique de la microfinance informelle.
Elle est organisée habituellement par un groupe
d'individus réunis sur la base de relations familiales,
confessionnelles, sociales ou amicales. Le but est de cotisé une somme
fixe pendant une réunion qui se tient à périodicité
variable (semaine, mois...etc.). Et, chacun reçoit à sont tour,
le total des cotisations de la réunion. Grosso modo, le tour est
déterminé de deux façons selon les cas : par tirage au
sort ou par mise aux enchères.
La cohésion sociale du groupe est une
caractéristique fondamentale de ce système, basée sur la
confiance et la parole donnée entre les membres.
1_ Selon Ph.Hugon, 1990.
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_ Les crédits « solidaires » ou le
modèle de la « Grameen Bank »
Le développement des Institutions de microfinance est
exceptionnel à partir des années 1990. A travers le monde, les
plus connues sont la Grameen Bank au Bangladesh et la
Bank Rakyet en Indonésie (BRI).
Comparativement au modèle coopératif, le
modèle de crédit solidaire est semblable à une
coopérative mono-fonctionnelle de crédit.
De plus, il diffère fondamentalement du modèle
de la coopérative d'épargne et de crédit en ce qui
concerne la relation crédit-épargne-crédit ou la
problématique de l'antériorité du crédit ou de
l'épargne dans un cycle de financement 1.
Ici la fonction première est le crédit, un crédit
accessible aux agents économiques extrêmement pauvres. Du coup,
pour avoir accès au crédit, la seule caution solidaire (caution
mutuelle entre un groupe de 5 à 6 personnes maximum) suffit.
C'est le fameux modèle de la Grameen Bank qui est un
exemple plausible dans ce modèle. Développé par le Pr.
Muhammad Yunus dans les années 70, il s'agit d'une banque
indépendante, la banque des villageois (Grameen signifie
villageois en bangali), visant à rendre possible aux exclus du
système bancaire traditionnel l'accès aux crédits. Ainsi
son système se caractérise par :
i. un large refinancement bancaire auprès du
système bancaire classique et/ou par apports externes ;
ii. l' « argent chaud » du système est
généré sur les marges bénéficiaires des
activités des bénéficiaires de crédit et
épargné dans le système.
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