Première Partie : La Microfinance
Le périmètre de la Microfinance est aussi large que
peut l'être la finance en général. La présente
partie traite du concept « Microfinance » de son origine aux
conceptions actuelles, traitera de la définition de la Microfinance dans
la diversité des formes ; On évoquera également les formes
institutionnelles de la Microfinance qui occupe une place cruciale.
CHAPITRE I : Généralités
conceptuelles.
I.1) Historique
Certains historiens trouvent les origines du
microcrédit en Babylonie, quelques 3 400 ans avant Jésus-Christ.
Par exemple, les prêtres du temple d'Ourouk consentaient des prêts
en nature. Les hébreux, il y'a environs 3 000 ans, pouvaient de par leur
loi religieuses prêter à intérêt.
En 1840, l'Irish Loan Fund fondés au
début du XVIIIe siècle, ouvre plus de 3 000 guichets à
travers le pays.
Friedrich-Wilhelm Raiffesen, en 1849, crée en suisse,
pour protéger les paysans contre les risques climatiques, la
première coopérative qui sert de garantie en faisant appel
à la caution et la conscience sociale des notables. A ses débuts,
cette coopérative achète du bétail et prête aux
paysans à des prix modérés, principalement en dessous de
l'usure pour qu'il démarre leur propre activités
génératrice de revenus.
SCHULTZ, F.Raiffesen, DELITZ et Alphonse DESJARDINS sont
considérés comme les pères du mouvement mondial des
coopératives d'épargne et de crédit (COOPEC). Le premier,
lance l'idée en Bavière dans la seconde moitié du
19ème siècle, le dernier la développe au
Québec dès le début du 20ème
siècle.
Elles sont ensuite répliquées dans les pays
colonisés. A titre d'exemple, l'Indonesian People's Credit bank
ouvre en 1895. D'autres organisations du même type apparaissent au
même moment en Amérique Latine pour mobiliser l'épargne,
améliorer la productivité de l'Agriculture et permettre aux
paysans de s'unir en mettant en commun leur épargne. En Afrique, des
expériences les plus anciennes ont été identifiées
au Ghana (1920), au Kenya, Nigéria, Ouganda dès 1955. La formule
des « crédit Unions » ou coopératives d'épargne
et de crédit a surtout été développée au
cours de ces vingt dernières
années1.
Au XXe siècle, notamment pendant les années 1960
et 1970, les Agences d'aide au développement et les gouvernements des
Pays en Voie de Développement commencèrent à allouer des
ressources considérables à des programmes destinés aux
microentreprises notamment grâce à des mécanismes de
bonification d'intérêt.
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C'est dans ce contexte que dans la deuxième
moitié des années 70 les premières expériences de
Microfinance « moderne » apparaissent véritablement en
Amérique latine et en Asie1. C'est le
début d'une véritable structuration de la Microfinance.
En 19782, deux initiatives
indépendantes marquent la naissance de ce secteur émergent sans
exiger des garanties.
La première initiative se situe au Bangladesh. Un
professeur d'économie rurale à l'Université de Chittagong,
Muhammad Yunus, rencontre 42 femmes obligées d'emprunter
auprès d'usuriers pour acheter la paille pour rempailler des chaises,
avec un taux d'intérêt hebdomadaire de 10%. Se trouvant dans un
cercle vicieux des usuriers et dans l'impossibilité de s'adresser aux
banques traditionnelles pour des raisons d'insolvabilité, il s'engage
volontairement à leur prêter les quelques dollars
nécessaires. Non seulement il est remboursé dans les temps, mais
cette expérience positive devient une aubaine pour assurer les
subsistances de certains couche social.
En 1983, Muhammad Yunus crée la « Grameen Bank
», une banque réservée aux plus pauvres et détenue
par ses emprunteurs qui ne signent aucun contrat formel en échange de
leur emprunt. Grameen signifie « Village » ou « rural
» en bangladais. C'est une banque détenue par ses propres
emprunteurs, des villageois, à majorité des femmes. La Grameen
Bank ne demande pas de contrepartie pour ses prêts et aucun contrat
formel.
La seconde initiative se produit au même moment, c'est
l'histoire d'un joueur de tennis américain, Joseph Blatchford,
crée ACCION, une ONG visant à initier et former les plus
démunis à l'entraide mutuelle. Il commence à installer des
lignes électriques, à construire des écoles et des centres
communautaires, puis ACCION décide de soutenir des Microentreprises.
C'est le début d'une grande aventure.
En Afrique, au même moment, sont créées
des institutions de Microfinance inspirées du système des
tontines. Ce dernier est un système où chaque membre cotise une
somme fixe pendant une réunion qui se tient à
périodicité variable (semaine, mois...). Et chacun reçoit
à son tour, le total des cotisations de la réunion. Le tour est
déterminé de deux façons selon les cas : soit par tirage
au sort, soit par mise aux enchères. C'est l'expérience de Krep
au Kenya, du PADME au bénin et d'autres coopératives
finançant les récoltes du coton, comme Kafo Giginew au Mali.
Dans le cas de la République de Djibouti, le secteur du
microcrédit est le fait de quelques organisations, nous avons choisie
d'exposer deux d'entre elle, l'ONG CARITAS et le Fond Social de
Développement de Djibouti(FSD).
Ces deux organisations nous ont paru intéressantes
à plus d'un titre ; la Caritas a été la première
à initié le Microcrédit et la seconde est une institution
de l'Etat.
1_ cf. Aussi : Sébastien Boyé,
J. Hajdenberg, Poursat Christine, le Guide de la Microfinance,
éditions d'org.2006. 2_ Ce passage est l'extrait d'un article par
Jacques Attali, président de PlaNet Finance, revue financière,
2006
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